Locaux de TRICELL Inc.,
Kijuju,
Afrique«
Il est important qu’elle s’entraîne. Elle est la pièce-maîtresse d’Uroboros. »
Elle ne le réalisait pas, mais elle était au cœur de toutes les attentions.
Elle. Jill... C’était son nom, comme ça qu’on l’appelait, mais c’était, pour ainsi dire, tout ce dont elle se rappelait de qui elle était, les rares fois où son esprit venait à se poser cette question. Son rôle ? Les servir. Lui. Et elle.
Lui ? C’était Albert Wesker, un homme vêtu de noir, qui participait fréquemment aux entraînements avec elle. Au-delà de ça, elle était surtout entre les mains de l’autre... Excella. C’était la femme qui lui avait greffé, à hauteur du torse, ce gros cœur rouge, ce dispositif de contrôle dont elle n’avait pas spécialement conscience. Régulièrement, elle avait droit à des séances de traitement dans un laboratoire, où on lui mettait des électrodes sur le corps, et où on la piquait, généralement quand elle faisait des «
mauvais rêves ». Des rêves où elle se souvenait d’une vie troublante, dans un manoir, à tirer sur d’autres sujets d’expérience, et, surtout, où elle se rappelait d’un homme, en particulier... Mais Jill avait compris qu’elle ne devait pas parler de cet homme à Wesker. Quand elle en avait parlé, il était en train de discuter avec Excella dans un salon, et l’homme s’était enfermé. Il l’avait frappé, et ça lui avait fait mal... Pas que physiquement, bien sûr, mais aussi... Plus profondément.
Elle s’appelait
Jill Valentine, et elle était maintenant, depuis de nombreux mois, l’esclave et le sujet d’expérience d’Albert Wesker et d’Excella Gionne, que son esprit, fracassé comme un shrapnel, identifiait comme son référent paternel et sa référent maternelle.
En ce moment, elle s’entraînait dans l’une des arènes de TRICELL, une société qui faisait partie de la FPC, la
Federation Of Pharmaceutical Companies, un conglomérat international regroupant de multiples sociétés pharmaceutiques, comme Umbrella. La FPC était tombée en disgrâce depuis l’incident de Raccoon City, et ses sociétés-membres faisaient régulièrement l’objet de procès et de manifestations d’écolos et d’ONG dénonçant leurs expériences scientifiques, et le fait qu’elles n’hésitaient pas à vendre leurs maudits virus à des dictateurs ou à des terroristes, sous protection de quelques sénateurs corrompus. TRICELL était au cœur de la tempête, ce qui expliquait pourquoi la firme avait relocalisé l’essentiel de ses activités dans sa branche africaine. Les écolos étaient actifs en Occident, mais, en Afrique, ils se calmaient, surtout à Kijuju.
Kijuju était à la fois le nom d’une ville et d’une petite province africaine relativement autonome, qui vivait essentiellement grâce aux usines et laboratoires de TRICELL. Et Kijuju était aussi le prochain terrain d’expérimentation à grande échelle pour un virus que TRICELL comptait développer. L’objectif initial avait été de vendre ce virus aux plus offrants, TRICELL ayant reçu des offres alléchantes de la part de la Syrie, de la Corée du Nord, puis Albert Wesker était arrivé. Il avait immédiatement séduit Excella, et lui avait aussi offert les moyens de stabiliser leur formule.
Ces moyens, c’était Jill Valentine.
Elle était une agente de la BSAA, un organisme de sécurité développé sous égide de l’ONU afin de traquer et d’éliminer le bioterrorisme, nouveau fléau du 21
ème siècle après que les expériences d’Umbrella eurent condamné toute une ville, Raccoon City. Jill avait traqué Wesker, l’un des membres clefs de l’organisation, avec l’aide de Chris Redfield, mais elle était tombée au combat. Présumée morte, elle avait été capturée par Wesker, car elle portait en elle le virus-T, injecté dans son corps à Raccoon City. Or, elle avait eu, à l’époque, un antivirus, mais qui n’avait pas tué le virus-T. L’antivirus l’avaitr juste... «
Scellé ». Quand Wesker l’avait cryogénisé après l’avoir capturé, il avait remarqué que la cryogénisation avait réveillé les cellules du virus-T, mais avait aussi constaté que, Jill ayant eu le virus de manière latent en elle pendant des années, son corps arrivait naturellement à le combattre. Dès lors, conserver cette femme comme un trophée, puis un appât futur, afin de narguer Chris, l’éternel ennemi d’Albert, avait paru inutile. JHill avait été intégrée dans les recherches de TRICELL, afin de développer un nouveau virus, Ouroboros. Or, le problème de ce virus était qu’il était trop sauvage, attaquant les cellules des cobayes en les tuant trop rapidement. Les scientifiques de la firme avaient donc utilisé les anticorps de Jill pour perfectionner la formule, et ainsi aboutir à un virus abouti.
Excella avait développé le dispositif de contrôle, qui avait permis d’annihiler les souvenirs de Jill, et de la rendre docile. Autrement... Et bien, autrement, elle cherchait régulièrement à s’évader, et avait déjà tué trois scientifiques et dix gardes lors de sa dernière tentative. Excella avait travaillé d’arrache-pied, et, maintenant, le dispositif était opérationnel. Il était planté en elle, sur sa poitrine,
et reliait ensuite son cœur, pour un contrôle maximal.
Pour l’heure, le dispositif était très efficace, et Jill avait pu s’entraîner à tuer des Majinis avec Wesker sans problème. Elle le faisait maintenant seule, et il fallait la voir galoper... Extrêmement agile et forte, elle se battait avec deux pistolets-mitrailleurs, et massacrait les zombies cherchant à l’attaquer. Courant rapidement, elle glissa sous un tapis roulant, en repliant ses jambes, ce qui eut pour effet de redresser un peu ses seins, puis elle tira à gauche et à droite, toujours en glissant, fauchant plusieurs zombies, avant de se relever, puis d’envoyer un coup de pied retourné au visage d’un zombie proche d’elle. La bête grogna en reculant, et Jill bondit ensuite sur lui, venant enserrer sa tête entre ses genoux, et...
*
CRAC !*
Elle lui brisa la nuque sans se poser davantage de questions, et tira à nouveau, explosant la tête d’un autre zombie. Belle et gracieuse, elle était une véritable Ange de la mort.
L’entraînement, néanmoins, finit par se terminer quand une sonnerie retentit, puis une voix retentit, lui annonçant qu’Excella voulait la voir dans son bureau.
*
Okay... Si elle veut...*
Époussetant son visage, elle se rendit dans les vestiaires, et enfila la
tenue de corbeau, en raison du bec, qu’elle portait habituellement quand elle sortait. La femme grimpa ensuite les marches, puis emprunta le long couloir métallique menant au bureau de celle qu’elle identifiait comme sa « mère », croisant, au passage, de multiples soldats infectés par le virus de Las Plagas, et dont la docilité témoignait de l’efficacité du virus.
Qu’est-ce qu’Excella pouvait bien lui vouloir ?