La courtisane s’attendait à tout sauf de voir une telle délicatesse. Ou plutôt, elle ne s’attendait à ce que cette Ange soit si perspicace et entreprenante. À son plus grand bonheur cela dit. Mélonye la regarda intensément et ne put rien dire, quand Cupidon lui affirma qu’elle ne parviendrait pas à lui mentir, à elle. Mais il n’y avait aucun mensonge, du moins le pensait-elle vraiment. Elle et Rhian étaient … Amies. Comment Mélonye pouvait commettre l’affront de penser qu’elles étaient un peu plus que ça … Ce n’était tout simplement pas possible. Elle était une princesse, une noble femme qui, certes refusait de se marier à un bon parti, mais qui était réservée à quelqu’un de son rang. Mélonye, sans être une roturière, n’égalait en rien sa noblesse. Et puis, ça ne serai pas juste envers ses sœurs du harem. Que penseraient-elle si elles apprenaient que Rhian et Mélonye sont amoureuses ? Non, c’était un scénario impensable …
Bien qu’au fond d’elle, la courtisane espérait un jour que cela se réaliser. Mais elle-même ne se rendait pas compte de ses sentiments. À vrai dire, c’était toujours flou. Elle savait qu’elle comptait énormément à ses yeux. C’était déjà un bon début. Cupidon le comprit et fit semblant d’accepter cela, avant de lui sourire. Puis, elle s’approcha, doucement, en caressant chacune de ses petites joues. À ce moment-là, Mélonye cru être en train de rêver, tellement elle sentait un parfum paradisiaque, bon, exquis … Et à quel point les mains de l’Ange étaient d’une délicatesse hors du commun. Quand ses ailes vinrent l’entourer, elle flotta alors sur un nuage de pure douceur. C’était des sensations qu’elle n’avait jamais ressenti. Même avec Rhian. Ses joues rougirent doucement alors qu’elle était incapable de placer le moindre mot.
Elle avait eu terriblement envie de prendre Cupidon dans ses bras, comme ça, sans aucune raison … Peut-être était-ce ce trop-plein de délice qui la poussait à être si désireuse ? Qui savait. Cupidon l’embrassa donc savoureusement sur les joues, puis sur son front, avant de se décaler un peu. Les yeux de Mélonye ne décollèrent guère des siens, les dévorant dans toute leur splendeur. Cupidon s’écarta quand même et se pencha en arrière, se soutenant sur ses bras en penchant doucement la tête sur le côté. Ses longs et beaux cheveux rosés tombèrent cascade sur son flanc, offrant à Mélonye une vue des plus belles qui soit en ce monde. (Comment est-ce seulement possible, une telle grâce …) Pensa-t-elle, en se mordillant la lèvre. Cependant, les mots de la créature résonnèrent assez en la courtisane, qui baissa un moment le regard.
Elle n’avait pas tort. Chaque moment passé avec Rhian était un pur bonheur. Chaque pensée, chaque souvenir et chaque détail étaient … Merveilleux. Et il était aussi vrai que Mélonye ne lui trouvait que des qualités, et zéro défauts. Elle rougit un peu plus en admettant cela, et hocha doucement de la tête face à la dernière constatation de Cupidon. Puis, elle se coucha sur son flanc et effleura délicatement le lit de ses fins doigts, invitant Mélonye à lui parler de Rhian, et lui expliquer ce qui faisait qu’elle pensait à elle. Mélonye chercha un peu ses mots, regardant machinalement ses doigts, avant de commencer. « Son caractère … Sa compagnie, tout simplement. Rhian est une femme fascinante, belle et intelligente, avec qui il est toujours intéressant de partager des choses. Quand je pense à elle, je pense à la joie qu’elle m’apporte à chaque seconde que je passe à ses côtés. Rien que par … Sa voix, son sourire. Et ses mots. Par ses discours et par … Ses câlins, aussi. Je ne connais aucune femme qui soit aussi parfaite qu’elle. » Dit-elle, en souriant doucement.
Le simple fait de parler de Rhian la faisait ainsi sourire, et lui donnait de belles couleurs aux joues. « Elle est très joueuse, tout comme moi ! Elle est … Tantôt mon amie, tantôt ma grande sœur. Et tantôt mon amante, aussi ! Il n’y a rien de spécial qui fait que je pense à elle, en fait. C’est devenu … Inné. » Affirma-t-elle en souriant, en se tortillant nerveusement les doigts. Son regard revint à croiser celui de Cupidon, faisant que son cœur s’emplit automatique de joie. C’était incroyable de voir le simple effet que cette femme pouvait avoir sur des personnes comme Mélonye. Elle était si belle, si gentille, à priori … C’était à peine concevable. « Hmm, c’est grave docteur ? » Lui demanda-t-elle d’un ton joueur, venant silencieusement apposer sa main par-dessus la sienne, se mettant même à jouer tout doucement de ses doigts, avec les siens.
Et là encore, le même constat … Mélonye devenait un peu plus folle face à une telle douceur de peau.