you left me paralyzed, no cure, no rehab for me
funny that you got the nerve to keep asking me
how i’ve been
you’re the victor in this pageantry
but the only trophy you deserve, catastrophe
i’d rather we be dead to each other
no eulogies said for each other
no “rest in peace”s
the memories got my chest in pieces
Cette musique résonnait encore dans les écouteurs de Mike alors qu'il descendait lentement les escaliers de son logement situé au 4ème étage d'un immeuble de banlieue. Il portait dans ses mains un carton à peine fermé, contenant tout un tas de cadres photo dont il aurait pu se débarrasser, s'il avait eu la jugeote de les trier. " 5 ans que tu aurais du le faire, mon vieux ", se dit-il en atteignant le palier du premier, mais les raisons de le remettre au lendemain avaient toujours été plus nombreuses, donc plus fortes que la raison. Il s'engagea dans les dernières marches de l'escalier avec un poids en moins sur le coeur, car cet endroit qu'il quittait pour aller ailleurs n'était plus qu'un tas de souvenirs dont on souhaite se débarrasser désespérément, quitte à les refiler gratuitement à un passant dans la rue. Pourtant, il en avait vécu des choses dans ce petit 18m2 a peine insonorisé, mais rien qui avait pu bouleverser sa petite vie de détective. A part peut-être le bruit de la voisine couchant avec son amant. Ça, c'était un bon souvenir.
Il atteignit le couloir menant à l'extérieur, simplement décoré par deux grandes rangées de boites pour y ranger toutes les factures et autres publicités inutiles. Le jeune homme s'en servait pour faire du feu. D'ailleurs, plusieurs fois il avait eu des altercations avec les pompiers, à cause de feux provoqués accidentellement par une accumulation de publicités pour les supermarchés du coin et une cigarette jetée par mégarde. Enfin, ça, c'était la version officieuse qu'il donnait aux policiers pour qu'ils lui lâche la grappe.
Arrivé dehors, il sentit une brise caresser sa nuque et lui rappeler que l'été était dans plusieurs mois, à présent, et qu'il serait peut-être temps de se couvrir un peu mieux. Enfin, quand il en aurait le temps bien entendu. Il s’arrêta devant un taxi qui attendait ici depuis une heure environ et posa son carton dans le coffre, au dernier endroit disponible. Puis il referma le tout et tapota sur le toit du véhicule en s'écriant.
- J'ai plus qu'à fermer l'endroit et j'arrive.- Je vous ai entendu monsieur, dit l'homme dans le taxi, avec une voix un peu agacée, sûrement par le temps que prenait le jeune homme pour descendre dix cartons d'un si petit endroit.
Mike remonta quatre à quatre les escaliers et s'arrêta devant la porte de son ancien " chez lui ", aujourd'hui " chez un autre ". Il ferma la porte a clé et s'engagea dans les escaliers lorsqu'une voix l'arrêta.
- Hey connard, viens ici que je te casse la gueule.
Il reconnaitrait cette voix parmi un million. Il s'agissait du fils du propriétaire, un bouffon prétentieux qui n'avait pas apprécié que sa copine s’envoie en l'air avec le jeune détective, soi disant parce qu'elle n'avait plus de " liquide sur elle ". A interpréter de la manière dont vous voudrez, en tout cas depuis ce jour, le fils cherchait désespérément à attraper le jeune homme, qui lui échappait toujours entre les mains. Mike tourna la tête et posa ses fesses sur la rambarde de l'escalier.
- Désolé Jerry. A une prochaine !Se laissant glisser, il atteignit rapidement le troisième étage. Il se mit à descendre les marches dans une course sans répit, entendant derrière lui les jurons étouffés par l'essoufflement du petit ami en colère. Finalement, il atteignit l'entrée et sauta presque dans le taxi en s'écriant.
- Démarrez ! Démarrez !La voiture démarra seulement quelques secondes plus tard, laissant au petit ami bien furax le temps d'attraper une pierre et de la jeter contre la vitre du véhicule s'engageant dans une autre rue. La vitre se brisa en mille morceaux, des bouts de verre atterrissant dans ses cheveux. Il secoua le tout, tachant quelque peu le cuir du taxi par du sang frais. Il indiqua à l'homme du taxi où il devait aller et posa son argent sur le siège avant. Puis, il tomba dans les pommes.
Quand il se réveilla, le taxi venait d'arriver. Il sortit en titubant, la tête qui tournait. L'homme l'observa en comptant l'argent, vérifiant qu'il y aurait assez pour payer sa vitre cassée. Mike se réveilla et observa l'immeuble devant lequel il se trouvait. Un petit monstre de béton qui faisait trois étages, et dans lequel il installerait son cabinet. Se tournant vers le taxi, il commença à sortir ses cartons un à un. Finalement, lorsqu'il les sortit tous, il tapota le véhicule qui partit en instant. Le jeune homme passa sa main dans ses cheveux, sentant encore des bouts de verre dans les cheveux, et poussa la porte du bâtiment. Il monta les quatre premiers cartons, mais se retrouva très vite épuisé avec le sang perdu. Il soupira et se posa contre le mur.
- Bordel..Il chercha dans sa poche son médicament, qu'il avait oublié de prendre il y a plusieurs heures. Il le trouva parmi un tas de papiers, et l'ouvrit en tremblant. Un cachet se trouva en un instant avalé, ce qui le soulagea. Puis il attrapa une cigarette, ce que son médecin lui avait bien déconseillé depuis le début lorsqu'il lui avait prescrit le traitement, l'alluma et le porta à ses lèvres. Il rejeta de la fumée en regardant la ville qui l'entourait, immense et pleine de secrets.
