Miroir, mon beau miroir, m'aideras-tu ? [Krystal]

Et hop, on reprend le RP ma p’tite dame ! Allez, au boulot ma grande, t’as du pain sur la planche ! Voyons voir… On resete mes connaissances sur le scénario, histoire de pas m’auto-spoiler, et on choisit le lieu du RP. Elle m’a dit qu’il fallait une surface de style miroir. Un vrai miroir, ou n’importe quelle surface réfléchissante random. Bien… Je vais faire ça dans le royaume Terranide, au moins je suis sûre qu’il y a quelque chose qui réfléchit. À défaut de quelqu’un. CETTE BLAGUE ÉTAIT POURRIE !

Pouf, téléportation ! Me voici, me voilà dans le royaume où les humains ne sont pas plus les bienvenus que ça, mais heureusement il n’y a personne pour me voir. Faisons donc, en profitant de ce répit, un petit topo sur la situation. Je suis allée à Nexus, où j’ai fait la connaissance d’une ESPer loup-garou pyromane. J’ai gagné dans cette aventure un orbe en orcalite d’eau, d’ailleurs. Ensuite je suis allée sur Terre pour revoir Pierre Petit, alias la raison pour laquelle je suis ici, alias le garçon dont je suis amoureuse. Mais bien sûr, alors que nous venions de nous retrouver et que nous allions chercher un moyen de repartir, Pierre s’est tout simplement évaporé sous mes yeux !!! J’ose à peine espérer qu’il est retourné dans la réalité et qu’un jour je vais pouvoir faire de même…

Bref bref bref, revenons à nos moutons. Je suis dans le royaume Terranide. D’accord. En regardant autour de moi je vois que je suis à côté d’un petit lac. Très bien. C’est un joli endroit, très paisible. Je me doute bien qu’il ne va pas le rester longtemps, mais bon, autant en profiter un peu… Je me mets devant l’eau et je me penche un peu pour regarder mon reflet. La Sonia actuelle, celle qui a un air de gothic lolita, est plutôt mignonne malgré ses yeux flippants. L’œil qui voit les races, et l’œil qui voit les pensées. Deux pouvoirs qui me sont bien utiles, même si le deuxième est sacrément pénible. Être forcée d’entendre toutes les pensées qui me concernent, pfff…

Je passe un instant en mode joueuse-only pour signaler que derrière moi il y a une grosse  bébête, genre une araignée de deux mètres cinquante de haut. Et qu’elle a la dalle. Et que je suis le seul déjeuner possible pour elle. Et surtout, que je ne l’ai pas encore vue.

Je suis de nouveau dans le monde blanc et froid. Les fenêtres sont ouvertes partout, et un nombre incroyable de ces fenêtres sont plongées dans le noir. Aucune d'elles ne semble mener sur quelqu'un à regarder. J'ai toujours adoré le faire, à défaut de pouvoir un jour admirer mon reflet. Je finis par tomber sur elle. Une jeune femme, plutôt belle à vrai dire, bien que je ne sois pas vraiment attirée par la beauté, masculine ou féminine. Elle se regardait, et je voyais son image bouger. Elle devait se regarder dans l'eau. Je m'asseyais face au reflet. Je n'aurais su dire combien de temps je le fis, cependant, je fus tirée de ma rêverie lorsqu'une affreuse bêbête pleine de pattes commença à approcher de la jeune femme. J'aurais souhaité la prévenir, mais elle ne m'aurait pas entendu. J'aurais souhaité bondir pour l'aider, mais le voyage complet est long. Je n'avais donc qu'un seul choix, et cela entrainerait peut être une disparition de plus. Je pris une inspiration, et passait mon bras par le miroir. En une seconde, il sortit de l'autre côté, naissant littéralement de l'onde bleue. J'aggripais la jeune femme par le poignet gauche, et tirais dessus d'un coup sec, la faisant basculer à l'eau.

Cependant, loin d'être mouillée, celle ci sentit une sorte de flottement parcourir son corps. Si elle ouvrait les yeux, elle verrait juste ma main, ainsi qu'une immense zone blanche. Il se passa environ deux minutes avant qu'elle n'émerge dans le monde des reflets. Je m'agenouillais à côté d'elle, qui avait atterrit allongée. Je penchais la tête, tenant toujours son poignet mais moins fermement. Dans le reflet derrière elle, si elle se retournait, elle pourrait voir la créature bondir à l'endroit où elle se tenait, et chercher où se trouvait sa proie.

-Hm.. Excusez moi, je n'ai pas l'habitude de... Faire cela, je vous ai vue en danger et... Je n'ai pas eu d'autre choix pour vous aider... Désolée... S'il vous plait restez calme, je vais vous expliquer.

J'anticipais en effet, il ne fallait surtout pas qu'elle prenne peur et qu'elle tente de fuir par un miroir. Je n'ai jamais revu ceux essayant, et je sais qu'ils ne sortent pas par l'autre côté du miroir. J'imagine qu'ils deviennent des reflets furtifs, sans enveloppes réelles, mais je n'en sais rien. Moi je ne suis pas une ombre furtive.

-Je suis Mme Miroir, une exclusivité du Dr Wondertainment! Bravo à toi, tu as trouvé ta première Mme! Complète la collection et deviens toi aussi Mme Collectionneuse!

Oups, voila que ça me reprenais. Chaque fois que je tentais de dire mon nom, cela m'arrivait. J'imagine que si je change de nom, cela cessera, mais je suis incapable de le faire, donc tant pis. Je soupire.

-Vous êtes dans le monde des miroirs. Ici le temps ne s'écoule pas de manière linéaire, parfois il s'écoule vite, d'autre fois lentement, mais on ne vieillit pas ici. Si vous restez cent ans vous n'aurez pas vieilli d'une seconde. Cependant, il y a deux règles à respecter. Surtout, ne traversez aucun miroir sans moi. Ceux ayant essayé ont disparu. Juste disparu. La seconde règle, c'est de ne jamais briser un miroir, d'une manière ou d'une autre. Je n'ai jamais essayé, mais je pense que l'intégrité de ce monde dépend des miroirs. Et je ne veux pas mourir.

Je me levais ensuite, relachant Sonia par la même occasion. Je levais les bras, pointant à la fois tout les miroirs.

-Si vous le souhaitez, je peux vous déposer n'importe où, du moment qu'une surface réfléchissante se trouve quelque part à proximité.

Je n'allais tout de même pas la laisser ici, après tout, si elle brisait un miroir par inadvertance, ce serait désastreux... Oh, je la vois me dévisager. Mon apparence doit lui dire quelque chose à présent que je l'ai lachée... J'imagine qu'elle me voit comme elle même, ou comme elle par le passé... Ou comme elle s'imagine dans le futur... Allez savoir tiens...

-Un problème?

Brusquement, sans préavis, une main jaillit de la surface de l’eau et WHOUAAAAAAAAAAA !!!!!!!!!!!! Bon sang, c’est quoi ça ?!!! Je viens de me faire aspirer dans le lac par un bras ?! Okaaay, on va dire que c’est normal, on est sur Terra après tout… N’empêche que je m’attendais pas vraiment à ça.

Après les quelques instants d’étourdissement lié à la chute assez brutale que je viens de faire, je me redresse et regarde la personne qui m’a tirée ici. C’est…d’accord, je vais peut-être relire sa fiche hein. … C’est bien ce qu’il me semblait. Cette petite maligne a pris MON apparence ! Moi, exactement moi, mais avec quelques années de plus. Et à part ça je dois rester calme, hein ? Oh oui, avec les yeux écarquillés de stupeur et la mâchoire légèrement tombante c’est sûr que j’ai l’air calme. Ha. Ha. Ha.

Elle part alors en délire, comme si elle faisait la promotion d’un jouet appartenant à une série. Bon, sa fiche explique, mais on va faire comme si j’étais pas au courant. Je profite de son petit instant wtf pour reprendre mes esprits, je m’assieds et j’attends qu’elle ait fini de parler. Ne pas traverser un miroir, d’accord. Je jette un bref coup d’œil derrière moi. Coucou l’araignée. Brrr, je ne pensais pas avoir un tel bestiau juste derrière moi. Ne pas casser les miroirs, je m’en doutais un peu, ça paraît d’une logique implacable.

Je ne remarque qu’elle me tenait toujours le poignet qu’au moment où elle me lâche. J’en profite pour remettre un peu d’ordre dans mes cheveux, le regard de nouveau fixé sur Madame Miroir. Drôle de nom, d’ailleurs. Elle remarque mon regard ? Hop, on improvise une réponse !

-Euh, non non, désolée. C’est juste que je m’attendais pas trop à me retrouver en face de moi-même. C’est intéressant, votre pouvoir de caméléon, même si c’est dommage de ne pas pouvoir montrer votre vraie apparence.

Je me lève à mon tour, j’époussette tranquillement ma robe et je souris.

-Oh, mais je ne me suis même pas présentée. Je m’appelle Sonia Nille. Et vous, vous avez un prénom ? Si vous permettez que je vous appelle par votre prénom bien sûr.

Et pendant ce temps, je la regarde vraiment et mon œil démoniaque m’indique que cette personne est…humaine. Ah bah d’accord, super. Moi qui m’attendais à une créature magique, je suis déçue !

-Euh, non non, désolée. C’est juste que je m’attendais pas trop à me retrouver en face de moi-même. C’est intéressant, votre pouvoir de caméléon, même si c’est dommage de ne pas pouvoir montrer votre vraie apparence.

Je ne peux m'empêcher de rire légèrement.

-Cela fait toujours ça aux gens, même si parfois ils ne se reconnaissent pas, et pensent reconnaitre un de leurs proches disparus... Vous avez peut être entendu parler de cette histoire, à Tokyo, un homme qui avait vu le fantôme de sa soeur jumelle, que des histoires à dormir debout... Concernant ma véritable apparence, le Dr m'a faite ainsi, je ne sais pas moi même à quoi je ressemble, je n'ai pas de reflet. J'imagine que c'est logique, je suis censée prendre l'apparence de ce qui me regarde... Mais il parait que les photos ou les films où j'apparais me montrent comme je suis réellement. C'est ce qui est arrivé à Tokyo.

Je pousse un profond soupir. C'est trop de réflexion à la fois, sérieusement, je suis vraiment obligée de penser autant?

-Un quoi? Euh... Attendez je vérifie...

Je commence alors à fouiller les poches dissimulées dans ma robe, en sortant divers objets, parfois normaux, parfois insolites. Devant les yeux de Sonia, je sortis tour à tour un peigne, un lance pierre, une bague, une montre à gousset, un morceau de craie et une balle rebondissante rouge. Je commençais à fixer ce que je possédais, comme si je nommais mentalement chaque objet, ce qui était le cas. Je finis par ne garder que la montre et la balle, avant de les montrer à Sonia.

-C'est un prénom?

Visiblement, je ne savais pas ce qu'est un prénom... Non, en réalité je n'en sais vraiment rien. Je la regarde, attendant une réponse.

Ah ouiii, cette fameuse histoire de ressuscités ! Un peu que je m’en souviens ! Un sacré tintouin toute cette affaire…

-Concernant ma véritable apparence, le Dr m'a faite ainsi, je ne sais pas moi même à quoi je ressemble, je n'ai pas de reflet. J'imagine que c'est logique, je suis censée prendre l'apparence de ce qui me regarde... Mais il parait que les photos ou les films où j'apparais me montrent comme je suis réellement. C'est ce qui est arrivé à Tokyo.

Yep, seems logic. J’acquiesce pensivement, me demandant à quoi elle peut bien ressembler pour de vrai. C’est la partie de la description physique que j’ai pas lue pour me garder du suspense. Mais j’essaierai de trouver un film sur Mme Miroir, on sait jamais. Et puis, regarder un film, ça peut être un bon moyen de passer le t…oh wait…j’ai pas de lecteur DVD. Tant pis, il va falloir que j’en vole un… Je le rendrai après, bien sûr, faut pas rêver.

Bon, par contre, le coup de la fouille de poches pour trouver un prénom, ça me fait bien rire. Déjà elle a pas l’air de savoir ce que c’est, ou alors elle se fout de ma gueule, et en prime je me demande bien comment elle peut faire tenir tout ça dans sa robe ! Sans mais soyons sérieux deux minutes, un lance-pierre bon sang ! Bon, voyons voir, elle élimine les options impossibles pour ne garder que l’improbable, merci Sherlock Holmes : une montre à gousset et une balle rouge. Je toussote un peu, histoire de cacher ce qu’il me reste de sourire.

-Non, pas du tout. Ça, c’est une montre, et ça une balle. Un prénom, ça n’est pas un objet, c’est un mot. Par exemple, mon prénom, c’est Sonia, et mon nom c’est Nille. Et vous, votre nom c’est Miroir, si j’ai bien compris. Mais vous n’avez pas un mot avant votre nom, autre que madame ? Parce que madame c’est un peu particulier, c’est pas un prénom mais ça se met quand même avant le nom.

Oh mon Dieu, je ne pensais pas avoir un jour à expliquer ça à quelqu’un… Je me sens un peu bête d’expliquer ça à « moi du futur » comme à une gamine.

-Sinon, si vous n’en avez pas ou si vous ne savez plus ce que c’est, je peux vous en trouver un. C’est plus sympa d’appeler les gens par leur prénom que « monsieur Machin » ou « madame Bidule ».

Je semble réfléchir un moment. Non, je réfléchis en fait, et c'est pas juste un jeu de mot minable vis à vis de ma condition de miroir. Je range les deux objets. Mince, elle vient de dire que "Madame" c'est pas un prénom. Bon, je réfléchis encore.

-Hm... Non je n'en ai pas... Enfin j'ai Madame, mais vous avez dit que Madame c'est pas un prénom, même si c'est devant le nom comme l'est le prénom.

Comme quoi je réfléchis... Ah non je répète juste bêtement, passons. Tiens, elle parle de "Monsieur Machin", et "Madame Bidule". Je ne connais pas ce petit Monsieur et cette petite Madame... Je la fixe en penchant la tête.

-Il y a une petite Madame du Docteur qui s'appelle "Madame Bidule"? C'est drôle, elle n'est pas dans ma collection, je ne savais pas qu'il y avait une autre collection...

Oui, bon, je suis un peu bête mais c'est pas de ma faute, on m'a créée ainsi. Je réfléchis de nouveau, puis fouille de nouveau les poches de ma robe. Il doit bien y en avoir un quelque part. Je sors de nouveau divers objets. Canard en plastique, DVD du Roi Lion et de Mulan, flacon de bulles, balle de tennis, une bonne dizaine, un sabre de kendo, un cache nez, et finalement, un très vieil appareil photo, imprimant des photos immédiatement après le flash. Je souriais, autour de moi se tenait un véritable champs de bataille. Je tendais l'appareil à Sonia.

-Ce n'est qu'un reflet, mais ici il fonctionne. Par contre de l'autre côté, il cesse d'exister. Mais ici tu peux prendre des photos, et elles existeront ici. Par contre je ne retrouve jamais mes affaires quand je les laisse, donc j'imagine que cet endroit efface ce qu'il n'aime pas, ou ce qui traine au sol quand personne n'est là.

Je souris un peu. La question est de savoir où vont ces objets? Non, moi je m'en fous en fait.

Bon, va peut-être falloir que je m'y mette, à cette réponse, depuis le temps ! Alors, alors, voyons où ça en est...

Ah oui. Me voilà bien… Elle a complètement zappé la partie importante de ce que je disais, on dirait. La pauvre, complètement ignorante sur des sujet aussi simples, ça doit pas être facile quand elle discute avec des gens. Je la plains vraiment.

-Euuuh… Oui, c’est ça, il y a une deuxième collection. Mais c’est pas le plus important, vous savez.

Vloup, re-changement de sujet ! Elle fouille encore dans ses poches et en sort tellement de trucs que je suis prête à parier que sa robe est un T.A.R.D.I.S. Oh, Mulan ! Je l’adorais quand j’étais gamine celui-là. Le Roi Lion par contre je le détestais parce qu’il me faisait pleurer à chaque fois. Hem, je m’égare, là, désolée… Revenons à nos moutons.

Madame Miroir (faut que lui donne un nom, celui-là est long à écrire) finit par trouver, au milieu de son bazar, un vieil appareil photo. Un qui se pose sur un trépied, vous savez. Et elle me le donne en…me proposant de la prendre en photo ? Ah ouais, pas mal comme idée. Je prends l’appareil.

-D’accord. Je vais prendre une photo vite fait. Et comme ça je pourrais peut-être vous trouver un prénom en fonction de votre apparence, vous en pensez quoi ? C’est utile les prénoms, et c’est plus joli que « madame ».

Elle semble un peu étonnée par ma question, c'est étonnant, après tout c'est elle qui en a parlé, pas moi... Enfin bon, c'est bien que le Docteur ai fait une autre collection, au moins ça laisse du choix. Elle semble aussi surprise par le fait que je sorte autant de choses de ma robe. C'est facile pourtant, un reflet ne prend pas de place. Remarque peut être que ce n'est pas normal? Il faudrait que je revois le docteur pour le lui demander... Même si je ne sais pas où il est. Je souris un peu tandis qu'elle prépare l'appareil.

-Très bien, mais je ne sais pas à quoi je ressemble moi. Je vais le découvrir en même temps que toi. Et puis c'est joli comme prénom "Madame", non? Moi j'aimais bien.. Mais c'est peut être parce que le docteur m'avait faite comme ça, je sais pas.

Encore une fois je déblatère ma vie sans réel but, et dire qu'on pense que les miroirs sont silencieux... Si vous saviez vous tous, vous êtes un peu crédules de penser qu'un miroir c'est l'image sans le son... Enfin bref. Je fixe l'objectif quelques secondes. Lorsque le flash surviendra, et que la photo s'imprimera, Sonia pourra voir sur la photo un visage fin et des cheveux transparents, que l'on remarque à peine. On les observe plus par la distorsion que l'on voit dans les miroirs derrière qu'autre chose. Vous savez, comme quand on regarde au dessus d'une source de chaleur, l'image se tord? Et bien là, c'est pareil, ou plutôt non, on dirait que tout est regardé dans une loupe. Les bords sont flous, et le reste légèrement grossi. Les "cheveux" retombent sur le devant de ma robe, y infligeant les mêmes effets. Elle pourrait voir les larmes innondant mes joues également, bien que rien n'indique que je pleure à un moment où à un autre. C'est dingue ça, personne ne se rend compte que je pleure constamment. Même pas moi, c'est vous dire comme je suis discrète!

-Très bien, mais je ne sais pas à quoi je ressemble moi. Je vais le découvrir en même temps que toi. Et puis c'est joli comme prénom "Madame", non? Moi j'aimais bien... Mais c'est peut être parce que le docteur m'avait faite comme ça, je sais pas.

Mon dieu que c’est laid comme couleur de parole… Ça tue la rétine. Et puis bon, je sais pas trop pourquoi, mais ça me fait penser à de la glace. Pas celle qu’on mange, l’eau solide. Même si je suis bien consciente que c’est transparent, cette glace-là. Mais là n’est pas la question.

-Oui, c’est joli « madame », mais ce n’est pas un prénom. C’est un mot qu’on utilise pour remplacer le prénom quand on ne le connaît pas. « Madame » pour une femme, et « monsieur » pour un homme. Bon, ne bougez pas, je prends la photo.

Tenant l’appareil du mieux que je peux en l’absence de trépied, je prends cette fameuse photo qui va me dire à quoi ressemble la miss Miroir. J’attrape le papier avant qu’il ne tombe par terre et j’y jette un œil. Jolie, très jolie même. Des cheveux presque transparents, des yeux bleus…qui pleurent ?

-Tiens… Je ne m’attendais pas à ça. Vous êtes vraiment belle, y a pas à dire, mais pourquoi est-ce que vous pleurez ?

Je lui tends la photo pour qu’elle puisse se voir elle-même. Après tout, elle en a parfaitement le droit. Elle va ainsi pouvoir admirer le haut de sa robe (j’ai pris la photo à hauteur d’avatar), son visage vraiment magnifique et ses cheveux de cristal. Tiens, cristal… C’est peut-être le moment de jeter un œil à son pseudo.

Reste tout de même la question des larmes. Qu’est-ce qui peut bien la rendre triste ? Le fait d’être seule ? De ne pas pouvoir se regarder dans un miroir ? De ne pas pouvoir sortir ? Je ne suis même pas certaine qu’elle en soit consciente ou qu’elle sache la raison. Étrange…

Le flash me fait cligner des yeux un moment, ça pique un peu ce genre de trucs en pleine tronche, comment les gens peuvent aimer ce genre de choses sérieusement? Je me frotte un peu les yeux, puis prend la photo que cette fille me tend. Je l'observe un moment, et porte la main à mes yeux, à l'endroit où l'on voit des larmes sur l'image. Je dois avoir l'air étonnée j'imagine, en tout cas je le suis. C'est vrai quoi, pourquoi je pleure? Et pourquoi je n'en ai pas conscience? Et pourquoi je ne sens même pas les larmes sur mes mains quand je les passe sous mes yeux? Je ne comprend pas. Je tend de nouveau la photo à Sonia, avant de réfléchir un moment. Pourquoi est ce que je pleure?

-Je ne sais pas. Peut être que le docteur voulait que je pleure. Je ne savais même pas que je pleurais.

J'ai l'air de réfléchir encore un moment. Je porte la main à mes cheveux cette fois, mais ne trouve rien à l'endroit où la photo les montre. Peut être que mon propre corps me fait croire que je suis Sonia? Ce serait logique, et elle n'a pas de cheveux ici... Hm... Je soupire un peu, puis m'assois au sol, en tailleur. Un gros bruit de verre brisé retentit, tandis qu'un miroir derrière moi vole en éclats. Je protège mon visage des débris, et en ramasse un lorsque tout les morceaux sont au sol. Je le fixe un moment, cherchant à déterminer ce qui se trouve derrière, puis y passe la main, comme s'il s'agissait d'un filet d'eau, avant de la ressortir avec un collier de perle blanche, dont la plupart sont fissurées, voire en partie éclatées. Je l'observe un moment.

-J'imagine que quelque chose est tombé dessus, c'était une vieille maison, vide depuis des semaines...

Une légère tristesse apparait dans ma voix, et une larme vient même à poindre sur mon oeil droit, que j'essuis rapidement.

-Désolée, ça arrive parfois qu'un miroir éclate comme cela, et cela me rend toujours triste, je ne sais pas pourquoi.

Je me relève à présent en reposant l'éclat, tout en y glissant en partie le collier. Par l'éclat, on voyait à présent la moitié du collier surgir dans le monde réel, et l'autre moitié dans le monde des miroirs.

-Je peux peut être vous déposer quelque part?