Quand une esclave change de maître [Slade]

Aujourd'hui était une journée particulièrement difficile dans ma jeune vie.  Encore une fois, je me voyais catapulté d'un acheteur à un autre, d'un monstre à un autre.  Mais, c'était ironique vu la situation, aujourd'hui, j'en était triste.  En effet, j'étais depuis maintenant près d'un an chez ce dernier marchant et j'en étais venu à m'habituer à ma condition.  Malgré mon statut d'esclave, mon propriétaire en était venu, par je ne sais qu'elle idée, à me donner certains privilèges, ce qui m'a permis de me sentir quelqu'un pour une première fois depuis si longtemps.  C'est pourquoi je fus empreinte d'une si grande tristesse lorsqu'on m'appris ce matin que j'avais été vendue.  Je ne crus pas à la nouvelle jusqu'à ce que l'un des pigeons du patron vienne me chercher pour aller procéder à l'échange dans un boisé tranquille de la ville.  À ce moment-là, je réalisais l'ampleur de la situation.  Pourtant, je m'étais bien comportée ces derniers temps, non?  N'avais pas accepter tous les clients, sans aucune condition?  Je n'avais rien dit, rien rechigné, ce qui était extrêmement rare dans mon cas.  Alors pourquoi?  Pourquoi se débarrasser de moi?!  Avait-il eu des plainte?  N'étais-je pas assez bonne?  Je n'avais eu aucune explication et c'est dans la plus grande confusion que je faisais face au serviteur de mon maître.  Or, dès qu'il tenta de me tirer par le bras, ce fut le geste de trop.  Je n'allais pas le laisser me sortir d'ici.  Je vis ici et je veux rester ici. 

Ce n'est qu'après plusieurs minutes que je dû me résigner à mon sort.  Les poignets liés dans mon dos avec cet abruti qui me poussait littéralement, je finis par obtempérer, ne désirant pas faire une honte de moi lorsque nous passerions près du lycée de la ville.  Je le laissais donc me guider dans le boisé désert désigné pour le rendez-vous avec l'acheteur.  Malgré la tournure imprévue de cette journée, je tentais d'avoir un peu d'espoir.  J'étais tombée sur un esclavagiste un peu compatissant.  Alors peut-être que le prochain pourrait l'être aussi, non?  J'entretenais mes espoirs en attendant tranquillement, assise avec le représentant de mon maître sur un banc de bois.  Pfff!  Ce maigrichon, je l'aurais bien envoyé balader tout à l'heure.  Et dire que mon maître comptait sur lui pour lui ramener le fric que génèrerait ma vente!  Il fallait dire que je ne devais pas valoir grand chose vu ce que j'ai fait subir à plusieurs de mes précédents propriétaires...  Bref, j'attendais sans grandes attentes celui qui allait finir par me ramener chez lui d'ici la fin de la journée.

Slade n'estimait jamais avoir assez d'esclaves, bien au contraire. D'une certaine manière, il se lassait vite ces celles-ci... ou leur corps cédait...Aussi, il en achetait fréquemment… trop fréquemment pour donner l'impression qu'il les traitait bien… il doutait fortement de cette possibilité… après tout, s'il aimait les violenter un peu, ce n'était pas pour autant qu'il jouait à les blesser… et il les soignait lui-même quand il les abîmait trop… alors, vous voyez…. Il n'était pas si mauvais maître que cela, si ?

Slade regarda la jeune femme qui se tenait assise sur le banc, à côté d'un homme dégingandé et au corps très sec. Il inclina légèrement et poli la tête pour lui souhaiter bonjour alors qu'il répondait d'une courbette un peu plus prononcée. Im n'était qu'un larbin. C'était bien sa veine… il aurait aimé rencontrer le maitre, pour parler plus en avant de  al nouvelle propriété du chevaluier de l'hiver. Au final, il avait acheté cette esclave à un prix dérisoire car son ancien propriétaire avait trop facilement dilapidé son argent… alors acheter une humaine, voilà qui n'était pas cher et pour le moins efficace… un achat simple, peu coûteux, et donc très lucratif. IL jouerait avec et quand il se lasserait, elle finirait comme les autres, tout simplement.

Il s'approcha et n'adressa pas le moindre regard à l'esclave, préférant jouer la politesse avec l'émissaire… il ne s'agissait plus de savoir exactement ce qu'il désirait acquérir en plus du prix, car on ne vend pas au chevalier de l'hiver sans raison… en général, on voulait des faveurs, et des faveurs pécuniaires, cela va sans dire. IL regarda la jeune femme, enfin, et la détailla rapidement du regard. En effet, il s'agissait juste de vérifier qu'elle était en bonne santé… et ensuite, il procéderait à la transaction.

Il regarda la jeune femme et lui saisit la mâchoire pour lui observer les dents. Elles semblaient saines. La preau était ferme, pas flasque, ses pupilles non dilatées, preuve qu'elle n'était pas droguée… Elle semblait pas mal… il testa aussi la douceur et la texture de ses cheveux. Acceptable. Elle avait été plutôt bien traitée, il trouvait. Il regarda la jeune femme  dans les yeux et lui parla rapidement et sèchement.

« Dis quelque chose qui soit intelligent… les débiles, je m'en lasse très vite... »

Il n'attendit pas de réponse qu'il qu'il continuait à s'entendre alors qu'il donnait une petite somme de monnaie, beaucoup moins que le marché actuel, mais d'un autre côté, le prix était autre, le côté pécuniaire n'était que pour l'apparence, la vraie raison était une faveur : mettre fin aux activités financières d'une personne :  celle qu'il lui avait ruiné…

« Tout est en ordre… je crois… détachez-la et foutez le camp avant que je ne vous éviscère... »

Il ne l'avait pas dit méchamment, mais sur un ton très calme et très posé, comme si ce n'était rien… puis il se tourna vers la jeune femme et lui sourit, mais ce n'était pas un sourire de joie, ou de satisfaction, il y avait quelque chose de malsain dans ce sourire…

« Et c'est quoi ton nom, esclave. »

Oui, il ne s'agissait pas d'une question. IL voulait son nom.