Rapprocher l’Agence du SHIELD ne revenait pas à amener la première à être avalée dans la seconde. Une telle approche, en réalité, pourrait avoir des effets négatifs, car le SHIELD, tout aussi puissant que l’organisation soit, était un colosse aux pieds d’argile. Elle avait déjà été infiltrée par l’HYDRA, les Skrulls, et même mise sous la tutelle de Norman Osborn à un moment, où elle était alors devenue une organisation criminelle manipulant la vérité pour servir les lubies paranoïaques et égocentriques d’un dément. Dans ce genre de circonstances, avoir d’autres agences proches permettaient de tempérer le danger qu’une agence pouvait représenter. Contrairement à ce que tous les pourfendeurs du SHIELD et les théoriciens du complot pensaient, le monde de l’espionnage américain n’était pas un bloc unifié, où chaque agence communiquait avec les autres en toute harmonie. La rivalité entre services de police existait aussi au niveau des services d’espionnage et de contre-espionnage, car toutes ces agences avaient besoin de fonds, de crédits débloqués par le Pentagone. Et, plus une agence était efficace, et plus elle touchait des fonds. C’était aussi simple que ça.
Ils arrivèrent ainsi près d’une navette commune,
Oddity.
«
Bien... En piste ! Vous trouverez des uniformes à l’entrée de la navette... Ce sont des combinaisons spatiales améliorées par Red Richards, elles s’adaptent à n’importe quel corps. »
Les combinaisons spatiales du SHIELD n’avaient rien à voir avec ces horribles sarcophages blancs. Il s’agissait de tenues beaucoup plus fines, en bleu foncé, légèrement moulantes, avec des casques entièrement transparents, rétractables à l’aide d’une poignée figurant à hauteur du cou. Le groupe grimpa donc dans la salle principale de la navette... La salle unique. En réalité, la navette se composait d’une salle des machines au fond, puis d’une grande pièce centrale avec de multiples sièges, soit sur les côtés, soit alignés les uns des autres. Le navigateur se trouvait au fond, et il n’y avait guère qu’une salle abritant les toilettes.
«
Installez-vous, bouclez vos ceintures de sécurité, et on va pouvoir décoller... »
Coulson et Natalya se mirent au statut de pilote et de copilote, et abaissèrent des volets de sécurité devant les vitres avant, puis déclenchèrent les moteurs.
Oddity se verrouilla alors. Des alarmes résonnèrent dehors, invitant tout le personnel à évacuer, puis la fusée sur laquelle était attachée et fixée
Oddity se mit à rugir. Les moteurs hurlèrent, de la fumée recouvrit toute la zone,
Oddity se mit à trembler dans tous les sens, puis décolla.
Dans la pièce, un écran, au centre, montrait la progression de la navette par rapport au sol, indiquant également sa vitesse. Widow serra les dents. Ce genre de trucs, elle l’avait déjà fait à maintes reprises en simulation, et toutes les fois où elle avait été au
Peak. C’était toujours aussi intense.
La fusée se retrouva ainsi dans l’espace, au bout de plusieurs longues minutes, et Coulson soupira lentement.
«
Okay, les enfants, on y est... C’est l’heure du spectacle. »
Il appuya sur plusieurs boutons, et le personnel à l’intérieur constata alors que quasiment toute la navette était dotée de panneaux rétractables. C’est ainsi que les murs s’effacèrent devant d’épaisses baies vitrées, permettant ainsi de voir la planète bleue, l’espace, le soleil... Et le
Peak.
Entre-temps, Coulson avait lancé une autre commande, et, tandis que la vue de l’espace défilait sous leurs yeux,
Space Oddity se mit à résonner, chantée par Chris Hadfield.
Ground Control to Major Tom
Ground Control to Major Tom
Take your protein pills
and put your helmet on
Un soupir s’échappa des lèvres de Widow.
«
Je vous avais dit de ne pas la mettre ! -
Quoi ? Qui n’aime pas David Bowie ? répliqua Coulson, en haussant les épaules.
-
Vous voulez vraiment que je réponde à cette question ? -
Non... Ou je devrais vous balancer par-dessus bord, ce qui serait regrettable. »
En souriant légèrement, Coulson enfila ses Ray-Ban, et se rapprocha lentement du
Peak.
For heeeeeeeeeere
Am I sitting in a tin can
Faaaaaar above the woooooorld
Planet Earth is blue
And there's nothing left to do
«
Quelle vue, hein ? »
Fallait-il vraiment répondre à ça ?