« (…) un bon à rien, t'es nul... Nul ! (...) » ; ces mots rappellent à Stephen des souvenirs d'école, des réprimandes qui le vexaient, que ce soit par un prof ou par son père. Mais là, dans la bouche d'une chose aussi folle, c'est presque un salutaire retour à la normale. Mais ça ne fait que deux gouttes d'eau dans un océan de délire ! Surtout que ça monte d'un cran, quand elle lui lance « Tu es une pauvre petite chienne qui ne demande qu'à se faire prendre ! ». Le cerveau de Stephen passe en alerte rouge ; sa posture aussi grotesque qu'explicite en dit long, et, au minimum, offre en effet son fessier de manière indécente... à un coup de griffes dans sa chair sensible, qui le fait hurler. « Argh ! Sal... Aïe, ça va pas, pas ça ! ». Une douleur violente, instantanée, comme si on lui labourait les chairs, juste avant une autre, complètement irréaliste, qui met son cerveau au delà de l'alerte rouge, HS en fait.
Un coup de reins... Un autre... « Oui, te faire prendre de la sorte ! »... Encore un coup de reins, mais il est ailleurs. Il revoit ce (comment ils appelaient ça?) ah oui shemale, croisé classiquement lorsqu'il était en Thaïlande. Femme jusqu'au bout des ongles, il avait craqué pour cette jolie thaï. Une robe élégante (comme celle de Miss Lapine, songe-t-il), un esprit vif et joueur (tout à fait Miss Lapine, ne peut-il que penser), et un redoutable jeu de séduction (ah là, pas forcément Miss Lapine pour le moment, doit-il constater), toutes ces choses qui l'avaient mené jusqu'à un minuscule appartement, pour, tout à coup, comprendre qu'il y avait quelque chose de particulier. Son esprit avait alors gambergé à une vitesse supersonique. Fuir alors qu'il était nu et très excité de la sublime fellation qu'elle, enfin il, l'autre quoi, venait de lui faire ? Ou bien crier au viol, alors qu'il ne baragouinait que deux ou trois mots locaux, qu'il ne savait pas dans quel quartier il était, que l'autre avait peut-être des potes très méchants ? Ou se rappeler ce que lui avait dit l'une de ses rencontres de hasard, une chaude grecque qui, devant ses réticences issues d'une éducation stricte, lui avait dit qu'il faut tout essayer dans la vie. Et, tandis que Miss Lapine mime ses va-et-vient en allant jusqu'à claquer contre ses fesses, il songe à cette première fois, ses réticences, son plaisir honteux puis intense. Ah, si Miss Lapine avait eu ne serait-ce qu'un jouet... Mais bon, ce n'est pas le cas, elle s'amuse de ça comme d'autre chose, et il doit reprendre son self control. Et, quand elle claque une fessée sur sa chair blessée, ça lui remet illico les idées en place !
Fin de l'intermède, fi du rêve, elle est allée s'asseoir, Stephen relève la tête et rabaisse les fesses, restant étrangement et stupidement à quatre pattes. « (…) Je suis terriblement déçue ! » ose-t-elle lui lancer, comme s'il ne pouvait pas en dire autant. Son cerveau avait, l'espace d'un instant, basculé en entraînant son corps, et voilà qu'elle avait tout gâché. Alors, côté déception et frustration, elle est mal placée pour se plaindre ! Mais pour ça seulement... car sa pose assise combinée à l'ouverture de la robe donne une tout autre vision.
Le cerveau de Stephen est comme une balle de flipper qui rebondit sans cesse, un coup « mauvais rêve », un coup « souvenir brûlant », un coup « danger grave », un coup « femelle à prendre », un coup « il ne sait pas ». Oui, le tilt est plutôt dans ce dernier ; le vagabond a l'impression d'être revenu au primaire, au basique.
La violence et le sexe.
Cette chose le tient par la menace, il peut aussi renverser les rôles !
Cette chose le prenait par derrière, il peut aussi inverser les rôles !
« (…) J'aime juste bien m'amuser. », la phrase de trop ! Relevant la tête et la fixant dans ses yeux rouges (faut s'habituer!), il lui répond, malgré sa pose navrante : « Mais moi aussi, je ne demande pas mieux... et je ne me contenterai pas de faire semblant ! ». Si elle veut jouer, lui aussi va le faire, mais avec ses propres règles. Et, s'il la chevauche, ce ne sera pas de la même manière. Alors, en disant « (…) mettre la main dans ma petite gueule d'amour ! », elle se trompe, car il lui mettrait bien ailleurs aussi.
« (…) un petit combat vite fait (…) la réponse est non (…) si tu veux essayer (...) », il ne voyait pas du tout la suite comme ça ; finalement, elle était mieux en couchant sa poitrine sur lui ou en caressant fermement ses fesses. Là, même s'il a sa carrure et sa force pour lui, le vagabond est loin d'être certain de l'issue du combat. « Hum, je ne réfléchirai pas longtemps ! ». A priori, ils sont deux, et sans aucun fantôme, équilibre des forces. Mais Miss Lapine a des dents redoutables et semble apprécier la chair humaine, a des griffes acérées dont Stephen sent encore la douleur dans les fesses, se déplace vite dans le noir total et dans un silence absolu. Ça fait beaucoup, ça fait même trop !
« (..) si tu as vraiment trop peur (…) ma chienne », elle vient de lui donner la réponse. C'est hélas l'un des enseignements de ses mois de route, se battre malgré soi. Là, il ne sait si c'est pour sa survie ou pour la baiser ; le premier d'abord, et l'autre suivra. Il est aussitôt debout, lampe torche en main, l'un des instruments de sa sécurité. Pendant que l'autre lançait ses crétineries, il a pu, lui aussi, observer la pièce, le canapé est déjà réservé pour la sauter, les meubles sont assez éloignés pour qu'elle ne profite pas à se jucher dessus, et, première chose qu'il fait, saisir un vieux manche à balai providentiel. Arme fatale pas vraiment, mais ça devrait maintenir les griffes à distance.
« Pas de souci, lapine insolente. Tu vois ce manche à balai ? Eh bien, quand je t'aurai chopée, je te défoncerai le cul avec jusqu'à ce qu'il ressorte de l'autre côté, et j'accrocherai te deux oreilles à la cheminée en bas, comme un trophée. Quant au pompon de ta queue, ce sera mon souvenir quand je t'aurai bien enculée. Moi, je ne vais pas faire semblant comme toi ! Tu as dit que je ne t'aime pas ; détrompe-toi car, dès que je t'aurai attrapée, tu vas savoir ce que c'est que de se faire sauvagement baiser. Et tu as raison de dire qu'on pourrait très bien s'entendre ; tu pourras très vite constater commente je pense ça. A nous deux, lapine de foire ! »
Si les yeux de la lapine sont rouges, ceux du vagabond doivent l'être tout autant, tant il a sorti avec une sorte de sauvagerie haineuse ces mots, ce trop-plein de colère. Torche en main, manche de bois en travers devant lui, il avance vers Miss Lapine.