Le
Planetwalker était en orbite autour d’Osenferiss, et, suivant la procédure d’exploration des planètes, plusieurs petites soutes s’ouvrirent dans des compartiments automatisés, libérant des
drones Viper. Ces drones ressemblaient à de grosses boules noires capables de déployer des pattes, et disposant de capteurs extrêmement précis, permettant un quadrillage des planètes. Ils se déployèrent dans toutes les directions, agissant un peu comme des satellites, afin de surveiller Osenferiss, et pouvoir faciliter les communications entre le
Planetwalker et les colons. Le vaisseau-mère gordanien s’apprêtait ensuite à lancer les premières capsules qui permettraient d’installer la base principale. Le général Mark ordonna le compte à rebours. Le fier Gordanien se tenait depuis le pont principal, observant l’épaisse planète tellurique depuis la baie d’observation blindée. Mains jointes dans le dos, il attendait. Il connaissait les théories de Cid sur la Première Espèce, et espérait sincèrement qu’elles se vérifieraient. Mark, cependant, ne croyait pas au solution-miracle. Comme si un simple virus mis en éprouvette pouvait les aider à se débarrasser de la plus grande menace que l’Univers ait jamais connu... Non, il n’y croyait pas, et préférait miser ses espoirs dans les recherches militaires menées par l’Empire afin de développer la «
Solar Bomb ». De telles recherches étaient classées secret-défense, mais Mark avait ses entrées, et nourrissait de grands espoirs avec cette bombe, pour l’heure toujours à l’étude.
Quant à Osenferiss... Il se demandait bien ce qu’on allait bien pouvoir y trouver, mais il n’aimait pas ça. Accepter des étrangers, comme ça, sur son navire... Non, vraiment, il n’aimait pas ça, c’était risqué, un problème pour la sécurité de chaque membre de l’équipage, et un problème pour lui-même. Il fallait surveiller ça, être attentif, vigilant. Mark savait qu’il existait, dans l’Univers, des sympathisants pour les Formiens. Il méprisait cette sale engeance, et ne rêvait que de tous les supprimer, mais, à défaut de pouvoir effectivement le faire, il fallait garder sa raison, et éviter de sombrer dans des extrémismes regrettables.
C’est à cet instant qu’Halomar, un Gordanien qui l’accompagnait depuis des années, l’avertit qu’un drone
Viper avait détecté un curieux engin. Une station spatiale qui flottait à l’abandon, n’émettant absolument aucun signal électronique, ce qui expliquait pourquoi les capteurs du
Planetwalker l’avaient confondu avec des astéroïdes.
«
Cette découverte ne doit pas arrêter notre exploration d’Osenferiss, Capitaine Halomar. Il faut installer une base principale sur cette planète, et un périmètre de sécurité. »
Le Capitaine Halomar restait silencieux, n’osant rien dire. Dans ce genre de circonstances, il savait que l’avis du Général primait devant le sien, et que le Général était extrêmement sage. Ce n’était pas son genre d’agir à la và-vite. Mark s’avança, et ordonna qu’on aille lui chercher une personne.
«
Capitaine Halomar, vous irez dans une navette, afin d’explorer cette station spatiale, et d’y obtenir des informations sur leur origine, et ce qui a pu leur arriver. Vous serez sous les ordres du Major Blade, que vous avez déjà eu l’occasion de rencontrer. »
Le
Major Blade ne tarda pas à se présenter. Cette femme était terriblement efficace, et était, elle aussi, une Gordanienne. Son uniforme était bradé d’écussons et de médailles témoignant de son passé militaire distingué, et elle était notamment une amante récurrente du Général Mark. Il y avait un plaisir sexuel certain entre eux, mais, en tant que purs militaires gordaniens, il couchait surtout pour donner naissance à de futurs enfants qui viendraient grossir les rangs de l’armée gordanienne. Mark et Blade s’étaient rencontrés pour la première fois sur une planète marécageuse, à une époque où Mark était commandant d’un fort avancé sur une planète gordanienne envahie par les Formiens. Blade faisait partie d’une escouade de Devastators, et ils s’étaient vaillamment défendus contre les Formiens, avant de devoir se replier.
Ils avaient fait l’amour en mémoire à leurs camarades morts au combat, et Mark s’était avéré être un superbe amant. Il savait que Blade était tombée enceinte, et elle avait profité d’un congé de quelques mois, le temps d’accoucher. Mark n’avait jamais été voir ses enfants. Ils avaient été confiés à l’armée, et c’était ce qu’il y avait de mieux pour eux. Entre Mark et Blade, il n’y eut aucun regard complice lorsque la femme se mit au garde-à-vous. Si Mark avait un cœur d’acier, Blade savait aussi insensibiliser le sien. Elle voyait en Mark un héros de guerre, et avoir été fécondé par lui était un grand honneur. Contrairement à lui, elle se renseignait sur le futur de ses bébés, mais ne leur avait jamais rendu visite, et n’avait jamais essayé de le faire. Leur mère était la mère-patrie, et ils n’avaient besoin de personne d’autre.
«
Major Blade, je compte sur vous pour inspecter une station spatiale. La sonde Viper qui l’a analysé ne détecte aucun signe de vie, mais vous comme moi savons que les Formiens ont le pouvoir de déjouer nos capteurs en hibernant, et de survivre dans une zone privée d’oxygène. -
Oui, Général. -
Vous serez accompagné par le Capitaine Halomar. »
Sur un écran, on pouvait voir la caméra du robot, qui inspectait la station spatiale. Son nom ne tarda pas à apparaître, salie par le temps, mais toujours gravé dans le marbre de la station spatiale :
CORDILIA-P08
Blade monta donc sur pied son escouade, comprenant sa seule véritable amie : une ancienne survivante de son escouade de Devastator,
Narah Smaël. Elles étaient deux amantes, et Narah avait déjà donné des enfants à Gordan. Cependant, si Blade était beaucoup plus professionnelle, Narah avait du mal à dissimuler la vénération qu’elle avait pour Blade. Elle aimait cette dernière, tout simplement, mais ne le montrait pas en public... Simplement en privé.
Par ailleurs, l’escouade de Blade comprenait aussi des
soldats d’intervention disposant d’armures spéciales, et qui obéiraient fidèlement à la femme, dans une pure logique gordanienne.
La discipline avant tout.