Il est dit que trois forces fondamentales gouvernent la Nature :
- Le « Green », une force représentant la Flore, et qui nomme, pour la protéger, un Gardien, aussi appelé Swamp Thing. Le Gardien est choisi par d’anciens Gardiens, car, quand un Gardien meurt, son âme part au sein du Green, le Domaine, sorte de Paradis floral où les vieux Gardiens peuvent accomplir tous leurs désirs, et les plus vieux Gardiens se relient au monde réel, composant le Parlement des Arbres, organe dirigeant le Green ;
- Le « Red », une force représentant la Faune. Tout comme le Green, le Red dispose d’un Gardien, l’Animal Man, qui tire son pouvoir des animaux, et a en lui les particularités spéciales de chaque animal existant, incluant aussi bien les oiseaux que les fourmis, et les créatures microscopiques. Et, tout comme le Green, le Red dispose d’un organe dirigeant l’ensemble, les Hommes-Totems, dont le but est de choisir leur Avatar. Historiquement le Green et le Red se sont souvent affrontés, notamment du fait de jeunes Avatars belliqueux, résultant en des affrontements sanglants où, pour vaincre l’Avatar du Red, celui du Green cherchait à massacrer toute forme de vie, privant ainsi le Red de ses pouvoirs. Ces guerres ont toujours achevé sur des matchs nuls, et ont peu à peu été proscrites, car, en s’affrontant mutuellement, les deux forces s’affaiblissaient, permettant à la troisième de reprendre des forces ;
- Le « Rot » est une force corruptrice représentant la Pourriture, ou la Mort. Toute chose dans le monde pourrissant avec le temps, le Rot est une force d’une terrifiante puissance, car elle corrompt absolument tout : fleurs, plantes, béton, immeubles, biens, humains, eau... Là encore, le Rot dispose d’un Parlement, le Parlement des Ombres.
Toutes ces forces sont par nature
amorales, mais, dans la mesure où leurs Gardiens sont des êtres humains, la moralité propre aux êtres humains vient impacter sur le jugement des Gardiens. Ainsi, certains Gardiens du
Green ont pu, historiquement,
se montrer extrêmement cruels. Il en va finalement de même pour les différents organes dirigeant ces forces, car elles sont souvent composées d’anciens humains, qui sont donc, par définition, potentiellement faillibles.
Il est ainsi dit que le
Green et le
Red constituent deux forces complémentaires, en ce qu’elles représentent les deux grands aspects de la Nature, la Faune et la Flore, là où le
Rot représente une force opposée, la Mort. Ce faisant, quand le
Rot s’éveille, il est dit que seule l’alliance entre le
Green et le
Red permet de renverser le
Rot.
Ces histoires,
Abigail Arcane les connaissait. Elles faisaient partie des contes familiaux, figurant dans le domaine de la Maison Arcane. Elle les connaissait par cœur, et elle se demandait si ce n’était pas cela, toutes ces vieilles histoires, qui avait développé en elle son amour pour les fleurs... À tel point qu’elle avait suivi des études pour devenir herboriste et guérisseuse, et avait, en ce sens, rejoint il y a maintenant une année l’Académie magique de Nexus, tout en assurant, en parallèle, le rôle de jardinière et de fleuriste auprès d’une boutique de Nexus, entretenant le jardin de son patron, qui vendait ensuite ses fleurs.
Abigail pouvait vous parler de fleurs pendant toute la journée. C’était sa grande passion, et, ayant des talents de peintre, elle s’amusait aussi à les dessiner. C’était une jeune femme épanouie, qui s’éveillait dès qu’on lui parlait de fleurs, et elle adorait en offrir. Et, de manière générale, sa bonne humeur et sa sympathie étaient tellement appréciés que, outre son boulot de fleuriste, beaucoup de nobles faisaient appel à elle pour aider à entretenir leurs jardins. Et puis, elle était la fille de Lord Arcane, ce qui était toujours une bonne chose.
En ce début de matinée, Abigail se trouvait donc dans l’un des jardins de Nexus quand les cavaliers arrivèrent. Des cavaliers en solide armure, qui pénètrèrent dans le jardin, et pensèrent à laisser leurs chevaux, évitant soigneusement de piétiner les fleurs. En les voyant approcher, Abigail, surprise, se redressa lentement.
«
Que... Que voulez-vous, Messires ? -
Abigail Arcane ? »
Elle reconnut les écussons flottant sur le plastron des armures.
L’Ordre Immaculé.
Intimidée, Abigail bafouilla avant de répondre :
«
Je... O-Oui, c’est bien moi... -
Sa Très Haute Sainteté l’Archevêque de Nexus souhaite s’entretenir avec vous instamment. »
Abigail, surprise, ne répondit pas tout de suite. L’Archevêque de Nexus ?!
«
Mais... Pourquoi ? -
Le domaine de votre père, la baronnie Anton... Une force maléfique vient d’en émerger. »
Le
Leshen était un adversaire redoutable. Les villageois avaient tendance à le surnommer «
Seigneur de la Forêt », et ce n’était pas sans raison. Ce monstre était un être dont on faisait les légendes. Les mères disaient aux enfants récalcitrants de bien manger leur soupe s’ils ne voulaient pas que le Leshen vienne les prendre. Il était fréquent que, quand on signalait un Leshen dans une région, les villages se vident progressivement, et que le seigneur local hésite à envoyer des hommes pour le chasser. Les sorceleurs eux-mêmes affrontaient un Leshen avec prudence. Et, de manière plus préoccupante, l’arrivée d’un Leshen était souvent signe que le
Rot était en train de se reconstituer. En effet, le Leshen commandait aux animaux de la forêt, ainsi qu’à la végétation, pouvant faire pousser des racines. Il puisait sa force des arbres, plantant ses griffes dans leurs écorces pour les absorber, et, une fois qu’il l’avait fait, l’arbre était mort, et ne refleurirait plus jamais.
On pouvait entendre un Leshen aux corbeaux, car le Leshen les contrôlait... Et le Leshen s’annonçait en envoyant sur les villageois des loups féroces et meurtriers. Le Leshen pouvait se transformer en corbeaux pour fuir, et était terriblement résistant. En somme, c’était une redoutable abomination...
...Une abomination que Poison Ivy,
sous une nouvelle forme plus guerrière, était en train d’affronter.
Des tentacules jaillirent des arbres pour frapper le Leshen, mais ce dernier se contenta de planter ses mains dans le sol. Des racines filèrent, tandis que les tentacules se refusèrent à l’attaquer. Pamela se pinça les lèvres, et une racine jaillit du sol, venant renverser la jeune femme, avant que le Leshen ne tende sa main vers elle, et n’envoie une longue lame de bois... Qui transperça le ventre d’Ivy, ressortant de l’autre côté, l’envoyant s’empaler contre un arbre dans un hurlement d’agonie et de douleur.
«
HAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA... !! »