« Chuuuuut... Je crois comprendre à présent... Ce que tu découvre... ce n'est pas seulement la découverte de ton corps, des besoins qu'il réclame... Je crois que... Ce que tu ressent, c'est... de l’attirance sexuelle... envers moi... C'est embarrassant, mais je crois que, d'une manière ou d'une autre, tu veux... me faire l'amour... »
La belle petite Ève se retrouva entre les bras confortables de Ririna, et l’écouta, silencieusement, sans rien dire. De l’attirance sexuelle ? De l’amour ? Il était évident qu’Ève aimait sa sœur, puisque c’était sa sœur ! Elle l’aimait autant qu’elle aimait sa mère, mais elle se doutait que l’attirance sexuelle, soit, en somme, l’amour sexuel, était différent de l’amour qu’elle ressentait habituellement, et qu’elle décida d’appeler amour familial. Cette seconde forme d’amour était très troublante, elle perturbait la concentration d’Ève, et elle était d’autant plus perturbée qu’elle n’arrivait pas rationnellement à se l’expliquer. C’était sans doute ici le paradoxe des personnes intelligentes. Le sexe n’avait rien d’intelligent, il en était même l’antithèse parfaite. L’Ordre Immaculé le proscrivait uniquement comme moyen de reproduction, et non comme une fin en soi, car c’était une manière avilissante de trouver du bonheur, de nier les vertus de l’esprit, et de se comporter en un animal. Force était d’admettre que la plupart des délinquants sexuels et des violeurs n’étaient pas des lumières, et que, généralement, les chauds lapins n’étaient pas d’une très grande intelligence non plus. Un curieux paradoxe, mais, quand on se posait des questions, et qu’on ne pouvait envisager les choses qu’à travers les lentilles de la science et de la réflexion, comprendre une chose aussi intuitive que le sexe était difficile, car il fallait s’éloigner de schémas comportementaux et de réactions intellectuelles acquises. Il fallait, en somme, débrancher son cerveau, et c’était pour Ève très difficile. Plus que le sentiment d’interdit en ayant envie de coucher avec sa sœur, c’était surtout ce mécanisme qui la faisait paniquer. C’était comme s’il y avait un faux-raccord dans la mécanique bien huilée de son cerveau, quelque chose qu’on ne lui avait pas expliqué, et qu’elle ne comprenait pas. Oui, elle était troublée, perturbée, et se sentir dans les bras de Ririna, sentir cette peau chaude, ses seins qui s’écrasaient contre elle... Ève en ressentait une troublante sensation de chaleur qui remontait entre les cuisses.
Ses mains se posèrent sur les hanches de Ririna, et elle ne dit rien. Son cerveau était troublé, mais elle ne pouvait pas nier tout le bien qu’elle ressentait... Un bien qui s’accompagnait d’une certaine forme de démangeaison au niveau des cuisses, comme si elle avait une infection... Une envie d’uriner, sans pour autant avoir envie d’uriner. C’était désagréable... Très désagréable, même, et elle nota que c’était proportionnel avec le désir qu’elle ressentait, et qui était graduellement en train de monter. Non, c’était vraiment troublant, et son nez frottait contre la peau nue et chaude de sa grande sœur.
« Maman dit toujours que le sexe est un acte naturel nécessaire à la reproduction et la vie, mais que le désir sexuel lui, est souvent un désir irrationnel et parfois illogique, qui aboutit en fantasmes. Je pense que ton fantasme, c'est de me faire l'amour, tout simplement... »
Ève cligna lentement des yeux. Ça, elle le comprenait. Ève avait suivi des cours d’éducation sexuelle, mais ils avaient été très scientifiques, Milwën ayant estimé que sa jeune fille était justement encore trop jeune pour parler plus en détail de ce genre de choses. Ève savait ainsi que le sexe servait à avoir des bébés, que c’était un système de reproduction nécessaire, mais que les Tekhanes avaient su le maîtriser. Initialement, il fallait un couple de sexe différent, mais, grâce à la technologie, les Tekhanes avaient réussi à se reproduire avec des couples de même sexe. La Baronne n’était pas aussi hostile aux hommes que la plupart des Tekhanes, mais elle avait expliqué à Ève que les mâles étaient mal perçus, car ils n’avaient plus d’utilité au sein de la société, maintenant que les femmes pouvaient se reproduire entre elles. Milwën lui avait cependant expliqué, mais sans trop rentrer dans les détails, que, pour elle, il y avait encore une utilité sociale au sexe masculin. Cependant, Milwën partageait aussi les théories sur la création d’un sexe unique, qui mettrait fin à l’une des plus grandes inégalités de la nature, et permettrait à l’espèce humaine de s’unifier davantage.
Alors, Ève avait donc envie de faire l’amour à sa sœur ? La réalité semblait concorder avec cette version, ce qu’elle analysa rapidement. Il était plus probable qu’elle voulait coucher avec Ririna, car c’était sa grande sœur, celle qui avait toujours veillé sur elle, la protégeant, la câlinant quand elle faisait des cauchemars quand Maman n’était pas là. Ève avait déjà dormi avec Ririna, et voyait inconsciemment en elle une sorte de modèle, d’exemple. Pour elle, il n’y avait rien de mieux qu’elle pour la guider, lui apprendre le sexe. Et puis, elle était belle. Ève l’avait toujours pensé, mais, maintenant, elle commençait réellement à comprendre le sens de ce mot.
Quand Ririna se rapprocha d’elle, après leur étreinte, Ève sentit son cœur s’emballer, et entrouvrit les lèvres.
« Comme je l'ai dis, je peux te guider si tu le souhaites, et te faire découvrir le plaisir sexuel. Je te promet d'être très douce pour tes débuts... »
Ce fut ensuite l’heure du baiser, un tendre baiser, électrique, délicieux, qui acheva de détruire les doutes d’Ève. Elle ferma les yeux, sentant son cœur sur le bord des lèvres, ses tétons se mettant à se tendre, ses mains caressant les hanches de Ririna, se cramponnant à sa belle peau. Il n’y avait, fondamentalement, rien d’étonnant là-dedans. Ève n’avait jamais été à l’école, ayant suivi, à domicile, des programmes d’instruction renforcée, et elle n’avait jamais vraiment eu le besoin d’aller vers les ordres. Ririna était son seul référent, le seul être vers lequel tourner ses fantasmes. Pour Ève, il était logique qu’elle se tourne vers elle. Sentir les mains de Ririna sur son dos, voilà un autre sentiment qui la fit frissonner.
Ève pencha lentement sa tête en se hissant sur la pointe des pieds, et embrassa tendrement Ririna dans le cou, mordillant sa peau, ses mains descendant lentement vers le bas de son dos, caressant sa chute de reins.
« Je veux percer ce trouble, Ririna... Et je pense que je ne le percerais qu’en suivant ton expertise, alors... Fais-moi l’amour, Ririna... Je m’offre à toi... »
En terminant de dire cela, Ève retourna embrasser sa sœur.