Il était rare pour Isabella de cotôyer ces magnifiques créatures qu'étaient les anges, car la grande majorité ne voyaient pas le culte d'Aphrodite d'un bon oeil, et avaient un rapport très complèxe vis à vis de la conception de l'amour, qu'ils voyaient comme un simple péché. Pourtant, la prêtresse était la preuve vivante que cette force était bénéfique, car sans l'amour des prêtresses d'Aphrodite, le bébé qu'elle était jadis n'aurait jamais survécu, et elle prenait maintenant elle même la relève en acceuillant dans son Temple bien des enfants abandonnés. Cupidon toutefois était une exception, il s'agissait d'une incarnation de l'amour, bien que ne dépendant plus directement de la déesse, et puis si elle était venue sous de faux semblants, Isabella l'aurait senti.
C'est donc avec une grande sincérité qu'elle avait embrassé cette ange, et ce durant un long moment, car le baiser était une antique et puissante façon de célébrer ce que toutes les deux prônaient pour ce monde. Bien entendu, Isabella ne s'était jamais permise d'embrasser quiconque ne le souhaitant pas profondément, et en tant que Grande Prêtresse, elle possédait pour ainsi dire une sorte de don qui lui permettait de lire les véritables désirs de ses interlocuteurs. Ceux de l'ange étaient tellement beaux, tellement rafraîchissants, que l'embrasser avait été un vrai plaisir. Ses lèvres étaient douces, autant que sa peau, et les plumes de ses ailes avaient été un délice à caresser du revers de ses mains, avec sa délicatesse légendaire.
Je serais une bien piètre représentante de la déesse de l'Amour si je ne maîtrisais pas son expression la plus élémentaire, mais je vous remercie grandement Cupidon, vous y avez participé après tout.
Souriante, Isabella sentait bien que ce baiser avait quelque peu troublé la délicate ange, et il y avait de quoi. Le Temple était ancien, consacré à une divinité de l'amour, et en tant que tel, les lieux émannaient en permanence une belle aura de magie rose. Isabella était également dans ce cas, de par son lien privilégié avec sa déesse. On disait qu'un simple contact de se délicate peau suffisait à allumer la flamme du désir chez n'importe qui, et cette rumeur n'était pas dénuée de vérité, car en tant que puissante pratiquante de la magie rose, la Grande Prêtresse émanait le même type d'aura que le Temple. Elle ne fût donc pas surprise de voir l'ange se toucher les lèvres après leur baiser, car il restait dessus une légère trace de sa puissante magie, qui était comparable à une douce chaleur s'éternisant un peu.
Je suis sincèrement ravie de vous acceuillir au Temple de Nexus. La guerre avec l'Empire s'est récemment intensifiée, et avec elle, son lot de désolation. Nous receuillons malades et orphelins qui n'ont plus nulle part où aller, l'aide d'une ange nous sera précieuse pour soulager leurs maux, et à plus forte raison la votre.
Toutefois Isabella percevait parfaitement que le désir de l'ange n'allait pas suivre une pente descendante, elle était jeune après tout, et sans doute n'avait-elle encore jamais mis les pieds dans un lieu de culte dédié à l'amour aussi ancien, et donc avec une telle aura. Le rougissement de ses joues, la façon dont elle bégayait légèrement, étaient autant de signes visibles que Cupidon avait probablement d'autres envies immédiates que celle de s'occuper de ce genre de tâches. Elle ne pouvait pas la blâmer, si c'était pour elle une première que d'entrer dans ce Temple. Aussi Isabella s'approcha à nouveau de Cupidon, et vint lui murmurer à l'oreille.
C'est plutôt moi qui devrais vous poser cette question, ne trouvez vous pas ?
La prêtresse lui mordilla alors le lobe d'une de ses grandes oreilles, tout en apposant ses mains sur les hanches de l'ange.