Une guerre de clan [PV]

Cela faisait deux jours depuis son dernier repas, ce qu'il avait fait n'était pas humain et pourtant cela lui avait procuré tant de plaisir et avait assouvi cette soif qui l'avait ronger les jours précédents. Il y avait eu également cette voix qui n'avait cessé de le tourmenter durant la nuit, cette voix dans sa tête qui n'arrêtait pas de ricaner, si il ne la faisait pas vite taire il deviendrait fou.
Même si son repas précédent avait fait taire cette voix et sa soif, cela faisait deux jours qu'il trainait dans un quartiers d'une ville dont il ne connaissait le nom. Il avait vite chercher un endroit où dormir les journées et avait trouvé un immeuble abandonné dont la cave était a l'abris des rayons du soleil.
Le quartier où il se trouvait était miteux, comme si toute la crapule était réunie en un seul endroit. Il n'était sortit qu'une seule fois de l'immeuble où il dormait et avait vite compris qu'il devait rester le plus discret possible. Le quartier était rempli de gens pas nettes, entre les drogués, les mafieux et les violeurs il y avait pas mal de façon d'en finir.
Il avait donc décider de rester enfermé dans la cave de l'immeuble, se nourrissant du sang des rats qui avaient la mal chance d'être au mauvais endroit au mauvais moment. Mais ce type de sang n'assouvissait que quelques instants la soif qui recommençait à ronger ses entrailles. Il y avait aussi la voix qui était revenue, plus forte qu'avant...

"- Vas-y on a faim, va tuer une de ces putes dehors et baignes toi dans son sang !"

Il avait essayer de se contrôler, d'essayer de faire taire cette voix mais rien n'y faisait, elle revenait à la charge avec encore plus d'envie, plus assoiffée, plus déterminée...
C'est donc le soir du deuxième jour qu'il sortit de sa cachette, la faim au ventre et la tête prête à exploser. L'immeuble se situait à la périphérie du quartier et il semblait que la rue où il se trouvait était complètement abandonnée, les bâtiments tombaient en ruine et le sol était joncé de détritus.

"- Allons nous rassasié mon petit, il doit bien y avoir des gens que l'on pourrait tuer hahaha TUER !"

Il commença a avancer dans la rue, il faisait nuit déjà, il ne savait pas quelle heure il était, mais il entendait des bruits de bagarre venant de face. Il y avait certainement des bars où se retrouvait les gens de ce quartiers pour boire du mauvais alcool. Se serait là sa destination, il devait essayer de se contrôler, ne pas craquer dès qu'il rencontrerait une personne.

"- Non mais tu crois que tu aura le choix, tu me laissera faire comme la dernière fois."

Après cinq minutes de marche, il entra dans le quartier "chaud" de la ville, des femmes étaient sur le bords du trottoir et le regardait avec dégoût, si seulement elles avaient pu entrer dans sa tête voir ce qu'il aurait pu faire de leur corps, les déchiqueter, leur sucer le sang jusqu'a ce qu'il puisse plus rien avaler...

"- Non mais t'es fou ou quoi, on va se nourrir de ça tu veux nous crever ou quoi? Non laisse moi gérer, je te dirai qu'elle sera notre cible...ON POURRAIT S'AMUSER HAHAHAHA!"

Il continua d'avancer, passant devant des ruelles sombres d'où sortait des bruits de jeune femme criant à l'aide, il n'en avait que faire ce n'était pas son problème.
Il arriva enfin devant le bar d'où s'échappait de la musique et des bruits de verres brisés au sol. Il entra dans l'établissement, certains visages se tournèrent vers lui puis chacun repartit à ses occupations, c'est a dire boire ou jouer à des jeux d'argent. Il s'avança vers une table libre et examina un peu la pièce. Celle-ci était rectangulaire avec en face de l'entrée le bar où se trouvait un barman qui servait de l'alcool à des gens du coin riant de les voir s'écrouler sur leur chaise, il y avait également quatre autres personnes assis autour d'une table parlant fort de leur conquêtes féminines ainsi qu'un autre groupe de cinq personnes regroupé autour d'un jeu de carte. La pièce était mal éclairée, poussiéreuse et crasseuse.

"- Bon il va falloir se contenter d'un de ces vieux gars mais bon j'ai tellement la dalle!"

Il ne fallu pas dix minutes pour que l'un des gars qui jouait au carte ne se lève dégouté d'avoir perdu toute ses économies de la semaine à ce jeu de merde. Il se leva difficilement de sa chaise et partit en titubant vers la sortie. L'Ombre se leva également et le suivit, ils sortirent et il suivit le gars pendant un trentaine de mètre avant que celui-ci n'entre dans une ruelle. Il se précipita alors pour le rattraper, vérifia que personne ne pouvait les voir et plaqua le gars sur le mur d'une bâtisse.  Celui-ci surpris d'abord le regarda avec étonnement avant de lui dire :

"- Non mais ça va pas mon gars ! Mais qu'est ce que..."

Déjà l'Ombre plantait ses crocs dans son cou, ses yeux étaient devenu rouge vif, son esprit complètement perdu dans l'ivresse du sang frais coulant dans son œsophage.
Mais il fut vite interrompu par un bruit derrière lui, il retira ses crocs du cou ruisselant de sang frais du gars et se retourna. Il vit alors quelqu'un qu'il n'avait pas vu venir se tenant à une quinzaine de mètre de lui et sa victime. La personne avait des formes féminines et s'avançait vers eux...

« ...Ce nouveau cadavre relance encore la piste sur un éventuel tueur en série qui sévirait dans les rues de Seikusu. La police s’est refusée à tout commentaire sur ces meurtres cabalistiques, et la version officielle reste donc celle soutenue par le commissaire de police Takahari-san il y a déjà une semaine, dans laquelle le commissaire avait assuré que la police ne négligeait aucune piste, mais ne retenait pas la piste d’un tueur en série. Pourtant, les éléments dont nous avons en notre possession laissent clairement entendre un mode opératoire similaire à chaque meurtre, impliquant l’utilisation de sang d’animaux répandus sur les scènes de crimes, et des cadavres qui se putréfient à trop grande allure pour que ce soit naturel. Lors d’une intervention télévisée hier sur nos plateaux, un expert criminel a ainsi assuré que la seule explication possible était que les victimes soient vidées de leur sang, ce qui expliquerait, selon lui, cet état de pourrissement rapide du corps...
 -  Hey, chérie ! ‘Fais pas bon, de boire toute seule dans un bouge pareil !
 -  ...Parallèlement, la guerre des gangs qui sévit dans la commune de Seikusu a encore gagné un nouveau rang, avec l’incendie, hier, d’un dépôt de stock de poissons dans le port. Cette incendie a eu lieu après une intense série de coups de feu, comme en attestent les différents riverains interrogés par les forces de l’ordre. La police se refuse à croire que ces évènements annoncent une future guerre des clans entre les familles yakuzas qui règnent sur la ville...
 -  Oh, bordel, salope, tu m’écoutes ?!  »

Une main crasseuse se posa sur son poignet, empêchant Rayne de finir son verre de vodka, et elle tourna la tête vers l’homme qui venait de la déranger. Il était ce qu’on appelait familièrement un bōsōzoku, terme désignant les bikers japonais. Le survivant d’une époque révolue morte au début des années 90’s. Mais, dans ce bar miteux, où on écoutait de la musique de rock américaine, et où Deep Purple se mélangeait à Bruce Springsteen dans le jukebox, les jeunes femmes seules avec des cheveux rouges, et des tenues érotico-sanglées en cuir rouge et noir ne faisaient pas long feu. L’homme avait fini par tenter sa chance, et, furieux de voir que Rayne ne lui répondait pas, préférant écouter les informations, il venait de la joindre, avec son haleine alcoolisée.

*Les humains ne tiennent pas l’alcool, c’est bien connu...*

Et celui-là en était un bel exemple. Il voyait une belle nana, bien roulée, qui avait l’air de ressembler à l’une de ces putes vivant dehors. Rayne se contenta de le regarder. L’homme tenait toujours son avant-bras, et elle grommela rapidement :

« Lâche mon bras. »

Le motard ne devait pas avoir l’habitude qu’on lui résiste, car il serra les dents.

« Ça t’écorcherait le cul d’être polie, salope ? J’y peux rien si ton mec te saute pas bien comme il faut... Mais moi, je peux peut-être me dévouer... ‘Faut dire que t’as un sacré équipement, ma jolie, ricana-t-il en louchant délibérément sur ses seins.[/b][/color]
 -  Rayne ? » crépita soudain une voix dans son oreillette.

Elle soupira. Les hommes lui tournaient autour comme des mouches autour d’un furoncle... Ou quelque chose comme ça. Et elle n’avait toujours pas fini son verre.

« Allez, une petite pipe gratos, et... »

Rayne se déplaça alors rapidement, et son autre main relâcha le verre, puis elle envoya sa paume heurter violemment le visage de l’homme, lui brisant le nez et le repoussant. En gémissant, le motard heurta un tabouret à côté de lui, et s’affala lamentablement sur le sol. Ses amis se relevèrent immédiatement, et Rayne poussa un grognement en se retournant. En voyant son regard, ils n’insistèrent pas, et le motard, en couinant, se releva, titubant pour finir vrs eux.

« Rayne ?
 -  Oui, Severin ?
 -  Tu étais occupé ?
 -  Hum... Rien de bien problématique. »

Elle s’écarta rapidement, et fila dans l’allée des toilettes. Severin n’était pas n’importe qui. À l’époque où Rayne, la Dhampir chasseuse de vampires, travaillait pour la Brimstone, une organisation qui traquait et éliminait les clans vampiriques, Severin était son agent de liaison. Un humain qui, selon Rayne, avait des pouvoirs paranormaux. Il l’avait aidé lors du soulèvement de Kagan, quand son père avait utilisé une arme spéciale, le Linceul, pour recouvrir le ciel d’un énorme nuage rouge sang, destiné à renforcer les pouvoirs des vampires, et à permettre aux vampires d’écraser les humains. Depuis cette période, la Brimstone avait décidé que Rayne et Severin avaient échoué dans leur mission, et étaient persona non grata au sein de l’organisation.

Rayne et Severin enquêtaient à Seikusu sur deux affaires qui, selon la police, ou au moins officiellement, n’avaient aucun lien entre elles : une guerre des gangs, et des meurtres rituels. Les corps étaient retrouvés exsangues, et au sein d’une sorte de curieux glyphe, fait avec du sang d’animal. Autant de messages discrets que seuls des vampires pouvaient comprendre.

« J’ai analysé les échantillons de sang, et tu avais raison... Il s’agit bien de félins. Tu comprends ce que ça veut dire, je suppose ?
 -  Ce que nous avons soupçonné dès le début... »

Elle soupira, en sentant un frisson d’excitation la traverser. Elle tenait peut-être sa revanche... Et, alors qu’elle y songeait, elle se tut en perçant une curieuse présence. Dissimulée dans le couloir, Rayne vit un individu encapuchonné, et fronça les sourcils.

*Ce sang...*

Les vampires disposaient d’un sixième sens, un sens sanguin, qui permettait de repérer les gens en fonction de leurs groupes sanguins... Et, plus on contrôlait cette affinité, et plus on pouvait dissocier les races en fonction de leur sang. Et ce sang qu’elle sentait, de la part de cet individu encapuchonné, c’était celui d’un vampire... Un vampire guère discret. Rayne se pinça les lèvres, en comprenant rapidement qu’il était en chasse, qu’il était aux abois.

*Un débutant... Ce sont les plus incontrôlables...*

Généralement, un vampire novice avait avec lui un maître pour l’accompagner. Était-ce le cas de celui-là ? Rayne ne sentait rien d’autre. Elle resta dans l’ombre, et attendit que l’homme parte, en suivant les traces de l’un des motards, occupés à jouer aux cartes. Rayne se faufila à son tour, et, comme elle l’avait soupçonné, le jeune vampire se rua vers elle, et planta ses crocs dans son cou. Elle intervint alors, en sautant depuis le petit toit où elle se trouvait, débarquant sur le sol, ses talons aiguilles métalliques claquant sur le sol.

Le vampire, surpris, relâcha l’homme, qui tomba sur le sol.

« PUTAIN, MAIS VOUS ÊTES QUI ?! AU SECOURS, POLICE !! »

L’homme ne demanda pas son reste, et décampa à toute allure. Rayne resta seule avec le vampire, et s’avança lentement, avant de déployer ses deux lames dhampir. Elles étaient habituellement rétractées le long de ses bras, et se déployèrent, formant comme des extensions de ses propres membres.

« Petit vampire, tu es bien maladroit... Où est ton maître ? Qui t’a transformé en vampire ? »

Elle ignorait pour l’heure si elle devait le tuer ou non... Tout dépendrait de la manière dont il allait réagir, même si elle n’attendait pas grand-chose d’un vampire affamé. À peu de choses près, un vampire en manque de sang était comme un junkie en manque de drogue : incontrôlable, instable... Et dangereux.

Lorsqu'il retira ses crocs de sa victime, celle-ci hurla quelque chose et s'éloigna en beuglant et en appuyant sur sa blessure qui continuait de pisser le sang, répandant le liquide à l'odeur savourant sur le sol.
 Il se tourna complètement vers la forme qui se tenait dans l'ombre de la ruelle, celle-ci s'avança et la lumière venant de la rue l'éclaira enfin. Elle était vêtue de vêtements en cuir rouge et noir qui accentuaient ses formes, elle avait une peau blanche et des cheveux rouges sang, son visage était joli et bizarrement effrayant, son regard était froid et menaçant.

« Petit vampire, tu es bien maladroit... Où est ton maître ? Qui t’a transformé en vampire ? »

De quoi parlait-elle? Vampire? Maître? Transformation? Il resta un moment sans répondre, tout ce qu'il comprenait à ce moment précis c'était qu'elle l'avait empêché d'assouvir sa soif de sang et qu'il comptait bien se rattraper.
Il devait décidé si il devait la tuer ou s'enfuir, elle ne ressemblait pas à ces autres personnes de la ville, elle semblait déterminée, savait peut être des choses sur lui et surtout les deux lames devant elle le menaçait clairement. La voix dans sa tête l'ordonnait de la tuer cette salope, qu'elle devait payer de l'avoir empêcher de se nourrir...
Il ne fallu que quelques secondes pour qu'il craque, l'odeur encore frais du sang de l'autre gars avait boosté ses envies de sang.

"- JE VAIS TE BOUFFER MA SALOPE !!!!" hurla-t-il en se précipitant sur la jeune femme.

*STOP !!!!*

Juste avant d'atteindre sa cible, il se pétrifia devant celle-ci, il ne restait qu'un mètre entre eux, il recula soudain se tenant la tête entre ses mains et commença à grogner de douleur. Ses deux personnalités combattaient en lui, et pour la première fois la personnalité la plus calme commençait a prendre le dessus. Ses yeux redevinrent bleu, il se tourna vers la femme qui n'avait pas bougé d'un pouce et la regarda dans les yeux.

"-Aidez moi s'il vous plait..."

Il recommença a grogner, son autre personnalité essayant de reprendre le dessus.

"-TOI TA GUEULE !  LAISSE MOI NOUS NOURRIR !" hurla-t-il.

Ses yeux redevinrent rouges et il fonça a nouveau sur la femme avec juste une envie en tête : la tuer.

Pas de Maître, donc... Ce dernier aurait déjà bondi sur place. Plusieurs hypothèses étaient possibles. Soit cet homme n’en avait pas (le vampire qui l’avait mordu l’avait laissé tomber), soit il avait été mordu par un clan, et devait accomplir une sorte de rituel initiatique pour avoir le droit de rejoindre le clan. Néanmoins, Rayne optait surtout pour la première hypothèse, car elle ne pensait pas que les épreuves initiatiques des clans consistent à foncer tête baissée sur des humains. C’était discret, dangereux, et ça desservait l’intérêt des clans, pour qui, moins les humains étaient au courant de leurs activités, et mieux c’était. La Dhampir vit donc le jeune vampire foncer vers elle, en rut, avant de se calmer, et de parler différemment, implorant son aide, avant de redevenir agressif.

*Oulà, que lui arrive-t-il ?*

Rayne n’avait jamais vu ça, et bondit en arrière. Le vampire s’élança à nouveau ver selle, et elle put compter au moins cinq façons différentes de le tuer. Bondir sur le côté pour le décapiter avec sa lame, transpercer l’un de ses yeux avec son grappin pour le tuer, sauter par-dessus lui, lui briser la nuque, l’empaler sur place... Mais elle choisit de bondir sur le côté, et de lui faire un croche-pied, l’envoyant s’étaler sur le sol, tout en rangeant ses lames. Le vampire était juste assoiffé, et pas dangereux. Or, Rayne ne tuait que les vampires nocifs, pas ceux qui n’arrivaient pas à se contrôler. Elle s se retourna donc, et laissa le vampire la charger à nouveau. Il était rapide et fort, mais manquait d’expérience. Elle l’accueillit avec un coup de pied retourné en plein visage, son talon aiguille tranchant ouvrant sa joue en le repoussant.

La Dhampir lança alors son grappin, qui se planta dans le dos de l’homme, qu’elle avait repoussé après son coup de pied, et tira un coup sec, le faisant à nouveau tomber sur le sol. Elle resta dans son dos, en retrait, prudente et attentive.

« Tu n’as pas les idées claires... Si tu te calmes, je te donnerais du sang. »

Il n’était pas le premier vampire surexcité qu’elle rencontrait... Sa stratégie consistait à les neutraliser puis à les enfermer, et à les nourrir ensuite, afin d’avoir ensuite une conversation civilisée avec eux. Cependant, il était le premier vampire qu’elle croisait qui semblait souffrir d’un dédoublement de personnalité... Comme si sa nature vampirique sauvage s’opposait à sa nature d’être civilisé. Un vampire, en effet, était à la fois Homme, au sens noble du terme, et Bête, dans le sens sauvage. C’était très curieux... Mais ce qui se passait avec les vampires, de manière générale, était toujours très curieux.