Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Les landes (PV)

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Les landes (PV)

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Saïl Ursoë

Créature

Re : Les landes (PV)

Réponse 15 samedi 18 avril 2009, 02:29:19

Décidément, cette jeune fille promettait d’être une compagnie plaisante : apparemment, loin de se sentir intimidée par l’antre de bête en laquelle aurait pu consister la maison de Khral pour un œil nouveau, elle semblait s’adapter au mobilier pour le moins rustique avec une curiosité non dénuée de quelque chose d’enjoué qui lui donnait comme l’air d’une petite fille découvrant la maison d’un géant. D’ailleurs, cette comparaison n’était pas très éloignée de la réalité tant leurs tailles respectives différaient, le visage de l’ex-sirène parvenant avec peine au niveau du plexus de l’homme-loup ; et qui plus était, avec l’éclairage qu’offrait le feu et le calme qui s’était installé, le scientifique auquel sa formation offrait quelques talents de physionomiste était maintenant capable de distinguer sans peine son âge avec plus de précision, âge qu’il estima à quatorze ans… peut-être un de plus, peut-être un de moins. Si jeune à arpenter les Contrées du chaos, et les Landes qui plus était ! La pauvre fille avait perdu l’esprit pour s’aventurer dans des territoires aussi mortellement dangereux même pour le plus aguerris, et donc en particulier pour une adolescente, surtout d’une telle beauté : avec le regard objectif et acéré d’un biologiste qui savait comment pouvaient se définir les canons d’esthétique plastique, il n’avait aucun mal à définir que Cyanne se plaçait aisément dans le haut du panier des belles plantes, même si elle tenait pour le moment plus de la joliesse que d’une véritable beauté. Cela dit, toutes les prémices d’une femme attirante se lisaient sans peine sur son corps, et avaient même commencé à émerger de-ci de-là : peau lisse et douce –il avait pu l’expérimenter lui-même- au teint de pêche fraîche, maintien vif et dégourdi propre aux alertes d'esprit, membres délicats et fort bien proportionnés qui étaient à eux seuls une garantie de grâce et d’habileté, poitrine naissante suffisamment prononcée pour attirer les regards sans laisser présager aucune vulgarité… mais surtout, ce qui était le plus admirable chez ce petit être était ce qui le terminait verticalement. Les courbes de son visage donnaient à elles seules envie d’embrasser cette bouche qu’on devinait propre à s’exprimer de manière marquante, que ce fût par une moue ou par un sourire, ses yeux avaient un éclat qui laissait croire qu'ils étaient illuminés par quelque flamboiement spirituel intérieur, et pour finir du bas vers le haut : ces cheveux ! La paille filée en or par Rumpelstiltskin ne devait pas avoir un éclat plus élégant, et la manière dont ils s’écoulaient comme une cascade claire donnait l’impression frappante que n’importe quelle coiffure pouvait convenir à leur propriétaire : dans le cas présent, qu’ils fussent en couettes ou laissés en liberté, Saïl ne pouvait que les trouver splendides, et avait la certitude que le résultat serait le même en natte, en palmier, en queue-de-cheval, en chignon, en tresses, etc.

Et pourtant, il n’éprouvait pas d’attirance pour elle…enfin pas ce genre d’attirance : bien sûr, il se sentait une grande tendresse à son égard, et aurait été le premier à la serrer dans ses bras pour la couvrir de baisers, mais la simple pensée d’un coït avec elle résonnait dans son esprit aussi malproprement que la perspective de piétiner une étendue de neige immaculée avec es bottes sales. Non, il serait Gardien, et en aucun cas Amant ; tel était le rôle qu’il voulait conserver à l’égard de la demoiselle, et il le respecterait, lui assurant une nuit la plus confortable possible en la compagnie de ce rustaud de loup-garou qu’il était.
En tout cas, jusqu’ici, ça ne s’annonçait pas mal du tout, et Cyanne prouvait par ailleurs qu’en plus d’avoir un joli minois, ce qu’il renfermait n’était pas moins appréciable, sinon du point de vue de l’érudition, en tout cas de celui de l’astuce, car la petite savait se montrer maligne comme l’indiquait sa réponse-monologue qui fit naître un demi-sourire sur les lèvres de Khral : ces questions, il se les était posées lui-même en son temps, et si certaines d’entre-elles avaient une réponse (hé oui, il était possible par exemple de contrôler le temps qu’il faisait à condition d’y mettre des moyens et un génie suffisants !), d’autres devraient sans doute rester à jamais d’une insolubilité frustrante même pour les penseurs les plus brillants qui s’y pencheraient. Toujours il y aurait des imbéciles, des violents, des foudres de guerre et des oppresseurs ; et la meilleure volonté du monde ne pourrait y changer grand-chose, les plus grande chances d’un monde paisible résidant sans doute dans les petits bonheurs qu’une vie pouvait apporter en dépit de tout ce qu’elle pouvait avoir de désagréable, d’horrible, de tragique…

La requête plus sérieuse mais non moins enjouée de son invitée le fit sortir de ses ressassements avec un hochement de tête diligent à l’égard de la charmante donzelle, puis il se dirigea de sa démarche souple et légèrement chaloupée en direction d’un morceau de tissu épais qui recouvrait quelques récipients en bois de tailles diverses, allant de la soucoupe à la soupière, pour en prendre deux que leur largeur et leur profondeur assimilaient plutôt à un bol à thé et à un saladier… enfin à peu près, car Saïl n’était ni menuisier ni ébéniste ni artisan, et même s’il était parvenu à se faire des contenants d’une solidité plus qu’acceptable, leurs formes prenaient parfois des proportions fantasques peu régulières. Mais bon, ils étaient propres –point d’honneur chez leur fabricant et possesseur !-, et faisaient tout à fait l’affaire pour recueillir l’eau de la source qui était d’ailleurs très bonne et très rafraîchissante.
Ces deux désaltéreurs en main, il vint se poster en position accroupie aux côtés de Cyanne à laquelle il passa le plus petit, prenant lui-même une bonne gorgée du sien avant d’entamer la discussion :

« Bon, qu’est-ce que je peux faire pour rendre votre nuit « intéressante » ? » Demanda-t-il avec des yeux brillants d’intérêt et de ressource qui n’avaient pour ainsi dire rien de commun avec un loup-garou ordinaire (si tant était qu'on pût qualifier ainsi une telle créature), laissant facilement entrevoir l’humain qui habitait toujours cette imposante enveloppe corporelle et qui était toujours friand de conversations et de bonne compagnie en dépit de sa timidité.

D’ailleurs, celle-ci avait été mise de côté d’une part par le soulagement qu’il éprouvait à être chez lui –comme il l’a été précisé précédemment-, mais d’autre part par la présence chaleureuse et engageante de l’humaine si pétillante qu’il avait en face de lui et qui le mettait à l’aise par une sorte de communicabilité de cette joyeuse insouciance dont elle faisait montre.
« Modifié: mercredi 22 avril 2009, 07:41:23 par Saïl Ursoë »
Dites, en me voyant, que voyez-vous ?                             En vérité, je suis partagé
Est-ce un monstre, un cauchemar, un loup fou ?                  Entre Khral, ce fougueux loup emporté
Est-ce un fort centaure qui brame et mord ?                       Et Saïl ce timide humain gêné,
Est-ce une bête de poils au coeur d'or ?                            Mais ça, jamais mal intentionné !
Est-ce Elephant Man qui crie, mis à mal :                          Certes, je grogne, je bondis je rue,
« Non, je ne suis pas un animal ! » ?                               Mais jamais je ne griffe ni ne tue.
                                                                               Aussi, approchez donc, n'ayez pas peur.
                                                                               C'est promis, je vous recevrai sans heurt.



Cyanne

Créature

Re : Les landes (PV)

Réponse 16 samedi 18 avril 2009, 11:20:45

Cyanne attrapa rapidement le verre entre ses mains frêles, et tapota les bords du récipient à l'aide de son index, comme lors d'une extrême réflexion à un devoir posé sur un bureau, face à vous, et que vous en êtes à votre 4e verre d'eau, espérant que l'inspiration naisse,avant de jeter votre dévolu sur un verre d'alcool du genre liqueur, vous promettant un 17 avec " Imagination débordante " en guise de remarques. Elle  but une gorgée, eut un sourire et un frisson en sentant couler le liquide frais le long de son gosier, et remua sa tête à droite et à gauche un instant, comme pour chasser cette fraîcheur un peu trop froide. Elle inspira avec un sourire, délicieusement, pour ensuite reposer ses yeux sur celui qui lui offrait sa demeure comme lieu de repos. C'était un être étrange comme elle n'en avait jamais vu, qui pouvait sembler violent et dangereux, mais se révélait beaucoup plus sympatique que n'importe quel être humain. Comme quoi, il ne faut pas se fier aux apparences ...

Elle eut un petit soupir , avec toujours ce sourire sur son visage, et défit son chaperon rouge qui devenait un poids à chacun de ses mouvements.


- Je ne sais pas ... ma curiosité est sans bornes, et mon indiscretion peut être trop perturbante, je le sais ... mais je ne vous connais pas et aimerait vous connaître mieux.

Elle eut un nouveau sourire.

- Je me nomme Cyanne, ancienne siréne qui, à force d'être trop restée au sol, est devenue humaine. Je tient une boutique avec un ami que je considére comme mon frére, et je passe mon temps à me ressasser mes souvenirs de siréne. Ma vie n'est pas si compliquée, mais je suis trop rêveuse selon certaines personnes ... J'ignore mon âge, on m'en a donné 20 pour que je puisse tenir une boutique sans problémes, mais je ne sais pas tellement quel âge j'ai ... Je ne comprendrais jamais le monde de la terre, et j'aimerais beaucoup retourner dans l'océan ...

Elle avait dit cette derniére phrase avec une triste nostalgie.

- Ici, peu de choses me retiennent. Là-bas, toute ma vie est - ou plutôt était-  batîe et " prête à l'emploi"...

C'est vivre et cesser de vivre qui sont des solutions imaginaires. L'existence est ailleurs.




Saïl Ursoë

Créature

Re : Les landes (PV)

Réponse 17 lundi 20 avril 2009, 16:20:40

(Je ne peux m’empêcher d’avoir l’impression que ta première phrase sent fortement le vécu !)

Une soirée telle qu’il en avait désiré depuis longtemps, et il se promettait d’en savourer jusqu’aux moindres instants : coupés du reste du monde comme ils l’étaient, ainsi confortablement installés dans cet abri dont la location autant que la composition était une promesse d’inviolabilité, l'ambiance possédait quelque chose de feutré qui n'avait rien à envier aux salons courtois. Même Saïl, bien souvent trop étroitement marié avec son travail, ne s’était que trop peu donné l’occasion d’un moment tranquille en petit comité, et encore moins d’un tête-à-tête, romantique ou non ; aussi la compagnie de cette petite à la langue bien pendue était-elle véritablement une aubaine que l’homme-loup avait bien l’attention d’apprécier à sa juste valeur. En vérité, Cyanne lui apparaissait dans la nuit de sa solitude comme une étoile filante qu’il avait eu la chance et le bonheur de voir se poser dans les parages de son lieu de vie comme un angelot venu des cieux apporter un rayon de lumière céleste à ce banni qu’était Khral de par sa nature. Bien sûr, une telle vision de son invitée était éminemment fantaisiste, mais quel mal y avait-il à enjoliver l’apparence qu’avaient les évènements de manière à en faire ressortir ce qu’il y avait de plus touchant, de plus beau, de plus admirable ? Après tout, Terra n’était-elle pas elle-même le monde où pouvaient se réaliser les fantasmes les plus incroyables, où les espoirs les plus fous pouvaient prendre vie sous l’action de ce merveilleux courant d’énergie magique qui semblait imprégner même les choses les plus banales pour les rendre impérissables ou à tout moins inoubliables ?
En parlant de merveilleux, le loup-garou ne put s’empêcher d’assimiler l’espace d’un instant l’adolescente qu’il avait face à lui à cette figure célèbre du Petit Chaperon Rouge, non seulement à cause de cette coiffe qu’elle venait d’ôter, mais aussi en raison de cette candeur d’un naturel si admirable qui ressortait de chacun de ses gestes et de chacune de ses paroles. D’ailleurs n’avait-il pas lui-même la tête de l’emploi pour faire un Grand Méchant Loup tout ce qu’il y avait de plus digne de ce nom ? Sauf qu’il n’avait bien entendu ni Mère Grand à croquer ni petite fille à abuser : en réalité, la scène prenait l’allure d’une version positive du conte de Perrault, dans laquelle les protagonistes vivraient en bonne entente au lieu de se côtoyer dans un commerce d’intrigue et de tromperie. Une histoire revisitée ? Pourquoi pas !

Mais hors de ces réflexions fantasmagoriques, la requête de Cyanne le mit dans un embarras qui n’était pas moindre, même si elle avait été très vraisemblablement conçue et formulée sans aucune arrière-pensée : lui parler de lui ? Mais sa vie était loin d’être intéressante ! Né en France, il avait fait des études brillantes avant de venir poursuivre son cursus aux États-Unis puis au Japon en raison des avancées de ce pays en matière de génétique, domaine pour lequel il s’était très vite passionné. Ensuite lui était apparu le phénomène Terranide sur lequel il s’était littéralement jeté et sur lequel il avait passé les derniers mois de sa vie humaine avant qu’il en résultât son impossible métamorphose qui l’avait forcé à vivre reclus depuis un moment. Voilà, en quelques lignes, ce qu’il pouvait y avoir à dire sur lui, et il n’y avait pas là-dedans de quoi captiver un auditoire… ou tout du moins c’est ce que ce gaillard mal assuré pensait, l’estime de soi n’étant pas un de ses traits de caractère les plus développés.
En revanche, c’était un très bon auditeur, et il le prouva en tendant l’oreille avec attention à l’histoire de l’ex-sirène que celle-ci prenait la peine de lui révéler : beaucoup n’auraient pu y voir que les racontars d’une gamine en manque d’une oreille à qui se confier, mais pour Saïl, cela était au moins aussi captivant à écouter que le curriculum vitae d’une célébrité mondialement reconnue, l’homme-loup percevant dans chaque mot la trace de cent anecdotes, tranches de vie toutes plus délectables les unes que les autres. L’exemple pouvait en être de la façon dont elle s’était vue destituée de sa nature mi-animale : si le savant qu’il était s’en était tenu à un raisonnement purement scientifique, tout cela lui serait apparu comme des fariboles invraisemblables, mais le fait était que sur Terra, ce genre de phénomène était à prendre avec des pincettes car tout et rien pouvait survenir sans raison apparente ; simplement comme par une magistrale déformation de la réalité venue de quelque indicible et omnipotente puissance supérieure. Toutefois, aussi conscient qu’il pût être de cela, il ne manqua pas de ressentir un pincement au cœur à cette révélation de la part de Cyanne, car il avait espéré que la solution à son propre problème eût pu résider dans la façon dont elle-même était passée du statut d’hybride à celui d’humaine… bah, ce n’était en fin de compte qu’une déception de plus ; qu’une fausse piste à rayer parmi tant d’autres, et ce ne serait pas cela qui le démoraliserait !
La suite de l’histoire de la discoureuse se révéla avoir un caractère moins extraordinaire, mais pas dénué d’intérêt pour autant : âge inconnu ? Voilà  qui sonnait comme un défi aux oreilles de cet assoiffé de connaissances qu’il était, et pour qui rien ne pouvait être fondamentalement inconnu ! Dans le cas présent, il était certain d’être capable de pouvoir déterminer l’âge de la jeune fille simplement avec quelques échantillons sanguins ou même simplement salivaires : il lui suffisait de pouvoir mettre le doigt sur son A.D.N, et estimer le nombre d’années que ce corps avait pourrait être fait en un tournemain !... Mais le fait était que son âge réel, qui pouvait être bien différent de son âge physiologique, resterait de son côté indicible. Zut.
Cela dit, cette perspective d’A.D.N ouvrait d’autres possibilités pour un généticien prodige comme lui : même si Cyanne avait pris forme humaine, il devait bien rester quelques génomes propres à une sirène dans sa banque de données, fut-ce à l’état dormant, et avec les examens et les tests qu’il fallait, il aurait peut-être la possibilité de réveiller ces caractères pour permettre à la jeune fille de redevenir la sirène qu’elle avait été ! Il ne fallait pas perdre de vue une telle éventualité et en faire part sans tarder à l’intéressée… même s’il faudrait probablement lui fournir l’explication sous une forme vulgarisée étant donné que d’après ce qu’il avait pu comprendre, si la magie pouvait permettre de grandes choses, les moyens techniques en étaient pour leur part restés à un stade bien vétuste comparés à ceux de la Terre. Cependant, qui savait ? Peut-être l’adolescente avait-elle des cordes inattendues à son arc et avait-elle des notions insoupçonnées en biologie. Il n’y avait qu’un moyen de le savoir, et cela méritait d’être tenté ; après tout, la science avait aussi étroitement trait au passé de Saïl, et comprendre son métier aiderait donc la demoiselle à le comprendre lui.

Plongé dans ses pensées, il hocha lentement la tête avant de se lever en douceur, tenant toujours à la main son bol dont il prit une petite gorgée alors qu’il embrassait les parois de sa demeure du regard :

« Ne perdez pas espoir Cyanne. » Dit-il avec le ton professionnel et mesuré d’un médecin proposant un traitement expérimental à un patient. « J’ai peut-être une idée, mais avant que je vous réponde, autant pour vous parler de moi que pour vous aider, je vais vous poser une question : regardez ces… inscriptions sur les murs. Est-ce qu’elles vous disent quelque chose ? »

Ce disant, il fit un geste vague de la main en direction des murs de roche naturelle, couverts d’un enchaînement d’allure démente de chiffres, de lettres et de symboles mathématiques qui auraient pu avoir l’air d’espèces de pentacles runiques pour un profane complet en la matière ; mais pour quiconque avait touché de près ou de loin à la physique-chimie, ces formules, même d’une grande complexité, feraient sens à défaut d’être compréhensibles. Restait à voir comment la demoiselle réagirait, et c’était dans l’attente de cela que Khral restait muet, observant d’un air neutre légèrement absent et en retrait les calculs qu’il avait lui-même tracés. En y pensant, c’était la première fois qu'il était donné à quelqu'un de poser les yeux sur de semblables inscriptions, et il ne pouvait d’empêcher d’être un tantinet nerveux à l’expectative de l’opinion qu’elle aurait de ce qu’il lui mettait devant les yeux : y repèrerait-elle quelque élément familier ou cela la laisserait-elle complètement déboussolée, voire effrayée ? L’avenir proche le dirait…
« Modifié: lundi 27 avril 2009, 00:55:58 par Saïl Ursoë »
Dites, en me voyant, que voyez-vous ?                             En vérité, je suis partagé
Est-ce un monstre, un cauchemar, un loup fou ?                  Entre Khral, ce fougueux loup emporté
Est-ce un fort centaure qui brame et mord ?                       Et Saïl ce timide humain gêné,
Est-ce une bête de poils au coeur d'or ?                            Mais ça, jamais mal intentionné !
Est-ce Elephant Man qui crie, mis à mal :                          Certes, je grogne, je bondis je rue,
« Non, je ne suis pas un animal ! » ?                               Mais jamais je ne griffe ni ne tue.
                                                                               Aussi, approchez donc, n'ayez pas peur.
                                                                               C'est promis, je vous recevrai sans heurt.



Cyanne

Créature

Re : Les landes (PV)

Réponse 18 lundi 20 avril 2009, 18:06:29

( effectivement, effectivement … )

La jeune fille tourna la tête vers le lieu indiquait, les sourcils froncés. Elle s’avança sur la pointe, comme pour ne pas provoquer le réveil des lettres et chiffres inconnus à ses yeux. Elle passa sa main dans ses cheveux, tourna la tête, passa sa main sur le mur, attrapa ses longs cheveux pour les caler sur une de ses épaules, caressant le mur de plus belle. Oh non, elle ne voyait pas ce qu’il voyait. Elle ne comprenait pas bien les chiffres, mais savait qu’elle pouvait avoir la réponse. Elle se rapprocha de la table, attrapa son verre et jeta le contenu sur les inscriptions gravées. Seule l’eau pouvait l’aider, seule elle lui faisait comprendre ce monde. Elle cligna violemment des yeux, regardant Khral, puis le mur, puis de nouveau Khral, légèrement incrédule. Elle attrapa le verre de son interlocuteur, et le vida sur le reste du mur. Elle s’approcha, étalant l’eau pour recouvrir tous ces calculs étonnants, et se posta devant, immobile, un instant.

Sa tête lui tournait. Elle posa sa main au centre des inscriptions, comme muée d’une attirance vers ce lieu, et doucement, avec un accent énorme et inconnu ( d’où que vous venez, vous gardez l’accent de ce lieu )


- L’eau sait tout. Elle me dit que ce sont … scientifiques. Des recherches, comment savoir, comment trouver, des questions. C’est vous-même qui l’avait écrit, elle me le dit, je la crois. L’eau sait tout.

Elle pointa son doigt sur une ligne, la suivant en récitant la formule exactement, sans buter, et fit de même sur les autres lignes, récitant solutions, recherche, réponses, tout un ensemble de choses qu’elle expliquait par elle-même, ajoutant ses commentaires et conseils à ce qu’elle lisait

- Vous voulez savoir comment faire, une solution.

Elle montra un endroit avec son doigt.

-  Ici, vous avez eu du mal. Il y a eu une erreur, rattrapée ensuite.

Elle posa la paume de sa main sur un calcul.


- Et là, vous avez trouvé la bonne formule, le calcul exact. Mais la réponse reste ignorante … Vous avez trois bonnes réflexions, ici, en cet endroit et … là. La dernière me semble plus probante, la seconde beaucoup moins compliquée, et la première moins dangereuse.

Elle se recula légèrement, marmonnant dans son langage un long monologue, relisant, fronçant les sourcils. Tout se rapportait vers une recherche essentielle, une sorte d’alchimie, quelque chose de compliqué, de dur à chercher et à trouver. Elle se retourna vers lui, inspirant longuement, puis se recolla contre le mur, analysant les moindres détails des écritures, tournant la tête dans tout les sens, grattant la pierre.

- Vous voulez changer quelque chose. Tout porte à croire que c’est un être vivant, mais pas un humain, pas un animal, juste un … être unique. Une anatomie, un ensemble de molécules …

Elle pointa son doigt sur un endroit, appuyant de toutes ses forces dessus, comme si cela enclencherait quelque chose, un mécanisme.

- Ici, là, une nouvelle formule, inconnue de tout experts, une nouvelle constitution physique. Une alchimie, un mélange, quelque chose de … étrange! Je crois reconnaître, l’eau me souffle, m’aide, mais je …

Elle se retourna et enfin tout fit surface dans sa tête. Elle resta surprise, les yeux grands ouverts, la main contre la bouche, les pupilles réduites au strict minimum. Tout les calculs revenaient à une idée de vivant, de mort, de danger, de difficulté. Il voulait changer quelque chose, et ce quelque chose mystérieux : c’était lui.

C'est vivre et cesser de vivre qui sont des solutions imaginaires. L'existence est ailleurs.




Saïl Ursoë

Créature

Re : Les landes (PV)

Réponse 19 mardi 21 avril 2009, 17:28:23

(Espèce de dévergondée !)

Hum… Saïl n’était pas comportementaliste, mais il n’y avait pas besoin de ça pour voir que la jeunette nageait manifestement dans le brouillard à la vue de cette nuée de chiffres et de lettres face à laquelle elle semblait aussi désemparée que s’il l’avait mise au défi de changer le plomb en or.

(Il fallait s’y attendre… mais cela va être compliqué…)
Songea-t-il un peu maussadement en observant d’un œil vague son reflet dans l’eau pure du récipient, car si bon professeur qu’il pût s’avérer, faire comprendre un phénomène de mutation génétique à une personne qui n’avait apparemment que des notions très floues de biologie allait être tout sauf évident.

Mais alors qu’il relevait la tête en prenant une inspiration pour entamer son discours explicatif, un *Splash* dont la source laissait peu d’ambiguïté le fit sursauter de surprise ; une surprise qui ne décrut pas lorsqu’il vit que Cyanne fixait maintenant successivement la paroi gravée et le graveur avec des yeux grand ouverts digne d’une sibylle en pleine vision. Interloqué, il fut encore une fois pris au dépourvu lorsque son propre bol lui fut arraché sans autre forme de procès pour voir son contenu projeté à son tour contre le mur sans aucune raison que Saïl fût capable de discerner avec certitude : les inscriptions se dessinaient-elles trop vaguement pour elle, et avait-elle ainsi besoin d’en accentuer la trace en les faisant ressortir par de l’eau ? Voulait-elle faire jouer les reflets du feu sur la surface humide pour mieux discerner ce qu’il y avait à voir ? Était-ce simplement là un geste d’une sorte de dépit courroucé ? Non… il y avait dans l’attitude et les mouvements de l’ex-sirène quelque chose qui évoquait distinctement un rituel ; quelque chose comme une communion mystique…
Mystique ! C’était ça ! Sur Terra, la magie pouvait avoir des usages inattendus, et peut-être cette jeune fille qui avait jadis été une créature mythique des eaux avait-elle encore quelques traces de ses anciens pouvoirs qui lui donnaient une sorte de connivence cognitive symbiotique avec les éléments aquatiques. En tout cas, ce fut la seule théorie qu’il put émettre qui faisait à peu près sens, et il devrait s’en contenter pour le moment, l’adolescente semblant en cet instant davantage disposée au monologue qu’à la discussion, s’étant lancée dans une psalmodie aux allures profondément pythiques tant son comportement et sa voix se voyaient transfigurés par l’espèce de sortilège qu’elle avait lancé et qui lui permettait de décrypter aussi clairement que de l’eau de roche ses calculs pourtant d’une complexité qui était l’apanage des experts.
Sans souffler mot, respirant à peine, les yeux presque aussi exorbités que ceux de l’oracle en laquelle s’était transformée Cyanne, il l’observait intensément, notant les moindres détails de sa conduite et surtout de ses paroles dans son inépuisable mémoire de savant. A se rendre compte avec quelle facilité une fillette parvenait à enchaîner la diction de toutes ces formules longues comme le bras sans que rien ne semblât pouvoir lui faire obstacle, il ressentit sur le coup le tiraillement de son orgueil qui le poussait à la jalousie, mais cette sensation disparut bien vite sous la certitude qu’une semblable méthode dépassait de loin tout ce qu’il aurait pu mettre en exécution et sous le très vif intérêt que suscitait en lui cette manière de raisonner dont il avait la démonstration sous les yeux.

C’était inexplicable, incroyable, impossible : tout ce qui sortait de sa bouche était la plus exacte vérité ; comme une prophétie à rebours, les jours que Saïl avait passés à calculer, estimer et computer fiévreusement défilèrent dans sa mémoire, retracés sous le doigt fin de la petite dame, narrés par le biais de sa bouche qui semblait trop petite pour des propos d’une telle ampleur. Oui ! Les « recettes » qu’elle pointait du doigt étaient celles-là mêmes dont le fac-simile reposait dans une pochette en plastique dans le coffre de sa jeep, tracées précautionneusement noir sur blanc sur papier, et le jugement qu’elle émettait à leur sujet était précisément celui auquel leur auteur était parvenu. Ces imperfections l’avaient mis dans un état de frustration terrible, mais à présent, à voir le fruit de ses recherches résumé et commenté à haute et intelligible voix, il sentait qu’il progressait à pas de géant grâce à cette vue d’ensemble qui lui était offerte et percevait déjà les nouvelles pistes de recherche qui se profilaient et ne demandaient qu’à être exploitées ! Fébrile, il hochait la tête avec engouement sans trop s’en rendre compte, mais aussi enthousiaste qu’il fût, il ne manquait pas de s’inquiéter au sujet de l’état de Cyanne qui ressemblait un peu trop à celui d’un pensionnaire d’asile psychiatrique pour qu’il restât impassible devant un tel spectacle, et ne se promît pas d’intervenir si jamais une telle transe prenait des proportions trop inquiétantes. Il se rappelait avoir étudié le cas de religieux pris de violentes crises d’épilepsie lors d’une extase de foi, et si conscient qu’il fût du caractère merveilleux d’une semblable réaction, il ne tenait pas à ce que cela arrivât à sa protégée.

Cependant, lui-même fut tourneboulé lorsque le discours dériva sans prévenir sur lui : elle ne s’en rendait de toute évidence pas encore compte, mais cet « être unique » qu’elle mentionnait n’était autre que cet homme-loup, véritablement anomalie de la nature qui se tenait à quelques mètres à peine d’elle, anxieux au possible. Il ouvrit la bouche pour intervenir, mais la referma aussitôt, décidant qu’il était préférable attendre la conclusion qui découlerait de tout cela et qui ne tarderait très vraisemblablement pas à venir, car après tout, qu’y avait-il de mal à ce qu’elle fît la lumière sur sa nature précise ? Ce n’était pas comme s’il avait honte de ce qu’il avait fait ou de ce qu’il était devenu, et à tout prendre, cela épargnerait de longues explications inutiles pour lesquelles Saïl ne se sentait pas très doué.
Lorsqu’elle appuya sur la formule, ce fut comme si elle l’avait pointé directement du doigt : elle avait mis directement le nez sur les composantes exactes du Terranis, ce produit révolutionnaire, fruit des travaux les plus importants de sa vie, qui était à la fois sujet d’une immense fierté et d’une indicible frayeur pour lui. C’était la clef du problème, et il croisa les bras et baissa la tête avec résignation, soupirant de la réaction à laquelle il s’attendait et qui fit jour après des tâtonnements effrénés de la chercheuse par procuration qui le fixa tout à coup avec une exclamation muette au bord des lèvres après un ultime sursaut cérébral qui la propulsa au summum de ses réflexions, déboussolée, effarée, hagarde.

« Hé oui. » Conclut-il pour elle dans un soupir affable. « Jusqu’à il y a un peu plus de quatorze mois, j’étais une personne tout ce qu’il y avait de plus humaine, avec des idéaux plein la tête et des décisions peut-être un peu trop précipitées. »

Ce disant, il avait positionné sa main à précisément un mètre soixante dix-sept du sol, taille exacte de Saïl Ursoë, s’attendant presque à sentir l’épaisse chevelure mal coiffée de ce jeune homme entreprenant sous sa large paume tant cet être qu’il avait pourtant été durant vingt-quatre années lui paraissait bizarrement étranger. D’un air d’une neutralité teintée de fatalisme, il secoua la tête avec un nouveau soupir, et déclara :

« J’aimerais bien savoir comment vous avez fait, mais vous avez tout trouvé… je ne sais pas ce que vous en pensez mais c’est ainsi. Je suis ce que je me suis fait devenir. »
« Modifié: lundi 27 avril 2009, 01:23:34 par Saïl Ursoë »
Dites, en me voyant, que voyez-vous ?                             En vérité, je suis partagé
Est-ce un monstre, un cauchemar, un loup fou ?                  Entre Khral, ce fougueux loup emporté
Est-ce un fort centaure qui brame et mord ?                       Et Saïl ce timide humain gêné,
Est-ce une bête de poils au coeur d'or ?                            Mais ça, jamais mal intentionné !
Est-ce Elephant Man qui crie, mis à mal :                          Certes, je grogne, je bondis je rue,
« Non, je ne suis pas un animal ! » ?                               Mais jamais je ne griffe ni ne tue.
                                                                               Aussi, approchez donc, n'ayez pas peur.
                                                                               C'est promis, je vous recevrai sans heurt.



Cyanne

Créature

Re : Les landes (PV)

Réponse 20 mardi 21 avril 2009, 18:44:59

Cyanne resta muette un instant. L'eau sur le mur séchait, et cette même eau ne lui soufflerait donc plus les réponses. Elle eut un long soupir, regardant le mur reprendre son apparence normale, petit à petit. Elle s'affala épuisée sur sa chaise, fermant ses yeux, les frottant quelque peu. Tout ces calculs avaient fait tourner sa tête ... elle était épuisée, éreintée mentalement, comme lors qu'une réflexion intense. Tout avait marché ensemble, les moindres recoins de son cerveau de jeune femme avaient sût trouver LES reponses, LES raisonnements exacts aux secrets de ces écritures scientifiques. Elle avait réfléchit comme jamais, et ce pour maintenant ne plus rien comprendre ... elle poussa un long soupir et jeta un regard vers Khral. Elle était impressionnée par lui au départ, son physique invoquant une sorte de terreur à l'idée de se retrouver son ennemi. Puis elle avait été impressionnée par ses raisonnements scientifiques, ses formules, composition et idées notées ici. Et désormais, elle avait un air renfermé qui stagnait sur son doux visage, un air de tristesse, de fatalisme ... elle passa sa main sur son front.

- Je ne connais rien en scientifique. Sans l'eau, je n'aurais rien sû. Je ne dépend que d'elle ... Je ne suis rien sans l'eau. Chaque fois que je dois faire quelque chose, c'est sur l'eau que je dois compter, jamais sur moi ! Merde !  MERDE !!

Elle mit sa tête dans ses mains, pleine de rage et de desespoir, et resta dans cette position pendant une minute silencieuse environ. Elle qui avait une voix d'un naturel joyeux, elle se retrouvait désormais avec cette voix grave ( dans le sens sérieux ), ce ton tout aussi sérieux. Elle passa nerveusement sa main sur son visage, repoussant ses cheveux en arriére, sa voix se chargeant de tristesse au fur et à mesure de ses paroles.

- Je ne peux pas me permettre de penser du mal de vous. Je ne peux que vous féliciter pour votre esprit brillant. Vous trouverez sûrement la solution à vos problémes, et moi je resterai sur ce sol, sans aucune solution pour rejoindre les miens.

Elle plaqua sa main sur sa bouche, prise d'une crise de larme effarante. Jamais la mer ne lui avait autant manquée, jamais elle ne s'était sentie aussi seule, aussi éloignée de ses repéres ... Elle cala se nouveau son visage entre ses mains, ne pouvant cesser de pleurer, ressentant en cet instant tout ce qu'elle n'avait pas pû ressentir auparavant. Fini les folles années où elle était joyeuse d'être sur terre, désormais elle était ... inqualifiable.

C'est vivre et cesser de vivre qui sont des solutions imaginaires. L'existence est ailleurs.




Saïl Ursoë

Créature

Re : Les landes (PV)

Réponse 21 mardi 21 avril 2009, 20:04:00

A voir la réaction hystérique de la jeune fille, il était évident que la personne qui avait le plus gros problème d’entre eux deux était elle : autant Saïl, tête dure et froide comme il l’était, avait su conserver son intégrité morale et intellectuelle intacte en s’entourant d’une bulle de rationalisme lorsque les pressions mentales s’étaient faites trop fortes, autant Cyanne avait à ce qu’il semblait l’esprit autant que le corps d’une adolescente, et de cela résultait un bouillonnement d’émotions qui jaillissaient à la surface de cette petite enveloppe charnelle, et ce pas toujours en bien. La preuve en était du cas présent où elle se mettait à se haïr de n’être apparemment pas capable de faire quelque chose de valable d’elle-même, sentiment que le jeune scientifique tout autant que n’importe qui d’autre avait pu ressentir à un moment ou à un autre de son existence : cette atroce sensation que le poids que l’on exerce sur le monde est en réalité nul, et que l’on pourrait disparaître aussi simplement qu’une bulle de savon sans que cela pût faire quoi que ce fût à quiconque. Bien évidemment, cela était éminemment faux en ce qui concernait la vive donzelle dont la seule présence était un rayon de soleil d’une éblouissante vivacité, mais elle ne s’en rendait pas compte, se morfondant dans tout ce qu’elle pouvait trouver de négatif en elle, se rabaissant plus bas que terre, se lamentant de l’apparente irrévocabilité du passé sans chercher à aller de l’avant. C’était une attitude que l’homme-loup désavouait, mais si inapte qu’il fût socialement, il était tout le contraire d’un sans-cœur, et savait par conséquent que toute personne a de temps en temps besoin de se laisser aller à des mouvements d’humeur quand le stress ressenti et accumulé se fait trop important.
Dans le cas présent, il ne bougea pas tandis que la pauvresse vitupérait contre elle, car de la même manière qu’il valait mieux attendre qu’un récipient rempli d’un liquide bouillonnant prît le temps de refroidir plutôt que de s’en saisir étourdiment, Cyanne avait besoin de calmer ses ardeurs avant que Saïl ne la rejoignît : se précipiter au contact de cette demoiselle à fleur de peau aurait pu ne faire que s’envenimer les choses, aussi était-il préférable d’attendre le calme qui suit chaque tempête de colère.

Et celui-ci vint bien rapidement, la coléreuse s’épuisant pour ne plus consister qu’en une malheureuse tremblante et pleurante : après avoir grimpé haut dans les émotions, elle retombait au trente-sixième dessous, et il revenait désormais à son gardien attitré de la réceptionner avant qu’elle ne se cassât quelque chose, ce qu’il fit du contact rassérénant d’une de ses larges paluches sur la frêle épaule gauche tandis que l’autre caressait doucement la pétulante cascade de cheveux d’or et qu’il posait un genou en terre devant elle. Maintenant qu’ils avaient dépassé le stade de la méfiance, de la crainte et de la défiance, le loup-garou se sentait incroyablement plus humain qu’il ne se l’était senti ces derniers temps : il agissait avec un chaleureux naturel, et d’avoir été fils unique ne l’empêchait pas d’adopter l’attitude rassurante et protectrice d’un grand frère à l’égard de cette petiote qui avait bien besoin de réconfort.

« L’eau fait partie de vous Cyanne. Vous ne dépendez d’elle qu’au même titre qu’une personne dépend de sa bouche pour parler et pour boire : ce n'est pas une bouée de sauvetage mais un atout et vous ne devez pas avoir honte de pouvoir vous en servir. »

Il s’exprimait du ton sans équivoque qui n’admettait pas de réplique qu’il utilisait le plus souvent pour faire la démonstration de ses théories ou pour exposer un cours, sa voix résonnant, grave et ferme dans l’ample espace de la caverne, toute la puissance et la véracité des mots de l’homme-loup semblant s’amplifier à la mesure de l’écho qu’elle provoquait. Désormais, si brèche il y avait eu dans le voile de la tristesse de l’ex-sirène, il fallait y faire passer davantage de paroles pour gonfler ce voile et le faire éclater sous leur sens ; et si cela n’avait pas suffi, il fallait de toute manière poursuivre pour bien lui montrer qu’elle n’était pas seule, que cet « esprit brillant » était à son service pour lui venir en aide et lui faire retrouver le charme de ses années passées :

« Souvenez-vous de ce que je vous ai dit : ne perdez pas espoir. Vous avez pu voir de quoi je suis capable, et en ce qui vous concerne, si vous avez été sirène un jour, vous devriez pouvoir le redevenir. Tout ce qu’il me faut c’est un échantillon de votre A.D.N… et du temps bien entendu, et je parviendrai à faire renaître la sirène qui est en vous…  »

D’un geste ferme mais attentionné, il lui releva ensuite le menton, forçant les prunelles café crème à faire face à celles noisette, comme pour qu’elles fussent imprégnées de l’invincible détermination qui brûlait dans ces dernières. Ne pouvant supporter de voir ces si beaux yeux entachés de larmes, il essuya à gestes doux les rigoles lacrymales qui s’étaient formées le long de l’angélique visage et acheva sa phrase d’une voix vibrante de confiance :

« …je vous le promets. »
« Modifié: lundi 27 avril 2009, 01:39:57 par Saïl Ursoë »
Dites, en me voyant, que voyez-vous ?                             En vérité, je suis partagé
Est-ce un monstre, un cauchemar, un loup fou ?                  Entre Khral, ce fougueux loup emporté
Est-ce un fort centaure qui brame et mord ?                       Et Saïl ce timide humain gêné,
Est-ce une bête de poils au coeur d'or ?                            Mais ça, jamais mal intentionné !
Est-ce Elephant Man qui crie, mis à mal :                          Certes, je grogne, je bondis je rue,
« Non, je ne suis pas un animal ! » ?                               Mais jamais je ne griffe ni ne tue.
                                                                               Aussi, approchez donc, n'ayez pas peur.
                                                                               C'est promis, je vous recevrai sans heurt.



Cyanne

Créature

Re : Les landes (PV)

Réponse 22 mardi 21 avril 2009, 21:18:44

Une promesse. Juste une promesse. Quelques mots sans importance, qui , reliés en une phrase, apportait au coeur de porcelaine de la jeune fille une onde de plaisir. Elle eut un petit sourire, essuya avec ses petites mains ses joues rouges et passa sa main dans ses longs cheveux blonds platines. Elle était desemparée ... Elle renifla, se frotta les yeux comme une enfant qui pleure parce qu'on a oublié de venir la chercher à l'école. Elle ne trouva pas vraiment grand chose à répondre, et retirant doucement son visage d'entre les mains de Khral pour fixer le sol, silencieuse. Il mentait. Il ne pouvait pas la faire redevenir siréne, tout simplement parce qu'il manquait un élément capital qui faisait qu'elle devenait siréne. Elle  se frotta les yeux, les relevant devant ceux de Khral, et toussa pour tenter de prononcer une phrase.

- Je ne peux pas. Les sirénes possédent une pierre, coincées en bas de la nuque, en haut de la colonne vertebrale.

Elle indiqua ce lieu avec sa main, la passant negligemment dans sa nuque.

- Et c'est cette pierre qui fait que l'on peut aller dans l'eau et voir nos jambes devenir une queue de siréne. Tout ce que vous reussirez à faire, c'est faire de moi une flaque.

Elle le regarda d'un air déçu, et passa de nouveau sa main sur son visage.

- Or cette pierre s'est brisés en même temps que mon ...

Elle rougit légérement, tournant la tête sur le côté.

- Que mon hymen.

Elle n'osait plus tellement le regarder. il devait la prendre pour une jeune fille pure, et voilà qu'il apprenait qu'elle avait était la proie des plaisirs de la chair. Elle serra dans ses petits poings les plis de sa robe noir en repensant à ce moment, rougissant de plus belle.

C'est vivre et cesser de vivre qui sont des solutions imaginaires. L'existence est ailleurs.




Saïl Ursoë

Créature

Re : Les landes (PV)

Réponse 23 mercredi 22 avril 2009, 00:37:08

Miséricorde ! Décidément, Terra n’aurait jamais fini de lui réserver des surprises, et parmi celles-ci bien des mauvaises, la preuve en était de la consternante révélation que lui faisait Cyanne : plus il passait de temps dans ce monde empreint de magie, plus il avait l’impression que tout ce qui le composait échappait à l’emprise des lois physiques, biologiques et chimiques, glissant entre les mailles des raisonnements que Saïl pouvait tisser, aussi étroits fussent-elles, rendant la tâche aussi vaine que d’essayer de capturer de l’air avec une passoire. Que penser de tout cela ? A se rendre compte que les connaissances dont il était le plus fier se révélaient complètement inefficaces à l’encontre des problèmes surnaturels dont la solution résidait le plus souvent dans quelque mystique expédient, il se sentait complètement désemparé. Pire que cela, il avait presque le sentiment que ce à quoi il avait voué sa vie n’avait été qu’un mensonge, ou plutôt que la partie émergée d’un iceberg d’une ampleur qui lui apparaissait toujours plus gargantuesquement inabordable : l’adolescente se sentait malheureuse d’avoir laissé une partie de sa vie derrière elle ? Hé bien que dire de lui qui se retrouvait étreint de l’abominable certitude de voir tout son étalage culturel réduit à une taupinière d’inutilité flagrante ? Peut-être au fond n’était-il pour Terra qu’un monstre ermite qui courait après des chimères en se croyant un observateur avisé du haut de sa tour d’ivoire scientifique…

Non ! Qu’avait-il dit ? Même devant les coups du destin les plus cruels, il fallait toujours faire en sorte de se relever et de se tourner vers l’avenir, et c’était ce qu’il ferait ! Et après tout, qui avait dit que le scalpel de son savoir se retrouvait rouillé et émoussé pour autant ? En dépit de toutes les étrangetés qu’il pourrait rencontrer, tout corps restait composé de molécules et pourrait ainsi rester décryptable par l’appareil intellectuel du savant sans pour autant s’avérer aussi facilement modulable qu’il avait pu avoir l’audace de le croire : s’était-il cru à cette époque reculée où la science s’assimilait trop souvent à une alchimie aux allures de sorcellerie faite de superstitions sans fondements, exercée à la lumière douteuse de remèdes de grand-mère et de décoctions faites au petit bonheur la chance ? Encore une fois, non, on ne le prendrait pas à pouvoir être comparé à un apprenti enchanteur qui tripoterait deux trois formules dans l’espoir de voir apparaître le résultat qu’il escomptait : il était un scientifique, et en tant que tel, se devait de procéder avec mesure, clarté d’esprit et finesse de raisonnement. Quand bien même il serait dépassé techniquement parlant par quelque moyen magique, il conserverait toujours son génie méthodique qui lui permettrait de faire face efficacement à toute situation afin de s’en sortir le mieux possible !

Ragaillardi par un tel discours intérieur de motivation, Saïl encaissa le choc de la profonde déception qu’il avait subie en s’ébrouant gaillardement pour chasser le désespoir qui avait commencé à l’étreindre : il ne devait pas oublier que son invitée avait toujours le moral dans les chaussettes, et qu’en tant que protecteur, il ne pouvait le permettre ! Tant pis pour son estime de soi à voir ainsi ses belles offres de service être jetées à bas et la flammèche de sa gloriole s’éteindre aussitôt allumée car après tout, c’est en faisant des erreurs que l’on progresse, et en l’occurrence, ce qu’il apprenait ne tombait pas dans l’oreille d’un sourd : une pierre ? Vraiment intriguant, et si cela n’avait pas été une entorse majeure au serment d’Hippocrate qui impliquait de ne pas maltraiter un être pensant, il aurait été bien curieux de pouvoir examiner une telle chose… mais pour revenir à nos moutons, il écoutait Cyanne avec attention, et tomba donc des nues lorsque la révélation tomba comme un galet dans une mare. Hé bien, il semblait que l’adolescente fût précoce pour avoir déjà eu de telles relations à un âge où lui-même n’avait pas encore embrassé une fille ! Quoiqu’il ne devait pas oublier qu’elle pouvait être considérablement plus vieille que le laissait paraître son physique de fillette. Vraiment, tout cela était déconcertant, et il sentait qu’il aurait besoin d’un bon moment dans le calme pour remettre de l’ordre dans ses idées après être ainsi allé de surprises en surprises ; en l’occurrence, il ne parvenait pas à comprendre la relation de cause à effet qu’il pouvait y avoir entre la perte de sa virginité et celle de son statut de créature marine mythique : même si on pouvait discerner une explication symboliquement parlant, Saïl restait on ne peut plus dubitatif du point de vue purement physiologique de la chose.

Enfin bon, il ne voyait pas pourquoi elle aurait pu lui mentir, et qui était-il pour trouver à redire sur ce qui pouvait survenir en ce monde par tant d’aspects si richement complexe et tordu qu’était Terra ? Parfois, les choses arrivaient, et en l’absence d’une explication à fournir, plutôt que de faire un blocage, il fallait assumer et réagir au mieux. Dans le cas présent, il poussa un soupir résigné, à la fois étonnement et commisération, et avança encore une fois une de ses mains pour ramener délicatement les mèches blondes de Cyanne derrière ses épaules avant de lui tapoter celles-ci avec sollicitude :

« Ce qui est fait est fait, et je n’ai pas à vous juger. A vous de voir si vous ressentez ça comme une grosse erreur ou comme une expérience agréable et enrichissante, et nous inquiétez pas : je ne vous considère pas comme une garce si c’est ce que vous craignez. »

Il ne souriait pas, mais son ton était suffisamment doux pour appuyer la bienveillance attendrie qu’il mettait dans ses paroles, et le fait était qu’en dépit de tout ce qu’il avait appris à son sujet, il ne pouvait s’empêcher de se comporter avec elle comme il l’aurait fait avec une petite sœur.
« Modifié: lundi 27 avril 2009, 01:51:43 par Saïl Ursoë »
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Est-ce un fort centaure qui brame et mord ?                       Et Saïl ce timide humain gêné,
Est-ce une bête de poils au coeur d'or ?                            Mais ça, jamais mal intentionné !
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Cyanne

Créature

Re : Les landes (PV)

Réponse 24 mercredi 22 avril 2009, 11:43:21

La jeune fille fut légèrement rassurée de savoir que cette « révélation » n’obstruait en rien leur relation amicale. Elle eut un petit sourire de remerciement à l’intention de Khral. Décidément, cet homme - car elle le considérait comme un être unique sans pour autant le rejeter ou le classer - était une perle, une vrai perle. Il était sublime, intelligent, gentil, charmant … tout ce qu’on peut espérer du pseudo «  Prince Charmant ». Elle n’arrivait pas à percer les pensées de ce loup, il aurait fallu qu’elle le recouvre d’eau pour tout savoir sur lui, et elle n’y tenait pas tant que ça , et elle ne pouvait pas tellement le comprendre. Elle n’avait pas un esprit scientifique extrême, un calme et une gentillesse telle que lui, et était tout à fait différente de lui. Cependant, elle ne put s’empêcher de ressentir une pointe de tristesse en pensant à lui qui voulait tellement changer, et elle qui le voulait aussi. Pour lui, c’était possible, pour elle, terminé. Elle ne le regrettait pas, non, connaître ce genre de plaisirs n’avait pas de prix pour elle, mais ne pouvait s’empêcher de penser que même si son hymen était resté sur terre, son cœur stagnait au fin donc de l’océan.

Elle passa sa main maladroitement le long de la nuque de Khral, tout en souriant.


- Vous êtes vraiment un être à part, dit-elle d'une voix douce.

Elle lui sauta dessus pour lui faire un grooooooooos câlin ( bisounours :DD * tue le bisounours * ), tout contre lui, comme si il était une éponge à son chagrin et à ses problèmes. Elle lui faisait confiance, et jamais elle ne s’était sentie aussi bien avec quelqu’un de si différent mais aussi tellement comme elle … elle eut un sourire, et s’enfouit tout contre lui en souriant de plus belle.

C'est vivre et cesser de vivre qui sont des solutions imaginaires. L'existence est ailleurs.




Saïl Ursoë

Créature

Re : Les landes (PV)

Réponse 25 mercredi 22 avril 2009, 21:52:29

Lorsqu’il sentit la main fine et froide sur sa nuque, Khral eut un moment la pulsion instinctive de se dresser sur ses pattes en une posture défensive, grondant et montrant ses dents : la nuque était l’endroit par lequel les petits étaient agrippés pour être transportés, et vouloir se saisir d’un loup par cet endroit signifiait par conséquent que l’on voulait établir une relation de domination sur lui ; une emprise physique. De plus, le timide Saïl lui-même n’avait jamais apprécié qu’on le touchât par surprise, se raidissant avec un sursaut presque paniqué dès que quelqu’un lui tapotait l’épaule ou lui administrait une claque dans le dos sans prévenir, cela provoquant généralement un élan d’hilarité de la part du surpreneur de voir ce garçon autant à fleur de peau.
Mais en l’occurrence, il se retint fort heureusement de faire le Grand Méchant Loup, se contenant pour réduire son mouvement de panique soudain à un frisson qui lui hérissa les oreilles tandis qu’il se tançait pour avoir trop laissé son attention être absorbée par ces adorables yeux grands et clairs. Restait tout de même que ce contact inattendu l’intimidait, et que sans pour autant s’en sentir ensorcelé ou captivé, il ne parvenait pas à se défaire d’une certaine sensation de gêne rehaussée du plaisir qu’il éprouvait à pouvoir se dire qu’il n’était pas aussi intouchable qu’il l’aurait pu croire… et bien entendu cette sensation se retrouva décuplée par les propos élogieux de l’ex-sirène qui n’avait pour autant pas perdu de son charme de créature mythique à ce qu’il pouvait juger de sa voix mélodieuse et chaleureuse… et encore une fois bien entendu, il se retrouva comme deux ronds de flan lorsque Cyanne élança son petit corps contre le colosse de poils et de muscles qu’il était.

La pierre lancée par David sur Goliath ne dut pas avoir plus d’effet que l’adolescente élancée en plein dans la poitrine de l’homme-loup qui la reçut avec une exclamation étouffée de surprise, confus d’une telle familiarité de la part d’une personne qu’il ne connaissait que depuis quelques minutes à peine, et avec qui la première approche avait été pour le moins houleuse : quel contraste entre cette image de protecteur qu’elle semblait désormais avoir de lui comparée à celle de prédateur qu’elle lui avait crue au premier abord ! La situation avait de quoi surprendre, et Saïl en resta en effet pantois durant quelques secondes, ne pouvant croire qu’il se voyait octroyé une telle confiance, lui qui même de sa vie humaine n’avait que rarement pu se lier assez étroitement avec quelqu’un pour pouvoir l’étreindre avec autant de tendresse. L’instant qu’il vivait était d’autant plus doux et câlin qu’il était pour le loup-garou dépourvu d’ambiguïté : point de fantasme dans son esprit, et bien qu’il eût eu durant un bon bout de temps à subir une abstinence digne d’un moine, il ne se serait jamais permis de se laisser aller à des avances aussi lestes envers celle qu’il avait adoptée comme une petite sœur, fut-ce l’espace de cette nuit seulement.

(Quel gâchis.)
Grogna la partie animale de son être à l’idée de ne pouvoir profiter de cette chair tendre et ferme qui s’offrait à ses avances.

Mais le fait était que l’humain avait un cœur d’or, et ne pouvait s’empêcher de ne nourrir que des pensées bienveillantes dénuées de toute pulsion sexuelle… ou du moins il s’en efforçait, car même lui se devait d’avouer qu’il n’était pas insensible à la beauté et à l’allant de Cyanne qui ne lui donnaient pas que des idées innocentes. Toutefois, il les chassait aussi violemment qu’un loup chasse des intrus de son territoire, les défiant de venir à nouveau empoisonner le lac paisible de ce moment si heureux qu’il connaissait pour ne se concentrer que davantage sur cette petiote qui semblait avoir bien besoin de réconfort :

« Tu l’es tout autant. »
Rétorqua-il en lui tapotant affectueusement le dos, ne sachant trop que dire d’autre.
« Modifié: lundi 27 avril 2009, 02:38:10 par Saïl Ursoë »
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Est-ce une bête de poils au coeur d'or ?                            Mais ça, jamais mal intentionné !
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Cyanne

Créature

Re : Les landes (PV)

Réponse 26 mercredi 22 avril 2009, 23:08:05

Cyanne renifla un peu violemment, relevant les yeux vers Khral. Ses yeux ... ils étaient emprunts d'une sorte de mélancolie, de tristesse, de douceur, elle avait un regard qui trahissait sa peur de se perdre dans les flots de la vie, de se retrouver sur une trottoir, de ne plus rien gêrer , de voir tout se détruire ... elle eut un nouveau reniflemment, et passa sa main sur son visage, comme pour chasser cette humeur qu'elle n'aimait guère. Elle remua ses cheveux, les faisant onduler comme des vagues dorées ou des algues rebelles au find find de l'océan, et se recolla de nouveau contre Khral. Elle avait trouvé son refuge, sa tanière à elle, le moyen de trouver un peu de réconfort. Elle rougit à son compliment, ne sachant pas s'il disait ça par pitié ou obligation, ou s'il le pensait réellement, et replongea les yeux dans les siens, esquissant un léger sourire, réalisant qu'il l'avait tutoyée.

- Tu dis ça pour me faire plaisir, non ?

Elle eut à nouveau ce sourire innocent.

- Jamais je n'ai rencontrée une personne comme toi. Je desesperais d'en croiser un jour a vrai dire ...

Elle baisse son regard, le releva avec cet air amusé qu'on les enfants de 5 ans et lui colla un énorme baiser sur la joue, avant de retourner tout contre lui, souriante. Cette personne était vraiment une perle rare ... Tout l'or du monde ne l'egale pas, songea t'elle. Il est unique.

C'est vivre et cesser de vivre qui sont des solutions imaginaires. L'existence est ailleurs.




Saïl Ursoë

Créature

Re : Les landes (PV)

Réponse 27 vendredi 24 avril 2009, 01:51:41

Ahlala, plus il la côtoyait, plus il pouvait être certain qu’elle était irrésistiblement mignonne : tout à fait le genre de fille que l’on ne peut qu’aimer et qui saurait se faire pardonner les pires bêtises par des sourires angéliques incomparablement désarmants ; après laquelle tous les garçons pourraient courir et pourtant envers laquelle seules les âmes les plus noires pourraient nourrir des idées perverses tant il aurait semblé sacrilège d’attenter à l’intimité d’une adolescente aussi magnifiquement attendrissante. Or, d’après elle-même, cela était sans aucun doute déjà survenu pour qu’elle eût perdu son hymen, et sans toutefois qu’il se fût permis de montrer la perplexité un peu malaisée dans laquelle cette révélation l’avait plongé –autant par politesse que pour ne pas en rajouter à son chagrin apparemment déjà bien gros- ni de demander en quelles circonstances une pareille défloration s’était produite, il ne pouvait s’empêcher de laisser trotter dans son esprit l’énigme que pareil épisode représentait. A peine seize ans tout au plus, et déjà dépucelée ! Mais le scientifique ne devait pas négliger une donnée importante à laquelle il avait toujours du mal à se faire : une quinzaine s’années physiquement, mais en âge réel, qu’en était-il ? C’est que, sans connaître quoi que ce fût qui ne fût de l’ordre du folklore, Saïl supposait que ces créatures surnaturelles qu’étaient les sirènes pouvaient possiblement vivre des siècles entiers, et il n’était donc pas impossible que la fillette qui l’étreignait si gaminement le dépassât en réalité largement en années ! Pourtant, en dépit de tout cela, il la considérait toujours comme une personne ayant véritablement une bonne décennie de moins que lui, et sur laquelle il pouvait veiller du haut de l’expérience de la vie qu’il avait, autant pratique que théorique. Il écartait l’hypothèse que cela fût dû à quelque charme insidieux de la part de Cyanne qui aurait pu faire usage d’une sorte de magie pour dissiper sa méfiance, ne pouvant croire qu’elle pût être animée d’autre chose qu’une innocente envie de mordre à pleine dents dans ce gros fruit au goût si étonnant qu’était le monde.

Elle était réellement adorable, et ce au sens le plus littéral du terme dans celui où on ne pouvait certainement que l’adorer : chacune de ses réactions, chacune de ses paroles touchait un peu plus l’homme-loup au cœur d’artichaut… et l’embarrassait encore davantage d’être la cible de tant d’attentions, encore plus intimidé que s’il eût été acclamé par une assemblée toute entière. Encore, à la première réplique ponctuée de mimiques si craquantes qu’il s’en sentit déjà fort déstabilisé, il trouva suffisamment d’un reste d’assurance en lui pour répondre avec suffisamment d’aplomb pour ne pas bafouiller bêtement :

« Hé, un scientifique dit toujours la vérité ! »


Phrase pas trop mal trouvée et amenée qui lui épargna de se retrancher dans un mutisme timoré, mais elle lui porta alors un second coup en commençant par une approche consistant à lui décocher le sourire le plus chaleureux qu’un visage eût jamais pu afficher avant de poursuivre par des compliments qui laissèrent son auditeur complètement pantois, ne pouvant cette fois-ci vraiment plus trouver ces mots.
A ce stade, il convient de faire un petit aparté pour rappeler que Saïl n’avait ni frère ni sœur, grand ou petit, et bien qu’il eût grandi entouré de parents aimants, il n’avait côtoyé de manière proche que trop peu d’enfants de son âge, et encore moins qui fussent plus jeunes que lui, un laboratoire de recherches n’étant en effet que rarement le terrain de jeu préféré des garçons et filles. En ce sens, on concevra aisément que notre ami Ursoë était fort peu usager de la coutume du bisou, pour ne pas dire complètement néophyte en la matière.
L’auteur ayant terminé son laïus, il n’insistera pas davantage et se passera d’ailleurs de tout commentaire ou description annexe quant à ce que fut la réaction immédiate du loup-garou, faisant confiance au lecteur indubitablement assez dégourdi pour se douter qu’il subsista dans cet état de court-circuit quelques bonnes secondes avant que ses capacités ne lui revinssent à tâtons avec une cohérence maladroite comique à voir, les yeux grand ouverts d’incrédulité, les bras ballants de surprise et le cœur battant d’émotion.

Lorsqu’il eût remis à peu près de l’ordre dans ses idées, ce fut pour réagir avec toute la conviction de bienveillant protecteur qu’il possédait, ramenant en position fœtale contre lui la petite Cyanne qui paraissait d’autant plus enfantine lorsqu’on comparait sa stature à celle de Khral, enveloppant cet amour d’humaine entre ses grands bras, devant faire preuve d’un sens de la mesure peu évident à respecter pour ne pas la serrer de toutes ses forces. Avec cette boule de chair palpitante de vie contre son cœur, le sentiment de bien-être et de sécurité que lui procurait sa maison était tout simplement décuplé, les antiques parois de pierre se voyant doublées d’une inviolable bulle de tendre tranquillité :

« Tu n’as pas à avoir honte de toi, crois moi. Sois fière de ce que tu es car tu vaux plus que tout l’or du monde. » Lui murmura-t-il en la berçant doucement.
« Modifié: lundi 27 avril 2009, 02:45:37 par Saïl Ursoë »
Dites, en me voyant, que voyez-vous ?                             En vérité, je suis partagé
Est-ce un monstre, un cauchemar, un loup fou ?                  Entre Khral, ce fougueux loup emporté
Est-ce un fort centaure qui brame et mord ?                       Et Saïl ce timide humain gêné,
Est-ce une bête de poils au coeur d'or ?                            Mais ça, jamais mal intentionné !
Est-ce Elephant Man qui crie, mis à mal :                          Certes, je grogne, je bondis je rue,
« Non, je ne suis pas un animal ! » ?                               Mais jamais je ne griffe ni ne tue.
                                                                               Aussi, approchez donc, n'ayez pas peur.
                                                                               C'est promis, je vous recevrai sans heurt.



Cyanne

Créature

Re : Les landes (PV)

Réponse 28 vendredi 24 avril 2009, 11:36:17

La petite Cyanne eut un petit sourire et se cala tout contre le loup, fermant doucement les yeux, et doucement sombrant dans un sommeil profond. Ses yeux se fermérent, sa respiration se fit plus douce encore, plus calme, presque inexistante pour qui la prendrait pour un cadavre de jeune fille, et elle qui agrippait avec une force maladroite Khral, laissa ses muscles se calmer et devenir presques mous, fatigués. Elle eut un petit soupir avant de s'endormir entre les bras de Khral, et secoua une derniére fois ses méches pour trouver LE bon endroit où poser sa tête. Alors là ... elle resta immobile, endormie, respirant la minimum, son corps se soulevant parfois un peu violemment au rythme des cauchemars qui hantaient ses nuits, un lèger ronflemment tout mignon, presque un soupir, remplaçant sa voix.

Khral avait raison pour son âge : elle en possédait beaucoup plus que lui. Elle ignorait combien, mais elle en possédait énormément. Ses souvenirs emplirent son sommeil, elle et ses amies,   le temple de Ctulhu, les priéres mensuelles, les fêtes mensuelles, les balades dans l'eau avec les poissons, les discussion philosophiques avec les requins blancs ... Elle remua à nouveau, son visage se fronçant quelque peu. Elle se souvint de cette baleine morte, de ces requins rejettés à la mer sans leurs ailerons et des pouvoirs mis en place pour leur restituer ces ailerons en question, en sauvant 100 sur 500 seulement. Elle se rappela des destructions, des eaux devenues noires ou rouges, des pêcheurs violents ... elle remua de plus belle, tentant d'ouvrir les yeux mais ne se reveillant pas, tandis que les cris de la mer qui souffrait emplissait ses oreilles. Elle entendait les cris des requins, des baleines, des dauphins qui souffraient, de son amie tuée ...

Elle rouvrit violemment les yeux, sans un cri, restant immobile, les yeux grands ouverts, morte de peur. C'était si proche ...

C'est vivre et cesser de vivre qui sont des solutions imaginaires. L'existence est ailleurs.




Saïl Ursoë

Créature

Re : Les landes (PV)

Réponse 29 vendredi 24 avril 2009, 19:22:36

Comme il l’avait espéré, la petite se laissa faire et se pelotonna même avec encore plus d’insistance contre cette ample poitrine bien fournie qui valait sans doute les coussins les plus confortables, agitant encore sa tête blonde de gestes mous et vagues comme une enfant se vautrant avec bonheur dans des draps soyeux pour se délecter de leur contact, promesse d’une nuit de repos réparatrice dans un nid douillet de confort et de tiédeur. Saïl pouvait décrypter dans l’activité corporelle de sa protégée tous les signes annonciateurs d’un endormissement très proche, et de fait, en quelques secondes à peine, ses yeux se fermèrent pour de bon, ses lèvres n’exhalèrent plus qu’un souffle léger et régulier, ses membres devinrent aussi inertes que ceux d’une poupée, et le seul son qu’elle en vint à émettre fut un faible zézaiement venant de l’air qui filtrait de sa bouche entrouverte. Voilà qui n’était pas étonnant avec tous les efforts qu’elle avait dû fournir pour crapahuter aussi loin dans les contrées du Chaos comme elle l’avait fait, sans compter la tension due à sa rencontre avec Khral et l’énergie qu’avait dû lui coûter son rituel aquatique.
Avec un sourire attendri, l’homme-loup contempla une minute ou deux le corps plongé profondément dans les affres du sommeil puis, ne pouvant résister à la tentation, dégagea quelques mèches du front de l’adolescente pour y déposer un délicat baiser, après quoi, avec un soupir mélancolique, il se leva plus prudemment que s’il avait tenu une cuve de nitroglycérine entre ses mains pour se diriger à pas de loup (no comment) en direction du grand tapis de fourrure sur lequel il étendit Cyanne avec mille égards pour éviter de la réveiller à peine endormie. Il retint son souffle lorsque celle-ci laissa échapper un murmure gémissant en fronçant légèrement les sourcils, comme si elle avait perçu qu’elle avait été séparée de son cocon vivant, mais souffla de soulagement lorsqu’elle se roula en fin de compte en boule, la chaleur cumulée du matelas et du feu étant apparemment suffisante pour la maintenir confortablement dans les bras de Morphée en dépit de ses effets vestimentaires bien peu adaptés au climat nocturne.

Bon, ce n’était pas tout de faire le grand cœur, mais pendant ce temps là, l’heure tournait ! Pour la partie de chasse de ce soir, c’était définitivement grillé avec l’invitée à protéger, état de faits contre lequel son estomac ne manqua pas de récriminer à grondements plaintifs, mais cela ne voulait pas dire qu’il allait passer le reste de la nuit dans l’oisiveté qui était la mère de tous les vices comme le voulait le proverbe : l’examen de la magicienne des eaux lui avait fait voir ses computations scientifiques sous un angle nouveau, et les idées se pressaient dans son esprit en une file d’attente dont il avait bien du mal à maintenir l’ordre, fébrile qu’il était à l’idée de se remettre à son étude. D’ailleurs, griffonner sur les tablettes de pierre improvisées qu’il avait l’habitude d’utiliser ne rendait pas le ravitaillement impossible, ce qu’il prouva à plusieurs reprises au cours de son travail : s’occuper à écrire ne l’empêchait pas d’être aussi aux aguets que d’habitude, et dès qu’un des rongeurs qui pullulaient dans les parages croyait pouvoir se faufiler, faisant fi de l’odeur de carnivore qui imprégnait les environs, une des pattes de Khral jaillissait comme un implacable harpon, s’accompagnant d’un couinement paniqué qui prenait très vite fin dans des bruits de mastication mêlés du craquement de petits os, le destin de l’intrus se voyant s’achever entre les mâchoires du loup-garou.
Et pendant un temps qu’il ne prit pas vraiment la peine d’estimer, il traça, grava, biffa, rectifia, corrigea, annota, etc, recouvrant son ardoise de fortune avec moult marmonnements jubilatoires qui montraient la passion qu’il avait pour un tel exercice ainsi que les espoirs qu’il espérait concrétiser en traçant le chemin d’une liste d’ingrédients pour confectionner un antidote au Terranis selon la formule que Cyanne avait mentionnée en second. Bien sûr, comme elle l’avait fait remarquer, celle-ci brillait par sa simplicité et non par son efficacité : Saïl admettait que l’on pouvait douter qu’elle fût capable d’avoir suffisamment d’impact sur son organisme pour inverser la transformation, et qu’il n’était pas impossible que le résultat fût peu probant, voire désastreux, mais il ne fallait négliger aucune piste, d’autant plus que celle-ci avait le mérite non moindre de pouvoir être relativement facilement applicable : l’homme-loup s’était constitué au fil des mois une connaissance plutôt solide du terrain, et avait bon espoir d’être capable de réunir les composants nécessaires à l’Humanis Simplex comme il avait baptisé ce projet en allant glaner des ingrédients ici et là. Il allait de soi qu'une telle récolte ne serait pas une promenade de santé, et requerrait vraisemblablement des semaines de recherche puis de manipulations et de tests, mais Rome ne s’est pas faite en un jour, et une telle élaboration prendrait le temps qu’il faudrait : à force de patience, d’essais et d’expérimentations, et à condition de mener le tout avec intelligence et prudence, l’heure de la solution finirait par venir !

Ce fut alors qu’il prononçait mentalement cette certitude farouche que son ouïe affûtée le prévint qu’il y avait du remue-ménage dans sa chaumière et, délaissant sa tâche sur un ultime point, il se précipita aux côtés de celle qui était comme sa pupille, rocher sous le bras. La voir gigoter avec de pénibles geignements lui donna l’impulsion de tout de suite se ruer sur elle pour la réveiller et la sortir de cette manière en vitesse du cauchemar dans lequel elle était de toute évidence plongée, mais il se ravisa heureusement et choisit plutôt de se poster à ses côtés en attendant une accalmie de ses tourments oniriques pour intervenir, se souvenant qu’interrompre brutalement une telle expérience pouvait s’avérer traumatique pour la personne.
Le cœur battant, accroupi, se mordant la lèvre de dépit, il observait la scène en rageant de ne pouvoir rien faire, ses doigts griffus triturant nerveusement sa plaque de pierre. Quand enfin elle émergea soudainement, elle se dressa sur son séant comme si elle avait été brutalement expulsée de son monde fantasmagorique pour celui de la réalité sans être capable de reconnaître ce dernier. Saïl connaissait ces symptômes, et savait que dans de tels cas, il fallait fournir à la victime un point d’appui pour qu’elle s’ancrât dans le réel… pas trop hâtivement, mais suffisamment fermement. Dans ce but, il prit la menotte crispée de Cyanne dans sa patte massive comme pour la tirer hors de ses troubles, et prononça de cette voix si ferme et sonore qu’il savait utiliser lorsqu’il était besoin de s’imposer lors d’un discours :

« Cyanne. »
« Modifié: lundi 27 avril 2009, 15:37:02 par Saïl Ursoë »
Dites, en me voyant, que voyez-vous ?                             En vérité, je suis partagé
Est-ce un monstre, un cauchemar, un loup fou ?                  Entre Khral, ce fougueux loup emporté
Est-ce un fort centaure qui brame et mord ?                       Et Saïl ce timide humain gêné,
Est-ce une bête de poils au coeur d'or ?                            Mais ça, jamais mal intentionné !
Est-ce Elephant Man qui crie, mis à mal :                          Certes, je grogne, je bondis je rue,
« Non, je ne suis pas un animal ! » ?                               Mais jamais je ne griffe ni ne tue.
                                                                               Aussi, approchez donc, n'ayez pas peur.
                                                                               C'est promis, je vous recevrai sans heurt.




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