«
Non, en effet » acquiesça Dago, sur un ton sombre.
Il n’était pas homme à désobéir au Magicien. L’attaque des Papuans était précipitée, mais lui et ses hommes avaient eu le temps de faire un peu de reconnaissance. Ce palais était doté d’accès vers des grottes, qui permettaient de partir. Dago subodorait que cet endroit servait pour la contrebande, car, en fouillant dans les grottes, ses hommes avaient pu trouver, près de quelques rivières souterraines, des caches de contrebandiers. Attrapant donc le poignet de l’
ifrit, il s’empressa de traverser le couloir, se rapprochant de l’escalier qui ramenait à l’étage… Pour voir un homme dégringoler lourdement de l’escalier, son armure provoquant un fatras infernal. Dago s’écarta prestement, relâchant ainsi la douce main de sa prisonnière, et le cadavre du truand arriva aux pieds de la femme, une flèche plantée dans l’œil, son visage figé pour l’éternité dans une grimace de douleur.
Les Papuans attaquaient le palais depuis la plaine, des archers à cheval ou sur des chariots balançant des flèches enflammées, avec une précision terrifiante, tandis que les
miliciens, de redoutables guerriers papuans, s’approchaient. Des guerriers dotés de pouvoirs magiques, qui confirmaient le caractère d’armée d’élite de l’armée royale papuanne. La plaine était en train de s’illuminer, des cors et des trompettes de guerre résonnant.
«
Il faut grimper, vite ! »
Dago attrapa de nouveau la femme, et s’empressa de gravir les marches. Quand il était encore un Ashnardien, il avait déjà vu des Papuans se battre. Ils se battaient torse nus, sans armure, ou alors avec une armure très légère, ce qui leur donnait un caractère exotique… Mais ils utilisaient en réalité des sorts pour amplifier leur résistance naturelle, et, sans une lourde armure, étaient particulièrement rapides. Ils pouvaient enchanter leurs épées, et… Eh bien, pour le dire simplement, Dago n’avait guère envie de tomber sur eux.
Ils arrivèrent ainsi dans le couloir, rejoignant le hall d’entrée… Pour voir la porte voler en éclats. Plusieurs de ses hommes hurlèrent, et des yeux bleus se mirent à luire dans l’obscurité. Les miliciens papuans fondirent alors, l’un d’eux faisant un bond de plus cinq mètres de haut, atterrissant ainsi sur une mezzanine, où ses lames sifflèrent autour de lui, décapitant deux archers. Ces derniers parvinrent juste à décocher leur tirs, avant de mourir, sur un Papuan, qui tomba au sol, avant que de la magie curative ne soit utilisée sur lui.
«
Foutus Papuans, bordel ! »
C’était une véritable débandade. Un Orc se retrouva séparé de ses deux bras et hurla à la mort. Rapides et meurtriers, ils étaient comme le
khamsin, frappant fort et vite. Saisissant davantage le poignet de la femme, Dago s’avança vers une porte au fond, et courut dans un couloir.
«
Fils de putes !! -
Repoussez-les !! »
Laissant ses hommes hurler à la mort, Dago rejoignit un autre escalier, fuyant en compagnie d’autres de ses hommes.
«
Aux canaux, vite ! -
Fuyez ! Fuyez !! »
Sous le palais, il y avait toute une série de grottes et de caves. Dago courut à travers l’un d’eux, avant de sentir une forte odeur de soufre, et d’entendre une série de cris et d’hurlements d’agonie venant de plus loin.
«
HAAAAAAAAAAAAAAAAAAA… !!!! »
Dago s’arrêta brusquement.
«
Qu’est-ce que… ?! »
Les Papuans ? Impossible, ils étaient là-haut ! Il s’avança plus prudemment, tenant d’une main le poignet de la femme, quitte à lui faire mal, et sortit son épée de l’autre. Cette dernière se mit à luire, preuve qu’elle était enchantée, des arabesques et des runes dansant le long de sa surface.
«
Restez derrière moi… »
Une forte odeur de brûle remplissait la zone, et, tandis qu’il remontait prudemment le long du couloir, Dago sentit une vive inquiétude lui étreindre la gorge… Puis il vit ensuite une caverne un peu plus grande, face à l’une des rivières souterraines, là où il soupçonnait les contrebandiers d’avoir établi une cache… Et déglutit en voyant des squelettes fumants.
Il y avait une dizaine de squelettes qui gisaient sur le sol, des squelettes noircies, bouillonnants, avec de la fumée qui en suintait. Il restait encore, ici et là, quelques races morceaux de vêtements, mais tout avait brûlé… Une
combustion instantanée.
«
Mais… Mais enfin, qui… Qui a bien pu… ? »
Éberlué, Dago n’y comprenait plus rien, et, soudain, une sorte de fumée grisâtre se mit à tourner autour d’eux, bougeant dans l’air, laissant s’échapper quelques silences aux intonations féminines :
«
L’ifrit… L’ifrit est à nous… Le Magicien nous l’a promis… -
Je…. »
La fumée grise se concentra alors, et, sous les yeux médusés de Dago, une silhouette se forma alors, puis une langue de feu jaillit, et frappa le torse de l’homme. Dago s’envola dans un hurlement de douleur et de souffrance, et atterrit dans l’eau, où le courant l’emporta.
Du feu fusa alors tout autour de l’apparition, remplissant comme par enchantement toute la grotte. Et, au centre de tout ça, belle et terrible, aussi terrible que si la Mort elle-même venait de se personnifier, une
Djinn Noire venait d’apparaître. La créature s’approcha de la pauvre Serket.
«
À nous… À nous… Le Seigneur t’appelle et te mande… »
Des bruits de pas se firent alors entendre, et la Djinn Noire disparut alors.
C’est ainsi que, au milieu des cadavres, les Papuans arrivèrent, avec, en leur tête, le
Prince Herebos…