Si Alice avait désiré que Nathaniel aille à cette réception, c’était, globalement, pour deux raisons principales.
La première raison, c’est que le clan Dowell était, certes un clan vampirique, mais aussi un clan de lettrés, et qu’ils abritaient d’importantes bibliothèques. Pour l’érudite, c’était donc là l’occasion de bien se faire voir, et, surtout, de pouvoir avoir accès à de précieuses bibliothèques privées. Et les Dowell avaient essentiellement un savoir se voulant cultiver, avec des traités militaires, des essais philosophiques, des chroniques, des encyclopédies... Il y avait aussi des romans, l’ensemble formant une importante base privée. Alice était donc sûre que Nathaniel adorerait y mettre son nez.
La seconde raison, elle, était plus négative. Alice avait aidé son amie, Mélinda Warren à former un clan vampirique, clan qui, par définition, devenait le concurrent direct du clan Dowell. Et ses liens d’amitié avec Mélinda étaient largement connus au sein de l’Empire. Elle n’avait donc pas envie de causer un malaise, d’où le fait que ce soit Nathaniel qui s’y rende. Bien sûr, la femme n’avait rien à craindre, car elle était la protégée de Sylvandell, et le clan savait très bien qu’il était dans son intérêt de ne pas se heurter frontalement aux Sylvandins sur ce point.
Rayne, elle, était bien loin de ses préoccupations, et s’étonnait de la facilité avec laquelle le sexe était représenté au sein de l’Empire. Mais était-ce, fondamentalement, si surprenant ? L’Ordre Immaculé avait une faible influence au sein de l’Empire, et la morale religieuse n’était donc pas très bien implantée. Est-ce que le clan Dowell s’était allié avec Kagan ? Rayne avait vu Alexandre et Allison, et cherchait comment les approcher, tout en sachant que, ce soir, elle venait juste pour faire du repérage. L’endroit était rempli de vampires, qu’elle identifiait à leur sang, mais il y avait aussi des démons, ou encore de simples humains, essentiellement parmi les esclaves. Aucune, cependant, n’était forcée. Elles étaient toutes consentantes, tout comme les serveuses, dont beaucoup avaient des
plugs nichés dans leur bassin, et qui faisaient régulièrement l’assaut, dans des alcôves discrètes, d’invités voraces. Rayne, avec son charme très ashnardien, attirait bien des regards. S’en désintéressant, elle continuait à marcher, jusqu’à s’approcher d’une sorte d’alcôve.
Elle était en hauteur, sur un balcon luxueux, et voyait, devant elle, un spectacle de cordes et de femmes entremêlées, dans une sorte d’improbable orgie en latex et en cuir, avec des fouets, des menottes, et des cordes... C’était
assez impressionnant, à tel point que Rayne s’absorba dans ce spectacle.
Elle ne s’en sortit que plus tard, et, en se retournant, ses seins frôlèrent ceux d’une superbe femme, dans une élégante robe noire, qui sembla toute penaude en la croisant ainsi, sans, néanmoins, pouvoir s’empêcher, quoique brièvement, de loucher sur elle.
«
Oh, j’ignorais être à ce point discrète, Madame. Je m’appelle Rayne. »
Cette femme n’é&tait pas une vampire, et Rayne lui fit un sourire.
«
Pardonnez mes manières, reprit-elle,
je ne suis pas habituée à ce genre de choses, c’est la première fois que je vais à une soirée mondaine. J’ai plus l’habitude des corsets et des pantalons moulants que des robes, pour être honnête, je me sens prisonnière dans ces trucs. »
Ce qui expliquait pourquoi elle avait pris une robe ouverte de partout, qui ne limitait pas ses mouvements.
«
Mais à qui ai-je l’honneur, d’ailleurs ?! »