Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Anachronique | PV |

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Scydia

Humain(e)

Anachronique | PV |

dimanche 27 avril 2014, 00:36:19

L'odorat se manifesta en premier, son nez légèrement retroussé se fronçant faiblement alors que les pointes acides de la forte odeur de moissisure venaient agresser ses narines. Son esprit encore endormi ne parvint pas à analyser réellement les relents désagréables qui envahissaient sa cavité nasale, mais les effluves se montrèrent peu-à-peu assez persistantes pour activer son cerveau. Comme si l'information de l'odeur enflammait les bûches représentant sa conscience, de petites étincelles commencèrent à embraser son esprit par petites touches. Au fil des secondes qui s'égrénaient toujours un peu plus vite, son cerveau se réactiva. Le magma de ses connexions nerveuses s'insinua partout, réactivant les autres sens au coup par coup.

Le toucher fit suite. Elle ne comprit pas sur quoi elle reposait mais sut que c'était plat, froid et extrêmement dur. La sensation était désagréable, brutale. La matière était aisément reconnaissable mais son cerveau lui refusa l'information, ses capacités de reflexion étant encore très limitées. Son esprit ressemblait toujours à une épaisse mélasse pâteuse dont elle peinait à s'extraire, donc encore incapable de lui être d'un réel secours. Elle ne pensait d'ailleurs pas vraiment et s'éveillait de son long sommeil avec difficulté, son corps remuant péniblement sur la surface ou il était étendu. Ses nerfs fonctionnaient de mieux en mieux : elle sentit s'être fait mal, probablement en se râclant la peau du genou quelque part. Ce ressenti un peu plus pointu que les autres se mêla à la puissance désagréable de l'odeur qui avait amorcé son réveil et ses autres capteurs naturels firent un bond de compétence dans la foulée.

Sa langue était pâteuse, comme lui soufflèrent ses papilles qui suivaient le chemin de sa peau et de son nez. Elle était lourde et lui semblait prendre trop de place dans sa bouche menue, lui donnant l'impression de mâcher un morceau de parchemin. Elle tenta bien d'avaler pour faire passer cette sensation mais n'avait guère encore de salive, ce qui induisit un ressenti qui dépendait du besoin. La soif la tiraillait terriblement et son corps dut bien réagir pour pouvoir combler rapidement la déshydratation. Son corps bougea un peu plus et elle gémit légèrement en se ramassant sur elle-même, sa langue passant frénétiquement sur ses lèvres sèches. Comme un enfant grognon au matin, elle adopta une position presque foetale et plaça instinctivement sa tête entre ses bras.

Elle tendit l'oreille, devenue entre-temps très réactive. Mais il n'y avait rien de plus à saisir qu'un silence si profond qu'il en était inquiétant, obsédant. Nul bruit ne faisait vibrer son tympan à part ceux qui s'extirpaient péniblement d'entre ses lèvres, et des mouvements de sa peau qui frottait contre la pierre froide. Au moins n'était-elle pas sourde. La pensée -bien plus nette que toutes les autres jusque là- la frappa et elle comprit qu'elle était à présent réveillé, même si elle restait pataude. Ses idées devaient trouver un peu d'ordre, les images se mélangeant dans son esprit embrumé. Elle se concentra sur quelque chose de simple et de certain, son prénom. Scydia. Ses pensées se concentrèrent autour de ces six lettres et revenaient peu à peu à une chronologique cohérente, bien que constellées de légers oublis qui se combleraient rapidement d'eux-même. Elle se nommait donc Scydia, elle avait soif et elle devait ouvrir les yeux. Un moment, un refus net s'imposa. Ses paupières devaient rester closes. Scydia se fit violence et les légers voiles de peau se mirent à papillonner, lourdement d'abord puis à un rythme plus preste ensuite.

La luminosité de la pièce était basse, ce qui facilita son adaptation oculaire. Aucune source vive n'agressa ses yeux fragiles et elle en remercia la Déesse-Mère en se relevant lentement de sa couche improvisée, qu'elle découvrit être un très ancien autel de marbre noir. Scydia scruta la pièce, découvrant que l'endroit circulaire et finalement assez exigü ne comportait qu'une seule sortie qui lui faisait face. La lumière artificielle était donnée par ce qui semblait être une nuée de lucioles à la lueur dorée, qui permettait de découvrir les fresques gravées sur les murs. Un jour, il y avait bien longtemps, les aventures des personnages qui s'y retrouvaient représentés devaient avoir été colorisées mais le temps avait eut raison de la patience des artistes. La pièce était petite mais richement décorée, circulaire et totalement hermétique. Nulle fenêtre, aucun vitrail. Des enfonçements dans la roche lui évoquèrent des alcôves qui avaient été bouchées à la hâte. Un temple qu'on avait cherché à dissimuler ? Possible.
Scydia descendit de l'autel sans prendre la peine de le contempler davantage. Les informations religieuses qui ornaient le piédestal l'intéressaient moins que le temps de vue des lucioles qui flottaient dans la pièce. Hors de question pour elle de se retrouver dans le noir ! Sa nudité ne la perturba pas outre mesure, bien que l'absence d'arme la fit grogner. Comptant sur sa vitesse pour la sortir d'un éventuel mauvais pas, l'humaine accompli quelques mouvements pour se décrasser les muscles et comprit rapidement que son corps était loin de pouvoir fournir son maximum. Soudain, elle porta les mains à son ventre. Elle se souvint y avoir été frappé avec assez de force pour y perdre ses organes, mais tout semblait à sa place. Ne devait-elle d'ailleurs pas être... morte ? Si. Il lui semblait que si, même si ses souvenirs étaient encore très confus. Décidant de ne plus y penser, elle avança vers la sortie et se réjouit de voir que les lucioles semblaient la suivre tandis qu'elle s'enfonçait dans les ténèbres d'un couloir étroit.

Impossible de dire combien de corridors elle traversa, combien de salles plongées dans le noir elle se résolut à éviter. Certaines étaient effondrées et impraticables, d'autres ne lui inspiraient simplement aucune confiance. Elle avançait le long d'un couloir qui avait été en s'élargissant, sûrement le principal de l'endroit. Le décorum sur les murs et les restes de statues lui évoquèrent aisément ce que faisaient les Al'huïns et Scydia s'en trouva un peu réconfortée. Même si l'endroit avait souffert du temps, elle était en territoire ami. C'était la première nouvelle rassurante depuis son réveil. Que faisait-elle là, au juste ? Impossible de s'en souvenir. Ce qui s'était passé avant qu'elle ne s'endorme ? Il lui semblait qu'elle s'était battue. La soif et ses membres ankylosés l'empêchaient de se concentrer correctement et la perspective d'un bain chaud lui paraissait être la meilleure motivation au monde.
Pensive, la vagabonde improvisée se retrouva bientôt nez-à-nez avec un mur. Aucune sortie n'était apparemment possible, et Scydia manqua bien de paniquer avant que son oeil ne capte une information gravée à même la paroi rocheuse qui avait été travaillée, comme le reste de l'endroit. C'était une phrase en al'huïn, vaguement dissimulée dans un ensemble d'ornement d'or. Elle expliquait comment ouvrir ce qui était en fait une porte et Scydia s'y employa, cherchant durant quelques minutes le mécanisme dissimulé avant de finalement l'actionner.
Rien ne se passa, avant que ne s'écoulent d'interminables secondes. Un mécanisme ancien mais heureusement fonctionnel s'activa dans les murs, grinçant horriblement avant de forcer sur ses engrenages crispés par la rouille. Lentement, le mur devant lequel se trouvait Scydia se déroba sur la gauche dans un bruit puissant de pierre grattée lourdement contre le sol. Un rai de lumière qui allat en s'élargissant inonda le couloir d'un blanc immaculé qui poussa la jeune femme à s'écarter un peu le temps de s'y habituer, ce qui vint lentement. Le mécanisme rendit l'âme à mi-chemin, ce qui n'empêchait heureusement Scydia de passer. Sans hésiter -parce que de toute façon sa situation ne pouvait que difficilement empirer- elle s'engouffra dans l'ouverture.

Elle baissa le bras qu'elle avait placé devant ses yeux une fois que la luminosité fut correctement supportée par son nerf optique, pour découvrir une pièce bien différente de celle qu'elle avait quitté. De beaux meubles ornaient un grand espace, d'agréables couleurs couraient sur les murs d'un endroit qu'on devinait plein de vie et souvent fréquenté. Scydia s'en félicita et balaya la pièce du regard, satisfaite d'y découvrir un bain. Comme si la Déesse-Mère avait entendu les prières qu'elle lui avait adressée en crapahutant dans les couloirs obscurs et puant, l'eau qu'on devinait chaude aux volutes de vapeur s'en échappant lui tendait les bras. Pour elle qui était nue et sale, quel bonheur !
Son euphorie ne dura pourtant pas. En regardant mieux, Scydia découvrit que des pas humides venaient à peine de quitter l'ondée encore agitée du déplacement du corps qui y avait été plongé quelques courtes secondes auparavant. Logique... Le mur qui avait basculé pour la laisser passer avait fait assez de bruit pour alerter la personne qui se trouvait là. Vu les senteurs florales qui embaumaient agréablement la pièce (sûrement les sels de bains), c'était une femme qui se trouvait là. Et sûrement n'était elle pas loin, à moins qu'elle n'ait détalé comme un lapin.

- Hého, tenta t'elle d'abord sans grande conviction. Hého, il y a quelqu'un ?

Le temps que l'éventuelle réponse n'arrive, la guerrière lorgna sur le bain. Déesse, que c'était ardu de résister à la tentation d'y glisser son corps endolori ! Puisqu'il n'y avait personne dans les environs et qu'elle était de toute façon nue, pourquoi ne pas céder ? Elle ne demandait rien que quelques minutes d'ablutions. Même de petites secondes auraient fait son bonheur ! Se mordillant la lèvre, elle entreprit finalement de mettre au moins les pieds dans l'eau.
Elle regretterait une fois propre, dans le pire des cas.

Elena Ivory

Humain(e)

Re : Anachronique | PV |

Réponse 1 lundi 28 avril 2014, 02:25:50

« Vous comprenez, Majesté, on ne peut pas gouverner le royaume en se levant si tard...
 -  Mmhmmm..., protesta la jeune femme emmitouflée dans son lit.
 -  Allons, allons, Majesté, répliqua l’autre voix, partiellement ironique, ne me dites pas que je vais devoir venir vous border comme un gros bébé qui refuse de se lever... Je vous dis qu’il fait jour, dehors ! Vos gens n’attendent pas que le divin fessier de...
 -  Cha va... »

Elena consentit à se retourner, et à se relever. Ses courts cheveux étaient dans un triste état, avec des épis de partout, et elle avait des petits yeux. Adamante se tenait devant elle, un sourire amusé sur les lèvres, en voyant le triste état dans lequel se trouvait Sa Majesté. Difficile de lui trouver quelque chose de gracieux ou de noble dans la manière dont elle était, avec ses petits yeux, et les bâillements à  s’en décrocher la mâchoire qu’elle faisait. Elle se frotta ses petits yeux en essayant de se réveiller. Hier, la Reine s’était couchée plutôt tard, car elle avait encore réfléchi longuement à son idée de faire un orphelinat dans le Palais d’Ivoire. Le palais était particulièrement grand, et on lui avait dit qu’il y avait quantité de grandes chambres inoccupées. Elle avait elle-même visité quelques orphelinats de la ville, et avait remarqué que les pièces inoccupées du Palais pouvaient servir à contenir des petites âmes esseulées privés de leurs parents, ou fournir un moyen de lutter contre l’esclavage conventionnel. Cette pratique consistait à vendre ses propres enfants à des esclavagistes afin de toucher une prime, et d’avoir une bouche en moins à nourrir. Une pratique légale, mais qu’Elena trouvait aberrante, au même titre que tout l’esclavage. Cependant, cette idée se heurtait à différents problèmes pratiques, notamment pour savoir qui choisir. Quels devaient être les critères de sélection ? Ses conseillers l’avaient averti du risque que cette mesure soit perçue comme une mesure démagogique et populiste, visant juste à rassurer les masses en se donnant bonne conscience. La Reine réfléchissait donc, et elle réfléchissait tellement qu’elle en oubliait le sommeil.

Fort heureusement, Adamante veillait au grain, et pilota Elena vers son bain privé. La Reine était dans sa nuisette, peinant à reconnaître le décor, et continuait à baîller en traînant des pieds. Adamante aurait presque pu la tenir par le main, mais, quand Elena sentit le carrelage froid de sa salle de bains, elle commença à aller un peu mieux. Elle s’étira un peu, tandis qu’Adamante faisait couler l’eau. Sa baignoire était un élégant bassin construit sur une sorte de petite estrade accessible par deux marches en bois. Une Ivory ne se refusait rien, et le bain comprenait plusieurs robinets permettant de faire venir l’eau plus rapidement, ainsi qu’un système permettant de transformer son bain en jacuzzi. L’eau était plutôt chaude, conformément à ce qu’Elena aimait.

« J’aurais bien savonné votre royal don, Majesté, mais j’ai déjà eu l’occasion de prendre mon bain.
 -  Je devrais être capable de le faire toute seule, ronchonna Elena. Et n’oublie pas que je suis ta Reine, tu me dois le respect ! »

Elle la taquinait, mais Adamante n’était pas dupe, et se contenta de lui ébouriffer les cheveux, avant de l’embrasser tendrement sur le front. Elle la laissa ensuite seule, et Elena se déshabilla, puis se trempa dans l’eau, poussant un bref gémissement quand ses pieds rentrèrent en contact avec l’eau chaude. Elle s’y installa confortablement, et étira ses jambes à l’intérieur du bassin, y plongeant progressivement tout son corps, jusqu’à ce que seule sa tête n’émerge de la surface de l’eau. Elle ferma alors les yeux, et se laissa faire, flottant paisiblement dans l’eau.

Elena aurait pu rester ainsi jusqu’à ce qu’une femme n’entre par surprise, mais, au bout d’un moment, elle réalisa qu’il manquait quelque chose... Son savon n’était pas là, ce qui l’agaça paisiblement. Elle se redressa alors, sortant de l’eau. La salle de bains était attenante à une autre pièce, où se trouvaient ses affaires, ainsi que les produits d’hygiène. Elle enfila une serviette autour de ses épaules, et se dépêcha d’aller fouiller les placards de la pièce. Malheureusement, la bouteille de shampooing était introuvable, et Elena grommela.

*Saperlipopette, mais où diable se trouve ce fichu savon ?!*

Elle referma le placard. Une petite moue traversa ses lèvres, et elle se dit alors qu’Adamante avait du l’emprunter. Le savon de Nexus venait généralement de cargaisons marchandes, et ces dernières avaient quelques jours de retard. Les bouteilles de savon se faisaient donc plutôt rares, et Adamante avait du emprunter la sienne en prenant son bain. La magicienne avait sa propre salle de bains, et Elena décida d’y aller. Adamante n’était pas là, et elle se dépêcha, afin qu’un serviteur ne la surprenne pas dans sa serviette.

La Reine farfouilla dans les armoires d’Adamante, tandis que, dans sa propre salle de bains, quelqu’un venait de débarquer, et contemplait, indécise, le bain chaud ouvert juste devant elle, l’eau laissant s’échapper quelques volutes de vapeur. Un irrésistible appel, qui expliquait pourquoi Elena se hâtait. Malgré la présence confortable de la serviette, elle avait froid, et finit par le retrouver.

« Ah ! »

Soulagée, elle se redressa, et sortit des quartiers d’Adamante. Elle traversa le confortable couloir menant à sa salle de bains, ses pieds foulant l’élégante moquette chaude qui recouvrait le sol, et pénétra dans l’antichambre. Elle porta ses doigts dans l’encolure du nœud de la serviette, et, la tête basse, entra alors dans la salle de bains. Elle se retourna vers le bassin, et tira sur le nœud de la serviette, machinalement, faisant ainsi tomber cette dernière, releva la tête, et...

Et...

Ses yeux s’écarquillèrent brièvement, et elle prit alors conscience d’un courant d’air frais qui filait le long de son dos. Une tête la regardait, là où elle était il y a cinq minutes.

« HÎÎÎÎÎ !!! » hurla Elena.

Elle porta une main à son intimité, et se retourna craintivement, permettant à la femme de voir ses fesses, et nota alors qu’il y avait, dans un coin de la pièce,  une portion de mur entrouverte.

« Mais... Mais vous êtes qui ?! »

Machinalement, elle avait récupéré la serviette, et la mit autour de son corps, mais réalisa qu’elle avait oublié les seins, et la rehaussa rapidement. Ses joues étaient rouges, et son cœur bondissait dans la poitrine.

« Qu’est-ce-que-vous-fabriquez-là-hein-vous-êtes-qui ?! » répéta-t-elle, enchaînant les mots à la vitesse d’un archer vidant son carquois sur sa cible.
DC d’Alice Korvander.

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Scydia

Humain(e)

Re : Anachronique | PV |

Réponse 2 vendredi 02 mai 2014, 10:28:36

Personne n'avait répondu à ses injonctions tranquilles et le Sabre Véloce n'avait pas cherché à les réitérer. Bien que la blonde n'était pas du genre à prendre ce qui ne lui appartenait pas, le bain avait eu raison des principes moraux qu'elle mettait un point d'honneur à suivre depuis que son mentor les lui avait inculqués. "Tu ne voleras point" s'apparentait à "Tu ne profiteras point de ce qui ne t'appartient pas[/i]" mais Scydia n'avait plus eu d'yeux que pour l'eau chaude et parfumée. Son corps lui faisait encore un peu mal, ses muscles noués avaient besoin qu'on s'occupe d'eux. De plus, sa peau et ses cheveux salis par la poussière méritaient bien qu'elle se débarbouille. Nue et crasseuse comme elle l'était, la guerrière se faisait l'impression d'être la petite sauvageonne qui avait vu les elfes débarquer sur la plage qu'occupait sa tribu. Seule la peau de bête grossièrement ajustée en guise de vêtement lui manquait, pour tout dire.
Une fois qu'un de ses pieds toucha l'ondée vaporeuse, il était déjà trop tard. L'eau à bonne température lui tira un soupir de plaisir qui ressemblait presque à un léger gémissement amoureux. Scydia y plongea une première jambe avant de faire suivre la seconde après avoir gravit les deux petites marches qui marquaient la surélévation du baquet au-dessus du plancher. L'eau lui arrivait à mi-cuisse et l'humaine ne tarda pas à s'asseoir, s'immergeant jusqu'à la moitié de ses seins. Le soupir se fit entendre une fois encore pendant qu'elle s'installait le dos contre une paroi, laissant sa tête blonde reposer contre l'un des bords.

Elle ignorait où elle se trouvait mais avait décidé de ne pas se poser la question. Parce que l'interrogation amènerait facilement des réponses qu'elle n'aimerait pas avoir à traiter, par exemple. Le style de décoration de la salle de bains lui était complètement inconnu, comme l'endroit dans lequel elle s'était éveillée quelques minutes plus tôt. Selon ses derniers souvenirs avant ça, Scydia savait qu'elle était sensée être morte, perforée par un sort lancé par le Fléau des Ages. En y pensant, sa main vint instinctivement caresser son ventre. La blonde n'y sentit aucune cicatrice alors qu'elle se souvenait clairement du crépitement de l'éclair qui avait liquéfié son estomac et la chaleur du bain lui indiquait qu'elle était bien vivante. Avait-elle rêvé une partie de l'affrontement sous l'excès d'adrénaline et la portée à leurs limites de ses pouvoirs ? Ce n'était pas impossible, d'après elle.
Pour chasser le temps de la baignade au moins ces questions, Scydia enfonça sa tête sous l'eau durant quelques secondes pour se frotter les cheveux. Elle ressortit doucement en plaquant sa crinière en arrière avant de se passer une main sur le visage.

Et...

- HÎÎÎÎÎ !!!

La blonde se raidit d'un coup, surprise par le cri. Rapide, elle adopta en un éclair une posture de combat du mieux qu'elle put, dardant sur l'intruse son dur regard bleu-acier. La brune s'était amenée dans la pièce quand Scydia avait la tête sous l'eau et le manque de prudence de la syrra'elheìn lui fit se mordre l'intérieur de la joue. C'était extrêmement imprudent de sa part de s'être relâchée si facilement ! Pourtant, quelque chose lui disait que l'inconnue était aussi étonnée qu'elle de la situation. Nue comme un ver, la femme s'était cachée avec une main en voyant Scydia surgir  et avait finit par se retourner pour ne plus lui présenter que son séant, que le Sabre Véloce n'eut pas l'envie d'apprécier. La situation pouvait encore déraper, même si son instinct lui disait que la jeune femme dos à elle était tout sauf une guerrière.

- Mais... Mais vous êtes qui ?!

Elle hésita. Fallait-il lui donner son nom ? Scydia savait que les armées elfes dont elle se réclamait comptaient quelques adversaires au sein même de la population qu'elles essayaient de sauver du Fléau. Certains préféraient pactiser avec l'ennemi plutôt que de l'affronter... Mais Scydia consenti à révéler son identité. Il ne sera au moins pas dit qu'après avoir été surprise d'une façon si enfantine elle avait manqué de courage !

- Je suis Scydia Cinq-Soleils. Et toi, femme, qui es tu ?

Son ton n'avait pas été hautain ni menaçant, juste un peu sec. Il fallait qu'elle prenne un minimum d'ascendant sur l'inconnue pour s'imposer dans la conversation et prendre un temps d'avance, afin d'éviter d'être elle-même prise de court. Si la jeune femme brune ne lui inspirait qu'une méfiance relative motivée par la surprise, elle pouvait toujours renverser la vapeur. La syrra'elheìn pensait qu'il fallait toujours se méfier de l'eau qui dormait, même quand celle-çi était un spectacle à elle toute seule. La brune avait trouvé une serviette et s'en était couverte, passant pivoine en voyant qu'elle avait oublié ses seins. Scydia l'observa tout en se dressant, abandonnant sa posture assise pour se mettre debout, son corps ruisselant des filets d'eau qui couraient contre ses courbes graciles et le dessin léger de ses muscles. Elle fixait l'inconnue en réprimant un sourire amusé, même si ses yeux devaient pétiller de l'amusement que lui inspirait la "petite-qui-parlait-très-vite".

- Je t'ai donné mon nom et j'attends le tien. Quant à ce que je fais ici... Et bien, comme tu le vois, je prends un bain.

A bien y réfléchir, se comporter comme étant la dérangée de l'histoire n'était pas du meilleur goût. Scydia était l'indésirable de la scène, celle qui s'était appropriée le bain et la pièce. C'était à elle de faire profil bas et de se montrer gêner, non pas l'inverse. La blonde laissa échapper un petit soupir las et lorsqu'elle parla de nouveau, sa voix se fit bien plus douce. Comme une excuse, ou presque.

- Je suis désolée, commença t'elle. J'imagine que je suis dans ta demeure et que je t'ai fais peur. Ce n'était pas mon but et je m'en excuse. Je n'ai rien à faire là.

Dignement, fièrement malgré ses aveux, Scydia quitta le bain sans s'être lavée. Ses pas étaient lents et mesurés quand elle abandonna la baignore et le surplomb sur lequel cette dernière était posée. L'eau goutait paisiblement sur son corps encore un peu sale, soulignant les jolis atouts de son corps féminin. S'approchant de la brune, elle attrapa une des serviettes qui restaient non loin d'elle et s'en couvrit les seules hanches, abandonnant sa poitrine haute et arrogante aux éventuels regards. Scydia considérait n'avoir rien à cacher, mais la décence lui imposait de garder secrète sa fleur intime.
Elle se retrouvait un peu bête, ne pouvant pas vraiment partir ainsi. Tendant l'oreille, elle attendait que quelqu'un arrive après avoir entendu les exclamations de la brune, à qui elle s'adressa de nouveau.

- Je ne te veux aucun mal, qui que tu sois. Toutefois, je te serais reconnaissante de répondre à une question.

Scydia se rendait compte que ce qu'elle allait demander allait sembler tout à fait saugrenu, mais une première réponse à ses interrogations ne serait pas malvenue.

- Où sommes nous, au juste ?

Elena Ivory

Humain(e)

Re : Anachronique | PV |

Réponse 3 lundi 05 mai 2014, 01:34:58

Ultérieurement, quand Elena repenserait à cette scène, elle se demanderait pourquoi elle avait choisi de ne pas appeler la garde. Elle commencerait alors par se dire qu’elle n’avait instinctivement pas vu en quoi Scydia pouvait être une menace, alors qu’elle était nue dans son bain. Elena devrait cependant rejeter rapidement cette hypothèse, en se rappelant qu’elle avait vu une porte secrète... Elle ignorait alors qu’il y avait un passage secret permettant de mener directement dans sa salle de bains personnelle, et il était donc objectivement possible de supposer que cette mystérieuse femme ait alors été un assassin venue la tuer. Par conséquent, Elena opta pour une autre piste, et finira par se dire qu’il y avait quelque chose de plus profond, de plus mystique... Comme si elle avait instinctivement eu confiance envers cette femme, comme si elle avait instinctivement senti qu’elle ne lui voudrait pas le moindre mal.

Pour l’heure, cependant, la seule chose qu’Elena ressentait était de la gêne. Elle se crispait à sa serviette, tandis que Scydia, lentement, se redressa, s’extirpant du bain. Un autre élément qui, plus tard, viendrait dire à Elena qu’elle n’était pas venue pour la tuer, fut l’absence de vêtements dans la pièce, ainsi que les traces de noirceur dans le bain. Scydia Cinq-Soleils se présenta donc, et elle trouvait que son surnom sonnait étrangement elfique. Cependant, elle n’avait pas vraiment la tête d’une elfe, et, tout en restant dans l’eau, elle avait demandé à deux reprises son nom à Elena, qui finit par tilter, et par cligner des yeux, répondant d’une petite voix, marquée par la surprise :

« E... Elena... »

Que cette femme ne la connaisse pas n’était pas aussi surprenant que ça. Nexus comprenait des millions d’âmes, et, si on connaissait la Reine de nom, tous ne l’avaient pas vu. Dans certains villages très reculés, on croyait même encore qu’elle était un bébé se trouvant au monastère, et que le Lion dirigeait toujours Nexus. On avait toujours des surprises quand on s’enfonçait dans les hameaux de la campagne profonde. Scydia finit donc par sortir de l’eau, et Elena rougit en la voyant s’avancer vers elle. Elle marqua un petit pas en arrière, sentant son cœur s’emballer. Cette femme était belle et digne, mais il y avait autre chose... Elle n’allait quand même pas l’embrasser ?!

*Pourquoi je pense ça, moi ?!* s’étonna Elena.

Bien qu’elle soit toujours vierge, Elena n’en était pas pour autant ignare des choses de l’amour. Ce n’était clairement pas au monastère qu’elle avait pu apprendre ça, mais Jamiël lui avait parlé des règles, des floraisons, ainsi que du sexe. Un jour, Elena devrait en effet enfanter, et il avait semblé naturel à Jamiël de devoir lui en parler. Elena n’ayant pas de mère, il fallait bien que quelqu’un le fasse. Elena n’avait pas encore saisi toutes les subtilités du désir sexuel, mais c’était bien parce qu’elle en était ignare. Elle savait que le sexe permettait de procréer, et qu’une dynastie royale avait besoin d’héritiers. De fait, le sexe déclenchait en elle une certaine peur refoulée, car, à l’idée de s’imaginer l’un de ces machins plantés en elle... Au moins, ça ne risquait pas d’arriver Scydia, puisqu’elle n’avait pas ce machin entre ses cuisses. Elena observa en effet son corps, avant qu’elle s’enroule dans une serviette, en se disant qu’elle avait des hanches fermes, et un corps qui faisait plutôt penser à celui d’une guerrière qu’à une courtisane. Que faisait-elle donc ici ? L’incongruité de la scène se disputait avec l’étonnement sincère de la jeune Reine.

Scydia s’emmitoufla dans une serviette, et essaya de la rassurer sur ses intentions, en lui disant qu’elle ne voulait pas de mal, et qu’elle comptait lui poser une autre question. Elena hocha lentement la tête de haut en bas, confirmant ça, et Scydia lui posa alors sa question :

« Où sommes-nous, au juste ? »

La Reine laissa planer quelques secondes, avant de lui répondre :

« Nous sommes... À Nexus... Dans le Palais d’Ivoire. Et vous êtes dans la salle de bains de la Reine de Nexus. »

Elle reprenait peu à peu de sa superbe. Scydia comprendrait-elle qui était en face d’elle, maintenant ? La Reine regarda ensuite le passage par lequel cette femme était probablement entrée, et ne put s’empêcher de poser, à son tour, une question :

« Comment avez-vous fait pour atterrir chez moi ? D’où est-ce que vous venez, Scydia Cinq-Soleils ? »
DC d’Alice Korvander.

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Scydia

Humain(e)

Re : Anachronique | PV |

Réponse 4 lundi 05 mai 2014, 02:56:11

A aucun moment Elena ne sembla être dangereuse pour Scydia. La guerrière avait affronté bien des périls, rencontré de bien singuliers personnages parfois hauts en couleurs. Des femmes qui sortaient de l'ordinaire, la sauvageonne en avait croisé nombre. Des combattantes, de simples mères de familles, des catins qui vendaient leurs charmes contre un peu de pain et d'eau, des voleuses, des sauvages restées à l'état primitif, des assassins... Scydia Cinq-Soleils avait risqué sa vie en face de la plupart et avait apprit à reconnaître le Mal du Bien. C'était quasi-instinctif chez elle et l'expérience avait fait en sorte qu'il était très difficile de cacher sa nature à l'humaine. Ainsi, le Sabre Véloce pouvait certifier que la brune timide qui lui faisait face ne pouvait (ni ne voulait, du reste) lui porter un quelconque préjudice. Bien entendu, Elena était sur la défensive. Scydia le comprenait parfaitement. Mais elle ne se constituait pas en danger ni même en obstacle et lui semblait somme toute assez sympathique. Sa garde ne se baissa toutefois pas : la beauté du Fléau avait eu des traits presques angéliques, mais les maléfices de ses actions avaient marqués Terra pour plusieurs centaines d'années. Un minois, aussi innocent fut-il, n'était pas un gage de la couleur de l'âme de la personne qui s'en paraît.

- Elena, répéta t'elle à voix basse. Elena, bien.

Les oeillades de la jeune femme sur son corps nu ne dérangèrent pas Scydia. Trop peu portée sur le sexe pour trouver dans les coups d'oeil d'Elena une connotation sapphique qui n'existait toutefois pas, la guerrière ne se formalisa pas de sa curiosité. De plus, si Scydia ne cherchait nullement à séduire, elle devait se reconnaître une certaine fierté : son allure était plaisante et les années d'entraînement intensif ainsi que les rudes batailles qu'elle avait put mené lui avait conféré une ligne certes sèche et quelque peu musculeuse mais toujours féminine et agréable. Qu'on la regarde était une flatterie qu'elle prenait comme légère sans trop y prêter d'attention. Elle-même profita des traits charmants d'Elena, qui avaient une candeur juvénile qu'elle n'avait pas connue depuis... oh... des lustres. La guerre enlaidissait les femmes et durcissaient leurs traits, faisant vieillir prématurément les enfants.
La réponse à sa question vint tandis qu'elle rêvassait un peu, regardant le visage fin de son vis-à-vis. Ses paupières clignèrent légèrement et la blonde revint poser le pied sur la terre.

- Nexus ? Où est-ce, ça, Nexus ? Scydia fronça légèrement les sourcils. Ça serait bien le nom d'une cité de l'ouest, ça... Ah, n'est-ce pas cette cité assise sur un des bras de la Jovanie ?

Non, ça ne l'était pas. La Jovanie, comme Scydia ne pouvait que l'ignorer, était une rivière asséchée depuis des siècles. Située dans les lointains territoires du couchant, la Jovanie (du moins l'endroit de son lit, effacé par le temps depuis des éons) était bien loin de l'emplacement géographique réel de Nexus. Et si il y avait bien eu une ville dressée sur l'un de ses bras, elle était partie en poussière avant que la construction du palais d'ivoire même ne s'achève. Ce que Scydia retint vraiment, c'était qu'elle se trouvait dans les appartements d'une souveraine. Son apparition impromptue pourrait donc bien lui coûter très cher, d'autant qu'elle aurait toutes les peines du monde à se justifier quand à la façon par laquelle elle avait débarqué, pour la bonne et simple raison qu'elle ne le savait pas. Bien entendu, la guerrière pourrait parler du vieux temple qui avait accueillit son réveil, mais pour ce que Scydia en savait il n'y avait aucun autre accès que le passage qui balafrait l'un des murs de la salle de bain. Voilà qui n'aiderait pas, assurément.
Toutefois, d'après l'humaine, si reine il y avait bien en ces murs, elle n'était pas encore arrivée. Pour le Sabre Véloce, Elena n'avait rien d'une souveraine. De plus, quelle tête couronnée n'aurait pas prévenu la garde de l'intrusion d'une inconnue dans ses appartements ?

Minute. Ne venait-elle pas de lui demander ce qu'elle fichait "chez elle" ? Cela sous-entendait qu'Elena était celle qui vivait dans ces lieux, ce que Scydia ne concevait pas. Ce qu'elle prit pour une tentative de protection envers la véritable reine l'amusa. Une servante qui se faisait passer pour sa maîtresse pour lui éviter un sort funeste des mains d'un individus douteux... C'était là un bien bel esprit, qui mérita un sourire respectueux que Scydia accorda bien volontiers avant de répondre.

- Je viens de là , dit-elle en désignant le passage. Que tu le saches ou pas, il y a un petit temple qui repose derrière ce mur. Le palais a probablement été construit par-dessus, car c'est un endroit des plus anciens, et...

Dans son esprit, un déclic se fit jour. Scydia se figea au milieu de sa phrase, ses yeux se posant sur Elena sans qu'elle ne semble la voir. Oui, le temple était vieux. Durant sa recherche d'une sortie, la guerrière avait constaté un état de délabrement évident qui n'était ni plus ni moins que l'effet d'un cycle de saisons maintes et maintes fois répété. Le temps avait fait son oeuvre sans qu'aucune main ne vienne souiller les lieux. C'était bien cela qui avait fait tilter Scydia. L'inscription sur la porte, celle qui lui avait permit de l'ouvrir, était en Al'huïn. Or, les seuls vestiges elfiques assez vieux pour correspondre étaient situés sur l'île où s'était réfugié le Fléau lors de la guerre et il était impensable qu'une autorité humaine ait put s'installer là alors que les Al'huïn peinaient seulement à garder leurs campements de fortune.
Quelque chose ne collait pas.
Lentement, comme un poison vicieux, une angoisse saisit Scydia. Elle n'en comprenait pas la cause et ne parvenait pas à agencer correctement les morceaux épars qu'elle venait de récupérer mais son instinct pourtant lui soufflait que quelque chose n'allait pas.

Elle revint à Elena en dardant dans ses prunelles un regard acéré, presque menaçant. Scydia ne cherchait pas à effrayer Elena mais comme souvent son corps traduisait très lisiblement les sentiments forts qui l'animait et qu'elle n'avait jamais su contrôler.

- Ta ville, cette Nexus, à quel endroit de Terra se trouve t'elle ?

Sa langue humecta ses lèvres quand elle eut la sensation que la question qu'elle venait de poser n'était en fait pas la bonne. Ce n'était pas la localisation géographique qui importait pour commencer à saisir l'ampleur réelle de sa situation depuis son réveil. Scydia savait ce qu'il fallait demander, sans parvenir à s'y résigner. La réponse l'effrayait alors même que son esprit n'était pas capable d'en imaginer le contenu. Aussi hésita t'elle quand sa bouche laissa filer, un peu moins assurément que les autres propos qu'elle avait eut jusque là, les mots qui la tiraillaient.

- ...Q-quand sommes nous, Elena ?

Elena Ivory

Humain(e)

Re : Anachronique | PV |

Réponse 5 mardi 06 mai 2014, 01:37:43

Nexus n’évoquait rien à cette femme, qui lui annonça, par ailleurs, venir d’un temple profondément enfoui dans le Palais d’Ivoire. Cette seconde information était étonnante, car Elena ignorait qu’il y avait un temple, mais pas surprenante. Nexus était une très vieille ville, et le Palais d’Ivoire traduisait cette ancienneté. Il avait été bâti par les elfes quand ces derniers étaient arrivés à Nexus, et les Ivory, en prenant le contrôle de la ville, avaient repris le Palais d’Ivoire. Il ne portait alors pas ce nom, et n’était rien de plus qu’un manoir en hauteur de la falaise, bâti ici pour des raisons stratégiques. Face aux envahisseurs, ce manoir fortifié constituait une très bonne protection. Les envahisseurs devaient grimper le long de la pente, et l’endroit était suffisamment grand pour contenir des cultures, ou des animaux d’élevage. Peu à peu, le manoir fortifié était devenu un fort, qui avait connu moult évolutions. On avait repéré des grottes souterraines sous le Palais d’ivoire, et, jadis, un Ivory avait entrepris des fouilles archéologiques importantes. On ignorait s’il voulait juste espérer trouver des gisements de pierres précieuses, creuser une sortie discrète, ou retrouver le vieux sanctuaire elfique qui avait été bâti sous terre parles elfes, durant la Guerre contre les Vodyanoi.

Elena pensait que Scydia devait venir de ce temple, ce qui revenait à dire que la légende était vraie. Les Vodyanoi étaient un peuple aquatique, un ancien peuple dont il ne restait aujourd’hui plus que des vestiges et quelques survivants dispersés dans des endroits reculés. Jadis, ils avaient néanmoins été sur tous les continents, et étaient entrés en guerre contre les puissances terrestres, comme les elfes, mais aussi les dragons. Les Vodyanoi avaient été aidés par d’autres puissances continentales, et la victoire des elfes avait illustré le glissement du monde, basculant de la mer à la terre. On disait qu’un sanctuaire elfique avait été construit ici par les elfes qui avaient défendu cette côte contre de redoutables Vodyanoi vénérant l’un des Grands Anciens, Dagon. Une légende qui n’était attestée dans aucun écrit historique, du fait de l’ancienneté de cette légende. Seulement, si Scydia venait vraiment d’un temple, alors c’est que la légende était vraie. Autrement dit, Elena allait sûrement devoir organiser des expéditions pour trouver ce temple, et y chercher des vestiges.

Cependant, ce temple n’était pas le seul mystère. Qu’est-ce que cette femme fabriquait ici ? Comment s’était-elle retrouvée dans ce temple ? Elena crut initialement qu’elle était juste une amnésique, une pauvre Nexusienne devenue folle à force d’errer dans les profondeurs de la ville, et qui avait fini par se retrouver ici, mais... D’une part, elle n’avait pas la tête d’une cinglée, et, d’autre part, elle parla de la « Jovanie ». Ce terme résonna dans l’esprit de la Reine, et, pendant que Scydia commençait peu à peu à dénouer les fils, et à percevoir sa situation, Elena, elle, filait dans les profondeurs de sa mémoire pour se rappeler la Jovanie. Fort heureusement, la Reine avait la même mémoire que sa défunte mère, dont on disait qu’elle avait la tête suffisamment large pour se rappeler des 155 places qui avaient été allouées lors du banquet organisé à l’occasion de son mariage avec Liam Ivory. La Jovanie, donc... Elena en avait entendu parler dans ces cours de géographie au monastère... Des cours qui avaient été assez exigeants et pointus, car une Reine se devait de connaître parfaitement le monde, que ce soit les États, ou les fleuves, les zones stratégiques d’importance, etc... En fait, Elena ne se rappelait quasiment plus de ce qu’elle avait appris sur la Jovanie, juste que, pour elle, ça évoquait les elfes... Ce que le surnom de Scydia confirmait aussi, ainsi que le fait qu’elle prétende venir d’un temple elfique... Or, elle n’avait aucun attribut elfique visible.

*Peut-être une métis ? Ce n’est pas impossible...*

Prise d’un doute, Scydia lui demanda alors où se trouvait Nexus. Elena ne répondit pas sur le coup, car elle sentit que Scydia avait une autre question à poser, ce que cette dernière ne tarda pas à faire, en poursuivant, d’une voix hésitante, presque comme si elle se doutait de la réponse :

« ...Q-quand sommes nous, Elena ? »

La Reine aurait pu lui donner l’année précise, mais elle sentait que ça ne parlerait pas beaucoup à Scydia, surtout si elle n’avait jamais entendu parler de Nexus. Elena aussi commençait à entrevoir la vérité... Scydia ne pouvait pas être amnésique, car, non seulement elle connaissait son nom, mais elle lui avait parlé d’une position géographique précise et identifiable sur certaines cartes. Elena laissa donc planer quelques secondes.

« Je... Je crois qu’il vaut mieux que je te le montre. Suis-moi... »

Si une servante passait par là, elle serait probablement surprise de voir la Reine se déplacer en serviette de bain avec une parfaite inconnue, un spectacle qui était généralement réservé à d’autres dignitaires venant de loin, et soucieux de voir si les Nexusiennes avaient les reins aussi solides que ce que la légende disait. Elena sortit de la salle de bains, traversa le couloir, et ouvrit une porte. C’était un petit bureau, et elle conseilla à Scydia de s’asseoir sur une chaise. Elena avait proprement noué sa serviette, ne voulant pas qu’on la surprenne à nouveau nue. Elle s’approcha d’une bibliothèque comprenant toute une série de livres et de parchemins.

Si Scydia observait la pièce, elle verrait un bureau en face d’elle, avec une mappemonde qui pouvait, en soi, fournir un début d’explication. Dans le fond de la pièce, une vitre permettait d’éclairer la pièce. Elena finit par tirer sur un manuscrit, comprenant un atlas, et le déposa sur le bureau.

« Voilà... On est là... »

Une double page montrait le monde, et Elena désigna un point à l’ouest d’un grand continent central, le long de la mer. La légende sur la carte parlait d’elle-même : « NEXUS ». Elena s’écarta ensuite.

« Quant à la date... Où est-il ? Ah, voilà ! »

Elena attrapa un manuscrit plus petit, qui comprenait la date de cette année et des neuf années à venir, en tenant compte des différents calendriers. Les elfes avaient leur propre calendrier, les humains aussi, ainsi que les nains... Nexus étant au carrefour du monde, il était normal d’avoir ce genre d’instruments. Le calendrier elfique étant resté le même depuis des millénaires, Scydia ne devrait avoir aucun mal à voir la différence d’année.

Presque dix mille ans s’étaient écoulés entre son combat contre le Fléau et son réveil dans les profondeurs du Palais d’Ivoire.
DC d’Alice Korvander.

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Scydia

Humain(e)

Re : Anachronique | PV |

Réponse 6 vendredi 16 mai 2014, 14:08:18

Lui montrer ? Que voulait-elle lui montrer, exactement ? Qu'est-ce qui valait la peine d'être montré ? Sous l'agitation qui commençait à la saisir, Scydia sentait la bile de mauvaise foi remonter jusque sur ses papilles. Sa mauvaise humeur et son inquiétude voulaient se muer en une expression orale quelque peu ordurière pour lui faire exorciser les mauvais pressentiments qui lui étreignaient le coeur d'une poigne de fer, qui ne manquait pas de l'autre main de lui tordre l'estomac. Pour ne pas se montrer insultante envers Elena, la guerrière se contenta d'hocher rapidement la tête tout en se mordant l'intérieur de la joue. La combattante emboîta silencieusement le pas de la dirigeante et ne prit même pas la peine de détailler les couloirs tranquilles qui abritaient leurs pas discrets. Les femmes arrivèrent à un bureau, sorte de petit cabinet d'étude qui déplut à Scydia. Cela lui rappelait trop le temps durant lequel son mentor l'avait initiée à des arts plus subtils que ceux du combat : dans un local sensiblement identique à celui dans lequel Elena lui proposait de s'installer, la farouche blondinette avait apprit la lecture, l'écriture, le calcul, la géographie et avait versé dans quelques autres domaines dont les connaissances étaient devenues depuis des siècles déjà complètement obsolètes.

Ses yeux s'intéréssèrent à la mappemonde sans chercher à trop la détailler, ne voulant pas s'emplir la tête de spéculation et de doutes. De ce que les cartogrpahes de son époque avaient déjà rapporté ne semblait subsister que des bases aujourd'hui incroyablement plus affinées qui, de loin et sans attention particulière, lui semblèrent abominablement abstraites. Scydia préféra observer Elena qui, moulée dans sa serviette, parcourait les étagères alourdies par le poids d'impressionnants ouvrages qui y reposaient. La reine ne l'attirait pas. Son esprit était certes trop accaparé par d'effrayantes spéculations pour s'intéresser à des choses plus triviales, mais Scydia n'avait jamais vraiment sût dire si une personne, pour une simple question physique, avait ses faveurs.
Quand la reine de Nexus déposa devant l'intruse un atlas, Scydia se pencha depuis la chaise vers laquelle elle s'était installée vers les pages jaunies qui délivraient une carte du monde. Suivant le doigt fin de la brunette, la bretteuse découvrit la cité côtière schématisée par une plume des plus savantes. L'inscription, en revanche, ne lui parlait absolument pas.

- Je ne sais pas lire cette langue, dit-elle sans laisser paraître une légère pointe de gêne. Je ne sais lire que l'Ald'huïn et un peu le Kekch.

En somme, la langue des premiers elfes et celles des races plus frustres comme les orcs et autres gobelins. Dans le monde qu'elle avait quitté, les humains n'avaient pas encore établi un réel langage écrit et celui qui viendrait à être adopté communément sur Terra n'aurait que très peu des bases elfiques sur lesquelles il aura été construit. Elle supposa très logiquement qu'Elena lui montrait la fameuse cité de Nexus dont elle prétendait être la souveraine et estima du bout des doigts l'échelle de la cité d'or sur la portion de terre qui la portait.

- Ta cité est gigantesque, Elena. Elle suivit un instant le tracé des côtes. J'ai l'impression de connaître ça.

Scydia ne put s'attarder sur la géographie qui se dévoilait devant elle, puisque la souveraine lui présenta un manuscrit qu'elle porta à son attention. Ce document, à la différence de l'atlas, était parfaitement compréhensible pour la blonde. Elle jeta un oeil un peu inquiet à Elena avant d'enfin accepter de se concentrer sur les chiffres qui dansaient devant ses yeux. La guerrière se référa à la date indiquée par sa compagne de discussion, avant que ses paupières ne clignent. Ces nombres étaient impossibles ! Bien trop élevés ! Comme prise d'une légère panique, elle repoussa sèchement la main d'Elena et consulta plus attentivement le papier en s'humectant nerveusement les lèvres, son doigt témoignant du retour chronologique qu'elle effectuait par rapport à la datation affirmée par la brune. Elle se mordilla nerveusement la lèvre inférieure avant de se mettre à compter sur ses doigts, comme une enfant.
En un éclair, son poing fermé s'abattit violemment sur le bois du bureau qui grinça légèrement sous le choc, tandis que ses beaux yeux bleus fusillaient la souveraine d'un regard des plus meurtriers.

- TU MENS ! TU MENS, C'EST IMPOSSIBLE ! Se levant d'un bond de son fauteuil qui tomba à la renverse, elle agrippa le velin d'une poigne crispée et l'agita viruleusement sous le nez de l'Ivory. CELA FERAIT PRES DE DIX MILLE ANS ! FOUTAISES ! DOIS-JE TE BRISER LES OS DE CHAQUE MAIN POUR QUE TU CESSES CETTE COMEDIE, ENFANT ? ES TU SATISFAITE DE TON MISERABLE MENS-

Alors qu'elle semblait véritablement prête à se jeter sur Elena, Scydia s'arrêta d'un coup tandis qu'un déclic se fit jour dans son esprit. Sans se calmer, elle reporta d'un coup toute son attention sur l'atlas et revint suivre d'un doigt rendu fébrile par la colère le tracé des côtes qui bordaient Nexus. Si les hommes et les constructions changeaient, la terre elle ne perdait rien de son dessin. Et cette même terre qui apparaissait comme étant le royaume de l'enfant Ivory, Scydia en connaissait parfaitement le dessin. Elle l'avait étudié avec son maître des heures durant, quand il lui avait enseigné la géographique. Parce que voir "depuis le ciel" l'endroit où elle vivait lui semblait être une incroyable magie, Scydia avait passé de longs moments à imprimer dans son esprit le dessin des côtes bleues, son chez-elle.
A présent devenu, après maintes et maintes décénnies, le tertre de la plus grande cité de tout Terra.

Comme si les paroles et les preuves devenaient une évidence claire comme un rayon de soleil, la vérité explosa dans le coeur et l'esprit de Scydia. La fière guerrière baissa la tête et le rideau humide de ses courts cheveux blonds retomba comme un voila pudique sur son visage dont les traits se déformaient de plus en plus à mesure que la tristesse la plus poignante lui serrait le coeur et l'âme. Ses épaules se mirent doucement à trembler et son poing refermé sur le manuscrit chronologique s'ouvrit pour le laisse tomber sur le sol tandis que, doucement, des larmes vinrent s'écraser sur la carte du monde.
Finalement, comme si le poids de l'évidence était devenu un fardeau bien trop lourd pour elle, Scydia tomba à genoux sans que ses pleurs ne cessent, ses larmes roulant de ses joues sur son buste nu.

- Tu n'avais pas le droit de me voler ma mort... Tu n'avais pas le droit, psalmodia t'elle entre deux sanglots.

Le Fléau, si il avait été là à cet instant, aurait put se vanter d'avoir brisé la plus fière de tous ses ennemis. Près de dix mille ans ans après la bataille, cet esprit malin savourait-il sa victoire ?

Elena Ivory

Humain(e)

Re : Anachronique | PV |

Réponse 7 samedi 17 mai 2014, 01:57:44

Elena ne s’attendait pas à une telle crise de colère, et la relative forme de sympathie, ou, plutôt, de compréhension, qu’elle avait à l’égard de cette femme s’atténua devant un sentiment de peur quand elle se mit à lui hurler dessus, en brandissant le parchemin. Elena ne dit rien, mais choisit de lutter contre son instinct, cet instinct qui, pour une inexplicable raison, soufflait à la Reine de lui faire confiance. Scydia mentionna près de dix millénaires, mais Elena retint surtout le « briser les os » et le « gamine », deux éléments qui l’incitèrent à utiliser discrètement son alarme. Elle n’avait pas de petit bouton rouge sous le bureau, mais un dispositif similaire : une bague magique... Du moins, une bague abritant un orbe magique, un orbe relié à un autre orbe. Quand elle appuyait dessus, l’orbe émettait un signal magique, provoquant comme une vibration... Elle appuya donc discrètement dessus, tout en incitant la femme à calmer :

« Je... Mais que vous arrive-t-il, Scydia ?! »

La femme se mit à genoux, et l’intervention de la cavalerie ne fut pas longue. Adamante reçut le signal rapidement, et se téléporta instantanément, arrivant près de son miroir magique, dans les appartements de la Reine. Elle savait qu’Elena n’appuierait pas sur la bague sans raison, et c’était une sécurité indispensable, voulue par Ronald Langley. La femme était à genoux, en train de pleurer, visiblement, et, alors qu’Elena se releva, Adamante arriva derrière.

« At... » entama Elena.

Trop tard. La décharge magique jaillit de la main d’Adamante, et heurta Scydia à la nuque. La mystérieuse femme qui avait surgi à l’improviste dans sa salle de bains s’affala sur le sol. La décharge l’avait simplement plongé dans l’inconscience. Une attaque que Scydia aurait sans aucun doute pu esquiver en temps normal. Adamante ne s’était pas posée plus de questions : elle n’avait jamais vu cette femme, la Reine ne l’avait pas annoncé, et la magicienne avait préféré prévenir que guérir.



« Il n’y a aucune référence à une quelconque Scydia dans nos archives...
 -  Elle est née il y a dix mille ans, nos archives ne remontent pas à aussi loin ! »

Le regard acéré de Ronald « Scar » Langley exprimait tout le doute qu’il éprouvait pour cette assertion. Outre siéger au Conseil royal, où il représentait officiellement l’Ordre du Griffon, l’ancien camarade d’armes de Liam Ivory, au visage marqué par une hideuse balafre, était aussi le chambellan du Palais, et le responsable de la Garde royale. Quand on lui avait annoncé qu’une femme avait débarqué dans la salle de bains de la Reine, au nez et à la barbe de tout son dispositif de sécurité, Langley avait cru s’étrangler sur place. Il savait que le Palais d’Ivoire était vieux de plusieurs millénaires, et avait subi moult reconstructions. Ce faisant, il existait une infinité de passages secrets, et il savait donc qu’il était théoriquement possible de rejoindre les appartements de la Reine par ce biais. Théoriquement, bien sûr... En pratique, beaucoup de ces passages étaient secrets, protégés par des runes, et il y avait aussi des rondes.

Scydia était avec eux, dans l’une des pièces du château. Ronald avait voulu la transférer dans les prisons du château, mais Elena avait refusé, arguant qu’elle préférait plutôt la mettre dans un salon. Scydia était ainsi assise sur un fauteuil, mais ses bras étaient reliés aux accoudoirs par des espèces de bracelets magiques, agissant comme des ventouses. C’était plus confortable que des liens, et, encore une fois, c’était Elena qui avait demandé à Adamante de faire ça. Ronald en était presque à se demander si elle n’avait pas été droguée, car, tout ça... Ça ne ressemblait pas à la fille de Liam. Un tel manque de prudence... Elle aurait du appeler immédiatement la garde, au lieu de s’entretenir avec une menace potentielle. Le pire, c’est qu’Elena le savait... Tout comme elle savait que la procédure normale n’était pas de s’entretenir personnellement avec Scydia, mais de la laisser être interrogée par les hommes de Ronald, dans les cachots. Seulement... Elena savait que la torture était un mode d’interrogatoire utilisé à Nexus. Ce mode avait été restreint par plusieurs ordonnances royales successives, mais, dans ce scénario, les agents royaux avaient le droit d’y recourir, le crime concernant la personne royale.

« Les hommes ont-ils trouvé quelque chose dans le passage par où elle est venue ? » demanda alors Adamante, essayant d’éviter que le conflit larvé entre Elena et Ronald n’éclate.

Ronald la regarda, et hocha lentement la tête.

« Un genre de temple... Ils ont du descendre profondément, dans les profondeurs de la falaise, mais ont vu ce qui, manifestement, ressemblait à un sanctuaire elfique... Mais ce ne sont pas des spécialistes. J’ai demandé à l’université de nous envoyer un expert sur la question.
 -  Aucune idée sur la manière dont elle aurait pu entrer ?
 -  Nous avons pu remonter jusqu’à ce sanctuaire, mais, à partir de là, les agents n’ont pas pu trouver un autre chemin. »

Tout ça ne prouvait rien, Elena le savait, car il pouvait tout à fait exister encore d’autres passages. Ce qu’elle pensait concernant Scydia n’était tout simplement pas rationnelle, elle le savait.

« On ne peut pas simplement se contenter des archives... Il faut aller chercher dans les bibliothèques... Si elle date vraiment de cette époque, on aura plus de chance en cherchant du côté des contes ou des légendes... »

Il y a dix millénaires, Nexus n’existait pas. Elle n’en était qu’à ses prémices, et les seuls documents historiques que les archives avaient étaient des manifestes de navires elfiques, attestant de la construction d’un petit avant-poste sur une terre étrangère. Des informations que les Nexusiens avaient pu recouper avec celles données par le Bosquet des Hauts-Elfes. Il n’y avait aucune trace d’une quelconque Scydia, et Elena avait aussi demandé à ce qu’on interroge les Hauts-Elfes. Pour l’heure, Ronald était plus que circonspect devant cette histoire, mais, malgré sa paranoïa, il était aussi un homme intelligent. Pourquoi inventer une telle histoire abracadabrante ? Pourquoi avoir débarqué devant la Reine en étant nue ? Il y avait des éléments qui ne collaient pas avec un assassinat.

« Elle est en train d’émerger... »

Ronald hocha lentement la tête, et fit signe à Elena de se taire. Cette dernière se mordilla les lèvres. Elena en avait profité pour s’habiller à son tour, portant une confortable robe. Ronald s’assit en face de Scydia, et attendit que cette dernière émerge pour se présenter.

« Votre bouche doit être pâteuse... Détendez-vous, vous pourrez parler sous peu... Mais je pense que vous devez m’entendre. Je m’appelle Ronald Langley, et je suis en charge de la sécurité de Sa Majesté la Reine Elena Ivory. Je vais vous demander une réponse simple et claire à une question qui l’est tout autant. »

Il ménagea une pause, espérant avoir capté l’attention de la femme, et reprit :

« Qui êtes-vous, et que voulez-vous ? »
DC d’Alice Korvander.

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Scydia

Humain(e)

Re : Anachronique | PV |

Réponse 8 samedi 17 mai 2014, 18:13:05

Elle capta le mouvement qui s'orchestra derrière elle, quand bien même elle était en pleurs et que son attention n'était plus qu'un voile déchiré par la tristesse. Elle sut que quelqu'un était arrivé en se plaçant dans son dos, tout autant qu'elle sut à force d'entraînement qu'il lui était tout à fait possible de se déplacer. Même en utilisant une vitesse très éloignée de son potentiel maximal, Scydia aurait put ajourner la menace pourtant implacable d'Adamante. La guerrière n'esquissa néanmoins aucun geste, qu'il fut de défense ou de déplacement. Son corps était de toute façon encore trop endolori pour que ses muscles produisent l'accélération surréelle qui caractérisait le Sabre Véloce et surtout, elle ne voyait pas l'intêret de bouger. C'était peut-être stupide, peut-être qu'on allait l'abattre ici comme un chien. La blonde s'en moqua éperdument et se contenta de subir la décharge que la magicienne lui délivra derrière la tête, qui lui évoqua brèvement un coup de massue aussi soudain qu'un éclair. Dans un léger gémissement et un dernier sanglot, la fière Scydia Cinq-Soleils s'effondra sur le carrelage de marbre du petit bureau, plongée dans les profondes ténèbres de l'inconscience.

***

Son esprit reprit lentement pied, son difficile éveil accentué par des sons très étouffés aux intonations de diverses envergures. Ce n'étaient que des bruits sans sens ni raison qui caressaient ses tympans, comme si les mots étaient enrubannés dans d'innombrables couches cotonneuses. Etait-ce là vraiment des mots ? Sa tête cognait durement et Scydia se montrait bien incapable de faire le distingo entre une phrase et des tirs de cannonerie. Tout son univers sonore était perturbé, la cohérence des sons qu'elle percevait ne parvenant pas à s'ajuster concrètement. Tête baissée sur son assise, la combattante fronça péniblement les sourcils en essayant d'ouvrir les yeux, ses paupières papillonnant lourdement devant ses globes oculaires. Le sol fut d'abord flou, puis sa solidité fut enfin concrète. Elle voyait ses cuisses et ses pieds de plus en plus distinctement. Lorsqu'elle tenta de passer sa main sur son visage, la guerrière s'aperçut que ses deux bras étaient entravés. Ils bougaient très légèrement sans pouvoir réellement se mouvoir et elle maugréa un juron en elfique avant de comprendre qu'on parlait tout autour d'elle. Décidant de se laisser le temps et de ne pas forcer son esprit à comprendre et à analyser, Scydia resta quelques instants à ne rien dire en conservant tête bêche. Non pas qu'elle voulait faire profil bas -elle était trop fière pour cela- mais c'était la position qui lui sembla sur le moment la plus confortable.
Finalement, la combattante comprit que quelqu'un venait de s'installer face à elle et qu'il n'était plus question de rester passive. Elle leva le visage vers l'inconnu et n'eut pas le luxe de détailler les cicatrices qui lui dévoraient la face puisqu'elle se mobilisa sur les mots qu'on lui adressait.

Sa langue, comme pour vérifier les dires de Langley, remua pataudement dans sa bouche entr'ouverte. Elle attendit que la salive vienne envahir son palais pour prendre la parole d'une voix légèrement affaiblie mais empreinte d'une fierté que rien, décidément, n'aurait semblé pouvoir lui ôter.

- Je suis... Je suis la syrra'elheìn Scydia Cinq-Soleils, enfant des côtes bleues et pupille de Lothor Cinq-Soleils, commença t'elle. Je suis l'envoyée et la soldate du souverain Medhaar de la Vigne-d'Or et l'ennemie jurée du Fléau des Ages.

Enfin revenue sur terre, Scydia se redressa convenablement sur son assise et jeta légèrement sa tête en arrière pour chasser le rideau de cheveux blonds qui était tombé contre son visage. Aussi noble que le lion qui apparaissait parfois dans son sillage, la farouche guerrière toisait Ronald Langley sans peur ni gêne.

- Et ce que je veux, c'est apprendre l'honneur au lâche qui attaque une personne désarmée dans le dos. Libère moi donc, Ronald Langley, que je délivre ma leçon ! 

La jeune femme ignorait l'identité de son agresseur et ne s'adressait en fait pas spécialement à Langley, bien qu'elle le fixait dans les yeux. C'était plus qu'une provocation, c'était la promesse d'une leçon qu'elle estimait avoir le droit d'inculquer à celui (ou celle) qui ne connaissait pas les règles les plus élémentaires du duel. L'honneur était une des choses les plus sacrées pour Scydia et, comme l'anachronisme qu'elle était, elle n'imaginait pas qu'un serviteur royal puisse en être dépourvu. La blonde n'était pas assez bête pour ne pas comprendre pourquoi on l'avait assommée, si cette Elena était effectivement une souveraine. Mais le faire de face en la sommant préalablement de se rendre lui semblait plus digne, plus logique. Plus noble.
Apercevant la souveraine derrière Langley, la guerrière se désintéressa de ce dernier pour planter ses yeux bleus dans les seuls autres qui lui semblèrent un tant soit peu amicaux.

- Je te dois des excuses, Elena. J'étais l'intruse en ta demeure et il était indigne que je te menace alors que tu avais accepté ma présence.

Respectueusement, Scydia inclina la tête. Elena n'était pas son ennemie et maintenant qu'elle était plus calme, la combattante admettait s'être laissée emporter. Ce n'était pas digne d'elle, ni même très correct envers celle qui lui avait quelque peu accordé sa confiance. Quelle soit reine ou paysanne, la brunette lui avait plus d'une fois tourné le dos et était restée face à elle, parfaite inconnue et menace potentielle, toujours désarmée. Que cela fut acte de bonté naïve ou de confiance presque innée ne changeait rien à l'affaire et au déshonneur qu'avait été son comportement une fois qu'elle avait eu sous le nez la concordance des dates.

- Si le calendrier ne mentait pas, il n'est rien que je puisse faire pour t'assurer de mon identité et du fait que je ne te voulais aucun mal. Elle revint à Langley, son oeil scintillant d'un éclat prédateur. A part peut-être assurer que si j'avais voulu prendre ta vie, tu serais morte avant même que tu ne puisse réaliser que je ne t'avais tranché la gorge.

Elle aurait put ajouter qu'elle aurait été très loin avant même que le corps d'Elena ne soit découvert et que la garde ne réalise son impuissance, sa vitesse aidant. Scydia n'en fit rien, ne cherchant pas vraiment à défier Scar. Pour le moment, l'homme ne faisait sûrement jamais qu'accomplir son devoir et le Sabre Véloce ne pouvait pas le considérer comme un réel adversaire. Toutefois, elle se devait d'établir sa défense. Si elle avait voulu s'en prendre à Elena, aurait-elle risquer de se faire surprendre en sa compagnie avant d'accomplir son forfait ? Les deux femmes avaient passé presque trente minutes ensemble, soit bien plus de temps qu'il n'en fallait à une combattante chevronnée pour occir une faible demoiselle, toute reine fut-elle.

Elena Ivory

Humain(e)

Re : Anachronique | PV |

Réponse 9 mardi 20 mai 2014, 02:05:49

Scydia, une Syrra'elheìn... Ce nom sonnait clairement elfique, et il ne pouvait pas être inventé, mais il ne disait pas grand-chose à la Reine. Elle avait vaguement l’impression de l’avoir entendu il y a longtemps, mais il était impossible pour sa mémoire tortueuse de s’en souvenir plus. Les elfes étaient un peuple tellement compliqué, une civilisation si vieille, si âgée, qu’il était très difficile d’avoir sur cette dernière un point de vue complet... Surtout pour des éléments remontant à une dizaine de millénaires. Encore une fois, la Reine avait l’intime conviction que Scydia lui disait la vérité... Et, encore une fois, il n’y avait, dans cet avis, rien de rationnel, simplement sa profonde conviction. Scydia semblait outrée qu’on ait pu l’attaquer dans le dos, et Adamante ne releva pas l’accusation. Elle n’avait pas agi ainsi dans le but d’un duel, simplement pour protéger la Reine d’une possible agression. C’est ce qui amena Scydia à relever que, si elle avait voulu du mal à la Reine, elle l’aurait attaqué bien avant, et se serait débrouillée pour fuir avant que la Garde ne puisse la retrouver. Langley ne releva pas, de son côté, cette prétention. Il ne pouvait pas nier l’évidence : une inconnue s’était retrouvée en contact avec la Reine, au sein du Palais d’Ivoire, et, pire encore, dans la propre salle de bains de la Reine. C’était une faille de sécurité, et il aurait été inutile, pour lui, d’essayer de soutenir que le système de sécurité était très au point.

C’est donc sur un autre terrain qu’il répondit :

« Le Palais d’Ivoire est une très vieille fortification, qui a subi moult ravages au cours de son Histoire, ayant entraîné des destructions, des reconstructions, et ainsi de suite... Nos hommes ont trouvé dans le passage secret une grotte avec ce qui semble être un ancien sanctuaire elfique, mais, faute d’avoir sous les mains un spécialiste de la...
 -  Vous en avez une », le coupa alors une voix forte venant de la porte d’entrée.

Elena, Adamante, et Ronald tournèrent la tête vers l’arrivante. Nyzaël venait de faire son entrée, et elle était, effectivement, une elfe. Elle appartenait même aux Hauts-Elfes, mais, il y a encore dix mille ans, les elfes ne devaient pas avoir établi cette distinction. Ronald ne dit rien. Il ne voulait pas provoquer une dispute sous les yeux de cette Scydia, mais, s’il avait choisi de ne pas faire appel à Nyzaël, c’était parce qu’il n’avait pas confiance en elle. Elle venait du Bosquet, et Ronald se méfiait de cette manie que les elfes avaient de toujours voir les humains comme de jeunes enfants. Les Hauts-Elfes avaient cette fâcheuse et persistante tendance de considérer Nexus comme étant à eux.

Nyzaël tourna sa tête vers Scydia, et entreprit de se présenter :

« Je m’appelle Nyzaël. Je suis la sœur du Roi Thamir, qui a sous sa juridiction le Grand-Arbre, le Bosquet des Hauts-Elfes de Nexus... Et je connais la légende de la Syrra’elhein Scydia Cinq-Soleils, qui donna sa vie en mettant à mort un cauchemar des temps anciens : le Fléau des Âges. La Guerre des Âges est une légende qu’on conte dans mon peuple...
 -  Une légende dont nous n’avons jamais entendu parler, crut bon de souligner Ronald.
 -  Il n’y a rien d’étonnant là-dedans : les légendes humaines sont axées autour du sexe et de la boisson. Les nôtres sont des contes historiques ayant conservé une certaine forme d’authenticité, là où vos propres récits, du fait de votre éphémère existence, ont fini par se perdre dans la vague informe des fantasmes collectifs. »

Ronald soupira légèrement, mais, alors qu’il cherchait quoi dire, ce fut Elena qui intervint :

« Vous avez inspecté ce sanctuaire ? » demanda-t-elle.

Nyzaël hocha lentement la tête. Son regard oscillait entre celui de Scydia et celui d’Elena.

« J’y ai été, et j’ai vu. L’alphabet qui orne les murs de ce sanctuaire est très ancienne, et effacée en partie par l’érosion et l’écoulement naturel du temps. Ce sanctuaire était un mausolée, conçu en l’honneur de celle qui avait réussi à vaincre le Fléau. »

Elena ne doutait pas un seul instant de la justesse des paroles de Nyzaël, mais il y avait quelque chose qui gênait Ronald.

« Navré d’interrompre, mais... Scydia n’a pas d’oreilles pointues... En fait, elle m’a tout à fait l’air d’être...
 -  Scydia est connue dans nos légendes pour avoir une mère humaine et un père elfe, l’interrompit alors Nyzaël. Lothor Cinq-Soleils, dont nos conteurs chantent encore le nom. Lui et ses colons ont exploré le continent, et ont posé les premières fondations de ce palais. On les appelait alors Al’huïn, même si ce mot est passé de mode, maintenant... »

Nyzaël croisa les bras. Elle semblait sûre de son fait, et leur expliqua aussi que, selon certaines variantes plus modernes de la légende, Scydia était celle qui avait unifié humains et elfes, et que son sacrifice avait permis aux elfes de voir les humains comme autre chose que de simples sauvageons incultes et violents, mais comme des guerriers pouvant faire preuve d’une noblesse et d’un héroïsme sans précédent. Ronald, cependant, n’en démordait pas. Dans cette espèce de simulacre de procès qui était en train de s’instaurer, il posa la question meurtrière :

« Soit... Admettons que cette femme soit vraiment votre Scydia Cinq-Soleils... Admettons ça... Comment expliquez-vous, alors, qu’elle se tienne devant nous, en pleine santé, dix mille ans après sa mort ? Oh, je veux bien croire que vous, les elfes, ayez un niveau magique plus élevé que le nôtre, mais, que je sache, il n’existe aucun sort capable de conserver un corps mort pendant dix millénaires. »

Nyzaël se tut, en se pinçant les lèvres. Le retour de Scydia était annoncé dans certaines versions de la légende, mais c’était une ritournelle classique dans les contes : le héros mort devait toujours revenir, un jour ou l’autre. La vérité était que Nyzaël n’avait pas la réponse à cette question.
DC d’Alice Korvander.

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Scydia

Humain(e)

Re : Anachronique | PV |

Réponse 10 mardi 20 mai 2014, 08:21:57

C'était un dialogue de sourds, une guerre froide larvée qui semblait vouée à prendre place entre Ronald Langley et Scydia. Son argument, plutôt que de faire mouche, avait été écarté d'un revers de la main par son interlocuteur. Lui n'était visiblement préoccupé que par la facilité de la syrra'elheìn à entrer dans les appartements d'Elena, exploit dont Scydia ce serait très bien passé. Son but n'avait nullement été de s'en prendre à la souveraine (dont elle ne connaissait bien évidemment même pas le nom) mais simplement de sortir du petit temple qui avait été le théâtre de ce qui avait été selon toute vraisemblance sa réssurection. Et voilà qu'elle se retrouvait à devoir prouver son honnêteté et un très malheureux concours de circonstances à un homme tout au moins aussi borné qu'elle. Aussi entreprit-elle de répliquer dans l'instant, ne voulant laisser passer aucune faille à celui qui, décidément, était pressé de faire d'elle son ennemie.

- Tu es plus inquiet pour l'état de tes stratégies de défense que pour le sort de ta souveraine, Ronald Lang-

Comme les trois autres protagonistes, Scydia tourna la tête vers l'origine de la voix qui avait coupé sa tirade et celle de son vis-à-vis. Dans l'encadrement de la porte se tenait une elfe que le Sabre Véloce reconnut tout de suite comme étant de noble lignage. Respectueusement -elle l'avait toujours été envers les Al'huïns et les races assimilées- elle inclina la tête en guise de salut, adressant à la nouvelle venue une formule de politesse dans un Al'huïn des plus parfaits. La guerrière ne releva les yeux vers l'arrivante que lorsque celle-çi se présenta et Scydia regretta que les références dont Nyzaël fit état ne soient pour elle qu'assez obscures. Elle fut reconnaissante toutefois que l'elfe évoque son nom et celui de Lothor, ainsi que son combat contre le Fléau. Langley, en bon partisan du doute très caractéristique de l'espèce humaine, remit en cause les propos de Nyzaël et Scydia le fusilla du regard. Comment pouvait-il douter de la parole d'un elfe ? Qui était-il pour se permettre de remettre en doute une représentante de la race la plus sage de tout Terra ? Nyzaël sut toutefois laisser filer une répartie cinglante et l'humaine s'en trouva soulagée.
Quand Elena intervint quant à la nature du temple dans lequel Scydia s'était éveillée, cette dernière reporta le regard sur l'elfe, dont la réponse ne lui apporta qu'une mince satisfaction.

- Je ne l'ai pas vaincu seule. Mes amis ont lutté avec autant de fureur que moi et j'espère que les murs content également leur bravoure.

L'émotion lui étreignit la gorge alors que des images successives se mirent à défiler devant ses yeux. Les visages de ses compagnons alors que le Fléau les fauchait impitoyablement, la laissant seule face à l'apocalypse sous sa forme la plus humanisée. Réprimant ses larmes, la guerrière ne prêta que vaguement l'oreille à la rapide discussion qui suivit entre Langley et Nyzaël, n'en retenant qu'une chose : Nexus était effectivement bâtie sur la côte bleue et s'avérait être ce petit village presque utopiste qu'elle avait quitté pour entreprendre sa quête. Le soleil avait connu depuis un nombre incalculable de couchers pour transformer ce petit hameau en une cité aussi étendue que la carte le montrait.
Quand vint la question de Langley, Scydia prit le temps d'une petite reflexion. Ce n'était pas une question à laquelle elle avait réellement la réponse, mais les derniers mots du Fléau lui revinrent alors en mémoire.

- Les elfes ne sont pas à l'origine de mon retour, commença t'elle. Je suis morte face au Fléau, qui m'a pulvérisé les entrailles de l'un de ses sorts. Il était impossible que je puisse survivre à mes blessures, quand bien même la Déesse m'aurait apporté son aide. De cela, je suis absolument certaine.

La syrra'elheìn se passa la langue sur les lèvres, comme si cela pouvait l'aider à se concentrer. Puis elle allât à la rencontre du regard de la fille de Thamir, considérant qu'elle était la seule qui accepterait de l'entendre et possiblement la seule qui saisirait le sens des mots du Fléau des Ages.

- Elle m'a dit que je reviendrais pour la Nouvelle Aube afin de pouvoir contempler le monde que j'avais contribué à forger en l'emportant sur elle. Car si tu te peux aujourd'hui te targuer d'exister et te permettre de me juger, Ronald Langley, dit elle en revenant vers l'homme, c'est parce que mes amis et moi avons payé de nos vies pour empêcher ce monde d'être balayé par une force plus noire que la nuit !

Elle bouillait de rage, de frustration, de tristesse. Scydia avait payé de son sang pour que Nexus puisse voir le jour, pour que les pères des pères puissent survivre à la menace d'extermination que le Fléau faisait peser sur le monde. Elle n'avait jamais demandé à survivre à son combat : sa part était faite et la perte de ses amis n'aurait sût être comblée par une poignée d'années de vie supplémentaires. La mort lui semblait bien plus douce que la survie, bien plus honorable aussi. C'était le couronnement d'une existence digne, d'une vie de guerrière. Et le Fléau lui avait volé. Que ce soit une simple vengeance ou l'engrenage d'un plan plus global ne changeait pour la syrra'elheìn rien à l'affaire.

- Je préfère être exécutée plutôt que de rester ici à attendre qu'on statue sur mon sort durant des heures, conclut-elle, amère.

Elena Ivory

Humain(e)

Re : Anachronique | PV |

Réponse 11 mercredi 21 mai 2014, 02:16:50

Les Hauts-Elfes avaient appris à masquer leurs émotions face aux humains. Ils pouvaient être aussi imperturbables que du granit, et faisaient preuve d’un sang-froid qui semblait presque surréaliste. On les voyait rarement s’énerver ou paniquer, même quand ils n’étaient plus qu’une dizaine devant faire face à des milliers d’Orcs déchaînés. Ils étaient impressionnants sur le champ de bataille, et Elena pensait sincèrement que, s’ils n’avaient pas autant de mal que les humains à se reproduire entre eux, les elfes continueraient encore à dominer ce monde. On pouvait leur reprocher bien des choses, mais la Reine ne pouvait qu’être admirative devant leur savoir, leur connaissance, et leur sens de la diplomatie... S’entendre avec les humains était loin d’être facile. Ils pouvaient faire preuve de sagesse, mais aussi d’égoïsme, quand ils n’étaient pas retors et manipulateurs. De plus, ils avaient bien du mal à masquer leurs émotions. Langley peinait à montrer l’inquiétude derrière sa colère et son impatience. Elena savait très bien ce qui le tracassait : le serment fait à son père de défendre sa fille, de la protéger jusqu’à la mort. En un sens, Scydia avait raison : il était plus tracassé par le fait que la défense du Palais d’Ivoire soit imparfaite, que par le fait de savoir la Reine en sûreté. La réalité était que les deux étaient liés, et que Langley ne se pardonnerait jamais qu’il arrive du mal à la survivante des Ivory... Non seulement parce que le royaume sombrerait alors, mais aussi, et surtout, parce qu’il l’avait tout simplement promis à son ancien camarade de guerre. L’honneur, cette vieille notion désuète et moribonde, palpait encore dans le cœur de Ronald Langley.

Pour autant, ce qui surprit Elena fut de voir les yeux de Nyzaël s’écarquiller quand Scydia parla de « Nouvelle Aube ». Nyzaël montra sa surprise. Le visage de marbre se brisa, et, même si cette expression faciale ne dura, au surplus, que quelques secondes, elle fut suffisante pour que la Reine la note. Langley, lui, avait été occupé à regarder Scydia. Elena avait noté que cette femme était éprouvée, mais elle était convaincue qu’elle disait la vérité. Elle ne pouvait pas l’expliquer : elle le savait. Scydia s’adressa à nouveau à Ronald, pour souligner son ingratitude, et finit par conclure ensuite :

« Je préfère être exécutée plutôt que de rester ici à attendre qu'on statue sur mon sort durant des heures ».

Nyzaël secoua lentement la tête.

« Il n’y a pas de doute possible. Cette femme est bien la Syrra'elheìn qui a donné sa vie, avec ses compagnons, précisa-t-elle. Et l’une de vos ancêtres. »

Ronald la regarda en fronçant les sourcils. Le pauvre ne savait plus où donner de la tête, entre cette étrangère qui le défiait par son insolence, cette elfe qui faisait preuve de l’arrogance traditionnelle des elfes, et la Reine qui avait l’air d’être à côté de ses pompes ce matin. Toutes les incohérences de cette situation, comme ce sanctuaire, se bousculaient dans la tête de Ronald, qui se devait de faire appel à sa discipline militaire pour démêler le vrai du faux, et ne pas se laisser embarquer par cette histoire.

« Une ancêtre ? répéta-t-il.
 -  Ce sont des Al’huïns comme Lothor qui ont fondé Nexus, en compagnie des tribus d’humains qui y vivaient. La famille humaine de Scydia faisait partie de ces peuplades. »

Ronald ne dit rien, et Elena intervint alors :

« Détachez-là, Sire Langley. »

Le paladin se retourna, dévisageant la femme.

« Avec tout le respect que je vous dois, Majesté...
 -  Je vous ai dit de la libérer. Suis-je la Reine, ici, ou non ?! »

Un léger silence vint à s’instaurer dans la pièce. Ronald et Elena se dévisageaient silencieusement, sans que Nyzaël ou Adamante n’osent parler. Elena était certes la Reine, mais Ronald était le chef de la sécurité, responsable de la protection du Palais d’Ivoire, et notamment de la personne de la Reine.

« À vos ordres, Majesté. »

Ronald se déplaça, et retira les liens qui entravaient les poignets de la femme. Il se redressa ensuite, s’écartant d’elle, et Elena poursuivit :

« Veuillez nous laisser, Sire Langley.
 -  Pardon ?! répliqua ce dernier, surpris.
 -  Votre présence perturbe notre invitée, et je ne pense pas qu’elle soit hostile. Aussi vous demanderais-je de nous laisser, et de poursuivre votre enquête sur ce sanctuaire. Je lirais votre rapport avec attention. »

Le chambellan hocha lentement la tête. La discussion était terminée, et il sortit rapidement, fermant la porte derrière lui, en se disant que, de toute manière, avec Adamante et Nyzaël, la Reine serait protégée. Néanmoins, dans le couloir, il encouragea deux de ses hommes à surveiller la porte, afin d’intervenir au moindre problème. À l’intérieur de la pièce, Elena se rapprocha un peu de Scydia.

« Je suis désolée pour le comportement de Messire Langley, Madame Scydia. Il est chargé de ma sécurité, et il faut bien quelqu’un qui soit paranoïaque ici... Il a juré de protéger la dernière des Ivory, et... Disons qu’il ne faut pas juger trop hâtivement ses craintes. En dix mille ans, le monde a eu l’occasion de changer énormément, vous savez... Même si certaines choses ont su perdurer, comme la guerre et la souffrance. »

Il y avait tant de choses à dire et à poser... Elena croyait qu’elle était là il y a dix millénaires. Elle était curieuse de savoir à quoi ressemblait Nexus à cette époque, elle était curieuse de savoir ce que Nyzaël savait sur la Nouvelle Aube, sur cette femme, et pourquoi elle avait été tant surprise... Mais, pour l’heure, Elena voulait montrer à Scydia à quel point le monde avait changé.

« Suivez-moi, Scydia, je vous prie, j’aimerais vous montrer quelque chose. »

Elena s’avança, et grimpa l’escalier menant à une mezzanine de la pièce. Il y avait un piano dans un coin, une bibliothèque, et aussi une double porte vitrée menant à une grande terrasse en forme de demi-cercle. Elena l’ouvrit, et une bouffée d’air frais rentra dans la pièce, faisant remuer les rideaux de la pièce. Elena l’invita à passer par cette porte.

Depuis la terrasse, on pouvait voir l’immensité de la cité-État, une ville dont les bâtiments et les tours s’étendaient jusqu’aux confins de la vision. On pouvait voir, au loin, très au loin, les sommets de plusieurs massifs montagneux. Des goélands volaient dehors, et les bruits de la ville remontaient jusqu’au Palais d’Ivoire, passant au-dessus des remparts du fort. Outre les bruits des goélands, on pouvait parfois entendre les cloches et les sonneries des navires. Elena laissa à Scydia quelques secondes le temps d’observer cette ville, puis se rapprocha lentement d’elle, lui parlant dans son dos.

« Impressionnant, non ? »
DC d’Alice Korvander.

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Scydia

Humain(e)

Re : Anachronique | PV |

Réponse 12 mercredi 21 mai 2014, 09:47:17

Cette histoire s'éternisait et Scydia n'avait même plus la volonté de s'en montrer agacée. Le bélier qu'avaient été les dernières révélations et ses propres paroles quant à ses quatre compagnons avait enfoncé ce qui restait de sa détermination et elle ne désirait plus qu'une chose : qu'on la laisse tranquille. L'emprisonnement lui-même lui aurait semblé une alternative réjouissante. Plus de Langley pour la remettre perpétuellement en doute, plus de gens qui s'estimaient en droit de la juger. Scydia ne mentait pas; elle ne mentait par ailleurs jamais. Eux ne pouvaient le savoir, mais il lui semblait que la confiance était une donnée que cette humanité là, celle qui suivait la sienne après bien des années, ne savait plus faire confiance. La syrra'elhein avait sauvé les ancêtres de leurs ancêtres, ne pouvait-on pas au moins lui donner la simple paix qu'elle réclamait ? Quelques heures au calme auraient amplement suffit. Comme un baume léger sur de lourdes plaies, les interventions de Nyzaël la soulageaient un peu. Elle entendit l'elfe assurer la vérité de son histoire et lui accorda un regard des plus reconnaissants, avant d'écouter la suite.

Oui, ces êtres humains étaient les descendants des sauvages dont elle avait fait partie. Si leur lignée remontait aux origines de cette Nexus, alors Scydia avait très probablement cotoyé un jour les hommes et les femmes qui fondèrent leurs familles. Elle-même n'avait laissé derrière elle aucun héritage, mais elle croyait savoir que quelques uns de ses amis des côtes bleues avaient eu des enfants pendant la guerre. La guerrière hocha légèrement la tête en guise d'assertion.
L'intervention d'Elena la surprit un peu, sans pour autant vraiment l'étonner. La jeune reine ordonna qu'on la libère et Langley finit par obtempérer, non sans mal. Scydia se retrouva ainsi enfin libre de ses mouvements, regardant le chef de la sécurité qui venait d'être aimablement -mais autoritairement- congédié. Avant qu'il ne parte et par respect pour la dévotion dont il faisait preuve (une chose importante pour la syrra'elheìn), Scydia lui adressa quelques mots.

- Sois rassuré, Ronald Langley. Ta souveraine est en sécurité avec moi. Je ne suis l'ennemie de personne en Nexus, et surtout pas de la femme qui m'accorde sa confiance.

Polie, la guerrière lui adressa un léger hochement de tête en guise de salut avant de se retourner vers la reine et se mit à sourire légèrement en se massant un peu les poignets.

- Je ne le blâmerais pas d'être fidèle, Elena. Dans les heures sombres, tu seras heureuse de pouvoir compter sur sa fidélité et son soutien.

Qu'elle fut, comme elle le disait, la dernière des Ivory, n'affecta pas vraiment Scydia. La lignée royale nexusienne ne représentait rien pour la guerrière, qui ne prit ainsi pas la peine de relever cette partie de l'exposé. Quant à la guerre, la blonde avait comprit depuis bien longtemps déjà que la paix était une douce illusion. Une simple période qui s'achevait toujours dans le sang et les larmes, parce que les vivants n'aimaient rien de plus que l'affrontement. La soldate savait pertinemment que le monde n'était sûrement pas resté en paix bien longtemps après sa victoire sur le Fléau. D'autres fronts s'étaient ouverts ailleurs et sûrement que celui qu'elle avait connu avait laissé béantes d'autres plaies qu'il avait fallu cautériser dans la violence. Pour autant, la combattante estimait avoir accompli sa part et n'espérait qu'une chose : que le monde ait profité de la période paisible qu'elle et ses compagnons avaient sut offrir.

Elle emboîta le pas d'Elena après avoir aimablement salué Adamante et Nyzaël d'un mouvement de tête. Toujours vêtue de la simple serviette qui reposait sur ses hanches, la guerrière suivit la reine dans la mezzanine qui s'ouvrait vers l'extérieur depuis une porte vitrée. Elena la fit jouer et Scydia l'observa en silence, curieuse. Elle passa le seuil pour se retrouver sur un balconnet qui dominait une partie de Nexus, offrant sur la ville un panorama imprenable.
La blonde s'approcha du bord et posa ses mains sur le fer forgé en contemplant le spectacle le plus incroyable qu'elle n'avait jamais vu jusque là. Sous ses pieds et à perte de vue s'étalaient les quartiers d'une cité grouillante de vie et d'activité, dont le port et ses innombrables navires la narguaient au loin. De hautes tours et de plus modestes habitations semblaient s'empiler à travers un réseau de rues tentaculair si nombreuses qu'elle ne pouvait les compter. En tournant la tête, Scydia pouvait apercevoir une partie du flanc du château et ses remparts, mais le spectacle de la très vivante Nexus la laissa pantoise et elle resta émerveillée durant de longues minutes, son visage adoucit dans une expression presque enfantine.

- Déesse...

Ce fut le seul mot qu'elle se sentit capable d'articuler avant qu'Elena n'intervienne doucement. Pour toute réponse, le Sabre Véloce hocha la tête. Oh oui, c'était impressionnant. Pour elle qui avait voyagé dans un monde bien plus sauvage que celui de cette ère, Nexus s'apparentait à une vision fantasque qui lui interdisait presque de cligner des yeux de peur que la belle illusion ne s'évanouisse sous ses paupières.

- Lorsque je suis partie de chez moi, cette côte était encore sauvage, tu sais ? Elle tendit le bras vers la partie ouest de la cité, la désignant d'un mouvement large. Dans cette direction se trouvaient nos champs, qui s'étalaient à perte de vue. Non loin, nous faisions paitre les troupeaux alors que les Al'huïns construisaient les toutes premières granges et apprenaient à nos cultivateurs à mieux entretenir leurs terres.

Elle regarda Elena et, comme une enfant, lui désigna le port d'un geste presque impatient en lui faisant signe de s'approcher pour regarder avec elle.

- Les Al'huïns avaient eu à coeur de construire en tout premier un port et des quais. Ma tribu et moi habitions sur la côte et c'était d'après eux un bon moyen de commencer à lier nos civilisations. Une partie d'entre nous allat habiter dans les navires, échangeant sa place avec une partie des elfes qui vinrent vivre dans nos huttes. Tu aurais vu ça, Elena ! Ces vaisseaux étaient gigantesques ! J'ai passé des heures à m'y faufiler à la recherche de trésors et de secrets. Nous, nous vivions dans de petites huttes en torchis et en paille et quand nous avions peur, nous nous réfugiions dans les cavernes qui couraient dans la falaise. Puis rapidement s'entama la construction d'un village, d'un vrai. A cette pensée, la combattante soupira légèrement. J'aurais tellement voulu y participer... Quand je suis partie, Père m'a assuré que je trouverais à mon retour une très jolie petite ville. Et me voilà revenue. Père est sûrement retourné à la Déesse depuis plusieurs décades à présent et je me trouve face à une cité si grande qu'elle semble pouvoir avaler le monde tout entier.

Ses doigts se crispèrent sur le métal de la rembarde qui la tenait écartée du vide et elle ferma les yeux un instant, pour ravaler les larmes qui lui montaient une fois de plus aux yeux. Le contraste entre son passé et le présent était trop saisissant, trop chargé d'évidences douloureuses. Son mentor et Père adoptif Lothor mort depuis longtemps, son combat oublié de mémoire d'homme, le monde qui avait accompli de nombreuses révolutions sans elle... C'était dur pour elle, qui était bien plus fragile qu'elle n'aimait à le laisser penser.

- Je n'ai plus d'histoire, ni de cause à servir. Je suis désarmée et je suis une étrangère dans ce monde qui n'est plus le mien. J'ai "survécu"... La belle affaire. Je suis une héroïne de récit qu'on réintroduit dans le passage d'un conte qui n'est pas le sien.

Elle se retourna après un instant, regardant Elena tandis que le vent léger venu du large faisait bouger leurs cheveux.

- Pourquoi m'accorder ta confiance ? Je suis une étrangère et les craintes de Ronald Langley pourraient être tout à fait fondées. Pourtant, tu ne sembles pas me craindre ou seulement mettre en doute mes mots. Sache que je t'en remercie sincèrement, même si cela attise ma curiosité.

Elena Ivory

Humain(e)

Re : Anachronique | PV |

Réponse 13 jeudi 22 mai 2014, 01:34:01

En un sens, Elena pouvait comprendre l’étonnement de Scydia. Elle avait grandi dans un petit monastère étriqué, où elle y avait passé les dix premières années de son existence. Certes, elle savait qu’elle était Reine, qu’elle était appelée, un jour, à diriger. Pendant ces dix premières années, on lui avait expliqué toute l’importance qu’il y aurait à diriger. Concrètement, elle n’avait jamais vraiment compris ce qu’on voulait lui apprendre, ou toute l’importance qu’il y avait à être une future Reine. Elle n’avait pas été une gamine très portée sur les plaisanteries ou les excès, toujours renfermée sur elle-même, terrorisée par ce qu’on attendait d’elle, persuadée qu’elle allait échouer. Une fillette en avance pour son âge, plus intelligente que ce qu’on aurait pu penser. Elle avait compris toute l’ampleur de sa tâche quand elle s’était tenue sur un balcon... Le même que celui où Scydia se trouvait, en fait. Elle était alors plus petite, sa tête dépassant à peine de la rambarde, et elle avait vu cette ville immense. Elle n’en avait pas cru ses yeux quand on lui avait dit que, un jour, elle devrait diriger ça. Tout ça ! Aucun homme ne pouvait diriger seul une cité d’une telle importance, et il n’y avait pas eu besoin de l’expliquer longtemps à Elena pour qu’elle le comprenne. Elle l’avait su dès le premier jour. Nexus était tout simplement trop grande, trop vaste, et, si elle était à la tête du royaume, elle savait qu’il était nécessaire qu’elle bénéficie de conseillers, de seconds, de gens de confiance qui rendraient le pouvoir en son nom, et pourraient se substituer à elle. Elle comprenait donc la surprise de Scydia, et c’est pour ça qu’elle lui laissa un certain temps, afin de bien voir cette ville, avant de se rapprocher d’elle.

Scydia lui avoua être surprise, superposant ses souvenirs avec ceux d’aujourd’hui. Elena l’écouta silencieusement, amusée malgré elle par l’exactitude des informations divulguées par Scydia. Pouvait-on encore croire qu’elle simulait tout ça ? Que c’était un mensonge ? La magie permettait de faire bien des choses... Comme créer un cyclone là où il n’y avait qu’une mer calme et tranquille. De plus, Elena savait que la réincarnation existait, car Adamante lui en avait déjà parlé. Quand quelqu’un mourrait, son âme se détachait de son corps, et, parfois, cette âme se réincarnait dans un autre corps. Rien ne se créé, rien ne se perd, tout se transforme. Ce célèbre principe de chimie avait aussi vocation à s’appliquer en magie. L’âme évoluait, mais restait toujours là. Elle se déplaçait juste. Partant de ce principe, Elena voulait bien croire que Scydia était une réincarnation d’une femme ayant existé dix millénaires auparavant. Ce n’était pas invraisemblable, juste... Exceptionnel. Elle se refusait à croire que cette femme, qui semblait avoir le cœur sur la main, puisse être mauvaise. Non, elle ne pouvait tout simplement pas y croire. Imaginer Scydia mauvaise, c’était comme essayer de suivre un concert donné par un pianiste qui donnerait des mauvaises notes. Impossible d’accrocher, impossible de se laisser aller, on sentait les erreurs, et elles noircissaient tout l’ensemble.

D’après Scydia, la première volonté des elfes en venant ici avait été de fonder un port. En ce sens, ils avaient construit quelque chose qui avait duré dans le temps. Elena se laissait bercer par le discours de Scydia, imaginant très bien le passé qu’elle décrivait... Des plaines fertiles, pleines de promesses... Sa vie lui avait été arrachée, et repenser au passé amena Scydia à devenir nostalgique. Elle n’était pas de cette période, elle se retrouvait dans un monde dont elle ignorait tout, un monde où elle était perdue, sans aucun point de repaire.

Elle était anachronique.

« Je n'ai plus d'histoire, ni de cause à servir. Je suis désarmée et je suis une étrangère dans ce monde qui n'est plus le mien. J'ai "survécu"... La belle affaire. Je suis une héroïne de récit qu'on réintroduit dans le passage d'un conte qui n'est pas le sien. »

Les deux femmes se regardèrent silencieusement suite à cet aveu de faiblesse. Ce n’était pas totalement exact, mais, avant qu’Elena ne puisse donner son point de vue, la belle femme poursuivit, en lui demandant pourquoi Elena lui accordait aussi facilement sa confiance. Les lèvres de la Reine s’entrouvrirent sous l’effet de la surprise, mais, comme elle ne savait pas quoi dire, elle les referma, s’accordant le temps de la réflexion. Pourquoi ? Ça, c’était la véritable question ! Une question presque aussi difficile à répondre que celle justifiant le retour de cette femme parmi les vivants. Elena regarda autour d’elle, et finit par porter son regard sur la mer, sur les navires... Depuis un angle du balcon, on pouvait voir une partie du port, avec des quais s’étalant à perte de vue, et une multitude de bateaux.

« Pour être honnête avec toi, Scydia, je n’ai aucune réponse satisfaisante à t’offrir. Sire Langley est extrêmement suspect, mais je ne peux que le comprendre... Je t’ai dit que j’étais la dernière des Ivory. Cette mer... La mer est tout à Nexus. Sans son port, cet État ne serait rien. La mer nous a offert tout, mais elle peut aussi tout reprendre. Elle est indomptable, et est aussi paisible que cruelle. »

La jeune monarque s’exprimait par énigmes, mais c’était comme ça qu’elle faisait de l’ordre dans sa tête. Elle laissa planer plusieurs secondes de silence, tournant le dos à Scydia, ses mains crispées sur la rambarde. Elena se retourna ensuite vers elle, et on put lire, dans ses yeux, une sorte de détresse, comme une souffrance qui serait profondément enfouie en elle.

« Mes parents ont eu du mal à avoir un bébé... Quand je suis venue au monde, ils ont célébré ma naissance par un voyage... Un voyage sur la mer, qui s’est terminé par la mort de toute ma famille. Sauf que ce n’était pas un incident. Ils ont été assassinés par des traîtres, des individus qui avaient empoisonné ma mère pour que je ne vienne pas au monde... Des individus qui nous étaient très proches. Alors, je comprends la méfiance de Sire Langley. Des gens puissants veulent supprimer les Ivory, pour des raisons qui m’échappent. Le Conseil royal n’est plus qu’une fragile institution, et moi... Moi, je suis le rempart devant le chaos et l’anarchie. Si je meurs, il n’y aura plus d’Ivory, et cet État millénaire, que vous avez contribué à forger, s’écroulera dans des guerres intestines. »

Elle en disait beaucoup, ce qui la surprit. Pourquoi se confiait-elle donc autant ? C’était plus fort qu’elle... Sans pouvoir se l’expliquer, elle se sentait proche de cette femme, aussi proche que... Une légère lueur traversa les yeux d’Elena quand elle réalisa que, dans une certaine mesure, Scydia lui évoquait Adamante.

*Pourquoi ?*

Pourquoi se faisait-elle mentalement ce lien ? Pourquoi est-ce qu’Adamante lui venait tout d’un coup à l’esprit ? Comme si y penser venait de l’amener, Adamante apparut sur le balcon. Elle venait de poliment se racler la gorge, attirant l’attention des deux femmes.

« Majesté, pardonnez-moi de vous interrompre, mais je pense que votre invitée aimerait sans doute recevoir des vêtements plus appropriés... Surtout si vous avez décidé de lui montrer notre cité. Il serait fâcheux que vous attrapiez un rhume. »

Adamante sourit légèrement, et poursuivit rapidement :

« J’ai fait mander des vêtements, et un page vient de les apporter. Je ne suis pas une très grande physionomiste, mais je pense qu’ils devraient être à votre taille. »

Elena hocha la tête, et un petit sourire traversa alors son visage. Sans prévenir, elle attrapa alors l’une des mains de Scydia entre les siennes, la serrant chaudement.

« C’est vrai... Pardonnez mon empressement, Scydia. Nous avons encore beaucoup de choses à nous dire, et je ne veux pas tenter le Diable. »

La Reine rentra donc. Les vêtements avaient été déposés sur la mezzanine, sur une table basse. Il y avait, dans un coin de la pièce, un paravent. L’endroit idéal pour se changer, à l’abri des regards indiscrets.

Elena, elle, était encore plus troublée qu’auparavant par cette femme, et par la facilité naturelle avec laquelle elle avait tendance à lui faire confiance. Comment l’expliquer ? Elle n’arrivait pas à le comprendre, et, en un sens, cette situation l’embarrassait. Elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Son comportement avait beau ne pas être rationnel, elle ne pouvait s’empêcher de se dire qu’elle ne faisait rien de mal, convaincue, au fin fond d’elle-même, que Scydia n’était pas dangereuse, car...

*Car elle est comme Adamante...* acheva, dans sa tête, une voix observatrice.
« Modifié: jeudi 22 mai 2014, 09:47:20 par Elena Ivory »
DC d’Alice Korvander.

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Pour une demande de RP, je vous encourage, soit à poster sur le topic susmentionné, soit à envoyer un MP sur mon compte principal.


Scydia

Humain(e)

Re : Anachronique | PV |

Réponse 14 jeudi 22 mai 2014, 09:57:26

La jeune reine ne pensait pas si bien dire en parlant de l'importance de la mer pour Nexus. Scydia avait été là lorsque le premier navire elfique était arrivé pour mouiller au large, envoyant ses éclaireurs dans des barques à la recherche de toute personne un tant soit peu pensante. La mer avait charrié la première civilisation et avait permit l'édification de la plus grande cité terrane. Et, comme Scydia le savait pour avoir un peu navigué, la mer pouvait reprendre ses bienfaits lors de ses terribles colères. Elle se souvenait d'un marin qui lui avait dit, lorsqu'elle était encore une enfant, que les flots reprenaient parfois une petite part des cadeaux qu'ils accordaient à la terre. La syrra'elheìn avait dès ce jour comprit que l'océan était une force à part entière, qu'il fallait remercier pour ses dons et respecter lorsqu'elle se mettait en colère. D'une certaine façon, Scydia se sentait nexusienne. En ce sens, elle comprenait ce qu'Elena disait à propos de la mer. Le côté mélancolique et mâture de l'enfant la surprit, mais son étonnement ne s'afficha que par le dessin d'un simple sourire doux.

La suite confirma à Scydia qu'Elena était en fait bien moins légère que son petit côté innocent ne le laissait paraître au premier abord. La souveraine lui conta sa malheureuse histoire et la guerrière n'eut pas de mal à déceler les failles douloureuses qui fragilisaient le coeur de celle qu'elle ne pouvait s'empêcher de voir comme une enfant. La jeune femme supportait le poids d'une nation au lourd passé et à l'important héritage. La brunette se définissait comme étant le "dernier rempart"... Un sentiment qui ne pouvait trouver plus de sens que dans la tête de Scydia. Elle savait parfaitement ce que pouvait éprouver Elena, si elle se dressait seule face au Mal. Leur combat était différent dans la forme, mais le fond était si similaire que cela s'en trouvait troublant. La guerrière savait qu'Elena n'en rajoutait pas à sa peine pour tenter de se faire plaindre : la confiance presque candide que la souveraine lui accordait était amplement réciproque. Sans qu'elle ne comprenne trop pourquoi, Scydia se sentit envers l'Ivory un puissant élan protecteur. C'était si naturel...
Elle approcha de la nexusienne et posa ses mains sur les frêles épaules et se sentit comme une soeur aînée couvant sa cadette. Etrange sentiment. Pas désagréable du tout, au demeurant.

- Tu es un bien maigre rempart, Elena Ivory. D'une certaine façon, tu as hérité de mon combat. C'est un autre front, un autre ennemi, mais c'est toujours la même bataille. Alors puisque tu veilles sur mon héritage, moi je veillerais sur toi.

Le bruit de gorge lui fit tourner la tête et elle accorda un sourire poli à Adamante qui venait d'arriver pour s'adresser à Elena. Scydia se regarda, se souvenant qu'elle était presque entièrement nue et que seule une pauvre serviette préservait son intimité des regards les plus concupiscents. Ce n'était pas vraiment une tenue à adopter en présence d'un personnage aussi important qu'une reine ! Elle fit une légère moue boudeuse avant d'hocher la tête à l'intention de la magicienne.

- Je vous remercie de votre prévenance.

Lorsque Elena lui saisit les mains, Scydia haussa un sourcil, surprise. Voilà qu'elle passait du doute et de la peine à une sorte de joie adolescente qui, finalement, amusa la guerrière qui afficha un plus large sourire, presque attendri.

- Il n'y a rien à pardonner, Elena. Et sois assurée que lorsque tu voudras continuer à parler, je serais là.

Elle avait tout son temps. Aucune contrainte ou responsabilité ne la bridait, contrairement à la souveraine qui devait certainement avoir bien des tâches à assumer. Scydia n'avait absolument rien ni personne qui la retenait et le moins qu'elle pouvait faire restait tout de même de se tenir à la disposition de la jeune reine. Elle la suivit à l'intérieur et s'approcha des vêtements posés à plat et bien pliés qu'elle emporta avec elle derrière le p   aravent. La syrra'elheìn ne tarda pas à se changer, appréciant l'oeil qu'avait eu Adamante quant à ses mensurations et son goût pour les vêtements aussi simples que fonctionnels. Une chemise de lin blanc au larges manches portées avec un pantalon de cuir et de hautes cuissardes, le tout accordé à un corset qu'elle ne put complètement refermer au niveau de la poitrine. On put l'entendre maugréer quelque chose à propos du volume de ses seins avant qu'elle ne sorte finalement de derrière sa cachette, vêtue un peu à la garçonne. Son décolleté, lui, était assez plongeant et généreux, ce qui ne semblait pas vraiment pour lui plaire vu qu'elle n'avait de cesse de tirer dessus pour cacher l'agréable vallon bombé de ses seins. De guerre lasse, la combattante abandonna finalement l'idée dans un soupir.

- Merci, ces vêtements sont parfaits. Ça me change de mon ancienne armure, je me sens tellement plus légère !

Le plus naturellement du monde, Scydia se mit à faire quelques petits étirements et assouplissements. Son corps revenait peu à peu à sa meilleure forme et la jeune femme commençait à se sentir l'envie de faire jouer ses muscles. C'était une femme d'action après tout, et elle venait de passer dix millénaires à ne rien faire... Enfin, d'une certaine façon. Ce qui s'était réellement passé durant cette période "de mort" était encore obscur, mais Scydia avait décidé de ne pas s'en soucier outre mesure.
Par réflexe, la blonde se tâta la taille. Rien ne battait à sa ceinture et contre sa cuisse, ce qui la dérangeait.

- J'imagine que si vous acceptiez, cela ferait frôler à Ronald Langley la crise cardiaque, mais... Pourrai-je avoir une épée ? Une guerrière se définit par son arme et j'en suis dépourvue.

Véloce, la syrra'elheìn l'était probablement toujours autant. Mais de Sabre elle n'avait pas et il lui était difficile de s'en passer. Non pas par méfiance -elle se sentait en sécurité- mais par habitude. Son épée avait été sa meilleure amie, sa confidente parfois. L'acier de sa lame avait pourfendu le Fléau après l'avoir sauvée un nombre incalculable de fois. Elle ne retrouverait jamais pareille épée, mais sentir le poids d'une arme pendue à sa ceinture achèverait certainement de lui faire accepter son inopinée résurrection.


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