Une sorte de substance noire recouvrit les plaies de Nathan, formant comme de petits tentacules à sa surface. La masse noirâtre recouvrit les plaies, les cicatrisant très rapidement. Nathan rouvrit alors les yeux en revenant à lui. Il entendit la variante de Buffy jurer en constatant qu’il n’était pas normal, avant de s’asseoir à côté de lui, visiblement aussi épuisée que lui.
« J'ai trop donné ce soir... T'as de la chance... »
Une question de point de vue... Mais oui, il s’estimait chanceux. Il était à côté d’une belle nana, après tout. Certes, elle avait tendance à découper tout ce qui bouge ou qui dépasse, mais, au moins, elle était belle. Dans l’absolu, autant faire équipe avec une fille sexy qu’avec un boudin... Si tant est qu’il puisse considérer qu’ils formaient une équipe, naturellement. En grommelant, Nathan se releva lentement. Son torse était à l’air, son vêtement troué par les griffes de l’autre saloperie. Tout ce beau monde avait foutu le camp, laissant une Toyota renversée, dont une roue tournait encore lentement. De la fumée s’échappait du moteur. La police viendrait, si un riverain se décidait à l’appeler... Ou alors, Nathan le ferait. Il était flic, après tout. Cependant, il devait aussi à Dana quelques explications... Et réciproquement.
L’homme se releva lentement, toujours sans rien dire, puis contempla la femme.
« Un monstre, c’est une question de perspective... Et un connard, ça aussi... En tout cas, la seule chose dont je peux vous assurer, Mademoiselle la Faucheuse, c’est que je n’ai pas l’intention de vous buter. Je viens d’une famille où il est impoli de frapper les belles filles, même quand ces dernières ont sur elle de quoi déclencher une guerre. »
Il soupira, touchant malgré lui son ventre, à l’endroit où le tueur l’avait planté. S’il n’avait pas eu ce symbiote, ce coup l’aurait tué. C’était un réflexe inconscient qu’il faisait, comme s’il craignait de voir ses plaies se rouvrir. Il n’avait même pas de cicatrices, et il sentait la Bête s’activer. Maintenant que les gêneurs étaient partis, il n’y avait plus qu’eux deux : une femme belle et épuisée, et un homme fort, habité par un symbiote qui avait des pulsions sexuelles prononcées, et une absence totale d’inhibitions. Assez rapidement, Nathan chassa ce genre de pensées.
« Vous expliquer ce que je suis en détail serait un peu trop long. Pour résumer, je suis, contre mon gré, l’hôte d’un symbiote extraterrestre... Et j’essaie de bien le vivre. Lui et moi sommes liés, et, si j’ai parfois l’impression d’être un schizo’ en puissance, je dois admettre que, face à ce genre d’individus, sa présence est plutôt réconfortante. »
Il ignorait quelles étaient les limites de ce symbiote, et ce d’autant plus que, comme un gamin, face à une belle fille, le symbiote voulait toujours se montrer plus impressionnant qu’il ne l’était, en voulant prétendre qu’il était immortel. Nathan avait remarqué qu’il était en réalité assez loin de l’être, mais qu’il était une formidable machine à tuer. Quand le symbiote, la Bête, le contrôlait, Nathan sentait une sorte de rage préhistorique le traverser. Il jouissait de violence et de sexe, deux pulsions qui devenaient alors intimement liées. Une sorte de crise, de pulsion, dans laquelle il lui était de plus en plus difficile de contrôler, et qu’il redoutait. Perdre le contrôle, devenir un fou furieux qui tuerait les hommes, et se taperait les femmes... Une telle perspective ne l’enchantait guère.
« Et vous ? Vous n’allez pas me faire croire que vous êtes une sympathique étudiante en biologie, quand je vois votre habileté à manier des armes aussi encombrantes... De plus, ce n’est pas n’importe qui qui peut se procurer des calibres comme les vôtres... Surtout au Japon. »
Contrairement aux Etats-Unis, le Japon était l’un des pays les plus hostiles au port d’armes à feu, allant jusqu’à interdire le port d’armes blanches, comme des sabres. Un .500 Magnum, ça ne se trouvait pas dans une poubelle.
« Alors, maintenant qu’on a comme qui dirait frôlé la mort, vous et moi, et que vous connaissez mon petit secret, je crois que vous pourriez me dire pour qui vous travaillez, ce que vouz foutez là, et, surtout, qui étaient ces putains d’enfoirés ninjas à se téléporter dans tous les sens. »