Entre la sœur et les frères, Herebos nota rapidement qu’il y avait un mélange assez curieux de rivalité et de possession incestueuse. En soi, le Prince n’avait rien contre l’inceste. À Papua, il avait déjà couché avec sa mère. Khaora était une femme issue de la plus pure tradition ashnardienne, cette tradition qui voulait que les mères forment sexuellement leurs enfants. Un héritage démoniaque, que Khaora avait amené avec elle. Rhian, par exemple, était très proche de leur mère, bien plus que lui. Alors, sur le principe, que Yamiha couche avec ses frères ne le gênait pas outre mesure. Il était davantage gêné par le fait que cette étrange famille semblait s’amuser, et qu’il ait bien du mal à discerner leurs intentions. Herebos manquait d’informations sur ce royaume, et l’étonnante fascination qu’il ressentait pour cette femme ne l’aidait certainement pas à se détendre, ou à aborder les choses sereinement. Yamiha était d’une beauté incroyable, aussi belle que puisse l’être sa sœur. La voir, c’était comme voir une sorte de jumelle de Rhian, qui serait plus sensuelle, plus féline, plus joueuse… Plus excitante.
Pour autant, il nota rapidement qu’Ashir semblait avoir l’ascendance sur Yamiha. Quand il ordonnait, elle obéissait, ce qui n’empêchait pas cette dernière de continuer à jouer de ses charmes avec Herebos. Elle avait flairé un bon appât, et elle continuait. Lui, le brave Prince, se devait de conserver la tête froide, de ne pas céder. C’était de l’intérêt de Papua dont il était question, et, visiblement, soit ses interlocuteurs avaient, par un obscur moyen, réalisé son érection, soit ils la devinaient très logiquement, au regard de tout ce que Yamiha faisait. Véritable ode à la sensualité, même quand on lui disait de se calmer, elle ne pouvait s’empêcher de s’exhiber, donnant lieu à quelques gifles de rabrouement, avant qu’Herebos, enfin, ne décolle ses lèvres pour évoquer le Warlock, et les terribles et funestes légendes tournant autour.
En retour, la famille se lança dans des explications improvisées, une danse très érotique où le sable se mélangeait au tissu mouvant de Yamiha, son regard de braise résonnant avec sa bouche mielleuse, et ses intonations sensuelles. Spectateur impuissant, condamné à ne devoir que la voir, Herebos l’observait, lèvres entrouvertes, n’arrivant pas à empêcher une onde de fascination de s’imprégner dans son regard. Son corps était comme en osmose face à elle, sa légère danse lui rappelant ces terribles danses sensuelles dont les Papuannes avaient le secret.
On lui parla du Démon, conte compliqué sur une histoire de possessions démoniaques portant sur des enfants. Ayant du mal à se concentrer, car ayant en tête la vue des courbes de Yamiha, et son sublime fessier, Herebos dut faire un effort. Les similitudes avec le Warlock, il les nota. Ashir avança l’idée que le Warlock était la représentation physique de leur Démon, cette créature intangible qui s’emparait des esprits des enfants, et qui, à cet égard, était comme un cancer implanté dans l’âme du Sable.
*Une légende beaucoup plus poétique et symbolique que la nôtre, au demeurant…*
À Papua, la légende du Warlock évoquait davantage un récit mythologique qu’un conte. C’était le mythe fondateur de Papua, que les jeunes générations mésestimaient. Les rumeurs sur le retour du Warlock avaient toujours circulé, comme un beau Diable qu’on invoquerait pour justifier telle ou telle récolte infructueuse, telle tempête de sable… On parlait du Warlock comme d’un insaisissable démon, responsable de tous les maux, un peu comme leur Démon, visiblement. Mais, au-delà des rumeurs, que les deux aient une source commune était loin d’être impossible. Du Warlock, de ce qu’il était vraiment, on ne savait pas grand-chose, si ce n’est qu’il était voué à détruire Papua… Mais à partir de quand une légende cessait-elle d’en être une pour devenir le récit extrapolé de l’Histoire ?
La référence à la Pierre de Foudre sembla intéresser Ashar, mais, à la surprise d’Herebos, il annonça se retirer en compagnie de Nashar.
« Je… Je ne serais pas contre une collation, oui… »
Ashar l’avait calmement invité à se « déshabiller », ce qui, compte tenu du contexte, pouvait s’interpréter. On critiquait souvent, à Ashnard, les mœurs légères des Papuans. Mais, manifestement, ces habitants les partageaient. Nashar et Ashar laissèrent donc Yamiha seule avec les deux hommes, ce qui ne sembla nullement la paniquer, puisqu’elle entreprit de retirer le plastron d’Herebos. Ce dernier se laissa faire, et, après quelques cliquètements, son plastron s’ouvrit en deux. Il retira également ses gantelets. Sous son armure, il portait une très fine chemise blanche, avec des traces de sueur ici et là.
Ne portant aucune armure, les vêtements de Nissam étaient les plus simples à ôter, et les deux hommes se retrouvèrent près de Yamiha, qui alla se lover contre le corps d’Herebos, en le renversant. Il tomba, ainsi que Nissam, sur une série de coussins, et, la femme alla, félinement, se poser à califourchon sur lui, ce qui amena l’homme à lui sourire. Herebois cligna des yeux, et sa main, nue, fila caresser la joue de la femme, son pouce venant ensuite se presser contre ses lèvres. Son ongle glissa sur ces fins morceaux, et il enfonça son pouce en elle, lorsqu’elle lui eût demandé comment les négociations se faisaient à Papua.
« De la manière la plus ennuyeuse qui soit… Du moins, selon ce qui se passe. Nous laissons le soin aux juristes d’écrire et rédiger les actes. Nous, les Princes et les seigneurs, préférons largement célébrer un accord. »
Il retira son pouce, trempé de la salive de la femme, et glissa sa main sur son torse nu, pour venir caresser l’un de ses seins, l’empoignant à travers son bonnet. Son autre main, elle, caressait le bas du torse de la Princesse, frottant sa hanche, malaxant doucement cette peau chaude.
« On organise une fête avant, expliqua Nissam en se glissant dans le dos de Yamiha, une glorieuse fête, destinée à honorer nos invités, et à les mettre dans de bonnes dispositions… Car, à Papua, nos alliés sont nos amis. »
Nissam était, lui, intégralement nu, et massa les épaules de la femme, avant de mordre son cou, sa virilité venant frotter le bas de son dos, remuant ensuite contre ses délicieuses fesses.
« Il y a du vin à profusion, des danses… »
La bouche de Nissam vint mordiller délicatement le lobe de l’oreille de Yamiha, et il rajouta ensuite, sur un murmure :
« …Et nous baisons comme des hyènes pendant toute la durée des négociations. On dit qu’une négociation qui ne s’accompagne d’une orgie est vouée à rester lettre morte.
- Quoi de mieux que le sexe, pour honorer la paix, Yamiha ? »
Et la paix, en ce moment, était surtout un très bon prétexte…