Enfin. Ce peuple était parti. La vampire était toujours tiraillée par ce paradoxe. D'un côté, elle n'avait jamais pu s'arracher à la contemplation des fourmilières humaines, cette vie sans cesse mouvante, ces êtres qui s'éclairaient d'un sourire, lors d'une contemplation de ses tableaux. Ou ces jeunes femmes qui détournaient le regard en minaudant d'un air à moitié outré, à moitié intéressé, par des tableaux plus crus. De l'autre côté... La plupart des êtres n'avaient pas le moindre intérêt pour sa faim millénaire. Aucun n'était pur. Aucun n'avait ce noyau qu'elle cherchait à atteindre... Et pourtant leur sang palpitait avec violence dans leur corps.
Elle se posa quelques instants contre la porte fermée, fermant les yeux. Doucement, elle notait dans sa tête l'apparence de deux⁻trois êtres qu'elle pourrait éventuellement visiter un jour. Elle prit son temps, avant de se détacher du bois sombre de la porte, pour marcher avec une lenteur calculée, chercher où se trouvait son invitée. Si elle avait remarqué la présence d'êtres en dehors qui s'étaient attardés, elle avait mis ce problème à plus tard, tout en le gardant en tête. Sa survie n'étaient pas simplement due à sa force après tout. Légèrement inconsciente sur un autre sujet, la vampire ne prenait pas en compte le fait qu'elle venait d'un autre monde. Et donc, que la plupart des oeuvres qui se trouvaient chez elle, mis à part les rares achetées dans les marchés de Nexus, venaient de cet autre monde. Parfois, il s’agissait d'oeuvres anciennes, qu'elle avait gardé précieusement, alors que les ères s’enchaînaient. D'autres fois, il s'agissait d'écrits. Des livres d'ici et là, principalement du vieux continent. D'Angleterre, de france, d'italie, aussi. Et ainsi de suite.
Sans vraiment trop de problème, ni de surprise, Prisca trouva la magicienne dans la bibliothèque. Un bibliothèque plutôt modeste. Vu qu'elle venait d'acheter cette maison, un peu petite à son goût. Elle n'avait pu transporter tout les biens qu'elle souhaitait garder avec elle d'un monde à l'autre. Et même ainsi, certaines bibliothèques ployaient un peu sous le poids des livres.
Mais à ce moment, Prisca en eut marre. Ces questions. Ce rappel sur ce bijou dont elle ne savait encore que faire. Cette présence chez elle, et l'assurance de la magicienne qui l'insupportait presque. Ses yeux brillèrent plus intensément, alors qu'elle fondit sur Adamante, l'emportant sous un bras puissant, d'acier, jusqu'à un siège en velour posé non loin d'une cheminée éteinte. La violence du choc secoua sûrement un peu la magicienne, mais au moins, le siège était confortable, rembourré. Une sorte de
Duchesse aux couleurs pourpres et blanches.
Un regard de la vampire sur le feu, et celui-ci s'alluma, de même que les divers bougies, posées sur les présentoirs ici et là. Un exercice assez simple pour Prisca, mais qui la fit frissonner. Elle revint rapidement vers Adamante, à moitié couchée sous elle. Ses yeux brillaient, fins, agressifs, avides. Son souffle se fit plus fort, et la vampire s'abaissa pour murmurer quelques mots à l'oreilles de la superbe femme.
- Plus un mot, je risquerai de céder.L'aura de la vampire était grandiose, et pourtant bien contenue, encore. Restant ainsi, ses mains posées de part et d'autre d'Adamante, elle resta dans cette position un instant, s’enivrant du parfum de cette humaine. S’enivrant du sang qui palpitait à ses oreilles. Avec une douceur surprenante, elle vint lui lécher l'oreille, suivant son contour, pour murmurer quelques mots. La voix un peu rauque, trahissant une faim certaine, ou plutôt, une envie mortelle.
- Tu es ici chez moi. Ne te comporte pas en reine. Tu es ici chez moi.Son souffle s'accélérait, et elle baissa la tête, pour baiser le cou de ses lèvres. Une main se releva de la duchesse pour caresser les mèches de cheveux de sa proie nouvelle. Pour les écarter toujours avec une grande douceur. Jusqu'à s'abaisser, reprendre le baiser. Puis y enfoncer légèrement ses dents. On pouvait voir que la vampire, malgré son apparente faim, malgré sa vivacité et sa force, se contrôlait, ou du moins faisait des efforts pour se contrôler. Quelques gouttes de sang perlèrent, rapidement disparues entre les lèvres de Prisca.
Tout n'était que douceur dans ses actions, désormais. Elle savourait. Prenait le temps d'agir et de dévorer. Et elle comptait bien continuer ainsi. Tranquillement, plus loin.
- Tu es ici chez moi.