«
Ouais... On y arrivera plus vite en passant par ce coin-là du parc, et ça évitera que ce lourdaud de Kaneo nous colle aux basques, lui et sa bande de trous-du-cul du dimanche. »
Le franc-parler de
Clara, une belle lycéenne de Mishima, était comme toujours assez désarçonnant. La jeune femme aux cheveux roses n’avait pas sa langue dans sa poche, ce qui expliquait sans doute pourquoi elle s’entendait relativement bien avec Himiko. Aussi belle qu’acerbe, Himiko était une étudiante qui passait son temps entre rester seule, et gueuler sur les autres. Sa cible favorite du moment était quelques
gyaru de la classe qui s’étaient bombardées de rayons ultraviolets pour plaire aux mecs, et avoir le look de pures Occidentales... Elles ressemblaient juste à des putes bonnes à être baisées. Il était donc certain qu’Himiko et Clara allaient se rapprocher, et c’était ce qui, progressivement, arrivait. Oh, ça ne s’était pas fait en un après-midi, loin de là ; il avait fallu briser les barrières naturelles de la suspicion légitime pour en arriver à un tel stade, mais, maintenant, les deux lycéennes s’asseyaient ensemble en cours (quand elles venaient), et s’amusaient surtout à déverser ensemble leur venin sur tout et n’importe quoi. Ça allait aussi bien de la bouffe dégueulasse de la cantine aux vieilles grands-mères acariâtres qu’aux politiciens. Himiko n’était contente de rien, et ça, c’était plutôt cool, comme Clara. Ce qui l’était moins, en revanche, c’était qu’Himiko appartenait à la BAS, la «
Brigade Anti-Sexe ». Ça, c’était chiant, parce que, en toute honnêteté, Clara l’aurait bien serré dans un coin.
Clara n’agissait pas que pour son plaisir, mais aussi parce que sa Maîtresse, Mélinda, s’intéressait aussi à cette dernière. Cependant, rentrer de flanc chez Himiko ne serait pas une bonne approche, et la vampire en était encore au stade préparatoire, à réfléchir à ce qu’il fallait faire pour aborder cette femme. Clara commençait à se rapprocher un peu d’elle, et elle savait notamment, mais sans plus de détail, qu’Himiko n’avait pas l’air d’aimer énormément ses parents. Les deux femmes étaient donc relativement proches, mais Mélinda savait qu’elle allait devoir affiner sa stratégie. Contrairement à Clara quand elle l’avait recueilli, Himiko n’était pas au fond du gouffre.
Cependant, la vie avait ses propres raisons, son propre cheminement, et les plans finement tracés de la vampire allaient rencontrer un léger problème... Un
super-problème, même.
Les deux femmes avaient passé la fin des cours à zoner dans le quartier, allant de salles d’arcade et autres en se livrant à leurs activités favorites : se foutre de la gueule des autres. Clara était déjà insupportable seule, alors si, en plus, on lui mettait un sosie avec elle, le duo promettait de faire des étincelles. Le duo revenait maintenant vers le lycée, où Himiko dormait, et Clara avait choisi de lui montrer un raccourci passant par le parc... Un raccourci qui leur permettrait d’éviter un
gamer, Kaneo, dont elles s’étaient très «
gentiment » moquées.
Le soleil était lentement en train de se coucher, un léger vent frais faisait remuer les vêtements des deux filles, qui portaient toujours leur uniforme scolaire, quand elles s’approchèrent d’un banc où plusieurs individus étaient assis, en train de fumer et de rigoler. Ils portaient des chemises élégantes, des blazers, et étaient taillés à quatre épingles.
*
Oh merde !*
Clara les connaissait. Ils venaient d’un lycée privé, et avaient entre 18 et 20 ans, signe qu’ils avaient déjà du redoubler à de plusieurs reprises. Des bourges, mais qui se prenaient aussi pour les rois du monde, et voyaient les femmes comme des sacs à foutre. De plus, Clara en connaissait un, Masato. Il avait tenté de la violer une fois, en lui imposant une fellation.
«
Clara ! » s’exclama-t-il, reconnaissant immédiatement cette foutue salope qui lui avait mordu la queue avant de foutre le camp.
Dans le groupe, il y avait deux filles, l’une ayant des cheveux verts, mais elles n’avaient pas l’air spécialement amicales non plus. Clara s’arrêta sur place, en se mettant devant Himiko, alors que la bande se rapprochait, balançant leurs joints sur le sol.
«
Sa... Salut, Masato... Qu’est-ce que... Qu’est-ce que tu nous veux ? -
Regardez-là, les mecs, on a dansé ensemble à une soirée, et elle me traite comme un parfait inconnu. C’est pas gentil, ça, Clara, de pas nous présenter à tes copines. -
Fous-moi la paix, Masato... »
Masato, qui avait un sourire aux lèvres, remballa ce dernier en fronçant les sourcils. Le groupe formait un cercle autour des deux lycéennes.
«
Alors, la chaudasse ? Tu fais moins la fière, maintenant, hein ?! »
La voix nasillarde émanait de la fille aux cheveux verts, qui poussa Clara. Cette dernière fut surprise, mais elle se reçut alors une gifle monumentale de Masato, qui l’envoya s’étaler sur le sol.
«
Te foutre la paix, salope ? Tu m’as niqué la queue, espèce de pétasse ! Alors que, putain de merde, quoi, j’avais fait mon galant, et tout ! T’es rien d’autre qu’une pute ! Ta salope, là, si elle traîne avec toi, c’est qu’elle est une pute, comme toi ! Comme toi et l’autre salope de Warren, là, dans son manoir ! »
Clara avait mal à la joue, et le goût du sang dans la bouche. Masato la tira alors par les cheveux, la relevant, et gronda près de ses oreilles :
«
Je vais te défoncer le cul, puis je te pisserai à la gueule. Voilà comment ça va se passer. Alors, tu fermes juste bien ta gueule, parce que, si tu l’ouvres, et je peux te jurer mes grands dieux que je te déconne foutrement pas, si tu oses seulement entrouvrir tes sales petites lèvres de pute carrossée comme la pire des traînées de Bangko, alors là, ma belle, je peux te jurer que je vais tellement de rouer de coups que tu prendras un allée direct pour les urgences ! Tu m’as compris, PÉTASSE ?! Pour une fois, TU VAS FERMER TA GRANDE GUEULE !! »
Ouais, il était légèrement taré, mais, pour le coup, Clara sentit la trouille remonter dans ses tripes.
Il lui gueulait dans les oreilles, après tout.