L’humain qu’elle avait choisi comme sa proie avait failli faire une phrase entière mais s’était interrompu alors qu’elle l’avait attaqué d’une façon rapide et impossible à contrecarrer. Tant pis, elle ne saurait jamais ce qu’il était. Elle avait réussi à le faire prisonnier de ses bras et buvait maintenant son sang avec une lenteur exagérée. Néanmoins, elle n’eut pas le temps de prolonger la relation du cou de l’homme avec ses crocs, car quelque chose qui était sorti brusquement de son dos l’avait propulsée à quelques mètres de là. Sonnée, elle mit quelques secondes à se reprendre. Quand elle le fit, elle chercha des yeux sa victime sans la trouver. Il n’était pas un humain, finalement ? Quoi qu’il en soit, il n’était plus là. Quelque chose clochait. L’atmosphère n’était plus aussi calme qu’auparavant. Son ouïe percevait quelque chose qui n’était pas là avant qu’elle ne se reçoive le coup du siècle. Comme des… battements ? Kira leva les yeux. Au-dessus d’elle, l’humain. Avec des ailes. Voilà donc ce qui avait failli l’assommer. Qu’était-il ? Un ange ? Elle ne savait pas que ces derniers pouvaient faire sortir des ailes à leur guise. Mais qu’était-il donc ?
Bien sûr, il avait attendu qu’elle lève les yeux et se rende compte qu’il était en train de s’amuser dans les airs pour l’appeler, il n’aurait pas pu lui indiquer sa présence ailleurs que sur terre auparavant. Mais qu’importe, il était là. Elle ne pouvait pas dire qu’il ne s’était pas envolé, par contre… Cessant de plaisanter dans son fort intérieur, elle écouta ce qu’il avait à lui dire. Rien d’autre à faire que de passer ses nuits à errer dans les bois ? Mais pour qui il se prenait ? Prenant un air vexé, elle lui répliqua :
- J’fais que mon boulot. Si je ne bois pas le sang d’autres créatures, je peux me dessécher et mourir pour de bon. Tu m’accuses d’errer dans les forêts la nuit, mais tu n’es pas mieux. Moi, j’ai une excuse, je n’ai nulle part où aller, et je fais souvent des rencontres agréables dans des lieux comme celui-là. Toi, tu es un humain, et tu ferais mieux de retourner chez toi avant qu’il ne t’arrive malheur. Ou… Tu n’es pas un humain, n’est-ce pas ? Qu’es-tu ? Ces ailes… Et ça aurait été un honneur, de me servir de nourriture. Tu pourrais périr comme un chien, mais tu peux aussi me permettre d’allonger ma vie…
Elle le regarda faire des essais afin de redescendre, et se demanda s’il était idiot ou bien trop confiant. Qualités qui allaient généralement de pair. Il n’avait donc pas peur que s’il revenait à sa portée, elle retente de sucer son sang ? Non, pas visiblement en tout cas. Il posa ses pieds sur la terre ferme, ce qui eut pour effet de faire disparaître ses ailes. Elle était étonnée de ce fait mais ne dit rien, se contentant de le regarder approcher d’elle. Avec son innocence toujours aussi surprenante, il l’aida à se relever, pas comme si elle venait d’attenter à sa personne sans succès, puis la serra contre lui, entourant la vampire de ses bras. Elle ne réagit pas, trop étonnée, mais le comprit très bien lorsqu’il précisa qu’il voulait bien se faire mordre, mais qu’il était trop fatigué pour cela maintenant. Ceci la fit sourire, elle n’avait pas l’habitude. Enfin, il la lâcha et s’allongea sur l’herbe, à côté d’elle, puis s’endormit. Elle n’y croyait vraiment pas. Pourtant, elle avait bien senti sa chaleur autour d’elle, mais c’était impossible. Comment avait-il pu s’endormir aussi facilement ? Néanmoins, cet humain était étonnant, il n’était pas comme les autres. Aussi, Kira décida de le laisser en vie. Elle trouverait bien une autre victime. Faisant quelques pas, elle se retourna pour le regarder. Il pouvait lui arriver malheur, vu comment il avait l’air sans défense. Elle y retourna, le prit dans ses bras et le cajola pendant quelques secondes, l’imprégnant de son odeur de vampire. Généralement, rien ne s’attaquait à quelque chose qui avait un fumet vampirique. Rien. Aussi, elle le redéposa et partit sans s’attarder. Quand elle revint, quelques minutes plus tard, il n’avait pas bougé. Elle, elle s’était à demi rempli la panse avec un cerf, mais ça n’apaisait pas totalement sa soif. Quoi qu’il en soit, c’était toujours mieux que rien. Dans ses bras, elle tenait une couette et une couverture. Arrivant auprès de l’homme, elle déposa la couette étendue au sol, alla le chercher pour l’y allonger, et posa la couverture sur lui. Puis, elle s’assit à ses pieds et regarda la lune. Quelques heures passèrent, et elle ne bougeait toujours pas, telle une statue divine.