Cela faisait déjà un long moment que j'arpentais cette facette du monde. Le monde des miroirs. Combien de temps, je n'aurais su le dire. Le temps s'écoule différemment ici. J'ai l'impression d'être présente depuis dix minutes, mais peut être suis je ici depuis des années. Je passe devant d'autres fenêtres. J'analyse des scènes de la vie. Certaines personnes sont plutôt heureuses, elles vivent paisiblement. Parfois, je m'arrète devant un miroir. J'observe une fille se brosser les cheveux, de longs cheveux, blonds, bruns, noirs ou rouges, je trouve cela magnifique. Je n'ai jamais eu l'occasion de faire cela. Sûrement parce que je n'ai pas de reflet. Mais je ne regrette pas cela. Les voir faire me suffit. Je circule toujours entre les miroirs. C'est au moins la centième que je vois faire. Si ça se trouve, les blouses ne me recherchent plus. Si ça se trouve, ils ont fini par penser que je suis morte. Pourtant, il faut bien se rendre à l'évidence. Le nombre incroyable de miroir montrant la même pièce, une pièce grise et froide, est bien trop important pour que cela soit une coîncidence. Il m'est avis que ces miroirs sont tous dans une cellule de cet endroit. Que chacun d'eux m'empêcherait de repartir si je les traversais. Et que ma captivité reprendrait. Je m'éloignais d'eux. J'en cherchais un plus calme. En m'éloignant de l'amas de miroir, je savais que je finirais par tomber sur un miroir menant à une zone plus calme.
Je n'eus pas à chercher longtemps, bien qu'il me soit difficile de dire s'il s'est écoulé dix minutes ou cinq mois, cependant, je finis par le trouver. Un grand miroir, menant sur une chambre plongée dans l'obscurité. Une fenêtre, le clair de lune, des rideaux. Il n'en faut pas plus. Et si c'est un piège, alors tant pis. Je ne peux pas rester ici de toutes façons, je finirais par être folle. J'approche donc du miroir. Il ne me laisse pas passer, c'est normal, que je suis bête. Je souris, approcher mon visage de la surface du miroir et y appose mes lèvres. Un léger sifflement se fait entendre, ici comme dans le monde réel, tandis que la surface du miroir commencera à onduler légèrement. Je souris un peu, murmurant un "merci" à l'intention du miroir, avant d'y passer la main lentement. Le contact est froid, mais pas désagréable. Je dirais même que je ne déteste pas ça du tout. Le reste de mon corps finit par suivre, et je me retrouve plongée dans les ténèbres humides, sans oxygène. Il s'écoule une dizaine de secondes avant que finalement, ma main ne retrouve l'air ambiant. Mon corps suivra lentement, tandis que le sifflement s'est fait bien plus fort au fur et à mesure du transfert. J'espère juste n'avoir réveillé personne, ce n'est pas le but que je recherche. Je tourne la tête un peu partout, cherchant à vérifier si tout le monde est encore endormi. Inutile de se faire repérer dès le départ.