Les larmes avaient cessé de venir. Que lui apporterait le fait de pleurer dans son cachot froid et pierreux ? Rien, absolument rien, si ce n’est les rires gras de ses geôliers, et leur méchanceté. Elle les entendait hurler, grogner, boire… Un banquet était organisé, et c’était ce soir que tout allait se jouer. Elle savait qui était Azug, et ce qu’il voulait. Se marier avec elle. Un mariage orc, qui n’aurait rien de consentant, et rien d’amoureux. Il ferait d’elle son esclave à vie. Elle savait ce qui allait arriver, et elle ne pouvait pas s’échapper… Elle n’avait pas de chaînes autour des jambes, rien qui ne la retenait, mais elle était dans un puits sombre, face à un mur froid, impossible à escalader. Rhian était toujours en vie, oui, même si ça faisait une éternité qu’elle n’avait plus revu Papua. Elle avait déjà songé à se suicider, car elle savait qu’il ne devait rester, de son royaume, que des cendres maintenant. Ceux qui avaient tué son frère et l’avaient vendu à un abominable démon avaient aussi réveillé le Warlock, ce vieux cauchemar légendaire, et le Warlock avait dû ravager Papua. Rhian avait pleuré à de maintes et maintes reprises, généralement la nuit, mais ses yeux avaient fini par sécher. Elle était désespérée, mais, s’il ne restait rien de Papua, Rhian, elle, serait toujours là. Elle vengerait la mort de son frère, et la destruction du royaume. Rhian savait se battre. Elle n’était pas une experte, mais, depuis sa plus petite enfance, elle s’entraînait avec Herebos dans les jardins du Palais royal. Son frère avait toujours aimé jouer au glaive avec sa sœur, et il savait que Rhian n’était pas faible. Il la savait forte, et surtout déterminée. Elle était aussi belle que dangereuse, ayant tout à fait hérité du tempérament explosif et assuré de sa mère.
Elle se tenait contre le mur quand la porte s’ouvrit.
Un rai de lumière éclaira sa peau sombre, et elle tourna la tête, offrant la vue de son dos ravagé à la silhouette massive d’Azug. Azug l’avait fouetté, griffé, étouffé, étranglé. Même s’il la soignait, son corps conservait encore des ecchymoses, des traces de griffure, de morsures… Mais ça, bien sûr, ce n’était que la partie
visible des sévices du monstre.
«
Ma douce femme, grogna Azug en s’approchant d’elle,
je venais te dire que mes invités étaient arrivés, et que, d’ici une heure, nous pourrons définitivement nous unir, toi et moi. -
Je ne m’unirai jamais avec toi, mocheté. »
Ils avaient arrêté de l’enchaîner, car, la dernière fois, après qu’un des lieutenants d’Azug l’eût violé, elle avait utilisé les chaînes pour l’étrangler. Elle avait récupéré ses clefs, avait réussi à sortir, et avait poignardé un Orc dans le dos. Elle avait pensé que ceci tuerait le gardien, mais les Orcs d’Azug étaient résistants, et celui-ci l’avait renversé sur le sol, puis lui avait brisé le poignet, avant de la rouer de coups. Il lui avait fallu plusieurs jours pour être soignée, et, quand elle commençait à sortir de sa convalescence, Azug était venu la prendre entre ses bras. Il avait quatre puissants bras, de vrais étaux, et il adorait la serrer contre son torse, serrant si fort qu’il manquait à chaque fois de lui broyer les os.
Azug s’avança donc vers elle, et l’une de ses mains tira sur les cheveux de la femme, tandis que ses autres mains tiraient sur sa culotte en cuir, dévoilant sa grosse verge verdâtre et puante, dont l’odeur donna envie à Rhian de vomir.
«
Tu as toujours la langue bien pendue… Je t’apprendrais qui est ton Maître, ma douce salope… Quand ils me verront te baiser, les autres seigneurs auront tellement envie de te prendre qu’ils me nommeront Big Boss… Ensuite, je t’offrirai en pâture, toi et ta fierté idiote d’humaine, à eux… Et tu comprendras que j’ai été particulièrement doux et calme avec une pute comme toi… -
Je te tuerai, espèce de sale… »
Rhian ne put rien dire de plus, car le sexe d’Azug s’enfonça alors dans sa bouche, ne tardant pas à violer sa gorge au passage, et il la remua d’avant en arrière, la faisant gémir et déglutir, ses yeux défaillant sur place. Encore une fois, elle entendit le rire gras d’Azug, et le laissa faire.
Ce n’était pas la première fois qu’il s’acharnait sur elle, de toute manière… Loin de là.
Les Orcs à l’entrée de la caverne étaient vaincus, et Aravorn se tenait avec le duc Galahad à l’entrée de cette dernière. Des torches étaient allumées à gauche et à droite, et, vu le nombre important de sentinelles, Azug avait dû réunir de nombreux Orcs. Prenant très à cœur son opération de sauvage, le duc de Pentaghast parla au Rôdeur, lui indiquant qu’il fallait s’aventurer sans se faire remarquer. Aravorn acquiesça, et fit rapidement quelques précisions.
«
Un aigle n’est pas fait pour des cavernes aussi étroites… Si je l’envoie à l’intérieur, il se fera repérer rapidement, et je ne peux me mélanger qu’à lui, malheureusement… Je vais m’aventurer dans la caverne, afin de repérer la prison. Vous avez l’air d’être un bon guerrier, Duc. Vous pouvez me suivre. Ainsi, l’un d’entre nous pourra aller prévenir vos hommes quand la Princesse sera repérée. »
Mieux valait y aller avec le plus petit nombre possible, de manière à éviter de se faire reprendre. Aravorn précisa aux hommes du Duc que d’autres Orcs pouvaient se rapprocher d’ici, des patrouilles supplémentaires venant de la forêt. L’idée était donc de surveiller cet endroit, de dissimuler les corps, et de tuer les Orcs qui s’approcheraient. Aravorn rentra ensuite dans la grotte, et descendit le chemin, avançant lentement et prudemment. Le chemin décrivait un angle, et ils entendirent des bruits rauques.
«
Pourquoi on est pas conviés au banquet ? -
Parce qu’ils avaient pas envie de voir ta sale gueule ! »
Les Orcs ricanèrent grassement. Il y avait un pont en pierre, et de nombreux Orcs à l’entrée. Aravorn regarda autour d’eux, et repéra une petite faille dans la paroi, puis s’en rapprocha. La faille était étroite, mais il pouvait s’y faufiler, ce qui conduisit le duo dans une galerie latérale, un chemin étroit et dangereux, avec des stalactites pendant du plafond, leur arrivant à hauteur de visage. Tout en marchant, le Rôdeur pouvait sentir d’agréables odeurs de cuisine et d’alcool. Une autre faille dans la paroi, faisant office de fenêtre, lui permit de voir un couloir en pierre, où deux Orcs en armures marchaient.
Ces Orcs n’arboraient pas les peintures d’Azug.
«
Azug a déjà invité les autres chefs de clans… La sécurité va être renforcée. Le plus logique est qu’il escompte offrir Rhian en pâture aux chefs de clans, afin d’avoir, en échange, leur vote. »
Autrement dit, il allait falloir se dépêcher. La grotte donnait sur un véritable réseau souterrain. En réalité, il s’agit d’une ancienne forteresse naine, que les Nains avaient abandonné quand les gisements de matière première s’étaient raréfiées. Les Orcs avaient repris possession de ce bastion. Aravorn suivit le chemin qu’il avait emprunté pour éviter l’entrée principale du château, et atterrit ainsi dans une salle poussiéreuse et vétuste, avec une porte qui menait sur un couloir.
«
Allons-y… Trouvons la Princesse. »
C’était leur priorité.