« Combien je vous dois, Tavernier ? » Disais-je, d’une voix calme. Pour le barbu derrière le bar, il ne pouvait apercevoir que mes yeux vairons, l’un vert et l’autre rouge, qui perçait l’ombre que procurait ma longue capuche. Le reste de mon visage était plongé dans la pénombre, empêchant ainsi toute identification. Et encore heureux, car quand j’étais rentré dans le village un peu plus tôt, j’étais tombé sur des portraits de moi, plus ou moins ressemblant, placardé sur le mur de la taverne. Quand je pense qu’il y a une semaine je serais rentré dans cette bourgade la tête haute et avec une garde d’une dizaine de nos meilleurs soldats. Les gens d’ici m’auraient regardé avec crainte et respect. Mais non, cette fois ci, j’avais pénétré le village discrètement, la tête baissé et le dos vouté, pour ne pas me faire reconnaître. Pour en revenir au tavernier, qui entre temps m’avait donné le prix des provisions, ainsi que de la chambre pour la nuit, je laissais tomber quelques pièces de monnaie dans sa grosse main musclé et usée par le temps. Preuve que malgré l’entretien évidant de son corps, l’âge était bien là. Une fois payé, je le saluais d’un hochement de tête avant de rejoindre ma chambre à l’étage. Une fois la porte fermée derrière moi, je scrutais les lieux avec attention, chaque recoin, bien trop prudent à mon gout. Mais dans l’état des choses je n’avais pas le choix. Une fois certain d’être seul dans la pièce, qui d’ailleurs ne comportait qu’un lavabo sur le mur gauche avec une glace au-dessus, sur la droite un lit simple une place et un placard à côté du lit, au fond contre le mur, je me permettais de rabaisser ma capuche dans mon dos. Un long soupir traversa mes lèvres, la chaleur était étouffante dessous.
Une fois ma longue cape retirée et mon katana posé le long de ma couche, je m’allongeais dessus. Au vu de l’heure, je souhaitais juste dormir. J’avais pu manger un peu avant de payer, donc ça allait. Les yeux fermés, le sommeil arriva rapidement. Avec la journée que j’avais eue aussi, mon corps avait grand besoin de reprendre des forces et ça passer par le sommeil également. Et vraisemblablement ça ne voulait pas, car je restais les yeux grands ouverts, dirigés vers le plafond. Je sentais peu à peu l’irritation monter à l’idée de ne même pas pouvoir dormir. Au bout d’une trentaine de minutes, résolu à ne pas dormir, je finissais par me lever. Lâchant un long soupir de désespoir, je me levais finalement du lit et j’enfilais ma longue cape. Prenant mon long katana, je décidais de sortir pour prendre l’air. Rabattant la capuche sur mon visage, je traversais la salle principale de la taverne, évitant comme je pouvais les divers poireaux encore présent. Sans leurs jeter un seul regard je sors dehors, sentant immédiatement le vent mordant s’insinuer sous ma capuche pour frapper mon visage fin. Un léger frisson parcourt mon corps alors que je ferme les yeux pour apprécier ça. Le vent et moi c’était une longue histoire d’amour. Quoi qu’il en soit je remontais d’un pas léger, la rue principale, prenant la direction d’une des deux sorties du village. Celle-ci menant à un bois. Mais bien avant, je me mis à capter une conversation dans une des ruelles perpendiculaire à l’avenue principale.
Intrigué et surtout inquiet quand j’entends une voix de femme s’élevait parmi celles des hommes, j’accélère le pas. Ainsi ça ne me prit pas longtemps pour atteindre cette fameuse rue. En la pénétrant, je vois plusieurs hommes armées de divers objets et arme. Ils formaient un cercle autour d’une jeune femme d’une beauté saisissante, acculé contre un mur, les genoux au sol. Fronçant les sourcils je m’approche d’eux, serrant mes doigts sur le fourreau de mon katana. Je devais rester prudent, car à première à vue c’était des esclavagistes de l’Empire d’Ashnard, ils me reconnaîtraient surement. Et n’avais pas envie d’en venir à une extrémité regrettable, surtout que les tuer n’était pas la solution. D’autre part je n’avais jamais tué d’Ashnardien, étant mon peuple, je ne souhaitais pas que ça arrive non plus. Quoi qu’il en soit, une fois arrivé à une certaine distance d’eux, je me redressais de toute ma hauteur pour essayer d’impressionner, puis je lançais d’une voix forte et pleine d’assurance. « Bonsoir messieurs les esclavagistes. ». Détournant leurs attentions de la jeune femme, je m’approchais un peu plus d’eux en les fixant de sous ma capuche. Je pouvais les entendre qui commençaient à me cracher des injures en me demandant de les laisser faire leur boulot tranquille. Un léger sourire se forma sur mes lèvres alors que je posais ma seconde main sur ma hanche, les regardant.
« Je ne crois pas que ça sera possible. Je hais les esclavagistes. Donc ça va être simple, soit vous partez en vie, soit vous mourrez ici et maintenant. Sachez juste que vous ne faites pas le poids contre moi. ». Je l’avais dit d’une voix dure et glaciale, digne des plus grands. Rien qu’à voir leurs réactions on pouvait voir que je les avais convaincu un minimum et qu’ils avaient étés impressionnés par mes menaces. Mon sourire s’élargit et je dégainais lentement mon sabre en m’approchant d’eux. Finalement quand la pression fut trop forte, ils se mirent à crier et à jurer contre moi, m’insultant de tous les noms et en débarrassant le planché. Je soupirais en les regardants faire. Une chose était sûr, ils reviendraient et plus nombreux cette fois-ci, ils n’étaient pas du genre à abandonner une proie comme ça. Je ne pouvais donc pas la laisser seule maintenant… Quoi qu’il en soit j’y réfléchirais plus tard. Je m’approchais d’elle en m’accroupissant, les genoux fléchit, je venais plonger mon regard vairon, qui ressortait toujours autant de la pénombre de ma capuche, dans les siens. « Tu vas bien ? Ils n’ont pas eu le temps de te faire du mal ? ». Je le disais de ma voix la plus douce pour ne pas l’effrayer. Surtout qu’à bien y regarder elle, en plus d’être magnifiquement belle, c’était une créature avec des attributs d’animaux. Les oreilles de chat sur son crâne le prouvaient. De la même voix douce je rajoutais : « Ne t’inquiète pas, tu ne risques rien avec moi, tu peux me faire confiance. » Je ponctuais cette dernière phrase avec mon plus beau sourire, rassurant.