L'heure de pointe. La sortie des bureaux, des lycées... Tout ce qu'il faut pour remplir le métro de Seikusu, comme tous les jours depuis son ouverture. C'est un ballet incessant aux stations les plus prisées, qui déversent un flot d'usager avant d'en avaler un autre dans la foulée. Dans les wagons, les corps se pressent inévitablement. Tout le monde le sait, les rames sont trop peu nombreuses (le maire n'a de cesse de mettre en défaut les problèmes économiques pour justifier cette situation) et les utilisateurs toujours aussi pressés. On se marche dessus, on se colle aux inconnus dont on profite des odeurs corporelles ou des regards curieux, voire indécents. On attend patiemment sa station et la fin du calvaire, plongé dans la musique dispensée par le MP3 qu'on aura eu la bonne idée d'emporter avec soi.
Cette année, on se plaint aussi de la chaleur. Ce milieu d'été est agréablement chaud, forçant l'apparition des tenues légères. Le métro est un peu moins bondé qu'à l'ordinaire, mais la température y grimpe vite.
Big Guns ne prenait pas souvent le métro, surtout sur ces lignes fréquentées. Ce petit voyou sans grande envergure a eu à régler quelques affaires dans les quartiers concernés, prenant soin de ne pas cacher son apparence déglinguée et négligée. Il veut s'afficher comme un mauvais garçon et ça fonctionne : quelques collégiennes et lycéennes rougissent en voyant ce bad boy auto-proclamé et il en joue. Mais il s'intéresse aussi au paysage : dans ces conditions de circulation, alors que de plus en plus de monde se presse les uns contre les autres, il y a moyen de se faire plaisir. Au détriment de quelqu'un, mais qu'importe ? Alors il cherche sa proie. Big Gun veut de l'inédit, pas de la pucelle facile à manipuler. Qui sait ce que charriera la prochaine marée qui montera à bord ? Calé dans un coin du wagon, il attend et sent déjà l'excitation le gagner progressivement alors qu'il se projette dans ce qu'il a en tête.