Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Un butin atypique [Nathaniel Cross]

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Elena Ivory

Humain(e)

Un butin atypique [Nathaniel Cross]

lundi 06 janvier 2014, 02:12:59

« Et c’est comme ça que tu voyages ‘‘léger’’, hum ? »

Le ton légèrement ironique d’Adamante n’échappa nullement aux oreilles d’Elena, qui tourna la tête vers elle, l’observant brièvement, puis regarda à nouveau ses bagages. Elle n’avait réuni que cinq grosses valises, pourtant ! Pour elle, c’était « léger ».

« Ce n’est pas de ma faute si tout me fait envie ! protesta-t-elle. Comment choisir entre telle ou telle robe ? Je ne peux que toutes les prendre...
 -  Je vois ça. »

Adamante, qui venait de la rejoindre dans sa chambre personnelle, une vaste pièce, s’avança lentement, ses pieds foulant la chaude moquette. Une petite bougie brûlait encore sur le petit bureau d’Elena. Son journal intime était ouvert, et Adamante, en souriant légèrement, comprit qu’elle avait dérangé la Reine alors qu’elle était en train de raconter ses péripéties. Adamante était la seule personne du monde autorisée à lire ce journal, hors sa propriétaire, bien évidemment. Même Jamiël, qui savait qu’Elena tenait un journal intime, n’y avait pas le droit. Elle se rapprocha du journal. L’encrier était à côté, la plume reposant proprement à l’intérieur.

L’écriture de la Reine était fluide, magnifique, un héritage des nombreux cours de dactylographie qu’elle avait reçu au monastère de Saint-Antoine. Dans un coin du bureau, reposait également Groumpfie, le fameux dragon en peluche. Il avait été inspecté sous toutes les coutures afin d’y déceler un quelconque piège, et le signe éternel de cet examen approfondi était une petite cicatrice figurant dans le bas du dos de Groumpfie, rappelant qu’il avait été proprement ouvert en deux par le chambellan du Palais d’Ivoire.

« Lui, on le prend ? demanda-t-elle en attrapant le dragon par l’une de ses ailes.
 -  Mais bien évidemment ! protesta Elena en récupérant alors son dragon. Je ne m’imagine pas passer une nuit sans lui... »

Adamante ne dit rien, et se contenta de faire sa curieuse, en lisant ce que la Reine avait écrit :

Citer
Cher journal,

Aujourd’hui est enfin arrivée le jour fatidique où je vais devoir, à nouveau, quitter ma belle tour d’ivoire. Non, non, ne te méprends pas, je ne vais pas  à nouveau fouiller dans les bas-fonds et les égouts de la ville avec Adamante, je vais aux Îles Mélisi... Là d’où vient Adamante et ma mère... Il y a une fête diplomatique organisée en l’honneur de notre alliance. Il y aura les membres du Conseil de Régence, mes barons, et beaucoup de gardes.

J’espère sincèrement que tout se passera bien, et que je pourrais à nouveau revenir noircir tes belles pages...



Adamante se mordilla les lèvres, sans rien dire, et tourna la tête vers la Reine. Elena s’était déjà éloignée, retournant fouiller dans ses valises, les ouvrant, ressortant les robes, afin de se demander si elle allait les prendre ou non. C’était large des Îles Mélisi que sa famille avait été massacrée... Forcément, il y avait de quoi se sentir marquée. Et si le même scénario se reproduisait ? Le navire royal dans lequel Elena allait voguer était le plus puissant bateau de la flotte, un véritable insubmersible, qu’on prétendait résister à n’importe quelle tempête... Mais on avait dit pareil du Royal’s Wings, et, quand le yacht royal s’était retrouvé dans l’œil du cyclone, il s’était brisé. Adamante, cependant, restait persuadée que rien de grave n’arriverait durant ce voyage.

Ce en quoi elle se trompait lourdement.



Loin de là, loin du Palais d’Ivoire et des inquiétudes de la Reine, un bateau voguait dans l’océan. Il battait le pavillon du Château Caladan, un puissant fort nexusien côtier, qui était le siège d’une solide baronnie. L’actuel baron était le baron de Rochefort, un vieux militaire qui était convié à la cérémonie organisée aux Îles Mélisi. Pour autant, ce solitaire navire ne voguait pas vers les Îles Mélisi, ni vers les partenaires commerciaux habituels de Rochefort.

Ce bateau, le Trident, était piloté par le capitaine Percy Williams. Ce vieil homme avait enseigné tout son savoir à sa fille, qui, comme lui, faisait partie d’une guilde marchande. Elle s’appelait Emma Williams, et était plus une guerrière qu’une marchande... Ce qui, compte tenu du taux de brigandage et de piraterie de plus en plus élevé qui sévissait dans la région, n’était sans doute pas un mal.

« Je vous dis qu’il se passe des choses suspectes, Père, l’attaqua à nouveau Emma sur le pont.
 -  J’ai déjà écouté cette conversation quelque part..., maugréa Percy.
 -  Notre navire est un navire marchand, pas une barge pénitentiaire ! »

Il y a deux semaines, le navire avait fait escale dans le port de Caladan, afin de vendre des marchandises, et d’en récupérer d’autres. Percy avait cependant été invité dans l’imposant château du baron de Rochefort. Ce dernier, qui était un vieux client de Percy, avait salué ce dernier, tout en lui expliquant qu’il avait besoin de lui pour un service tout à fait particulier. Ses hommes avaient mis la main sur un redoutable criminel, un traître à sa Nation, un parjure qui avait commis plusieurs meurtres effroyables, afin de procéder à des rituels sataniques. Sa simple présence dans les murs de Caladan était une aberration, mais, outre cela, Rochefort suspectait aussi cet homme d’être lié à un complot plus grand. Il craignait que des complices ne cherchent à le libérer, et avait demandé à Percy d’amener cet homme vers une île pénitentiaire au large, Ravengard, une île inviolable, au milieu de récifs redoutables, et dont l’immense phare constituait l’une des prisons de haute sécurité les plus sûres de Nexus.

Le baron lui avait expliqué ne pas avoir le temps, avec les préparatifs de la cérémonie, d’effectuer lui-même ce transfert. Tous ses navires avaient été réquisitionnés, et il ne pouvait pas désorganiser sa propre garde. Il avait offert à Percy une forte somme pour enfermer ce détenu dans les geôles, tout en lui assurant que l’homme ne serait pas une menace, d’autant plus qu’il serait sous la garde de deux solides chevaliers. Percy n’aurait qu’à vendre ses marchandises dans la ville de Ravengard. Pour définitivement convaincre Percy, Rochefort lui avait dit que cet homme avait Sali le nom du Lion. Percy, qui avait fait la guerre, s’était battu pour le Lion, et avait perdu son fils aîné durant une guerre contre l’Empire d’Ashnard. C’était le meilleur moyen de le convaincre. Il avait donc accepté.

« Les hommes murmurent, Père...Cet individu ne les rassure pas, pas plus que les chevaliers patibulaires de Rochefort. Nous voguons depuis une semaine, et ils ne se sont toujours pas rapprochés des hommes ! L’équipage...
 -  Tu crains une mutinerie ? rigola Percy. Je connais chacun des hommes de mon navire, chaque matelot. Je connais leurs fils, j’ai été invité à leurs baptêmes. Je sais que c’est une cargaison un peu particulière, mais...
 -  Tout ça ne tient pas debout, s’entêta Emma. Pourquoi ne pas emmener ce prisonnier à Eternum ? Pourquoi vouloir l’envoyer au bout du monde, à Ravengard ? »

Percy émit un soupir en se rapprochant du bastingage. Sa fille ne pouvait s’empêcher de voir des complots partout.

C’était sans doute le signe qu’elle était prête pour être capitaine, et pour devenir Maître au sein de leur guilde.
DC d’Alice Korvander.

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Nathaniel Cross

Humain(e)

Re : Un butin atypique [Nathaniel Cross]

Réponse 1 lundi 06 janvier 2014, 14:50:07

Dans la cabine du capitaine Cross, trois lurons se tenait face à son bureau. Sur le meuble au vernis écaillé et aux nombreuses stries et cassures -vestiges de repas, de bataille à l'épée et autres ébats sexuels- reposaient cartes et sextant tout à côté d'une dague qui était fichée là sans raison apparente. C'était une des petites manies de Cross que de lancer coutelas et autres projectiles tranchants à travers ses quartiers et ce sans qu'il ne sache trop pourquoi. Nate appréciait simplement le bruit de l'acier effilé se fichant dans le bois, son qui avait des accents d'inéluctabilité. Ce "schlack !" sec l'apaisait et l'aidait à réfléchir. Et lui rappelait aussi la hache des bourreaux qui avaient manqué une fois ou deux de lui faire perdre la tête.
Fortune avait pénétré dans la cabine de son capitaine quelques minutes auparavant, accompagnée d'Einekken le cambusier et de Jack Daniels le pilote du Storm Rider. Suite à de nombreuses semaines en mer pour se livrer à une expédition qui s'était avérée moins fructueuse que Barbe-d'Os ne l'avait d'abord pensé, il lui fallait des prochaines manoeuvres et du cap à tenir. Ainsi, avant de se décider, le capitaine avait convoqué les personnes les plus à-même de répondre aux questions qui aiguilleraient ses décisions. Nate les avait reçu affalé dans son fauteuil et les pieds croisés sur son bureau, jouant avec sa dague qu'il avait fiché dans le bois pour entamer la discussion. Le second fut son premier interlocuteur.

- Notre balade du côté des îles du Cap Bleu n'a pas été très brillante, cap'tain. Ça ferait du bien aux hommes d'rentrer sur Port Victoria.
- A combien est-on de Victoria, monsieur Daniels ?
- Si les conditions météo s'maintiennent, trois semaines, capitaine. Quatre si le temps se dégrade.
- Einekken, état des cales ?
- On a pour deux s'maines eud'vivres, cap'taine. Et moins qu'ça en rhum, grogna le terranide. Y reste plus d'foutue flotte qu'eud rhum, cap'taine.
- Ça, c'est une mauvaise nouvelle. Et une excellente raison d'rentrer. Cap sur Port Victoria, madame Fortune ! Einekken, allez m'annoncer à l'équipage qu'on réduit les rations de rhum.
- Aye, cap'taine ! firent ils tous en choeur.

Si Einekken et Daniels sortirent sans attendre de la cabine, Fortune attendu qu'ils aient disparus pour prendre à part son vieux compagnon. Et elle tapa des deux poings sur la table, lui faisant arquer du sourcil.

- Tu veux que je te dise, Cross ? T'es qu'un foutu connard ! Si môssieur Cross n'avait pas parié la moitié de not' chargement d'rhum aux dés, on ne s'exposerait pas à un risque de mutinerie !
- Y m'semble pas que tu disais non pour croquer ta part ce soir là, Fortune. Va donc coller ton superbe petit fion sur le pont de MON navire pour donner MES ordres.
 
Pour tout assentimment, la volcanique rousse attrapa la dague et la fit se ficher tout à côté de la tête de Nate, qui suivit la trajectoire de l'arme de son oeil valide. Il siffla devant la qualité du tir et s'en montra plus amusé qu'offensé, Fortune maudissant tous les dieux marins de lui avoir collé pareil crétin comme capitaine. Et pourtant, elle n'en aurait pas voulu d'autre pour la diriger. Elle prit la porte et la referma avec fracas derrière elle, laissant Nathaniel seul. Le capitaine allat alors fouiller un des tiroirs de sa chambrée pour en tirer une bouteille de rhum de sa réserve personnelle et s'en coller une rasade dans le gosier que la porte s'ouvrit avec fracas pour laisser passer la tête de Fortune, décidément partie pour l'emmerder.

- Voile en vue, cap'taine !
- Les affaires reprennent ! Passez devant, madame Fortune. Et tortillez un peu du cul en remontant, ça fait toujours passer le rhum.

Elle manqua de l'envoyer paître mais s'en abstint -lui accordant tout de même un doigt d'honneur- et obéit, remontant sur le pont au niveau du gouvernail. Nathaniel la suivit et découvrit les marins accoudés au bastingage, qui devisaient en riant grassement quant à la nature du navire dont on apercevait au loin la voilure. Nathaniel s'arma de sa longue vue et resta à observer un instant avant qu'un sourire de très bon augure pour l'équipage ne vienne illuminer son visage.

- Voyez vous ça, un marchand nexusien... Voilà qui devrait remplir les cales et les tonneaux de rhum ! Préparez vous à l'abordage ! Sortez les canons, préparez les mousquets ! Les gars, on part au ravitaillement !

Une exclamation vive secoua le Rider, avant que Fortune ne s'avance. C'était son rôle que de donner plus de corps et de précisions aux ordres du capitaine et les maîtres d’œuvres attendaient qu'elle parle pour répartir leurs hommes sur les tâches nécessaires à l'accomplissement des directives même si certains pirates étaient déjà partis accomplir leur besogne tandis que le navigateur changeait de cap pour faire voile vers le navire ciblé.

- VOUS AVEZ ENTENDU, TAS DE FILS DE PUTE ? A L'ABORDAGE ! CHARGEZ LES CANONS, ÉQUIPEZ LES HOMMES ! CASCADA, GIBBS, CHOQUEZ MOI CES ÉCOUTES ! MONSIEUR ADRY, IL VOUS FAUT MON PIED AU CUL POUR MONTER SUR CES CORDAGES ? AFFALEZ MOI CES VOILES, MACAQUES !

D'ici une petite dizaine de minutes, le Rider serait sur le Trident tous canons dehors et hommes parés à l'abordage. La chance qu'avaient ces marins, c'était que Cross ne faisait que rarement des massacres inutiles. Bien sûr, si les marchands ambitionnaient de se battre, les pirates du Rider ne feraient aucun quartier jusqu'à ordre contraire. Mais dans l'absolu, si ils se rendaient, Barbe-d'Os n'irait pas pousser le vice jusqu'à tuer sans raison. En d'autres termes, il revenait au capitaine du navire qui allait être assailli de choisir son destin et celui de ses hommes. Après tout, le pavillon noir qui claquait au vent était assez explicite quant aux intentions du capitaine qui l'arborait.

Elena Ivory

Humain(e)

Re : Un butin atypique [Nathaniel Cross]

Réponse 2 mercredi 08 janvier 2014, 02:05:02

« Messieurs, votre attention ! »

L’ambiance sur le Trident était loin d’être lourde ou détestable. Il faisait beau, et Percy savait que ses hommes s’ennuyaient, si loin des côtes, des ports, et des généreuses auberges de la ville. À défaut de pouvoir leur offrir les joies d’une auberge remplie à ras-bord de vin et de femmes généreuses, où les garçons pouvaient se livrer à des concours d’adresse ou de force physique avec les autochtones, et passer la fin de leurs soirées dans les bordels du coin, Percy avait appris quelques chansons paillardes, du genre qu’on chantait dans les tavernes et les auberges.

Un accent de violoncelle se mit à résonner, et le Bedlam’s Boys déferla sur le pont, musique racontant la recherche de Tom de Bedlam, par la belle Maudlin. Au milieu des matelots occupés à vérifier les nœuds des cordages, que ce soit ceux des voiles, ou du matériel se trouvant dans des caisses, ou pour les matelots nettoyant le pont, la musique fut répétée par chacun d’entre eux, formant une espèce de chorale qui avait tout d’une ambiance de conte de fées.

Still I sing bonny boys, bonny mad boys
Bedlam boys are bonny
For they all go bare and they live by the air
And they want no drink nor money.

L’ambiance était heureuse, détendue, le genre de choses simples qui permettaient d’éviter les mutineries… Quand la cloche résonna.

Les accords de violoncelle s’arrêtèrent rapidement. Percy était alors en train de manger sur un banc du pont, triturant les légumes de son écuelle, en souhaitant rapidement revenir à Nexus, pour profiter de la bonne volaille de la cité-État. La cloche était provoquée par le guetteur, au sommet du plus haut mât. Avec sa longue-vue, il avait vu un navire se rapprocher, et avait pu le reconnaître. Le Storm Rider. Un navire légendaire, dont la présence était toujours de mauvais augures.

« Pirates ! » hurla un marin.

Emma porta la main à la garde son épée. Percy s’empara de sa propre longue-vue, et l’observa. il vit les voiles du Rider, d’épaisses voiles se perdant dans le ciel. Si le Trident avait vu le Storm Rider, il était probable que ce soit le cas pour eux aussi. Le pavillon noir était dressé, et Percy vit rapidement des rangées canons jaillir.

« On ne peut pas les esquiver, Capitaine, le vent leur est favorable ! »

Percy grommela. Le Trident était un navire marchand. Il était rapide, mais, avec le vent en proue, le Trident ne sèmerait pas le Rider. Percy réfléchit assez vite. Il n’y avait aucun navire militaire nexusien à proximité. La route commerciale menant à Ravengard n’était pas des plus importantes, et la protection était donc moindre... De même que les pirates. Tomber sur le Rider, ce n’était pas de pot. De ce que Percy en savait, le navire était piloté par une maudite femme. C’était d’ailleurs comme ça que la légende du Rider était née. Un navire pirate, équipé de plus de soixante canons, dirigé par une femme, Christabel Windtalker. On la disait aussi belle que maudite, une foutue pirate à qui on aimerait, soit planter sa queue, soit le tranchant de son épée... Tout l’un, ou tout l’autre.

Le brave Percy savait que le choc allait être inévitable. Le Trident n’avait que quelques canons, qui se feraient mettre en charpie.

Emma rejoignit son père.

« Père ! »

Percy leva lentement la main.

« Attends, laisse-moi réfléchir. »

Percy rejoignit sa cabine, et se dépêcha de fouiller dans son armoire, suivi par Emma.

« Raah, où l’ai-je mis ? Où est ce foutu bout de papier ? Mais où est-ce qu’il est ? Ah, voilà ! »

Après avoir renversé des cartes nautiques et des bons de commande, Percy sortit un épais volume relié, et le posa sur sa table.

« Apporte une chandelle, Emma, j’ai besoin d’éclairage. »

Souvent prompte à contester les décisions de son père, Emma savait néanmoins que ce vieux flibustier était très expérimenté. Il n’en était pas à son premier abordage. Il y avait un risque que ces idiots de pirate les asservissent, et c’était la seule chose qui l’inquiétait. Pour l’heure, il s’assurait juste qu’il était couvert. Emma fronça les sourcils, et lut le titre de la première page :

Convention de prêt à la grosse aventure

Le prêt à la grosse aventure était un système qui faisait grincer des dents à l’Ordre Immaculé, mais qui était en usage depuis maintenant plusieurs siècles. Ce prêt avait été conçu comme un système de mutualisation des risques liés à la traversée en mer. Un système assez complexe qui prévoyait tout simplement de faire d’une banque l’assureur des dommages occasionnés en mer, cette dernière gagnant de l’argent par le biais d’une somme que versait, mensuellement, la guilde ayant conclu le contrat. Percy demanda à Emma de lui apporter l’inventaire des biens, ce que cette dernière fit. Dehors, l’agitation régnait. La coutume voulait que, si le Trident se rende, il hisse le pavillon blanc, indiquant ainsi qu’il ne voulait pas se battre, et engageait des négociations. Faute de quoi, le Rider pouvait le bombarder. Cependant, face à des pirates, on ne pouvait guère s’attendre à ce qu’ils respectent les codes maritimes en vigueur. Quel intérêt, cependant, de se prétendre pirates, in on détruisait les biens qu’on voulait voler ?

Percy remuait les pages jaunâtres du manuscrit. Il avait été conclu entre sa guilde et une importante banque de Nexus. Percy était bel et bien un Maître. En effet, l’une des clauses du contrat prévoyait que les risques n’étaient pas pris en compte si le navire n’était pas piloté par un maître. Il regarda l’inventaire des biens, et fut soulagé en voyant le cachet de la baronnie de Rochefort, ainsi que la signature de l’huissier, des éléments indispensables, qui permettaient d’éviter une fraude, en attestant que la cargaison disparue avait bien existé.

« Bon. On est couverts, soupira-t-il, clairement rassuré.
 -  On ne se bat pas, alors ?
 -  Je n’en ai aucune envie. C’est un navire marchand, pas un bateau de guerre ! »

Emma hocha lentement la tête. Percy sortit rapidement de sa cabine, et, devant le regard inquiet de ses matelots, au fur et à mesure que le Rider se rapprochait, il réagit, avec efficacité et professionnalisme.

« Hissez le pavillon blanc ! Vite ! »

Obéissant, les marins se rendirent vers une poutre, et tirèrent sur la corde, abaissant leur pavillon, puis en mirent un, blanc, avant de le relever.

Ce n’était pas une question de lâcheté, pour Percy, mais de bon sens. Il n’allait pas sacrifier tout son équipage dans un combat suicide. De plus, il était couvert, financièrement parlant, pour une piraterie. Au contraire, la guilde lui reprocherait d’avoir voulu jouer aux héros, en n’ayant qu’une petite dizaine de canons. Ces derniers n’avaient d’ailleurs même pas été sortis, confirmant que le Trident préférait se rendre.
DC d’Alice Korvander.

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Nathaniel Cross

Humain(e)

Re : Un butin atypique [Nathaniel Cross]

Réponse 3 mercredi 09 avril 2014, 10:01:08

La lentille de la longue vue du capitaine Cross, braquée sur le navire marchand depuis quelques minutes maintenant, brilla d'un bel éclat alors que les rayons solaires lui caressaient le verre. En bon maître de navire, Barbe-d'Os gardait un oeil sur les objectifs qu'il avait prit en chasse. Il fallait être prompt à donner des ordres adaptés à une situation qui aurait brutalement changé au cours des manoeuvres. Parfois, certains navires comptaient à leur bord des magiciens qui lançaient à distance des sorts, parfois certains capitaines qui se savaient pourtant vaincus d'avance ordonnaient un branle-bas de combat "pour l'honneur" ou tout autre connerie du même calibre qui finissait par éplorer des veuves et faire de nombreux orphelins. Cross se battait toujours lorsqu'on le provoquait, comme n'importe quel pirate digne de son Jolly Roger. Et tant pis si il devait écraser d'honnêtes marins ou d'anciens camarades pirates sous sa botte pour remporter la victoire : lui aussi avait sa fierté, quand bien même elle était celle d'un fieffé forban.

L'oeil sur le Trident, Cross constata que les canons du navire ne sortaient pas de leurs trappes. Sans s'en étonner outre mesure, le capitaine remporta son attention sur le pavillon des marchands. Il reconnut d'abord des armes nexusiennes qu'il aurait bien été incapable d'identifier avec plus de rigueur mais se sentait déjà pousser des ailes à la simple idée de faire une nouvelle fois la nique à l'empire. "Dommage que ce n'soit là qu'des marchands", pensa t'il. Se battre contre les soldats impériaux faisait toujours oublier les petits soucis du bord, en l'occurence ici le manque de rhum qui ne manquerait pas d'ici quelques jours de plomber l'ambiance à bord du Storm Rider. De combat d'ailleurs il n'y aurait sûrement pas. Le pavillon caladan s'affala pour laisser place à un pavillon bien plus explicite à l'oeil valide de Barbe-d'Os, soit le blanc. Le message international de paix. Fortune, qui était revenue à son côté, l'interrogea.

- Que décident-ils, cap'taine ?
- Ils battent pavillon blanc, répondit Cross en abaissant sa longue-vue pour regarder son second. Préparez vous pour l'abordage en conséquence, Miss Fortune.

La sulfureuse rousse hocha la tête, quittant la proximité de son capitaine pour aller se mettre à la rembarde qui encadrait le pont supérieur, devant le gouvernail manoeuvré par le timonier qui maintenait le cap vers le Trident. En contrebas, sur le pont principal où s'affairaient prestement des matelots motivés par leurs maîtres de quart, on tendit l'oreille aux nouveaux ordres du capitaine, qui allait s'exprimer par la langue de son bras droit.

- ILS BATTENT PAVILLON BLANC, MES GAILLARDS ! VOUS SAVEZ CE QUE CA VEUT DIRE, TAS DE MACAQUES ? ON NE TUE QUE SI ILS REMUENT UN PEU TROP FORT DE LA QUEUE ! QUE LES CANONS RESTENT PRÊTS A CRACHER LEUR FOUTRE NOIR ! MADAME TARDIS, ÉQUIPEZ MOI CES SINGES POUR L'ABORDAGE ! JE VEUX DES MOUCHEURS PRETS A TIRER DEPUIS LES MATS ET LE PONT SUPÉRIEURS !

Doubhée Tardis, maître d'équipage du Rider et donc lien entre le commandement et le reste des marins, hocha la tête aux ordres de sa supérieure et se mit à beugler les siens à travers tout le navire qui se mit à fourmiller. Les hommes et les femmes de bord s'activaient à préparer cordages et crochets d'abordage quand il ne chargeaient pas de poudre leurs pistoles à silex. Conformément aux ordres, personne ne tuerait ni ne saccagerait si tant était que les abordés ne cherchaient pas à les entourlouper. Ça arrivait plus souvent qu'on ne le pensait et les pirates se montraient donc toujours en mesure de se battre pour éviter un traquenard. Les moucheurs -sorte de tireurs d'élite armés de mousquet- se mirent à leurs postes pour tenir en respect les membres du commandement adverses qui se trouveraient sur le Trident. Si les choses tournaient mal, Manzana et ses deux compères seraient sûrement assez habiles pour amputer les marchands de leur tête.

Le Rider accomplit sans peine les derniers nautiques qui le séparaient de sa cible du moment. Réduisant l'allure en arrivant au niveau du Trident, le bâtiment pirate se retrouva rapidement "à la colle" avec le navire nexusien. Dès lors que la distance fut suffisante, les premiers crochets d'abordage sifflèrent avant de se ficher à divers endroits du Trident. Pas dans la coque, mais simplement le long des coursives. Pour preuve d'une relative volonté de paix, les pirates sous le commandement de Cross n'investissèrent pas le bateau tout de suite, attendant que le capitaine se présente à celui du navire opposé. Ce qu'il fit depuis le pont supérieur d'où il était aussi intelligible que visible, son indécrottable manteau rouge flottant mollement dans la brise iodée. La main négligemment posée sur le pommeau de son sabre et le tricorne vissé sur la tête, Nathaniel Cross apostropha le commandement du Trident.

- Je suis Barbe-d'Os, capitaine du Storm Rider. Qui est le maître de votre bord ?

Il attendit que le ou la concernée se présente à lui, avant de continuer les dires d'usage.

- La bonne nouvelle, matelots, c'est que tout l'monde ici respectera l'blanc du pavillon. Pas de mort inutile. Le contenu de vos cales est à nous, ainsi que les forbans qui voudraient embrasser une vraie vie d'pirate !

Si quelques marchands voulaient passer du côté obscur de la vie maritime, ça leur était toujours possible. Cross espérait des femmes, libidineux qu'il était. Ceci étant, les traîtres à la marine marchande si ouvertement déclarés étaient rare et Barbe-d'Os ne comptait pas vraiment dessus. Dans les voiles et sur les ponts, les marins du Rider étaient suspendus aux lèvres de leur capitaine. Pas qu'il savait particulièrement galvaniser son oratoire, mais personne à bord n'avait oublié le cruellement rationnement de la denrée principale à bord : le rhum. Fortune, comme toujours à côté de lui, lui glissa un léger coup de coude en mimant rapidement l'action de boire. Cross acquièsa à sa manière, soit en faisant claquer le plat de sa main sur l'une des fesses cintrées de cuir moulant de sa seconde. Quelques sourires lubriques et édentés s'illuminèrent ça et là, considérant que nombreux étaient les marins (hommes et femmes) du Rider à fantasmer de pouvoir accomplir eux-même ce simple geste sur le formidable derrière de Fortune.

- Et nous gardons tout le rhum ! Les pirates poussèrent en choeur une exclamation joviale. Allez, garçons, troussez moi cette putain !

Les pirates répondirent par un puissant "AYE, CAP'TAIN !" avant de partir à l'abordage. Grimpant sur les cordes qui reliaient les deux navires, les premiers d'entre eux eurent tôt fait de mettre le pied sur le bois du Trident, attendant pourtant quelques secondes avant d'aller se répandre comme des rats parmi les coursives étroites du navire. Parfois, certains capitaines pourtant pris au piège sonnaient la défense à la dernière minute. Si ça n'arrivaient pas, ils commenceraient un pillage en règle. 

Elena Ivory

Humain(e)

Re : Un butin atypique [Nathaniel Cross]

Réponse 4 jeudi 10 avril 2014, 01:15:19

L’équipage du Trident comprenait des marins qui avaient généralement de la famille, et qui étaient suffisamment intelligents et vieux pour ne pas se prendre pour des justiciers. Tout ce qu’ils souhaitaient était de ne pas se faire asservir par les pirates, et vendus comme esclaves dans les îles. Si la peur pouvait en amener certains à faire preuve de réactions exagérées, Percy encouragea tous ses hommes à ne pas se laisser aller, et à rester calmes. Il leur expliqua que les pirates ne voudraient pas de bouches supplémentaires à nourrir, et qu’ils ne feraient pas de prisonniers... Sous-entendu qu’ils les laisseraient partir si l’équipage de Percy leur offrait leurs réserves. Tout ce que Percy espérait, c’était conserver une caisse de vivres pour pouvoir se ravitailler. En réalité, il ignorait tout de ce qui se passerait, car tout dépendait du pirate. Certains étaient relativement civilisés, mais d’autres... D’autres, et bien, étaient tout simplement des pourritures, qui pouvaient les couler par le fond simplement pour éviter qu’on ne parle d’eux, et pouvoir ainsi attaquer d’autres navires. Un pirate n’avait théoriquement aucun honneur, et on pouvait donc s’attendre à tout. Ce n’était toutefois pas quelque chose que Percy pouvait dire à ses hommes. Il les regroupa tous. Ils étaient inquiets, nerveux, voyant le navire pirate se rapprocher. Les seuls hommes qui ne vinrent pas sur le pont fut les deux gardes surveillant le prisonnier. Ça aussi, ça inquiétait Percy. Les chevaliers refuseraient de laisser les pirates passer, mais il savait aussi que ces derniers fouilleraient le navire de fond en comble, et risquaient de faire couler le sang si on leur opposait une quelconque résistance.

Ainsi, tandis que les pirates se rapprochaient, Percy se rapprocha d’Emma, et lui demanda d’aller raisonner les deux chevaliers, afin qu’ils viennent sur le pont, et déposent les armes. Cette dernière était irritée de devoir ainsi s’agenouiller devant des pirates, mais elle savait aussi que son père avait une longue expérience de ce genre de choses, et qu’elle pouvait, en conséquence, lui faire confiance. Hochant lentement la tête, elle fila donc, tandis que Percy se rapprocha du bastingage, serrant ce dernier entre ses doigts, se crispant dessus pour masquer sa nervosité.

Le navire pirate se rapprocha, jusqu’à ce que leurs voiles se tâtent, et un homme se démarqua de l’équipage, annonçant être le capitaine « Barbe-d’Os ». Il demanda, d’une voix forte, qui était le maître à bord, et Percy ne tarda pas à lui répondre :

« C’est moi ! Je suis le capitaine Percy Williams, et ce navire est un navire-marchand ! »

Il le disait pour éviter que les pirates ne craignent de tomber sur une garnison. Barbe-d’Os, torse nu, leur annonça qu’il comptait respecter l’usage du pavillon blanc, soit ne pas s’en prendre aux civils, tant que ces derniers resteraient passifs. Marin depuis des années, Percy connaissait un peu les usages des pirates. Ce n’était pas son premier abordage, et il hocha lentement la tête, assurant aux pirates que ses hommes n’opposeraient pas de résistance. Il remarqua que l’équipage de forbans comprenait de belles femmes, et se mit à craindre que ceci n’échauffe l’esprit des plus jeunes membres de l’équipage... D’un autre côté, si on leur prenait aussi tous leurs vivres, moins il y aurait d’estomacs à nourrir, et plus ce serait bien. Il y avait cependant peu de chances pour que beaucoup les rejoignent. Comme Barbe-d’Os le pensait, Percy se faisait la même réflexion : les traîtres étaient pourchassés encore plus sévèrement que les pirates, et le sort qu’on leur recevait n’était pas très enviable. Certains ducs rendaient la justice en mettant les traîtres dans une cage qu’ils suspendaient au milieu de récifs, laissant les vagues les déchiqueter progressivement.

Le capitaine leur rappela alors qu’ils comptaient prendre tout le rhum. Entre-temps, Emma venait de revenir, amenant avec eux les deux chevaliers. Ils portaient leurs lourdes épées et leurs armures, et, s’ils acceptèrent de déposer leurs épées, ils conservèrent leurs heaumes. Un chevalier digne de ce nom ne se décoifferait pas devant un pirate. Emma, quant à elle, rejoignit son père.

« Les réserves de rhum sont dans la soute ! » leur annonça l’homme

Ils fouilleraient aussi les quartiers d’équipage pour récupérer les réserves personnelles. Les pirates débarquèrent alors. Percy ne dit rien, les laissant se ruer dans le navire. Certains pirates récupéraient toutes les breloques des membres d’équipage, fouillant leurs poches. Quand un pirate fouilla Emma, et prit le risque de la peloter, la femme le fusilla du regard, serrant le poing. D’autres marins de son équipage hésitèrent à rejoindre les pirates. Contrairement à la plupart des membres du Trident, ils n’avaient pas de familles, et avaient rejoint les navires sans grand espoir, espérant y trouver un peu d’or, ou fuir des créanciers hargneux. Leur peur d’être vendus comme esclaves s’évanouit devant les décolletés de quelques pirates, et, à voix basse, demandèrent à profiter de l’offre du capitaine. Ils furent toutefois relativement peu.

Toutes les portes étaient déverrouillées, toutes les pièces du navire étaient accessibles... Sauf une. Celle abritant le prisonnier. Même en tentant de la forcer, elle ne pourrait pas s’ouvrir. Il faudrait la défoncer, mais il y avait le risque qu’il y ait, derrière, un matériel inflammable... Ou des réserves de rhum que les marchands cachaient pour eux.

Percy était en train d’essayer de négocier avec les pirates pour conserver un peu de vivres quand les pirates vinrent leur annoncer qu’une porte était fermée.

« Notre navire abrite un prisonnier... Un traître nexusien, poursuivit Percy. Il n’y a rien d’autre dans cette pièce. Ce sont les chevaliers qui ont la clef, pas moi. »

Il ne mentait pas, mais il savait que les pirates ne le croiraient pas. Les deux chevaliers, malgré leur arrogance, savaient toutefois qu’ils étaient inférieurs en nombre. Ils ne voulaient certes pas avoir le sang d’innocents sur les mains, mais ils ne voulaient pas non plus mourir en vain. L’un d’eux balança la clef par dépit sur le sol.

À l’intérieur de la pièce close, il y avait effectivement un homme. Il était assis contre le mur, des chaînes aux pieds, et une barbe de plusieurs jours sur le visage. Ses cheveux étaient humidifiés par l’eau de mer s’échappant parfois de microscopiques interstices dans les murs.

Joshua Brolin avait entendu des gens s’extasier contre la porte. Il savait qu’il ne pouvait s’agir que de pirates... Ou alors une mutinerie. L’homme avait une faim déchirante, était affaibli par les semaines à être torturés par ceux qu’il avait surpris dans un entrepôt sinistre de Nexus, mais, dans cette cale, il avait eu le temps de faire le vide dans sa tête, et de réfléchir. Son visage était tuméfié, portant les stigmates des coups et des griffures multiples qu’il avait reçu.

Durant sa captivité, il avait entendu des noms, vu des blasons, et savait des choses. On ne lui avait pas expliqué où il allait, mais Joshua se doutait que c’était dans un endroit où on entendrait plus jamais parler de lui.

Visiblement, ceux qui l’avaient capturé avaient négligé la possibilité que le navire soit attaqué par des pirates.

En somme, il comptait proposer aux pirates de les rejoindre, si jamais ces derniers arriveraient à rentrer.
DC d’Alice Korvander.

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Nathaniel Cross

Humain(e)

Re : Un butin atypique [Nathaniel Cross]

Réponse 5 jeudi 10 avril 2014, 09:41:12

Les pirates du Rider débarquèrent sur le Trident comme autant de rats affamés sur un morceau de bectance qu'ils comptaient bien dépouiller de toute substance. Les margoulins et leurs sales gueules filèrent dans les gaillards d'avant et d'arrière, descendirent dans les soutes et entreprirent d'abord de mettre la main sur les tonneaux de rhum. Les denrées de première nécéssité d'abord, purement et simplement. Un pirate digne du pavillon qui battait au-dessus de son navire prétendait -et croyait- qu'il pouvait survivre en se contentant de biberonner des litrons de rhum. En manquer était une catastrophe, mais en retrouver ainsi que ça risquait d'être le cas à bord de ce navire s'apparentait à un cadeau des dieux marins. "Poséïdon est aussi généreux que la queue du capitaine est longue", disait-on dans ces cas là. Dès qu'ils commençèrent à transférer les précieux tonneaux d'une soute à l'autre, les hommes de Barbe-d'Os lui prêtèrent en riant grassement un membre plus long que son sabre d'abordage.

La conquête du Trident par les hommes de Nathaniel Cross permettait de profiter de l'aspect hétéroclite de son équipage. Une majorité d'humains certes, mais quelques terranides se trouvaient aussi à faire partie des forbans qui pillaient le Trident. Et les femmes n'étaient pas en reste, aussi bonnes à baiser qu'elles l'étaient à abattre les voiles et à aider aux manoeuvres du galion. Nate savait que les donzelles étaient un argument de poids pour faire virer de bord les marins les moins scrupuleux, mais il savait aussi ironiquement qu'ils seraient très certainement les seuls à ne pas pouvoir prétendre aux faveurs dévergondées des demoiselles. Personne n'appréciait les traîtres et ce de n'importe quel côté du pavillon noir et ces individus auraient à travailler dix fois plus que les autres pour gagner la confiance de leurs compagnons... Quand ils y arrivaient, ce qui était plus rare que courant. Pour ceux qui relâchaient les efforts, c'était la revente à un marchand d'esclaves ou la planche selon le manque de valeur mercantile.

Barbe-d'Os s'était balancé au bout d'un cordage pour se rendre sur le navire marchand, rejoignant Percy qu'il salua simplement en feignant d'abaisser légèrement son tricorne. Ordure ou pas, Nate avait un minimum de valeur et dans l'absolu aucune façon de se montrer désagréable. Après tout, ce qu'il infligeait au capitaine avait plus d'impact que n'importe quelle insulte ou autre manquement à la bienséance, cette dernière ne rencontrant que peu d'intérêt pour les pirates. Tandis que ses hommes râtissaient chaque recoin du Trident, Nate acceptait la conversation avec Percy qui désirait un minimum de vivres pour pouvoir se rendre jusqu'au prochain port. Alors qu'il lui disait qu'il acceptait de  laisser à bord du Trident de quoi accomplir un voyage de retour, son oeil guetta l'apparition des chevaliers. Voilà bien quelque chose que le capitaine ne s'attendait pas à voir à bord d'un simple navire marchand ! A côté d'eux, le ballet des tonneaux de rhum roulés d'un bout à l'autre du pont évoluait avec un rythme à présent bien orchestré, à peine cassé par le passage des pirates chargés eux de sacs de victuailles et autres coffrets d'effets personnels dérobés tant sur les matelots que dans leurs affaires. Quelques traîtres -rares et jeunes- montèrent à bord du Rider pour y être accueillis par les vociférations de Fortune et de Doubhée alors qu'on annonçait à Barbe-d'Os qu'une porte restait close.

- Tu me fais des cachotteries, marchand ?
- Notre navire abrite un prisonnier... Un traître nexusien. Il n’y a rien d’autre dans cette pièce. Ce sont les chevaliers qui ont la clef, pas moi.

Dans un sourire en coin passablement agaçant, Nathaniel tourna la tête vers les deux chevaliers en question, qui ne se montrèrent pas vraiment réticents à lui donner la clé qu'ils lancèrent sur le sol. Ultime once de fierté pour des gaillards qui n'avaient pas vraiment tenus à la défendre, se rendant sans résistance. Ce fut la grosse main bleue et poilue du cambusier qui la ramassa en grondant comme un animal sauvage à l'attention des deux gardes. Einekken tenait de l'autre main sa fidèle ancre de combat et sa stature des plus imposante sembla faire frissonner plus d'un des matelots de Percy. Barbe-d'Os désigna Emma au terranide, qui s'approcha d'elle de son pas lourd.

- Faites lui ouvrir la cellule, monsieur Einekken. Assurons nous que le bon capitaine Williams ne cherche pas à nous jouer un tour pendable ! Et ramenez moi ce prisonnier.

Einekken hocha la tête aux ordres de son capitaine et emmena Emma en la prenant par le bras de sa poigne d'ogre, désignant deux des pirates qui se trouvaient là pour venir avec lui. Si le terranide ne s’intéressait pas vraiment aux femmes (personne toutefois sur le Rider n'était assez suicidaire pour le lui faire remarquer), les deux acolytes semblèrent des plus décidés à profiter de la cale pour la trousser et baladaient déjà leurs mains sur Emma en se gaussant.

- Pas touche à la donzelle, garçons, à moins qu'elle ne réclame !

Ils grognèrent de dépit plus qu'ils ne signifièrent l'obéissance à leur capitaine, mais Einekken se chargea de les rappeler à l'ordre. On entendit un "Aye !" d'assentiment avant que le groupe ne descende ouvrir la cellule pour remonter le prisonnier, tandis qu'on informait Barbe-d'Os que le pillage était pour ainsi dire terminé. Le capitaine pirate ordonna de laisser assez de vivre pour une semaine, acceptant même de laisser un ultime tonneau de rhum. La bonne prise du jour, soit le contenu entier du Trident, l'avait rendu d'excellente humeur. Ses ordres dispensés, Nathaniel revint à Percy.

- Avec ce qu'on te laisse, capitaine Percy, tu pourras t'rendre au prochain port. C'pas dans les règles d'la pirat'rie que d'laisser un navire entier quand on l'aborde, mais je m'sens l'âme charitable.

En fait, Nate avait une toute autre idée en tête. Il savait pertinemment que les hommes du Trident diraient partout que Barbe-d'Os leur avaient laissé la vie sauve après les avoir pillés et cela finirait par venir à l'oreille de pirates qui ne chercheraient plus qu'à en remonter à Cross. De nouveaux adversaires en somme qui, une fois vaincus, viendraient augmenter son prestige. Selon Cross et pour cette raison, on avait jamais assez d'ennemis. Et puis, plus personnellement, Nate ne voyait aucun motif pour ne pas respecter le pavillon blanc. D'après lui, certaines règles devaient perdurer. Si on salissait par le sang chaque drapeau immaculé, il n'y aurait plus personne pour raconter les exploits des pirates !

- Entre nous, garçon, je préfère Nexus à Ashnard. Votre reine est tout à fait troussable, ce qui lui apporte toute l'affection de ma queue. Mais avoir à mon bord un de ces pisse-froid de l'empire peut toujours servir. Ça se revend bien, sur les marchés. Mais j'suis curieux, matelot : qu'est-ce que tu fous avec pareille cargaison ? On n'met pas un traître sur un pauvre navire marchand.

Elena Ivory

Humain(e)

Re : Un butin atypique [Nathaniel Cross]

Réponse 6 jeudi 10 avril 2014, 20:16:11

« Entre nous, garçon, je préfère Nexus à Ashnard. Votre reine est tout à fait troussable, ce qui lui apporte toute l'affection de ma queue. Mais avoir à mon bord un de ces pisse-froid de l'empire peut toujours servir. Ça se revend bien, sur les marchés. Mais j'suis curieux, matelot : qu'est-ce que tu fous avec pareille cargaison ? On n'met pas un traître sur un pauvre navire marchand. »

Percy, dont le cœur s’était affolé avant que les chevaliers ne balancent la clef sur le sol, n’eut pas le temps de répondre, car les pirates envoyés par Barbe-d’Os revinrent des profondeurs du navire, apportant l’homme. Brolin avait jadis été un fier chevalier, élégant et élancé. Il était méconnaissable. Ses cheveux étaient trempés, bien trop longs, il portait une longue barbe, et des haillons déchirés et troués. Il puait atrocement, n’ayant pas pris un bain depuis des semaines, et avait la tête basse. Ses mains étaient encore reliées par des chaînes ainsi que ses pieds, ce qui faisait qu’il peinait à avancer, et ce d’autant plus qu’il était très affaibli. Néanmoins, on pouvait discerner un homme au physique trapu, et avec une carrure solide... Le profil d’un chevalier qui avait porté des armures de plates pendant des années.

Le capitaine Williams reporta ensuite son attention sur Barbe-d’Os, comprenant tout à fait ce que ce dernier pensait :

« C’est... Compliqué. On m’a dit que cet homme était un sataniste, quelqu’un qui avait été surpris à perpétrer des rituels maléfiques. Vous n’ignorez sans doute pas que la Reine de Nexus doit participer prochainement à une célébration diplomatique organisée aux Îles Mélisi. Les navires caladans y sont conviés en grande partie, et le baron de Rochefort ne pouvait pas affecter un vaisseau spécialement pour affréter cet homme. Il soupçonnait de plus que ses éventuels complices ne penseraient pas qu’un prisonnier se trouverait sur un simple navire marchand... Il faut croire qu’il n’avait pas prévu que des pirates nous attaqueraient. »

Bien entendu, Percy ignorait le nom de l’homme, tout comme les deux chevaliers. Joshua Brolin n’était pourtant pas un nom connu à Nexus, mais l’homme avait eu le temps de faire son petit bout de chemin, et il n’était donc pas impossible que quelqu’un, comme une vieille connaissance, puisse connaître ce nom... Et quiconque connaissait Joshua savait qu’il n’était pas un traître. Physiquement, voir en cette épave un guerrier tenait de l’exploit. Ce que Percy racontait à Barbe-d’Os était la version officielle. Un jeune capitaine y aurait cru, une bleusaille... Mais Percy avait fait son bout de chemin. Il était âgé, mais la vieillesse n’avait pas amené en lui l’aigreur, mais plutôt cette capacité à appréhender calmement les choses, de manière lucide.

« En réalité, poursuivit-il, mais à voix basse, je soupçonne plutôt une affaire politique... Vous voyez le genre, je suppose ? Un voleur, un détrousseur, ou un amant impudique surpris dans la chambre de la fille du baron... Bref, le genre de choses qu’un noble n’a pas envie d’ébruiter. »

C’était ce que Percy pensait. Lui-même ne pouvait pas savoir que tout ça dépassait le simple contexte de l’humiliation politique, et que Rochefort ne pouvait certainement pas utiliser une berge pénitentiaire. Il y aurait eu un formalisme plus lourd à respecter, et plus de chances pour qu’un huissier honnête reconnaisse Joshua Brolin.

Les pirates devaient retenir Brolin à plusieurs reprises. Ce soleil subit lui tapait sur le crâne, et sa vision était floue. Il n’était plus habitué à être debout, et ses jambes se dérobaient sous ses pieds. Les deux chevaliers qui avaient eu sa garde l’observaient silencieusement, sans rien dire. Percy, quant à lui, se moquait fort bien, en réalité, du sort de cet homme. Il ne faisait pas partie de son équipage, et n’avait effectivement rien à faire sur un navire marchand. En réalité, Percy se faisait surtout du souci pour Emma. C’était sa fille, après tout, et il craignait que voir ces pirates emmener ainsi leurs biens ne finisse par l’amener à faire des bêtises. Elle avait toujours été une fonceuse, cette petite, à mille lieues du caractère calme et passif de Percy Williams. Aurait-elle été pirate qu’elle aurait été terrible, dans son genre.

Joshua respirait lourdement, et, à travers les haillons déchiquetés de son dos, on pouvait voir un nombre élevé de cicatrices, correspondant aux coups de fouets qu’il avait reçu, et qui avaient été volontairement mal soignés. Il est vrai que les nobles pouvaient se montrer particulièrement cruels à l’encontre de ceux qui cherchaient à se jouer d’eux, mais Percy, sur ce point, sous-estimait la cruauté des nobles. Quand un simple paysan s’amusait à se jouer d’eux, le sort qu’il encourait était généralement d’être condamné à être écorché en public. Si Percy avait fait preuve de la même témérité que sa fille, il aurait compris que ce prisonnier n’avait effectivement rien à faire là, et il ne se serait pas contenté d’une simple explication. Il manquait cependant à Percy cette lucidité d’esprit et cette clairvoyance. C’était un homme qui croyait en la valeur des mots, de la transparence, et, plus généralement, en la loyauté des autres. Ce n’est pas qu’il était naïf, mais plutôt qu’il peinait à envisager des plans scélérats et des manipulations.

Brolin, de son côté, aurait voulu dire à ces pirates qu’il voulait les rejoindre. Il ignorait si c’était possible, il ignorait qui ils étaient, mais il savait que les pirates couraient après l’or. Mais ce soleil... Ah, ce soleil, ah, cette lueur qui lui tapait sur le crâne... Tout fondait sous la présence du soleil, et ses jambes... C’était comme s’il avait deux poteaux à la place des pieds, deux bouts de bois vacillants. Sa vision était floue, un rideau de plomb s’abattait sur son crâne. On l’entendit tousser légèrement, alors qu’il continuait à tanguer en avant. Finalement, tout son corps s’écroula, et les pirates, durent se pencher plus pour l’empêcher de s’écrouler sur le sol.
DC d’Alice Korvander.

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Nathaniel Cross

Humain(e)

Re : Un butin atypique [Nathaniel Cross]

Réponse 7 vendredi 11 avril 2014, 00:23:58

C'était un cadavre animé qu'Einekken et sa petite troupe avaient remonté sur le pont du Trident baigné par le soleil de midi. Emacié et sale, l'homme à la barbe brouissaleuse et aux cheveux sûrement pouilleux n'avait guère fière allure. Il s'était annoncé au gré du cliquetis mollason des chaînes qui devaient être plus épaisses que lui et c'étaient les deux hommes que le cambusier avait entraînés avec lui qui le soutenaient. Les jambes aux genoux cagneux de Brolin n'étaient visiblement plus assez forte pour porter son poids et bien qu'il tentait de rester debout, la gravité attirait sa faible masse irrésistiblement. Cross haussa un sourcil en contemplant cette parodie d'homme pendant que Percy lui exposait ce qu'il savait de son singulier chargement. Un sataniste, ce type là ? Nate n'y croyait pas vraiment. Pas qu'il eut le pouvoir d'étiquetter avec assurance chaque homme qui passait devant son oeil, mais les satanistes avaient une "aura" particulière. Le mal, disait-on, reconnaissait le mal. Barbe-d'Os ne voyait rien de bien maléfique chez le prisonnier et il y avait fort à parier que le capitaine pirate en appelait plus à Satan et toute sa piétaille au cul baigné de soufre en une semaine que l'inconnu l'avait fait durant toute sa vie. L'explication personnelle de Williams semblait à Cross bien plus crédible mais soudainement moins lucrative. Voilà qui le chiffonnait, mais le bedonnant capitaine marchand n'y était pour rien.

- Mouais. On m'paiera moins cher pour un simple baiseur d'gamine effarouchée. Je te l'prends quand même, cap'taine Percy. Je m'en accomoderais ou j'le passerai sur la planche. J'te laisse les deux gardes. Fais les bosser, ça compensera tes déserteurs. Il se retourna pour s'adresser à ses hommes. On dégage, garçons !

Alors que Cross s'apprêtait à lancer ses pas en direction de son navire, Brolin tomba inconscient et ne fut rattrapé que de justesse par ses deux geôliers. Ils l'insultèrent en tentant de le remettre sur ses pieds, ce qu'ils comprirent être peine perdue au bout de deux essais infructueux. D'un regard, les pirates interrogèrent leur capitaine, qui se contenta de cracher sur le pont du Trident en écrasant un juron. En voilà un qui aurait intérêt à valoir au moins les onguents qui allaient servir à le remettre d'aplomb, auquel cas son sort serait à peine plus enviable que celui d'un rat de cale coincé sur un navire tout propre.

- Am'nez moi ça au Doc. Et qu'il me le rende au moins capable de s'occuper des seaux d'chiasse ! Monsieur Einekken, aidez donc les gars à s'occuper d'ça.

Le terranide se contenta d'hocher la tête avant d'attraper Brolin pour le jeter sur son impressionnante épaule comme un de ces sacs à patates qu'il amenait des réserves du bord à la cuisine. Il prit, comme son capitaine, le chemin vers le Rider et les deux n'eurent aucun mal à retourner sur le galion aux voiles noires. Les derniers hommes les rejoignirent alors que les manoeuvres de séparation s'amorçaient, ponctuées par le raclement des grappins qu'on détachait du Trident pour les ramener sur le navire pirate. Cross rejoignit son navigateur et son second pour donner ses ordres, tandis qu'Einekken disparaissait dans les coursives intérieures du Rider pour se rendre dans la cabine du médecin de bord, le Doc Troisrivières. Le petit -en taille, mais pas en expérience- pirate tout rabougri qui laissait toujours une main traîner sur le cul d'une des filles du bord avait des méthodes curatives bien à lui, et la scie à amputation plus agile que la queue excitée d'un puceau. Arrivé dans l'antre mal éclairée du Doc, Einekken déposa sans égard le corps inerte de Brolin sur la table dont Troisrivières se servait pour ses interventions de fortune. Le cambusier transmit l'ordre du capitaine avant que lui et le médecin ne conviennent d'une partie de carte pour les jours à venir, le petit vieux proposant qu'ils jouent leurs rations respectives en rhum. L'échange dura quelques minutes, avant que le doc ne se retrouve seul avec son patient.

Durant les jours qui allaient suivre, Troisrivières allait s'évertuer à obéir à son supérieur. Il remettrait d'aplomb le prisonnier avec un de ses onguents puants (dont la composition des plus douteuses faisaient que les autres pirates évitaient soigneusement de se blesser pour ne pas s'en retrouver badigeonnés) et un retour lent à une nutrition plus décente que celle à laquelle il avait eu le droit tant dans les cales du Trident que dans la prison qui avait sûrement précédée. De quoi rendre Brolin capable de parler et bouger, ce qui ferait en sorte que son sort soit plus facile à déterminer pour le bon capitaine Cross qui allait en attendant s'enfiler son mousse pour fêter la belle prise de ce début de journée.

Elena Ivory

Humain(e)

Re : Un butin atypique [Nathaniel Cross]

Réponse 8 samedi 12 avril 2014, 00:28:37

Plusieurs jours plus tard...
Fort-Latour


Le Trident abandonna l’idée d’aller à Ravenholm, n’ayant plus rien à y faire. Percy Williams consulta ses cartes de navigation, et fit cap vers l’île la plus proche. Ils firent escale à Fort-Latour, une petite ville commerciale bâtie autour d’un fort militaire. Son équipage alla se saouler dans les auberges, racontant à qui le veut qu’ils avaient été attaqués par des pirates, par les membres du Storm Rider, avec des « nanas aux nichons gros comme ça », firent-ils, en mimant avec leurs mains. Emma, elle, fut quasiment la seule à rester sur le navire, s’entraînant au maniement de l’épée, tandis que Percy fut convoqué par le gouverneur de l’île. Il leur expliqua que des pirates les avaient attaqués, mais ne mentionna pas le prisonnier. Après tout, il ne figurait pas sur son manifeste, et, une fois arrivés à Fort-Latour, les deux chevaliers s’étaient volatilisés. Ces derniers s’étaient tout simplement empressés de rejoindre la volière, afin qu’un pigeon voyageur envoie une missive à Rochefort. Ils accomplissaient leur devoir.

Le gouverneur de Fort-Latour envoya rapidement ses propres galères militaires pour retrouver le Storm Rider, mais il ne se faisait que peu d’illusions. L’océan était vaste, et le Rider était rapide. De plus, comme pour le baron de Rochefort, le gouverneur avait du envoyer plusieurs de ses hommes aux Îles Mélisi, afin de sécuriser la visite officielle de la Reine. Il ne pouvait donc pas déployer autant d’hommes qu’il le voulait à la traque de ce flibustier d’eau de mer pourrie. Emma, quant à elle, réfléchit à l’éventualité de les rejoindre. Honnêtement, elle ne se voyait pas continuer à vendre des poissons et des crustacés tou les Dimanche à Nexus. En revanche, pourfendre des pirates, traquer des monstres... Ça, ça la bottait bien. Elle réservait même un chien de sa chienne à ceux qui avaient osé la tripoter.

Naïvement, l’équipage du Trident pensait qu’on ne viendrait plus les embêter avec cette histoire, et que Percy allait pouvoir reprendre la route tranquillement la route vers Nexus.



Quelques jours plus tard encore...
Château Caladan


Le pigeon voyageur arriva sans encombre, et, quand Rochefort apprit que le prisonnier s’était évadé, il faillit en faire une syncope. Tout foutait vraiment le camp à Nexus pour que même une tâche aussi simple que transporter un prisonnier semi-cadavérique soit compromise par l’action de quelques forbans. Les deux chevaliers indiquèrent que le responsable était le capitaine du Storm Rider, surnommé Barbe-d’Os, et qu’ils n’avaient rien pu faire. L’ennemi était supérieur en nombres, et ils ne voulaient pas risquer la vie des civils en attaquant un homme qui, de toute manière, allait sûrement passer l’arme à gauche sur un rafiot de pirates. Rochefort ne pouvait toutefois pas se permettre ce risque... Et puis, s’il avait voulu que ce maudit policier meure, il l’aurait déjà occis ! Le baron voulait savoir qui étaient les informateurs de ce rat d’égout, qui l’avait informé de cet entrepôt.

Rochefort ne tarda pas à réfléchir avant d’en référer à ses alliés. Le gouverneur de Fort-Latour ne remettrait jamais la main sur le Rider, et, pour ce genre de messages, Rochefort ne pouvait pas se permettre de perdre du temps en envoyant un pigeon voyageur. Il se rendit dans ses quartiers, en ordonnant que nul ne le dérange, puis découvrit la bâche qui recouvrait un miroir. Ce n’était pas n’importe quel miroir, et il observa brièvement son reflet dans le miroir, avant d’ouvrir un petit coffret, et d’en sortir une orbe magique. Entre ses doigts, cette dernière se mit à luire, et le miroir s’illumina également, établissant alors une connexion magique avec son miroir-jumeau.

Une image floue se forma dans ce dernier, et un homme ne tarda pas à apparaître.

« Baron de Caladan ! Quelle joie de vous revoir ! » s’exclama une voix enjouée de l’autre côté.

Rochefort était relativement nerveux à l’idée d’expliquer à cet homme que le prisonnier s’était évadé, mais il lui devait l’honnêteté et la sincérité. Aussi expliqua-t-il l’altercation qui avait eu lieu il y a quelques jours.

« Hum... Voilà qui est fâcheux, en effet... Regrettable, très regrettable... Vous avez bien fait de me prévenir, baron. Ne vous préoccupez plus de cette histoire, et laissez donc les petits soldats du gouverneur de Fort-Latour se promener dans leurs barques.
 -  Mais... Et le Rider ? Je peux passer une annonce, vous savez ! Ma baronnie est un port militaire, je connais les points de rades des pirates, et...
 -  Une annonce ? Mon cher ami, votre passion vous égare... Je croyais que vous ne vouliez pas que l’affaire s’ébruite, et vous voulez mettre tous les pirates à la poursuite de ce capitaine ? »

Le ton de l’homme était doucereux, légèrement moqueur, et son visage restait flou. En revanche, il était assis, et le baron pouvait très distinctement voir sa canne... Une belle canne, du bel ouvrage, avec une tête de lion à son sommet, sur laquelle reposaient les longs doigts de l’homme.

« Mais... Mais alors ?!
 -  Vous n’êtes pas le seul à avoir des contacts dans l’océan, mon cher ami. Maintenant, je vous prie de ne plus vous soucier de cette affaire. Je m’occupe de notre petite souris vagabonde. »

La connexion se rompit ensuite. Et le baron n’en fut que plus content. Il n’avait guère envie de savoir ce qui allait se tramer.



Encore quelques jours plus tard encore...
Storm Rider


Brolin émergea progressivement. On l’entendit d’abord soupirer, bredouiller des paroles incompréhensibles. Par la suite, il entrouvrit légèrement les yeux. Plus encore que la douleur ou l’absence de soins, ce qui menaçait de le tuer fut surtout la malnutrition à laquelle il avait eu droit. Bien des naufragés n’en survivaient pas, et mouraient lentement de cette carence en aliments, se mettant à délirer et à sombrer, pour ne plus jamais se réveiller. Si Joshua n’avait pas en lui ce fort caractère, cette mentalité trempée et forgée dans le plus solide des aciers, il était fort probable qu’il aurait fini par mourir sur le banc du docteur.

Il émergea donc progressivement, lentement, sans avoir aucune idée de l’emplacement d’où il était. Peu à peu, ses sens revinrent : ses oreilles, puis son odorat. Lentement, mais sûrement, il revenait à lui.

Ce fut au beau milieu d’une matinée que Brolin finit enfin par revenir à lui. Il ouvrit les yeux et la bouche en même temps, respirant l’air autour de lui. Il sentait les secousses de l’eau, les craquements du navire, et comprit qu’il était forcément dans un navire. La mémoire des dernières semaines lui revint à la tête en un instant, ce qui entraîna une cacophonie de souvenirs dans son crâne. Il réalisa notamment qu’il avait une barbe interminable, et qu’il était attaché. En revanche, il n’était plus à même le sol, sur une table d’opération. En regardant autour de lui, il constata qu’il était dans une sorte d’infirmerie, avec des instruments chirurgicaux, et autres objets décoratifs.

*Qu’est-ce que je fous là ?*

Il avait affreusement mal à l’estomac, et devait lutter pour ne pas s’endormir. Sa bouche était pâteuse, et il racla sa gorge, cherchant à parler, à émettre des sons. Il finit par éternuer.

« S-soif... réussit-il à dire, avant de répéter ce mot à plusieurs reprises. Soif, soif, s-s-soif... »

Il aurait bu la foutue mer si on la lui avait offerte sous le nez.
DC d’Alice Korvander.

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