*Darthestar et le Doppelganger ~ Hauteurs d'Ashnard*
L'homme venait de voir l'une des pires choses que l'on pouvait imagine pour un coeur épris et entièrement offert à une demoiselle non moins fabuleuse : la vision horrible d'une main reptilienne, puissante, sortant du corps même de l'être aimé pour venir tâcher sans la moindre pudeur les draps immaculés du lit d'une couleur cramoisie, une couleur de sang frais. Réveillée d'une bien triste manière, le sang que cracha la dynaste vint toucher le corps du vampiroïde, l'obligeant ainsi à porter le poids de la mort de la jeune femme tandis que la monstrueuse forme derrière elle se mit lentement à se mouvoir, à se redresser pour laisser apparaître toute son ignominie aux yeux du voyageur silencieux mais profondément en état de choc, tandis que Minerve ne put retenir un cri d'effroi en voyant le monstre faire surface derrière le corps déjà mort d'Alice Korvander. Mais le temps n'était pas vraiment au choc et à l'indécision. Quand la bête empoigna le lit et l'envoya voler avec fracas au milieu de la pièce, envoyant au passage le cadavre de la princesse s'échouer au sol de la manière la plus grotesque et insultante possible, Balthazar n'eut d'autre choix que de plonger vers sa soeur de coeur pour l'extraire de la trajectoire de la structure en bois et la plaqua au sol alors que le mobilier vint s'écraser lourdement contre le mur, volant en éclats alors même que la forme onirique du vampiroïde se relevait pour faire face à ce danger, comme si son instinct perdu dans le monde des rêves commençait à refaire surface au contact de cet être étrange, fou, inconcevablement proche de ce que pouvait être le vampire dans ses phases de monstruosité. Il était prêt à en découdre, non pas parce que la bête venait de l'agresser de manière détournée, mais bien parce que l'homme souffrait de plus en plus suite à ce que son être venait d'observer : la mort incongrue, et violente, de celle qu'il appréciait tant.
«
Les Princessssssssssssssses ne vont pas avec les Monsssssssstres... »
Un véritable coup de poignard, ce coup-ci directement adressé à son être, et c'est sans la moindre émotion restante que l'homme vit la bête lui foncer dessus pour lui lacérer le corps, et que seul son instinct lui intima de se déplacer immédiatement hors de portée des griffes de cette immondice aux airs bien trop familier, n'écopant ainsi que d'une rapide estafilade le long de son torse. Si le sang n'avait pas déjà assez coulé dans cette chambre, ce fut désormais le sien qui se mit légèrement à imprégner ses habits déchirés par les griffes tranchantes de son adversaire, et alors même qu'il voulut riposter avec tout ce qu'il venait d'accumuler en ressentiment et en colère, le monstre se déroba à son emprise pour pratiquer un replis stratégique vers le fond de la pièce, tout en le regardant avec cet air des plus malsains, des plus troublants, le regard d'un monstre qui n'avait pour ainsi dire aucune autre raison que celle d'être un prédateur, une forme sombre qui ne vivait en ce monde que pour infliger peines et souffrances à tout ceux qui le côtoie. Et cette vision réveilla enfin ce que l'homme avait oublié durant le long voyage qu'ils venaient de connaître à l'intérieur du rêve : Il était une bête assoiffée de sang, un monstre qui ne connaissait pas la moindre limite et qui n'hésitait pour ainsi dire jamais dés que le besoin de sang se faisait connaître. Au plus profond de lui il venait tout simplement de comprendre que si cette chose était là, dans cette pièce, et avait presque réussi coup sur coup à éliminer les deux personnes les plus chères à son existence, c'était pour la simple raison qu'elle n'était dans le fond que le miroir de ce qu'il était lui-même, et qu'il ne faisait dans le fond face qu'à ce qu'il avait de plus horrible, de plus terrible en lui. Cette chose, face à lui, n'était autre que son double, et il avait le sang d'Alice sur les mains.
«
Tant de sssssssssssssssssssssaaanngg... Sur tes mains... Ssssssssssssssssssssssannng !! Ssssssssssssssssssssssannnnggg... Sssssssssssssssssssssannnng !! »
Il n'eut pas le temps, ni la capacité de faire quoi que ce soit. Les griffes de la bête fendirent l'air, mais si elle ne vinrent toucher aucune de ses cibles désirés, il eut pourtant l'occasion de détruire le mur derrière lui d'un puissant fouetté de sa queue, pulvérisant le mur derrière lui pour enfin se libérer et fuir au loin, les laissant lui et Minerve sans la moindre idée de ce qu'il pouvait désormais accomplir, encore sous le choc de ce qu'il venait de voir de leurs propres yeux, à savoir l'exécution sommaire du Joyau de Sylvandell, désormais gisante dans son propre sang, au sol. Mais les choses n'allaient pas pour autant se faciliter, des bruits provinrent des escaliers, et finalement se sont plusieurs soldats qui entrèrent en trombe dans la pièce, surement rameutés par le cri strident que Minerve avait poussée avant de finir au sol, interdite et tremblante, et qui s'arrêtèrent muet sur le palier, observant le spectacle avec horreur avant de tourner leurs regards mauvais sur la seule personne en ce lieu qui possédait encore du sang sur le corps, et dont les mains étaient désormais, plus que symboliquement, tâchées d'un sang frais et chaud, brûlant les paumes de l'homme qui ne se rappelait même pas avoir touché la moindre goutte de l'ichor d'Alice depuis qu'il était entré dans la pièce. Le rêve, déjà dangereux, venait définitivement de tourner au cauchemar, et les miliciens ne firent rien pour alléger la conscience de ce Balthazar en proie au plus vif désarroi.
«
Trop tard !
- Le Monstre a encore frappé !
- Il a tué la Princesse ! Il pensait pouvoir se contrôler...
- ...Mais un monstre reste un monstre ! -
Assassin ! Je savais que nous aurions dû t’enfermer dans les geôles ! Tu noieras les rues d’Ashnard dans le sang, car le sang appelle le sang ! Mälrunn ne serait jamais venu en toi si tu n’étais pas un monstre ! -
Vous vous trompez, il... »
Minerve put protester autant qu'elle le désirait, mais pas le moindre de ses mots ne fut entendue par l'assemblée, non seulement par que les soldats n'étaient pas là pour appliquer une justice, mais une sentence, mais aussi parce que de toutes manières rien en ce lieu ne trouvant plus facile à comprendre que le vampire était le coupable, il l'était du plus profond de son être et même si il essaierait de le nier, rien au monde ne pourrait le déculpabiliser du meurtre qui venait de se produire devant ses yeux. Si il n'était pas la main qui venait d'ôter la vie à Alice, à celle dont son coeur s'était tendrement éprit, il n'était pas pour autant la main qui l'avait sauvée, et alors même que les soldats s'avançaient vers lui, armes sorties du fourreau, l'homme ne fit rien d'autre que d'agir le plus rapidement possible, mais aussi de la manière la plus coupable qui soit : il recula rapidement, puis sauta par l'ouverture produite par le doppelganger, s'enfuyant comme l'avait fait plus tôt son double et se laissant dés lors chuter depuis les hautes sphères de la ville, se laissant choir vers le sol avec cette hâte qui laisserait presque croire que l'homme cherchait d'une manière ou d'une autre à mettre fin à ces jours... Mais le rêve en voulait autrement. Plus il descendit vers le sol, et plus son corps se mit à changer, à se métamorphoser, à reprendre une forme qu'il avait pourtant quitter en entrant dans ses songes. Lorsque son être rencontra le sol avec fracas, là où tout homme se serait retrouver broyé, la forme onirique du vampiroïde vit le sol s'affaisser sous sa personne, les dalles se briser, les passants hurler, et quand il se redressa, ce ne fut que pour voir son apparence actuelle, l'apparence du vampire, du tueur, de la bête carnassière qu'il était devenu depuis sa chasse dans les terres sauvages... Il était de nouveau Darthestar, et le premier écho qu'il entendit de la part des badauds l'environnant l'amena à fuir de plus belle, sans réfléchir !
«
Assassin ! »
*Minerve ~ Salon de Samara*
Soudainement le corps de l'elfe s'agita, elle remua dans tout les sens avant de se redresser d'un coup, ouvrant grand les yeux et hurlant de plus belle, ce coup-ci dans la réalité. Comment elle était sortie du rêve, ça, elle n'en savait rien, mais tout son être tremblait de l'horreur à laquelle elle venait d'assister, elle ne savait plus si elle était encore dans le rêve d'ailleurs, ou si elle avait en effet rejoint la réalité en compagnie des mages d'Ashnard, le fait était que tout son être transpirait la détresse et la terreur, si bien qu'elle ne parvint même pas à s'exprimer autrement qu'en continuant de crier pendant un long moment, incapable d'entendre le moindre mot de celles qui l'entourait, avant de finalement fondre en larme, en état de choc. Ses bras étaient entourés autour de son corps, ses membres la serrait elle-même comme si elle allait s'écraser sous sa propre étreinte, incapable de reprendre le dessus maintenant qu'elle avait contemplé sans pouvoir agir la mort de celle qu'elle avait considérée comme son obligée depuis qu'elle l'avait aidée à retrouver la trace de son frère adoré, puis après avoir vu ce qu'elle interprétait comme le suicide de son propre frère. D'ailleurs, si il s'était effectivement suicidé, il ne devrait pas rester endormi, non ? Se tournant vivement vers le corps de son compagnon de vie jusqu'ici, elle le regarda avec les yeux encore embués de larme et contempla la figure torturée de Darthestar dans son sommeil, avant que la panique ne monte à nouveau dans son corps et qu'elle se jette sur lui pour le secouer, incapable de comprendre ce qu'il se passait. Par chance ou non, quelque chose la retint, et si les larmes reprirent de plus belle, elle ne fit plus le moindre geste, laissant le corps inerte de son frère continuer de poursuivre le rêve qu'elle venait tout juste de quitter.
«
Je... Je n'ai... servit à rien... »
*Syon et Zariël ~ Arène de Malrünn*
«
Méfiez-vous de sa hache... »
Si Syon ne lui répondit pas quand elle lui prodigua ce conseil, ce n'était pas tant par flemmardise que parce qu'il était déjà partit au corps à corps, et que rien ne saurait désormais le déstabilisé de son objectif principal, à savoir éliminer le plus rapidement possible cette montagne de muscle et de haine qui était en train de leur faire face. L'être était lourd, puissant certes, mais il fallait avouer que cela le rendait particulièrement sensible à un être aussi entraîné et instinctif que celui qui se faisait lui-même appelé un "seigneur du néant", ce dernier esquivant sans le moindre mal les larges coups de son adversaire pour lui rendre avec cruauté le moindre de ses assauts, frappant là où cela faisait mal, de manière répétée et précise, jusqu'à sentir que le corps de son adversaire commençait à s'affaiblir sous ses assauts, les os étant déjà en miettes et les muscles en piteux état. Pourtant la bête ne freinait pas ses assauts, bien au contraire il semblait toujours vouloir l'affronter avec une véhémence croissante, si bien que Syon chercha un moyen plus franc de le détruire tout en essayant de ne pas mettre en oeuvre ses terribles pouvoirs, n'ayant aucune idée de ce que cela pourrait provoquer s'il les déchaînait dans la conscience même de son hôte. Finalement ce fut la mage qui trouva le point faible, car le frappant en plein visage grâce à ses projectiles, elle offrit pendant un temps une ouverture à l'homme qui n'hésita pas à aller broyer d'un coup puissant l'estomac ouvert de l'adversaire, avant de remarquer son étrange manège. L'être furieux venait de lever sa hache vers le ciel, et le coup qui allait suivre promettait d'être fatale s'il ne venait pas à s'en protéger, ce qu'il fit quasiment instantanément dés qu'il vit le Bourreau se préparer à l'assaut... Ce qui ne fut d'ailleurs pas une mauvaise idée, étant donné que le coup le projeta en arrière, encore indemne mais la conscience enflammée par ce tour de force.
«
Bon sang... Zariël vous allez bien ? »
Pas de réponses, soit elle est sonnée, soit c'est pire, mais il n'a pas le temps de lui adresser un regard, pas avec cet adversaire en face de lui. Il va falloir qu'il l'achève rapidement, cet adversaire est d'un niveau trop élevé pour l'archimage spécialisée dans l'illusion, et en considérant qu'elle devait déjà être affaiblie par le fait qu'elle soit emprisonnée dans le rêve, il devenait cruciale que le Bourreau soit éliminé pour qu'il ne mette pas en jeu la survie de l'archimage dans l'inconscient du vampiroïde. Cherchant de nouveau le contact, Syon eut tôt fait de remarquer que son adversaire avait très bien compris qu'un échange au corps-à-corps avec lui se finirait pas une victoire du Chevalier, et quand la hache vint lourdement briser le sol sur lequel Syon allait poser le pied, l'homme ne tarda pas à maudire l'intelligence mauvaise de Malrünn qui cherchait clairement à l'éloigner de son jouet favori. C'est là que l'ouverture se fit, grâce à trois superbement bien placés cônes de glace, frappant en plein visage l'adversaire du duo pour finalement le faire partir en arrière, et rendant un peu d'espoir à Syon vis-à-vis de l'état physique de sa camarade d'infortune. Si elle allait bien, tant mieux, il n'avait pas à se charger l'esprit avec de tels inquiétudes, et y préférant assurer leur victoire, il se jeta sur leur adversaire d'un bond surhumain, sautant à la fois par dessus le large trou que venait de créer le Bourreau, et dont la profondeur allait sur un néant sans limite, et au dessus de la haute forme de leur adversaire, arrivant sans le moindre soucis au niveau du visage voilé de cette ignominie, et y remarquant avec la même précision malsaine les larges trous qui s'était fait autour de la toile qui couvrait son visage. Ils venaient de percer la défense de cette saloperie, et dorénavant elle allait le payer cher, très cher.
«
Allons-y, on peut en venir à bout ! -
Toi, pantin de Malrünn, erreur en cette pensée, voici ta fin. »
L'être voulut réagir, mais ne put rien faire. Les longs filaments sombres qui constituaient les bras de Syon se délièrent, puis s'enfoncèrent à l'intérieur des déchirures créées par l'assaut de Zariël pour venir toucher le fondement même de cet adversaire au demeurant récalcitrant... et l'annihilèrent. En un instant, comme si rien n'avait existé auparavant à la place du Bourreau, le vide remplaça la forme géante de cet ennemi, seule la hache ayant survécu au coup fatal de l'homme pour finalement tomber lourdement au sol avec un certain fracas, les flammes vertes qui s'animaient autour d'elle s'évaporant lentement à mesure que l'énergie magique du serviteur de Tzeentch retournait vers son légitime utilisateur. Se rattrapant au sol avec agilité, l'homme laissa les longs filaments de ses membres retrouver une forme concrète en s'agglutinant, lui offrant de nouveau un bras gauche fonctionnel, puis il se retourna lentement vers la forme blessée mais vivante de Zariël, se décidant de se rapprocher d'elle en un rapide mouvement pour lui tendre son avant-bras, afin de l'aider à se tenir debout si elle en avait le besoin.
«
Vous avez fait un excellent travail Zariël, je vous remercie de votre aide. Mais vous vous en doutez, ce n'est pas finit, après le Bourreau, il nous reste le maître à aller occire. Et croyez moi il espère que nous ne saurions le retrouver, mais il oublie que je peux me déplacer librement en ce monde. Donnez moi une direction et je vous y mènerais. »