Sibylle passa sa main sur son front, essuyant les quelques gouttes de sueurs qui coulaient, chaudes et désagréables. Elle maudit le soleil qui hurlait, le vent absent, espérant la pluie, et avança de quelques pas hésitants, les pieds retenus avec violence dans ses ballerines trop petites. Sa longue et grosse robe blanche et jaune ocre, étalant la richesse de la jeune femme, ne l’aidait en rien face à cette chaleur immense. Elle appuya sur son grand chapeau blanc qui permettait à ses yeux de ne pas être éblouit par le soleil, dissimulant son visage dans une ombre légère, scrutant le paysage. Les gens, la populace, comme aimait dire sa chère et tendre avec une pointe de mépris, l’entourait bruyamment, la faisant grimacer, elle qui ne souhaitait que le calme. Elle continua d’avancer, on aurait dit un fantôme errant, perdu dans le monde des vivants, avant de s’arrêter pour passer son mouchoir de tissu sur son front, et le ranger dans une petite bourse. Toute cette agitation, ce temps brûlant, ce printemps violent … elle n’aimait pas ça. Elle voulait juste se balader et rêver, et voilà que des gens venaient se perdre sur sa route. Elle voulait juste du silence et du repos, et voilà que le bruit sortant des bouches venaient frapper ses tympans. Elle leva les yeux au ciel, soupirant, captant les gens, et soupira avant de sourire.
Une goutte de pluie heurta le sol, suivit de bien d’autres. Les gens rentrèrent chez eux en maugréant, elle seule resta au centre de la place, le sourire aux lèvres, savourant l’odeur et la sensation de cette pluie qui venait soulager une canicule.