Batwing Eternal [Dinah Lance]

La fin.
Pyramide de Khéops.
La nuit.

« Ce sera bientôt terminé.. Je t’ai brisé. Ta si précieuse combinaison est en lambeaux, tu n’es plus qu’un amas de sang ambulant... »

Torse nu, il était à la limite de l’inconscience. Du sang jaillissait de ses multiples plaies, et du signe tracé à la machette sur son torse : une chauve-souris dégoulinante, tandis que, sur son corps, les morceaux brisés de la Batwing v2 scintillaient et grésillaient. Il était retenu là, au sommet de la pyramide, maintenu sur une croix chrétienne, des clous enfoncés dans les poignets, comme une parodie de crucifixion, tandis que son adversaire exultait devant ses yeux, sa machette couverte de sang.

En le voyant fermer les yeux, il s’approcha, et posa sa main sur son menton.

« Ne dors pas encore... Il ne faudrait pas manquer le clou final. Tes alliés ont été massacrés, les gens que tu jurais de protéger... Entends-tu leurs hurlements alors que mes hommes les massacrent en ce moment même ? »

Oui, il les entendait, et chaque cri était comme une plaie supplémentaire. Au pied de la Pyramide, la réunion organisée par Wayne Enterprises tournait au cauchemar. Il n’avait pas pu empêcher les explosions, et, ensuite, les terroristes avaient débarqué, mitraillant la foule, sans relâche...

Cependant, ce n’était pas ça qui le préoccupait le plus, mais la troisième personne se trouvant au sommet de la pyramide. Une femme avec des collants en bas-résille, à qui il avait récemment annoncé sa demande en mariage... Agenouillée sur le sol, ses mains étaient liés dans le dos par d’épaisses menottes, et elle portait un sac noir sur la tête. Son adversaire se déplaça lentement, en prédateur sûr de dominer la situation.

Il se glissa dans son dos, et l’homme crucifié serra les dents, en essayant encore de se libérer quand il vit la machette caresser le cou de la femme.

« Les liens du sang... Pensais-tu pouvoir m’évincer ainsi, David ? Pensais-tu que cette petite pimbêche pourrait changer les choses ? Tu as voulu échapper à ton passé, à ta véritable famille... Et il n’en reste plus qu’une pour te gêner. Je t’ai tout pris, David. Tout ce que tu t’étais laborieusement efforcé de construire, depuis Tinasha. Ta première ville, celle que tu avais juré de protéger, est en ruines, et, d’ici quelques heures, ses habitants seront tous exterminés. Tu as oublié qu’un lion ne protège pas les faibles, mais les domine. Et elle... Elle est ton dernier lien, un lien si fragile, si éphémère par rapport au nôtre... Elle a voulu apaiser la bête qui était en toi, te museler comme on transforme un tigre en chaton ! Il est temps de revenir aux bases, David, de revenir à ce que tu étais... Temps de détruire le Batwing. »

David avait juré à Dinah de ne plus haïr, d’abandonner toute sa colère... Mais là, en voyant cet homme, il se sentait incapable de retenir le flot de haine et de rage qui lui serrait la gorge. Cet homme représentait tout ce qu’il avait jamais haï, tout ce qu’il avait jamais combattu, mais aussi tout ce qu’il avait jadis juré de défendre. Il était à la fois son plus grand échec et son plus terrible ennemi, l’homme qui le connaissait le mieux en ce bas-monde... Il était Massacre, et il était son frère.

Et, ce soir, l’un des deux allait mourir.

La loi du Talion. Œil pour œil, dent pour dent !

Un bâillon empêchait Dinah de parler, et Massacre tira sur ses magnifiques cheveux, pour exposer sa gorge, et leva bien haut sa machette.

« Regarde, David, regarde comme tu es en train de tout perdre... »

Et la machette fila...

Œil pour œil, dent pour dent.


Maintenant.
Quais de Seikusu.
La nuit.

Que ce soit Tinasha, Bangkok, New York, Paris, ou Seikusu, toute ville fonctionnait selon le même principe : la dualité du jour et de la nuit, du pouvoir étatique autorisé, et du pouvoir criminel interdit, mais présent. Les Japonais avaient toujours, pour illustrer cette situation, l’image du losange. La partie haute représentait l’État, et la partie basse le crime organisé. Un fonctionnement sociétal qui, du point de vue du David, remontait à l’existence même des premières sociétés. Il y avait presque un besoin psychologique dans l’idée de savoir que, au-delà du pouvoir officiel, il en existait d’autres, des pouvoirs souterrains, qui étaient moins recommandables que le premier, mais permettaient de le contrebalancer, afin de favoriser ce que l’humanité avait toujours recherché, l’harmonie, et repousser que l’être humain avait toujours détesté abhorré, l’anarchie.

Et, dit autrement, être en planque amenait Batwing à se montrer philosophe... Néanmoins, quand les camions s’approchèrent, avec deux voitures, des BMW noires aux vitres fumées, il se redressa de sa cache, sur le sommet d’une grue, et avertit l’Oracle.

« Ils sont là, Oracle...
 -  Parfait. Pile à l’heure. Mais n’oublie pas de ne pas te montrer avant de réunir des preuves de l’implication d’ATLAS...
 -  Tu sais, ce n’est pas parce que je suis un Noir que je suis dur d’oreille, je retiens très bien les ordres.
 -  Je ne voulais pas insinuer que...
 -  Et j’adore jouer le couplet du fils de négriers et d’esclavagistes opprimés par la société, ça marche à merveille face aux caissières grincheuses ne voulant pas m’appliquer mes tickets de réduction. Il faut bien s’offrir de petits plaisirs dans la vie.
 -  Attends... Est-ce que tu viens de faire de l’humour, là ?
 -  J’ai essayé, au moins... »

Pas dit que ce soit un franc succès... Batwing, disposant de sa redoutable armure v2, équipée d’un système de camouflage, se laissa tomber en contrebas. La v2 disposait néanmoins d’un camouflage optique très efficace, pour peu qu’il ne se déplace pas trop, et il se posa sur le toit de l’entrepôt, puis s’approcha d’une vitre, et se laissa tomber sur une plateforme surélevée.

Il s’avança prudemment, voyant quelques sentinelles en hauteur, équipées d’AK-47, avec des tatouages sur les épaules, et des têtes de méchants... Avec des piercings, des barbes, et un regard acéré. Son casque fit une rapide reconnaissance faciale, confirmant qu’il avait affaire aux Russes. Tous des criminels pourchassés en Europe de l’Est, généralement des déserteurs ayant fui l’Armée Rouge lors de la dissolution de l’URSS, en emportant avec eux armes et munitions.

Prudemment, l’homme les neutralisa, afin d’avoir un angle de vue dégagé sur la transaction, qui avait lieu dans une pièce éloignée de l’entrepôt principal.

« Je vais vérifier la cargaison... »

Batwing se laissa descendre en contrebas, entre les énormes étagères industrielles. Il y avait une vingtaine de tueurs au milieu, et il dut s’arrêter pendant quelques secondes, laissant le temps à ses batteries de se recharger, puis se rapprocha de l’une des grosses caisses, et entreprit de l’inspecter. Il y avait de la paille, mais, à l’intérieur, il repéra vite ce qu’il cherchait.

Des armes de guerre, des munitions... Et des armes-lasers, qui ne venaient clairement pas d’un entrepôt russe.

« C’est confirmé... Ils vendent les armes tekhanes. »

Batwing prit des photos grâce à son casque, afin qu’Oracle puisse les voir.

« Merde... Mais ça ne permet pas encore d’impliquer ATLAS... Tu as pu avoir un visuel sur le type qui est sorti de la BMW ?
 -  C’est mon prochain objectif... »

La mission principale était d’obtenir des preuves contre ATLAS... La firme était un adversaire redoutable, et David aimait souvent à se dire que, pour le coup, c’était un véritable David contre Goliath. La firme était une transnationale tirant sa fortune de ses usines d’armement, de sa SMP, intervenant dans des terrains dangereux... L’Irak, la Syrie, le Liban, l’Éthiopie, le Soudan... Son rôle était officiellement de former les populations militaires locales, de défendre les installations civiles ou les usines, les puits de pétrole, ou encore la protection contre les catastrophes naturelles.

ATLAS affirmait respecter les termes de la Convention internationale contre le recrutement, l’utilisation, le financement et l’instruction des mercenaires, tout en étant un membre influent de l’IPOA, l’International Peace Operations Association, une association américaine représentant les intérêts des SMP. De plus, ATLAS avait récemment décroché un contrat avec le SHIELD, ce qui renforçait encore leur influence, notamment celle de son PDG, Jeremy Irons.

Et Batwing était de plus en plus convaincu que Monsieur Irons ne disait pas toute la vérité...

Délaissant les stocks d’armes, il se rapprocha donc des bureaux... Quand une onde de choc le frappa alors sur le côté, le faisant hurler de douleur, brouillant tous ses systèmes.

« Mais que... ?!
 -  Navré, mais les chauves-souris ne sont pas invités ici ! Et, pour s’en assurer, je suis venu en personne m’assurer de la sécurité des lieux ! »

Désorienté, Batwing se dépêcha de courir se réfugier, fuyant les attaques soniques et hypnotiques d’un redoutable mercenaire, un ancien tyran autoproclamé, le Comte Vertigo... Mais les tueurs ennemis étaient déjà au courant de sa présence, et se mirent à lui tirer dessus...

Tandis que l’attaque sonique du Comte avait désorienté la plupart de ses composants électroniques pendant un certain temps...

« HA ! J’ai toujours aimé tuer les justiciers et les super-héros ! Surtout quand ils portent l’affreux logo du Chevalier Noir de Gotham City ! Tuez-le, Messieurs, ne prolongeons pas inutilement cette saine distraction ! »

*Si on m'avais dit que je finirais par remettre ce costume...*

Cela faisait plus de trois ans que Dinah Lance, désormais propriétaire d'un Dojo à Seikusu, avait abandonné sa carrière de super-héroïne, et avait foutu son costume au placard. Ayant quitté Gotham City pour s'exiler au Japon, et ne plus rien avoir affaire avec la lutte contre le crime, elle avait été loin de s'imaginer que Barbara l'appellerait pour faire ressurgir ses vieux démons. Depuis la mort de John, son fiancé, Dinah avait coupé les ponts avec tout ce qui pouvait lui rappeller ces évennements tragiques, et ça avait inclus bon nombre de ses connaissances...mais pas Barabra, qui avait toujours eu un moyen de la joindre.
C'était marrant en y songeant, au début les deux femmes avaient eu extrèmement de mal à s'entendre, c'était ce qui avait de fortes chances d'arriver quand on mettait ensemble deux personnalités aussi fortes. Mais au fil du temps, elles avaient fini par apprendre à s'accepter, à se respecter, et étaient même devenues d'excellentes amies. C'était Dinah qui avait majoritairement permis à Barbara de remonter la pente, moralement, en lui montrant qu'elle pouvait toujours se battre malgré son handicap, et en étant là quand elle avait besoin d'elle. La réciproque avait été vraie après la mort de John, Dinah pouvant appeller son amie à n'importe quel moment si elle en ressentait le besoin. Autant dire que les deux femmes partageaient un lien fort, et que ce lien était la raison, la seule et unique raison, pour laquelle Black Canary était de sortie ce soir.

"J'ai besoin que tu me rendes un service Dinah...un gros service..."

Un gros effectivement. Oracle s'était installée depuis maintenant un moment dans ces environs, et manageait désormais toute une équipe de Batgirl, dont elle même faisait parfois partie. Dinah et elle s'étaient donc revues, en chair et en os, à l'occasion de séances d'entraînement pour reprendre ses vieux réflèxes. Les progrès de la médecine, ces dernières années, avaient été tels que Barbara avait pu retrouver l'usage de ses jambes, mais après autant de temps apssé en fauteuil roulant, elle avait perdu ses anciennes capacités au combat. Barbara avait fait appel à Dinah, suite à une violente râclée contre un criminel, pour la remettre d'aplomb, aussi se voyaient-elles régulièrement depuis plusieurs semaines.
Mais participer à la rééducation de sa meilleure amie n'était pas ce gros service qu'elle lui avait demandé...un service que Dinah avait refusé au départ...reprendre son costume pour aider l'un de ses protégés, récemment arrivé au Japon.

*Et me voilà...chassez le naturel, il reviens au galop comme on dit.*

Devant l'insistance de Barbara, Dinah avait fini par céder. Aussi ce soir était-elle de sortie, en filature, comme au bon vieux temps...à se les geler dehors. De par une oreillette qu'elle portait en permanence, Dinah était en contact permanent avec oracle, mais maintenait pour le moment un silence radio complet. Dinah n'était, en théorie, pas censée intervenir si la mission de Batwing, celui dont elle devait avoir les arrières, se déroulait comme prévu. Mais les deux femmes avaient suffisamment combattu ensemble pour savoir que rien ne se passait comme prévu.
Et au bout d'un moment, une communication d'Oracle vint confirmer cette théorie.

Dinah, j'ai perdu le contact avec Batwing.

Juste après ça, Black Canary commença à entendre des coups de feu retentir à l'intérieur de l'entrepôt. Grillé, et probablement en mauvaise posture, autant dire que ce Batwing avait probablement besoin d'aide.

Compris, on passe au plan B...moi qui sauve ses fesses.

Dinah se mit à courir, et ne rencontra aucune résistance sur le chemin, car Batwing avait fait le ménage à l'extérieur de l’entrepôt. Comme les criminels restants avaient leur attention focalisée sur lui, et qu'ils tiraient en rafales, elle n'eut aucun mal à se faufiler à l'intérieur du bâtiment, où le bruit était assourdissant. Camouflée derrière des caisses, elle pu voir une bonne vingtaine d'hommes armés qui tiraient dans une seule et même direction, contre un homme en combinaison qui évitait les tirs du mieux possible. Mais surtout, elle vit une silhouette qui lui était hautement familière, un de ses vieux ennemis.

Vertigo ? Qu'est-ce que ce trou du cul fout au Japon ?
Aucune idée...pour le moment, ATLAS a du l'embaucher pour surveiller cette cargaison.
Décidément, vous avez tous décidé de me suivre jusqu'ici, et moi qui croyais être peinarde...

Le Comte Vertigo était un de ses adversaires les plus dangereux, son pouvoir de déstabilisation pouvant sans difficultés mettre à terre le plus puissant des héros, mais il n'était pas dénué de points faibles. Son pouvoir était dû à un implant qui prenait sa source dans les tympans de l'homme, autant dire que le Canary Cry avait toujours été d'une grande utilité contre lui, et surtout, c'était un mégalomane qui s'y croyait trop. Au lieu d'aller lui même finir Batwing, cet idiot restait derrière ses hommes et riait, insultait le héros car il était certain d'avoir le dessus. Ils lui tournaient tous les dos, c'était presque...non c'était trop facile, mais en l'état actuel Dinah ne pouvait pas se permettre de se poser des questions. La chauve-souris battait de l'aile, et il fallait le secourir. Elle se glissa discrètement derrière le lot, qui formait un ensemble bien compact, puis se redressa quand elle fût à la hauteur de Vertigo, et lui tapota l'épaule.

Je t'ai manqué ?

Vertigo eût tout juste le temps de commencer à se retourner, de voir Black Canary, et d'esquisser une expression de surprise, quand la femme inspira profondément, et usa de son pouvoir. Elle hurla, et le son fût si fort qu'il en déforma l'air autour, formant des ondes qui percutèrent sur super vilain et ses hommes, les envoyant valser contre les caisses et les murs de l'entrepôt. Black Canary donna toute sa voix, pendant quelques dizaines de secondes, ce qui fût suffisant pour les mettre tous K.O, et ne s'arrêta que quand elle fût certaine que tout danger était désormais écarté. Puis elle leva la tête, au dernier endroit où elle avait vu Batwing se réfugier.

Tu peux sortir de ta cachette Junior, les méchants ne sont plus en état de te faire du mal.

Dinah avait posé une main sur sa hanche, et attendit, un sourire amusé aux lèvres, que l'homme vienne à sa rencontre.

David avait ses fichiers sur le Comte Vertigo. De son vrai nom Werner Zytle, il était un réfugié politique, à la base, l’héritier d’une famille royale ayant jadis dirigé un micro-État d’Europe de l’Est, Vlatava. Sa famille, suite à une révolution ayant survenu après la chute du communisme, qui avait aidé à maintenir les Zytle au pouvoir, avait fui au Canada, sous une fausse identité, mais sans jamais oublier leurs racines, tandis que la Vlatava essayait laborieusement de construire un régime démocratique, tâche rendue difficile par ses proches voisins, notamment la Latvérie. Zytle avait grandi au sein d’une famille de nobles corrompus, méprisant le bas-peuple, et qui avaient quitté le pays en emmenant de multiples richesses culturelles, s’en servant pour développer, au canada, un trafic important qui leur avait assuré une rentrée d’argent correct. Autrement dit, Werner Zytle avait grandi avec le sentiment d’être un Roi exilé, tel Napoléon sur l’île d’Elbe attendant de faire son retour. Il avait utilisé l’argent de ses parents pour former une milice privée, des mercenaires, et avait repris le pouvoir en Vlatava, où il s’était alors fait appeler « Comte Vertigo ». Il avait réussi à récupérer le pouvoir à Vlatava, mais, sous couvert d’être un monarque éclairé, avait continué ses activités criminelles. Il avait été chassé du pouvoir, et était, depuis lors, un ennemi récurrent de différents super-héros, notamment Green Arrow, ou encore Black Canary. Ainsi, de ce que David savait, Vertigo voulait financer une nouvelle armée pour reprendre le pouvoir. C’était un homme dangereux, un mégalo’, qui disposait d’un pouvoir lié à une machine figurant dans son dos, et qui permettait d’émettre un rayonnement qui perturbait les sens, et les systèmes électroniques, comme un vertige... D’où son surnom.

Batwing s’était fait avoir comme un bleu, et les balles heurtaient son armure, tandis qu’il se dépêcha de désactiver la vision spéciale et amplifiée de l’armure, abaissant la visière. Il se mit à courir, filant derrière un étagère, ne pouvant que se sermonner lui-même pour son amateurisme. Il avait pourtant sécurisé prudemment l’extérieur, et même quelques forces ennemies... Mais il manquait encore d’expérience contre les super-vilains. Torse nu, Vertigo exhibait des tatouages complexes, et portait un pantalon avec une sorte de longue veste ouverte, dévoilant ainsi son torse.

*Tout ce que tu as à faire, c’est attendre que tes systèmes se remettent en marche...*

Fort heureusement, David n’était pas aisément sujet à la panique. Les tueurs se rapprochaient lentement, et il sortit une bombe fumigène, puis la jeta rapidement sur le sol, générant autour de lui une épaisse fumée.

« Il essaie de se barrer !
 -  Abattez-le !! »

Les balles jaillirent au milieu de la fumée, et David se mit à courir, et bondit sur un ennemi à proximité, son poing venant se fracasser sur son visage, lui explosant le nez, l’envoyant s’étaler douloureusement sur le sol. D’autres balles frappèrent alors son armure, et il lança plusieurs Batarangs, avant d’aller s’abriter à nouveau... Et, peu de temps après, un terrible cri jaillit, lui vrillant les tympans, le faisant serrer les dents. Une nouvelle attaque de Vertigo ? Improbable, car il entendit des bruits et des soupirs...

Et, quand Batwing tourna à nouveau la tête, ce fut pour être frappé par l’apparition se tenant devant lui, qui lui indiqua de sortir.

Black Canary !

Là encore, David avait un fichier sur elle, et savait que la femme était proche de la Bat-famille, notamment de Batgirl, mais qu’elle était, aux dernières nouvelles, retirée... Et, pendant quelques secondes, David, surpris par cette apparition, aussi belle qu’efficace, ne put rien dire, observant cette silhouette musclée et magnifique, avant de finir par se reprendre.

« Ju... Junior ? »

Les systèmes de la v02 venaient de se remettre en place, et il remit sa visière.

« David ! s’exclama rapidement l’Oracle. Tu vas bien ?
 -  Oh... Oui, oui, j’ai... J’ai juste été surpris par l’attaque de Vertigo... Et par l’intervention de Black Canary...
 -  Je lui ai demandé de t’aider... »

Il ne fit aucun commentaire. David ravalait sa fierté après cet exploit, car il reconnaissait volontiers que, face aux super-vilains, il manquait d’expérience...

David regarda donc la femme, et hocha la tête.

« Je... Merci pour votre aide, ce... »

Il vit alors le Comte se redresser en grognant, du sang s’échappant de son nez. Sa contre-attaque fut rapide, et une onde de vertige s’échappa de son corps, les bandes rouges peintes sur son corps formant comme une spirale qui frappa Black Canary, une spirale immense, disproportionnée, amplifiée par la sensation de peur et d’hallucination qui frappait quiconque était pris par le halo de Vertigo.

« Black Canary ! Je te croyais morte... Je n’ai jamais oublié l’humiliation que toi et tes petits-amis m’ont fait subir... Mais vous ignorez face à qui vous avez affaire. Tu aurais mieux fait de rester morte, ma petite poupée de cuir... »

Batwing intervint immédiatement, en lançant un Batarang, qui frappa la joue du Comte Vertigo, l’amenant à reculer, en laissant une estafilade sur sa joue. Une lueur de colère traversa les yeux de l’homme, qui se tint la joue.

« À charge de revanche... »

Vertigo se mit alors à filer par les bureaux, et Batwing, plutôt que de le poursuivre, préféra aller voir Black Canary.

« Vous allez bien ?! »

Même si elle n'avait pas complètement perdu ses réflexes, Dinah était restée en dehors des feux de la rampe pendant plus de trois années. Certes elle s'entraînait toujours autant, voire même plus que lorsqu'elle enfilait le costume de Black Canary régulièrement, mais elle n'était plus allée sur le terrain depuis tout ce temps, et encore moins pour combattre des supers-vilains. Dinah avait donc commis une erreur, celle de tourner le dos à Vertigo. A sa décharge, la dernière fois qu'elle l'avait affronté, peu de temps avant son départ des Birds of Prey, une seule bonne décharge de son cri avait suffit à le mettre hors d'état de nuire pour un bon moment. Là, ça n'avait pas été suffisant, comme elle s'en rendit compte lorsque, tout en sortant de sa cachette, Batwing s'était subitement arrêté de la remercier, et regardait distinctement ce qui se produisait derrière elle.
Son sourire un peu moqueur avait alors fondu comme la neige au Soleil, car elle n'avait rien perdu de son vacu, et savait très bien ce que ce genre de réactions signifiait.

Oh chier...

Dinah eut juste le temps de se retourner, avant de se prendre une des attaques de Vertigo. Elle sentit son propre sens de l'équilibre faillir, la tête tourner fortement, et elle posa un genoux à terre pour avoir une meilleure sensation du sol. Elle avait subit de nombreuses fois ses attaques, et appliquait des méthodes simples, mais qui permettaient d'en contrer partiellement les effets...sans grand succès toutefois. Depuis leur dernière rencontre, il semblait évident que les capacités de son ancien ennemi avaient été améliorées considérablement.
Mise en difficulté, Dinah ne se laissa pour autant pas faire, et se concentra grâce à son sang froid qu'elle avait eu largement le temps de mettre à l'épreuve. Elle ne défailla pas, et lorsque Vertigo vit son attaque contrée par Batwing, Dinah pu rapidement se remettre sur pied, et tenter de lancer à nouveau un cri dans la direction de son adversaire. Mais l'onde de choc ne l'atteignit qu'alors qu'il était déjà bien à couvert dans les bureaux, il était en train de fuir. Dinah se tût donc. Elle savait que Vertigo était un grand adepte des fuites, et si elle n'était pas tombée dans les pommes, Dinah ne se sentait pas là tout de suite, en état d'entamer une course poursuite. Elle soupira en fermant les yeux, se focalisa afin de supprimer cette sensation de tournis, et cette envie de vomir qui l'avait prise.
A ce moment, Batwing vint à elle, visiblement l'air inquiet, en lui demandant si elle allait bien. Elle ouvrit ses beaux yeux bleus, et lui fît face.

Comme un charme. Inutile de t'inquiéter pour moi "Big Boy", j'ai subi ce genre d'attaques de la part de ce looser un nombre incalculables de fois, et il en faut plus pour me mettre à terre. Même si je dois avouer...ce n'était pas aussi puissant dans mes souvenirs.

Dinah porta alors une main à l'oreilleitte qu'elle portait, afin de s'adresser à Barbara, à l'autre bout de la ligne.

Ton petit protégé est sain et sauf darling, mais Vertigo nous a filé entre les doigts, et hors de question que j'essaye de le pourchasser avec cette envie de vomir.
Je vois...il t'a eu par surprise on dirait...
Et bien si tu m'avais prévenu que ce cher clown avait augmenté ses pouvoirs depuis la dernière fois, peut-être que j'aurais été plus prudente. Trois ans que je ne suis pas allée sur le terrain, tu te rappelles ?

Elle coupa la communication, puis tourna à nouveau son visage en direction de Batwing, qu'elle regarda durant un bref moment, avant de lui sourire, et de lui tendre la main.

Black Canary, ou du moins ce qu'il en reste...ravie d'avoir sauvé vos fesses Batwing. Navrée si mon intervention vous a surpris, mais Barbara a insisté pour que je sorte de ma retraite afin de couvrir vos arrières.  Bon, à l'heure qu'il est Vertigo est déjà loin, et nous avons peu de temps avant que la police n'arrive, nul doute que tout ce grabuge va les attirer. Besoin d'aide pour quelque chose, où pouvons nous nous tirer d'ici ?

Malgré le fait qu'elle aie subi quelques minutes auparavant une puissante attaque sonique, Dinah ne perdait pas son côté désinvolte, et presque jem'enfoutisme. Hormis le fait qu'elle aie été prise de cours, elle avait déjà vécu ce genre de choses un paquet de fois, et il en fallait bien plus pour la faire stresser. Vertigo l'avait surprise, mais des erreurs n'en devenaient vraiment que si on en apprenait rien. Elle allait un peu plus se renseigner sur lui, se mettre à jour...et lui foutre la râclée qu'il mérite.
Mais en attendait, il restait à "Junior" à déterminer si il voulait encore fouiller les lieux, ou repartir vers la base d'Oracle.

Argument incontestable et imparable : quand vous veniez de vous faire avoir, il fallait accuser l’autre. Sous son armure, David esquissa un sourire amusé en voyant la belle femme s’en prendre à Batgirl, lui reprochant de ne pas l’avoir informé des compétences améliorées de Vertigo.

*Ça, c’est de la mauvaise foi, ou je ne m’y connais pas...*

Néanmoins, David pouvait, en toute masculinité, lui pardonner ça... Car le spectacle qu’il avait devant lui était des plus agréables. En effet, en tombant suite à l’attaque de Vertigo, la veste de Black Canary s’était légèrement ouverte, révélant l’ourlet de ses généreux seins, une belle poitrine. Il l’avait brièvement observé en se rapprochant d’elle, avant de conserver un air plus professionnel. Black Canary n’était pas une personne à sous-estimer, et rien que de voir la manière dont, rapidement, elle se remit de l’attaque de Vertigo, suffisait à montrer qu’elle était douée. Elle lui expliqua rapidement que Batgirl avait réussi à la faire sortir de sa retraite afin de le surveiller, ce qui, encore une fois, l’amusa. Barbara tenait plus à lui qu’elle n’osait l’admettre, mais David pensait que tout ça portait la marque de Bruce.

Lui et David se battaient contre ATLAS, un terrible adversaire... Mais, hélas, Bruce ne pouvait pas trop s’éloigner de Gotham. Il avait donc probablement confié à Batgirl le soin de l’épauler, et Barbara avait délégué ça à Black Canary, avec qui elle avait jadis formé une organisation de justicières, les Birds Of Prey. La jeune et belle blonde lui demanda alors s’il comptait partir, ou s’il préférait poursuivre l’enquête.

« Je ne suis pas venu ici juste pour interrompre un simple trafic d’armes... Mais pour collecter des preuves. Mon objectif initial était d’espionner la réunion qui se tenait dans l’entrepôt, mais, quand Vertigo a débarqué, mes cibles se sont enfuis. Néanmoins, ils ont peut-être laissé des indices derrière eux. »

Autrement dit, il comptait encore rester ici, et, par pure fierté, envisageait aussi de montrer à cette femme qu’il n’était pas un simple rookie.

« Et, si je peux me permettre, Black Canary, pour une retraitée, vous êtes encore très en forme. »

L’homme rejoignit les bureaux. Les ennemis avaient fui par la porte arrière, quittant précipitamment une salle de réunions, et il éteignit les lumières C’était l’heure du détective, et, sur ce point, la Batwing v02 était terriblement efficace. Il éteignit les lumières, puis enclencha une fonction spéciale de sa visière. Cette dernière se mit à scintiller, puis le Bat-casque émit des ondes, afin d’essayer de repérer quelque chose... Et il trouva rapidement de multiples empreintes digitales sur le bureau, ou sur la porte.

« Oracle...
 -  Je suis là... Laisse le temps à l’armure de transférer les empreintes digitales dans le Bat-ordinateur... »

Le Bat-ordinateur utiliserait ensuite les immenses bases de données dont il disposait pour tenter d’identifier les empreintes digitales. L’un après l’autre, Batwing scanna les empreintes, ce qui prit bien plusieurs minutes, et il finit par se retourner vers la femme.

« Je crois qu’il n’y a rien d’autre d’exploitable ici... »

Par « ici#, il voulait dire dans cette pièce. David était têtu, et ne comptait pas abandonner si facilement. Il ouvrit en effet la porte par laquelle ses cibles étaient partis. Un petit escalier en béton menait à une cour arrière, avec plusieurs véhicules partis précipitamment, laissant des traces de pneus. Batwing se rapprocha, et entreprit de les inspecter, tout en engageant la conversation, sans trop savoir quoi demander à cette femme :

« Alors... Qu’est-ce que Batgirl vous a demandé de faire ? Simplement protéger mes fesses, ou m’assister ? Vous savez, j’enquête sur un très gros poisson... L’aide d’une femme expérimentée comme vous ne serait pas de refus. Je sais me battre et utiliser tous ces gadgets futuristes dont je comprends à peine le fonctionnement... Mais je manque d’entraînement et de préparation contre tous ces super-vilains. Au Congo, nous n’avons pas de spécimens de ce genre. »

Il voulait rester, elle s'en était doutée. Face à l'absence des preuves qu'il avait voulu obtenir initialement, à savoir une rencontre des principaux acteurs de ce trafic, Batwing allait devoir bricoler vu que ses  cibles s'étaient enfuies. Dinah aurait pû railler cette erreur de débutant, mais elle même n'était pas blanche comme neige sur le coup. Vertigo s'était joué d'elle, et sans l'intervention de Batwing, il aurait pu lui donner autre chose qu'une nausée passagère. En somme, ils s'étaient sauvés mutuellement en une soirée, il y avait pire comme introduction. Dinah haussa les épaules.

M'okay.

Dinah n'avait pas à sa disposition de gadgets sophistiqués, et ne s'était jamais sentie attirée par des jouets certes pratiques, mais faillibles, l'héroïne avait bien plus confiance en ses propres capacités dont elle connaissait parfaitement les limites...du moins jusqu'à ce soir. Elle tâchait de ne pas le montrer, mais elle s'était sentie un peu humiliée par Vertigo etpour cause, c'était aussi un peu la preuve qu'elle avait perdu certains de ses réflèxes, à force de ne plus aller sur le terrain.

*Mes pouvoirs et mes techniques de combat son toujours au point, mais j'ai perdu mes vieux réflèxes...à force de ne pas pratiquer.*

Elle réfléchissait donc tandis que Batboy faisait son taff, ou du moins utilisait sa combinaison pour le faire. Pratique, mais très surfait, du moins de son point de vue. Black Canary avait toujours été du genre à préférer l'action aux phases d'enquête, même si ça commençait à remonter.  Avec tout ce qui s'était passé, et avec la nouvelle vie qu'elle menait, l'ancienne Black Canary, très impulsive, avait beaucoup évolué.
Son partenaire toutefois la sortit de sa propre introspection pour lui poser des questions, ce qui était légitime. Même si Dinah était venue pour le tirer d'un mauvais pas, elle était surtout sortie de nulle part, vu qu'Oracle n'avait pas prévenu de son intervention.

Je n'ai encore aucune idée de ma propre part dans cet histoire mon grand. Comme je l'ai mentionné, Oracle m'a demandé d'être là en couverture, au cas où. Dans l'absolu j'ai raccroché depuis un moment mais...la présence de Vertigo dans le coin, et le fait qu'il m'aie vu, m'ont probablement intégré à cet affaire de facto.

Si les gars qu'ils traquaient avaient les moyens de se payer un super-villain, il y avait des chances pour que Vertigo ne soit pas le seul. Mais lui, plus particulièrement, en voulait à Dinah pour avoir à plusieurs reprises contrecarré ses plans.

Quoi qu'il en soit une chose est certaine, Oracle m'a demandé de t'assister dans tes séances d'entraînement. Et comme c'est une amie, j'ai pas pu dire non. Oh...et tu peux me tutoyer au fait.

Elle lui souria, tout en jetant un bref et furtif regard sur la Batsuit, notamment au niveau des pectoraux de l'homme qui étaient...et bien moulés.

Bon, je suppose que les forces de l'ordre ne vont pas tarder à se pointer, et contrairement à toi Junior je n'ai que ma moto pour me déplacer. Je passe devant si ça ne te dérange pas, on se revois chez Oracle. Babaye...

Dinah lui fît un salut de la main, suivi d'un clin d'oeil pas complètement innocent, et s'en alla à un rythme pas le moins du monde pressé. Ses talons résonnaient dans le hangar, et elle offrait à l'homme le vue de sa croupe se dandinant au rythme de ses pas. Elle sortit donc, monta sur sa moto dont le moteur se mit à rugir, et après avoir enfilé son casque démarra en trombe pour s'éloigner. Au loin des sirènes retentissaient, et Dinah voulait s'éviter de longues et fastidieuses explications avec les autorités locales, qui voyaient en général d'un mauvais oeil les gens dans son genre.

Le clin d’œil de Dinah le laissa silencieux… Ainsi que la vue de ses fesses. Une curieuse sensation l’engloba, et il baissa la tête, se sentant étrangement… Gêné. L’homme se massa l’arrière de la nuque, tandis que la femme filait, puis, quand il entendit les sirènes de police, il se dépêcha, à son tour, de partir. Batwing avait connu la corruption au Congo, et il savait que, malgré les différences de niveaux de vie, le Japon était un pays tout aussi corrompu que le Congo. Depuis des éons, les Yakuzas avaient contrôlé le Japon, et toutes les activités légales ayant lieu. Une terrible mafia, comme au Congo… Comme en Italie, comme en Chine, en Russie, aux États-Unis… Comme partout, en somme.

*Et pourquoi est-ce que je repense à elle ? Black Canary…*

N’en déplaise à sa superbe silhouette et à ses bas-résilles, avant que David ne rejoigne la Batman Incorporated, il n’avait jamais entendu parler de Black Canary. Au Congo, les super-héros étaient connus, mais uniquement les plus célèbres : Superman, Wonder Woman, Captain America, Iron Man, et Spider-Man. Au-delà de ça, le reste nageait dans le brouillard… Sauf pour Tornade. La mutante africaine était très appréciée dans un continent défavorisé, où les super-héros peinaient à se montrer.

Il rejoignit donc, à son tour, le penthouse de Barbara, en repensant à cette femme. Elle était belle, forte, avec un air désinvolte qui lui plaisait un peu… Même s’il était surtout concentré sur sa mission, sur ATLAS, et sur toutes les menaces qui gravitaient autour de cette société.


« Tu vois que je ne suis pas la seule à rouiller, Dinah… »

Barbara aimait bien taquiner un peu cette belle Dinah. C’était réciproque, car Dinah ne se gênait pas non plus pour faire preuve de son ironie mordante, notamment quand Barbara avait fait appel à elle. Elle avait besoin d’entraînement, car elle avait passé des années avec les deux jambes inutilisables, et, même si elle pouvait maintenant en récupérer l’usage, elle avait eu du mal à retrouver ses pleines capacités… Ce qui était toujours le cas maintenant, et qui expliquait pourquoi elle avait fait appel à Dinah. Elle était ravie que Dinah ait répondu à son appel, et ait été voir Batwing, même si la rencontre avec Vertigo avait visiblement ébranlé un peu la fierté de la femme.

Dans le grand appartement de Barbara, les deux femmes étaient seules… L’occasion de se croiser à nouveau. Si Dinah avait choisi de prendre sa retraite pour se concentrer sur son dojo, Barbara, elle, n’avait jamais cessé de se battre. Même quand Le Joker l’avait rendue paraplégique, elle avait choisi de cesser d’être Batgirl, de confier le costume à d’autres femmes, et était devenue l’Oracle… Une spécialiste en informatique, qui assistait les forces de l’ordre, les justiciers, et qui se battait sur un autre terrain : le Web. Un champ de guerre moderne, méconnu, semé d’embûches, mais où elle avait résolu bien des problèmes. Barbara était comme son père… Elle n’abandonnerait jamais, et c’était bien pour ça qu’elle et Dinah avaient formé, à l’époque, un joli duo. Barbara avait encore des photos d’elles, à l’époque des « Birds Of Prey ».

« Mais, à ton corps défendant, Vertigo a évolué depuis vos derniers affrontements… »

Venant de suivre son traitement tekhan, Barbara tenait sur ses deux jambes, et se mit à marcher, jusqu’à ce que David entre. L’homme retira rapidement sa combinaison, et se rapprocha des deux femmes, dans un salon, avec une série de baies vitrées donnant sur un grand balcon d’où on pouvait voir les gratte-ciel du centre-ville, au loin. On voyait également quelques grues, signe d’un chantier à proximité.

Faute d’avoir un logement qui soit à lui, David résidait pour le moment dans le penthouse, et, quand il rejoignit les deux filles, c’était pour être dans ses tenues civiles.

David Zavimbe se présenta donc, avec un léger sourire, et regarda Dinah, puis Barbara.

« Salut, les filles... Tu as été rapide, Canary...
 -  Je pense que vous pouvez vous appeler par vos noms. Et bonsoir, David... Donc... David, je te présente Dinah Lance. Dinah, je te présente David Zavimbe.
 -  C’est toujours un plaisir de vous revoir, Madame Lance. »

Il lui fit un léger sourire, et Barbara enchaina rapidement :

« Bon... Alors... Dinah, David est un jeune homme qui nous vient tout droit d’Afrique, du Congo. Il officiait à Tinasha quand Batman l’a trouvé, et lui a proposé de rejoindre son association de Batmen sévissant dans le monde, la Batman Incorporated. Pour son passé plus lointain, je préfère le laisser t’en parler si jamais il estime ça...
 -  Je suis un enfant-soldat. »

La phrase sembla tomber lourdement, coupant Barbara dans ses explications. Elle avait encore les lèvres ouvertes, avant de les fermer, n’osant rien dire de plus. David sourit légèrement, tout en s’asseyant sur un fauteuil.

« Il n’y a aucune honte à le dire... J’ai fait partie d’une milice qui est issue des ruines du génocide rwandais... L’Armée de l’Aube. Je... Je n’ai jamais connu mes parents biologiques. ‘‘Zavimbe’’ est le nom que le prêtre qui m’a recueilli a écrit sur mon acte d’état civil, mais j’ignore qui sont mes parents. Sans doute des victimes des massacres du génocide... Moi, j’ai eu la chance de quitter cette milice... Mon frère, Isaac, a été tué par eux... J’ai rejoint Tinasha, une ville du Congo, et j’ai essayé de la défendre contre les criminels. »

Il se massa l’arrière de la nuque, en souriant lentement.

« En Occident, on se plaint des restrictions budgétaires, mais, à Tinasha, nous avions de vieux ordinateurs... Des salles puantes, des policiers alcooliques qui battaient leurs femmes, et qu’on ne pouvait pas remplacer, car il n’y avait personne. Et je ne te parle même pas de notre police scientifique, qui ferait bondir n’importe quel criminologue. Batman m’a pris sous son aile, et, depuis le Congo, je mène une enquête sur l’Armée de l’Aube. L’ADL fait fréquemment parler d’elle, et il y a même un reportage qui a été diffusé sur eux.
 -  L’ADL a quitté le Congo et le Rwanda pour étendre son activité. Ils étaient au Darfour, en Somalie, et sévissent maintenant au Libye, où ils se financent en extorquant les réfugiés cherchant à fuir en Europe.
 -  Ils sont dirigés par Ayo Keita, qui prétend être un général. C’est une ordure de la pire espèce, qui profite de la misère et du malheur pour s’enrichir, et est dénué du moindre scrupule. Il prostitue des femmes, les séquestre pour vendre leurs organes, en fait des esclaves qui meurent dans ses champs de drogues et dans ses mines de diamants... J’ai voulu le stopper... Mais il s’avère que Keita a des soutiens importants. »

Un seul soutien, en réalité... ATLAS.

« Mais je manque à tous mes devoirs. Je suis assis face à une beauté, et je ne fais que parler de moi... Je suis intrigué, Dinah. Qu’est-ce que Barbara a bien pu te dire pour te convaincre de venir dans cet entrepôt ? Et... Si je peux me permettre... Pourquoi avoir raccroché ? Ce n’est pas comme si tu ne savais pas te battre... »

Ta sollicitude me touche beaucoup Barbara, merci de penser à mon pauvre orgueil brisé.

Adossée contre un mur, les bras croisés, Dinah était revenue assez rapidement au Penthouse qui servait de base à Oracle. Connaissant les rues de Seikusu plutôt bien, elle était passée par des chemins alternatifs, facilement accessibles avec sa cylindrée à deux roues...sans compter le fait qu'elle n'était pas tellement du genre à respecter les limitations de vitesses.
La nuit n'était pas grandement avancée, mais déjà Dinah avait l'impression d'en avoir vécu beaucoup en très peu de temps. Retomber sur Vertigo l'avait replongée dans le passé, de même que chacune de ses discussions avec Barbara...un passé qu'elle voulait oublier, et qu'elle fuyait autant que possible. Dinah n'avait gardé aucun contact à Gotham, où elle avait pourtant eu beaucoup d'amies, après la mort de son fiancé elle avait juste coupé les ponts. Barbara était la seule avec qui Dinah avait gardé contact, mais ça ne faisait que depuis une poignée de mois qu'elle se revoyaient régulièrement.
Vertigo avait beaucoup évolué, qu'elle disait, et c'était effectivement le cas. Un détail qui avait bien failli être dramatique, et pour le coup, elle devait une fière chandelle à ce Batwing...même si elle se gardait bien de trop le suggérer. Les deux femmes l'attendaient par ailleurs, afin de faire un debriefing hautement nécessaire, et il se pointa bien vite. Batwing rentra par la porte, avant de sortir de son armure qui se défit d'elle même, à la manière d'un exosquellette futuriste. Dinah pu ainsi voir l'homme sous l'armure, d'origine africaine de toute évidence, ce qui la surprit agréablement. De tous les continents de la Terre, l'Afrique était sans conteste celui qui alignait le moins de super-héros connus, en partie à cause du nombre bien trop grand de conflits qui le gangrénaient.

Monsieur Zavimbe.

David Zavimbe, elle pouvait donc mettre un nom véritable sur cet homme. Elle lui adressa un sourire, avant de laisser à nouveau Barbara parler. Concrètement, Dinah n'allait pas dire grand chose, car elle avait beaucoup plus à écouter. Black Canary n'était pas réapparue depuis quelques années, et elle était clairement en dehors des problématiques actuelles, qui avaient poussé une partie de la Bat Family à migrer ici, au Japon.
Elle en apprit ainsi beaucoup sur David, son passé d'enfant soldat, jusqu'à ce que Bruce Wayne ne le prenne sous son aile, ainsi que sur l'ADL, un groupuscule de militaires sévissant en Afrique. Mais hormis leur lien au passé de David, Dinah se sentait perdue face à ce flot d'informations, et ne voyait pas en quoi cela les liait à leur présence au Japon. Puis, et bien ce fût à son tour, David était curieux à son sujet, ce qui était somme toute compréhensible. Elle inspira un grand coup, tout en retirant sa petite veste couvrant le haut de son torse, car elle avait désormais trop chaud dans cet appartement.

Je pense que tu dois déjà le savoir David, mais mademoiselle Gordon ici présente sait se montrer très persuasive quand elle le souhaites, surtout envers des amies de longue date.

Les deux femmes échangèrent un bref regard. Elles avaient vécu bien des choses à l'époque des Birds of Prey, qui lui semblait si lointaine à présent depuis...depuis que...
Dinah masqua son trouble en passant une main dans ses longs cheveux blonds, elle n'avait pas encore fait le deuil de son ancienne vie, ni de son fiancé abattu froidement dans le but de l'atteindre elle.

Cela fait déjà trois bons mois que je suis son entraînement personnel, afin de l'aider à se réhabituer au combat conventionnel, et ton cas est venu au cours d'une de nos conversations. Comme quoi tu serais sur une affaire de grande importance, et qu'elle n'était pas rassurée de te savoir sans couverture pour cette mission. On dirait qu'encore une fois Barbara, ton intuition avait vu juste.

Elle marqua une pause, puis repris.

Quand aux raisons de ma retraite anticipée, ne le prends pas personnellement, mais j'aime autant ne pas en parler. Disons simplement que certaines choses se sont produites, et qu'elles mont conduites à revoir mon rôle se super-héroïne, tout comme c'est le cas actuellement.
Je suis toutefois un peu perdue je l'admets. Tout ce que je sais pour le moment, ce sont des informations vagues, et je ne suis en vérité même pas certaine de "vouloir" me remettre dans ce bain là. Après...Vertigo m'a reconnue, et il a réussi à s'enfuir, ce qui veut dire que ses employeurs vont me considérer de fait comme ayant repris du service. La question que je me pose donc, et à laquelle j'aimerais avoir une réponse, c'est qui sont-ils ?

La belle blonde se mit à parler, mais, à la fin de son speech, David n’était pas plus avancé pour autant. Elle était revenue pour entraîner Barbara, ce qui ne le surprenait pas outre mesure, puisque Barbara le lui avait déjà dit. Sur Terra, Barbara avait découvert une technologie qui lui permettait de remarcher. Pour ça, elle devait se mettre dans une sorte de caisson médical, et suivre une opération qui durait environ une petite heure. Après cette opération, elle pouvait remarcher pendant une période de temps plus ou moins longue, selon toute une série de critères... Dont le hasard. David savait qu’elle avait passé des années dans un fauteuil roulant, depuis que Le Joker l’avait abattu en voulant kidnapper son père. Un acte traumatisant, qui l’avait amené à apprendre à se battre sans pouvoir compter sur ses jambes... Et, quand elle avait récupéré l’usage de ses jambes, elle avait compris que son corps avait perdu tous les réflexes physiques classiques. Probablement par fierté, Barbara n’avait pas fait appel aux Robins pour l’aider à se battre de nouveau, ni à Bruce, mais à sa vieille amie, Black Canary. Pour le reste, Dinah avait sorti son joker, et, soucieuse de ne pas développer ce détail, à savoir pourquoi elle avait raccroché, et pourquoi elle avait repris (ce que David ignorait, car Barbara ne lui avait rien dit, en se contentant juste de lui indiquer que c’était à Dinah de le dire) le flambeau, elle embraya sur autre chose.

David respectait ce choix. Il se retourna vers Barbara, et la laissa ouvrir le bal.

« Il y a quelques mois, j’ai eu vent de l’existence d’un autre monde, accessible depuis Seikusu... Terra. »

Barbara avait déjà briefé Dinah sur ce point, car il avait bien fallu lui expliquer comment elle avait fait pour retrouver l’usage de ses jambes, alors que tous les médecins et spécialistes s’étant penchés sur son cas leur avaient assuré qu’il n’y avait rien à faire. Barbara avait même fait appel au Docteur Richards, ou encore au Professeur Pym, mais le résultat avait été unanime. La blessure était dans une zone trop fragile, et n’importe quelle tentative de la guérir pourrait détruire ses vertèbres. Batgirl avait donc dû expliquer à Dinah qu’elle savait réussi à obtenir un traitement à Tekhos.

« On s’en est rendues compte à cause du Pingouin, essentiellement. Cobblepot avait obtenu de nouvelles armes futuristes... Des armes contre lesquelles le GCPD ne pouvait rien faire, et qui n’étaient répertoriées nulle part. Des armes futuristes, dont nous avons retrouvé trace dans d’autres endroits du globe. Les cartels mexicains, les barons de la drogue sudaméricains, ou encore les seigneurs de guerre africains... Un vaste trafic d’armes qui remonte à cette ville, Dinah. Seikusu. Une petite ville en pleine expansion, avec un port... Les individus à l’origine de ce trafic sont une puissante mafia japonaise, le clan yakuza des Guramu. Ils sont aussi influents à Seikusu que pouvait l’être la famille Falcone à Gotham il y a des années. »

Avant d’être le repaire de cinglés et de psychopathes, le crime organisé, à Gotham City, était entre les mains de la pègre, et de plusieurs grandes familles criminelles, sur un modèle similaire à celui de New York. Les principales familles étaient les Falcone et les Maroni, et, sous le règne de Carmine Falcone, la famille avait contrôlé la grande majorité de la ville. Les maires mangeaient dans la main de Don Falcone, et, à Seikusu, c’était la même chose avec les Guramu.

« Akihiro Guramu est l’Oyabun du clan des Guramu. C’est un homme obèse qui domine la ville depuis Muramasa-jo, le château-fort historique de la ville, qui a été mis aux enchères après la Seconde Guerre Mondiale, et qui a été racheté par les Guramu. Officiellement, c’est un musée local et un restaurant de luxe, mais il est concrètement le bastion des Guramu. »

Muramasa-jo dominait toute la ville depuis les collines, permettant à Akihiro de siéger sur son trône, tel un monarque devant sa population.

« Nous soupçonnons Akihiro d’être en lien avec des trafiquants d’armes de l’autre côté des Portails, à Tekhos. Mais même Akihiro n’a pas le pouvoir ou l’influence nécessaire pour un tel trafic. Il est forcément allié à des individus puissants... Et c’est là que j’interviens, ainsi que Vertigo, et ce que tu as connu ce soir, à l’entrepôt. »

Barbara tendit un dossier à Dinah, où on voyait un logo en grand, au centre de la première page : ATLAS CORPORATION.

« ATLAS est une SMP actif sur les cinq continents, créée dans les années 1990’s. Ses premières actions ont eu lieu lors de la Guerre du Golfe, où ses contractors ont participé au contrôle de la foule dans les zones sinistrées, ou à l’envoi de médicaments et de provisions. »

Au sein d’une SMP, on appelait « contractor » l’agent d’une SMP, référence au lien qui le reliait à la société, à savoir un engagement de nature contractuelle.

« Il y a quelques années, l’influence d’ATLAS a grandi, notamment à travers la Guerre en Irak. Ses agents ont été déployés à Bagdad pour sécuriser la ville et pour y former les locaux à se battre contre les terroristes. Ils sont également très actifs en Afrique, notamment depuis le printemps arabe. Sous la férule de leur nouveau PDG, Jemery Irons, ATLAS a commencé à sortir du cadre strict de sa SMP pour se lancer dans l’investissement économique, la reconstruction de zones sinistrées, le développement et l’implantation d’usines, etc... »

La photographie de Jeremy Irons figurait dans le dossier.

« Cet homme... C’est un homme d’affaires talentueux, qui a été nommé PDG d’ATLAS en 2008. Or, la vie d’Irons est très liée au Japon. Sa mère est la fille d’une réfugiée politique japonaise qui a fui le Japon dans les années 1930’s pour s’installer aux États-Unis.
 -  De ce qu’on sait, sa grand-mère a fait partie des nombreux Japonais qui ont été internés de force dans des camps américains pendant la durée de la guerre. »

Les « War Relocation Camps » constituaient une facette peu connue de la Seconde Guerre Mondiale, car elle entachait fortement la propagande américaine de l’époque. Suite à l’attaque sur Pearl Harbor, et craignant l’émergence d’une « cinquième colonne », d’agents secrets japonais au sein de la population, le gouvernement avait procédé à l’internement des Nippo-Américains dans des camps. Il faudra attendre 1945, la fin du conflit, pour que plus de 100 000 Nippo-Américains soient délivrés.

« Je ne vais pas me lancer dans la psychologie du bazar, mais le fait qu’Irons ait suivi ses études supérieures au Japon signifie pour moi qu’il est attaché à cette branche de sa famille... Même s’il est un pur Occidental. Et donc, en 2007, Irons s’est rendu au Japon... Plus particulièrement ici, à Seikusu, où il a rencontré un homme à Muramasa-jo. »

Elle se tut pendant quelques secondes.

Il fallait laisser le temps à Dinah d’avaler tout ce flot d’informations.