« Prête. »
Et pendant qu’il mordait à pleines dents dans la chair de son bras pour s’infliger lui-même une blessure sanguinolente, la Louve sortie une de ses dagues de son fourreau et laissa juste le fil de l’arme courir sur son avant-bras, la chaire à ce simple contact s’ouvrit et à son tour la Lycane se mis à saigner, son sang roulant le long de son avant-bras, arrivant jusqu’au poignet pour finir sa course au bout de ses doigts où goutte à goutte il chutait vers le sol. Rangeant son arme rapidement, elle s’approcha par la suite d’Armand, tendit son bras et attendit qu’il y plaque le sien. Les deux plaies rentrèrent en contact. Le sang du semi-dragon pénétra dans sa plaie et la Terranide grimaça légèrement de douleur. C’était chaud, brûlant même. Mais pas insurmontable. La poigne d’Armand se fit forte, comme s’il voulait l’empêcher qu’elle s’extraie de leur échange sanguin. A vrai dire, la Louve avait pensé que cela ne durerait que une minute ou deux mais elle était loin de se douter que cela allait durer plus de vingt minutes ! Bon sang vingt minutes à ne rien faire, à regarder du sang se mélanger c’était…long. Quand enfin ce fut terminé, ou du moins la première partie celle de l’échange, la plaie fut recouverte par un simple morceau de tissu qui ferait office de bandage de fortunes. Après tout, c’était mieux que rien.
« Bonne chasse… »
Se contenta-t-elle de dire tandis qu’Armand ne saute dans le vide et remonte rapidement transformé à une vitesse fulgurante. La main de la Louve se posa contre son bandage pendant qu’elle suivit quelques instants du regard le reptile volant s’éloigner. Brûlante. Sa plaie était brûlante et cette chaleur se propageait peu à peu dans tous son corps. Trouvant que rester sur place ne servirait strictement à rien, la Lycane alla s’installer dans la grotte, s’adossant contre l’une des parois, laissant la « magie » opérer. La vague de chaleur déferla dans tous son corps, donnant l’impression de lui brûler les veines, les muscles, chaque fibre de son corps. Et pourtant, elle résistait à crier, oh non, elle ne voulait pas lui donner ce plaisir. Quelques grognements de douleurs et des injures s’extirpèrent de temps à autre d’entre ses lèvres. Face à la chaleur qui l’envahissait et se fichant complétement sous le coup d’être pudique ou non ; l’Okami avait retiré ses effets ne gardant que le strict minimum. Les perles de sueur face à l’effort que traversait son corps roulaient contre sa peau. Au moins, l’idée d’Armand devait faire effet. Ha qu’elle avait hâte de récupérer ses facultés ! Et qu’est-ce-qu’ elle en avait marre d’être ainsi snobée !
Les heures passèrent et la Louve avait supporté le traitement qui lui avait été administré, toujours assise et adossée contre la paroi de cette grotte, elle vit Armand revenir, lâchant devant l’entrée à ce qui ressemblait de loin à un cerf. Ou plutôt une moitié de cerf, le bougre avait déjà mangé mais pour cela elle n’allait guère lui tenir rigueur. Assise au fond de la grotte, la Louve bougea l’une de ses mains où une araignée s’était posée dessus. Nullement apeurée d’être mordue, elle l’observa un bref instant avant de faire couler son regard vers un amas d’écailles qui étaient apparus autours des deux plaies, à savoir à l’épaule et à son avant-bras.
« Je vais bien et j’ai en effet quelques écailles qui sont apparues…. »
Le plus gros était passé. Oh, la Lycane ressentait encore quelques vagues de chaleurs mais cela ne risquerait pas de la mettre à mal. Après tout, elle avait déjà connu bien pire dans le passé. Sans pudeur, elle se leva, s’avançant vers l’entrée de la grotte et s’abaissa à hauteur de la tête de cerf, la regardant sans rien dire, avant de s’en détourner et de retourner se poser à son précédent endroit déclarant tout simplement :
« Je n’ai pas faim, je mangerai demain matin, merci pour le cerf. »
Elle n’allait quand même pas se forcer à manger tout de même. L’araignée qui était précédemment sur sa main s’était retrouvée à présent sur son avant-bras, galopant sur ce dernier de ses huit pattes, ses crochets empli d’un venin mortel pouvant frapper à tout instant et pourtant, la Louve ne s’en souciait guère. Elle croisa ses bras sur son ventre nu et ferma les yeux, la respiration quelque peu haletante sous l’effort que traverser encore son corps. Elle n’avait nul besoin de dire au semi dragon qu’elle avait encore besoin d’un peu de temps et surtout de repos, après tout, il devait bien s’en douter ! Finalement, elle passa la nuit ainsi, les derniers instants de la guérison par sang de dragon s’effectuant. Elle avait eu subitement, en plein milieu de la nuit une vague de douleur qui l’avait assaillit. Cette dernière l’avait poussé jusqu’à ses retranchements et elle n’avait pu retenir un grognement de douleur qui s’était transformé en un cri pour se terminer en une respiration haletante et saccadée.
« Putain…. »
Avait-elle murmuré tandis que son corps était traversé des derniers spasmes de douleur. Reprenant calmement son souffle, la Terranide avait réussi à reprendre un rythme normal, refermant ses yeux après s’être de nouveau installée, laissant le reste se faire. Le reste de la nuit se passa sans encombre et au lendemain, Shad se réveilla cette fois en première. La douleur avait complétement disparue mais les écailles étaient encore présentes pour le moment. Bougeant ses membres, elle nota également que ses blessures n’étaient plus, sans doute un pouvoir de régénération provenant du semi-dragon. Mais pour l’heure, une question la taraudait : avait-elle récupéré ses pouvoirs ? Bougeant légèrement son index, elle vit apparaitre au bout de ce dernier une petite flammèche qu’elle éteignit aussitôt. Cela était suffisant, elle avait sa réponse. Son ventre grogna, réclamant une pitance. Remettant ses habits rapidement, la Louve se dirigea vers le cerf, coupa une patte et la tenant entre ses mains dégagea une vague de chaleur pour cuire le morceau de viande. Il avait dit « pas de feu » et non « interdiction d’user d’une magie pyrotechnique pour brûler ta viande ». Et dans la douceur de l’aube, la queue caudale battant dans son dos, la Louve dégustait un repas bien mérité tandis que son regard se portait sur l’horizon. A présent elle irait bien donner une petite visite à ces personnes de l’Ordre Immaculée. Et surtout, elle ne referait plus jamais l’erreur qu’elle avait commise.