La fillette se remit à gigoter mais avec bien plus d'entrain. Elle voulait descendre, et à force de se tortiller, elle optint ce qu'elle souhaitait : un relâchement des bras d'Akira qui lui permirent de sauter à terre. Une fois par terre elle ne sautilla plus, ne tournoya plus, n'esquissa plus un geste. Elle savait que le lycée ne voulait pas attirer l'attention sur eux et elle ne voulait pas le mettre dans l'embarras. Pour sa part à elle, elle ne connaissait pas la honte, mais savait que les autres pouvaient la ressentir facilement.
Une fois que plus personne ne s'intéressait à eux, Miyoko ne prit pas la peine de discuter avec le lycéen, à quoi bon ? Elle choisit plutôt de s'occuper de la plante. Elle lissait les feuilles vertes avec soin et les aplatissaient entre ses paumes. Elle plongea aussi ses mains dans la terre toute bossolée pour l'aplanir. Elle fit un petit monticule au pied de la plante pour réchauffer le bas de la tige. Satisfaite d'elle-même, elle admira son oeuvre en essuyant ses petites mains le long de son déguisement déjà affreusement sale.
L'attente commençait à être longue, mais le comptoir se rapprochait de plus en plus d'Akira. Alors un sourire se dessina sur les lèvres de l'enfant. Elle allait enfin pouvoir terminer sa mission et sauver Armelle ! Lorsqu'il n'y eut plus qu'une personne devant elle, elle s'approcha du comptoir et s'y appuya. Elle était juste assez grande pour que seule sa tête dépasse. Ses mains s'accrochèrent au rebord et ses yeux se posèrent sur l'individu qui discutait avec le policier.
Il était petit et maigre, ses habits semblaient bien trop large pour lui et comme emprunter à quelqu'un. Ses yeux semblaient identique, mais le pourtour de l'un était boursouflé. Cependant, cela ne semblait pas l'inquiéter. Il avait plutôt tenter de maquiller cela. Mis à part cela, son visage incarnait la douceur et la tendresse. Miyoko aurait eu envie de se jeter dans ses bras si elle n'avait pas trouvé très étrange la petite bosse qui soulevait l'arrière de son pantalon, comme s'il avait eu une queue. En relevant les yeux, la fillette s'aperçut que l'homme portait un chapeau. Elle n'y avait pas fait attention, mais cela l'intriguait à présent. Cet homme lui faisait penser à quelqu'un comme elle : déguiser.
L'homme affirmait avoir perdu ses papiers, qu'on lui avait volé et qu'il n'en avait plus aucun. Il ne savait pas comment faire pour les récupérer ou s'en faire confectionner d'autre et il avait décidé de se rendre au commisariat pour faire tout cela dans les règles. Miyoko haussa un sourcil en même temps que le policier qui parut un peu décontenancé par une telle requête. Il demanda à l'homme "déguisé" d'aller s'asseoir en attendant qu'un supérieur vienne s'adresser à lui.
L'homme s'éloigna, la tête baisse, comme quelqu'un qui a l'habitude d'être soumis et partit s'asseoir à quelques mètres de là. C'était au tour de Miyoko et Akira.