Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Fin de mois difficile. [Erwan]

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Milano

Humain(e)

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    Faussaire et fieffé menteur.
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Fin de mois difficile. [Erwan]

mardi 06 août 2013, 20:39:09

La tête enfouie dans mes oreillers, je glissais ma main hors des draps, à la recherche du réveil. Il n'y a rien de plus oppressant que les bips saccadés et stridents d'un réveil à sept heures du matin. Il fallait se motiver, et se lever. J'avais préparé mon coup toute la semaine.
On était vendredi matin, je me redressais enfin. Mes vêtements étaient préparés, pliés sur une chaise de bureau depuis la veille. Je quittai la chaleur de mon lit pour poser les pieds sur la moquette, la tête dans les mains, à essayer de me réveiller correctement. Je déambulais dans mon appartement avec des petits yeux, entièrement nu, les vêtements tenus contre ma poitrine. Une douche froide me remettrait d'aplomb. Et en effet, l'eau qui me descendit le long du corps me surprit, et me fit pousser un petit cri aigu comme je n'en poussais que le vendredi. Je me sentais bien plus en forme en sortant, nouant mes cheveux en une queue de cheval en sortant, fredonnant devant le miroir comme une adolescente. Je me suis toujours demandé si les mimiques féminines que j'avais prises sous cette apparence étaient le fait de l'habitude ou du pouvoir d'Asmodéus, mais je n'avais aucun moyen d'y répondre de toute façon.
Je ressortais de la salle de bain frais comme un gardon, vêtu d'une robe rouge et courte à volants et de bottines noires, ainsi qu'un tour de cou avec deux pompons blancs. Sur le comptoir de la cuisine était posé un sac à main marron clair, dans lequel j'avais mis mes faux papiers: aujourd'hui, je serai Akimine Michiru. Un café, je réarrangeais mes cheveux en un chignon plus élégant, et je sortais.

Mon objectif était un immeuble résidentiel plutôt grand, dont le propriétaire n'était autre qu'Akimine Heike, un homme sans grande envergure qui possédait tout simplement quelques immeubles en ville. Sa fille, Michiru, était en réalité âgée de douze ans. Mais ça, encore fallait-il le savoir.
A neuf heures du matin ,j'arrivais au bas de l'immeuble, saluait le concierge d'un sourire radieux et montait les étages. Putain, il m'avait fallu rôder autour de l'immeuble pendant une heure et quart avant de pouvoir connaître le digicode qui m'avait permis d'entrée. Au moins, maintenant que j'étais une femme, j'étais méconnaissable.

La marche à suivre était simple, et marchait vraiment bien: je faisais du porte à porte, me présentais comme étant la fille du propriétaire avec des yeux mielleux et un ton confiant, et paf. Je récupérais les loyers. Des enveloppes en cash que je n'avais qu'à glisser dans mon sac. C'était tellement facile! Et si drôle!
Quand on me donnait des chèques, malgré l'ordre, je les gardais. Avec la banque correspondante et la signature dessus, ces gens m'ouvraient leur compte en banque sans même s'en rendre compte. Une véritable mine d'or.

C'était décidé, je pousserais encore le vice. Le prochain qui m'ouvrirait, je m'inviterai pour un café.
« Modifié: mardi 06 août 2013, 23:50:10 par Milano »

Erwan Mc Laan

Humain(e)

Re : Fin de mois difficile. [Erwan]

Réponse 1 mercredi 07 août 2013, 14:33:37





Dure matinée. Erwan se retourna dans son lit, encore et encore, y cherchant sa place. Il avait pour habitude de dormir du côté droit du lit. Mais, ce matin, cette parcelle était occupée. Une jolie petite blonde - une japonaise aux yeux débridés et aux cheveux décolorés - dormait paisiblement à ses côtés. Il fronça les sourcils, s'allumant une cigarette. En son for intérieur, il espérait que l'odeur la réveillerait. Et puis qu'elle finisse par déguerpir sans demander son reste. Depuis qu'il n'avait plus de nouvelles de Miya, le jeune français s'occupait comme il le pouvait. Mais aucune de ces pimbêches perchées sur des talons aiguilles ne lui plaisait vraiment, au final. Pire, les couinements incessants de ces créatures asiatiques lui tapaient sur le système. Un petit voyage me fera du bien. C'est sur ce constat qu'il sortit des draps, pour se diriger vers sa cuisine. Un café. Un café noir, fort, qui le réveillerait, pour sûr. Le jeune homme écarta les rideaux de son salon, se laissant éblouir par les premiers rayons du soleil sans mot dire.

- Erwan ?

... Il l'avait presque oublié. La jeune fille, dont il ignorait l'âge et ne souhaitait pas vraiment le savoir, entra dans la pièce, tout en finissant d'enfiler sa robe. En le voyant, elle comprit qu'elle n'aurait pas le luxe de squatter cet appartement plus longtemps. Dieu merci. Erwan appréciait moyennement les midinettes qui pensaient qu'une nuit à ne pas dormir déboucherait sur une relation longue, durable, pleine d'amour et de bonheur. Il lui offrit un sourire.

- Je vais ... y aller, je pense.

En voilà une idée qu'elle est bonne. Le jeune homme lui indiqua la porte de la main, hochant la tête pour la saluer, la cigarette aux bords des lèvres. Et cette petite conne la claqua violemment en sortant. Il entendit un moment ses talons claquer sur les marches, avant qu'elle ne disparaisse complètement. Alors, il respira.

Cette journée serait bonne. Il le sentait. Il le voulait. Erwan fit sagement le tour de son appartement. Chambre, où il refit le lit. Salle de bain, où il prit la plus délicieuse de toutes les douches. Cuisine, où il ingurgita un café. Salon, où il s'affala pour mieux reprendre ses esprits. Les lieux étaient plutôt luxueux, il fallait l'avouer. La chambre était aussi vaste que le salon, qui, lui, donnait sur une petite cuisine où un bar et ses chaises faisaient office de salle à manger. Il y avait, ici et là, des tableaux, des photos, des cartes postales, qui s'étalaient sur tout un mur. Les autres étaient blancs, sauf un, dans sa chambre, où des personnes griffonnaient des mots, à l'encre indélébile. Il ne méprisait pas ces femmes qu'il baisait. Elles aussi pouvaient écrire quelque chose sur ce mur. Mais il appréciait que ces nuits soient uniques. A force de courir après un souvenir, de vouloir recréer un moment spécial, on se gâche la vie. Disons qu'il avait fait son choix. Le français écarta tous les rideaux noirs et longs, laissant la lumière entrer, ouvrit même une fenêtre pour aérer - putain, c'était quoi, ce parfum à deux francs six sous qu'elle portait ? - avant de s'allumer une nouvelle cigarette.

Et c'est à cet instant qu'il entendit sonner. Erwan en sursauta presque. Il habitait au dernier étage et, habituellement, il entendait les personnes monter jusque chez lui. Pas cette fois. Enfilant une chemise à peine fermée, un jean, il entreprit d'ouvrir la porte, le visage fermé.
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"On s'ennuie de tout, mon ange, c'est une loi de la nature ; ce n'est pas ma faute."

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Re : Fin de mois difficile. [Erwan]

Réponse 2 vendredi 09 août 2013, 14:13:48

Au moment de sonner, je savais déjà quelle approche je comptais employer: la jeune femme mal à l'aise, qui venait là parce qu'on lui avait demandé de le faire. Ce matin-là, je m'étais amusé à jouer plusieurs comportements selon la personne que j'avais en face. Ça me faisait la main. Et putain, j'aurais pu faire un comédien hors pair. Là, je préparais mon rôle à l'avance. Pour les flouer et me faire inviter, autant éviter d'improviser.
Le truc, c'est qu'au moment où il m'a ouvert, je n'ai pas eu à simuler tant que ça. Je suis resté planté devant lui, les yeux ronds, à le regarder avec une moue idiote. C'était un mec plutôt grand, typé européen, chemise quasi ouverte. Il avait l'air un peu plus âgé que moi, et malgré son air renfrogné, il semblait bien éveillé. Je pris un air décontenancé, limite gêné, et m'exprimais d'une voix hésitante, en m'accompagnant de grands gestes, une main accrochée à mon sac:


"Salut, euh... Je m'appelle Michiru, je suis la fille du proprio et... Enfin, je... Papa est en bas avec le concierge, il m'ont envoyé chercher les loyers dans l'immeuble."

J'évitais d'en faire de trop, me tenant droit comme une fille bien élevée, alors que mes joues rosissaient. Ça faisait partie des petits trucs que j'arrivais à faire, comme me forcer à pleurer, ou me provoquer des frissons. Il suffisait d'avoir les bons déclencheurs, et avec un peu d'entrainement, c'était simple comme bonjour. Avec un regard faussement fuyant, je jetai un œil à l'intérieur: vaste appartement, bien meublé, comme à la maison. Moi, je vivais chez ma mère, et ma mère n'était pas n'importe qui. Mais ce type... Je me demandais comment il arrivait à payer son loyer. Oh putain oui, il devait être friqué.
Mais j'étais encore là, dans ce couloir silencieux et froid, qui n'était pas aussi accueillant que ce qui se trouvait derrière lui. Je m'éclaircissait un peu la gorge, et finit par demander:

"Je peux entrer?"

J'étais impatient, et curieux. J'étais tombé sur un gros poisson, pas question de le laisser filer. Si je me démerdais bien, je réussirais peut-être à lui extorquer davantage qu'un café. Mais mieux valait rester prudent tant que je ne l'avais pas cerné. Promener mes yeux à droite à gauche chez lui me permettrait déjà d'en savoir plus.

Erwan Mc Laan

Humain(e)

Re : Fin de mois difficile. [Erwan]

Réponse 3 dimanche 11 août 2013, 23:00:20




Jolie. C'est le premier mot qu'il eut en tête. Elle était plutôt jolie. Le jeune homme ne lui fit pas l'offense de la reluquer un bon moment. Erwan savait se tenir. Un français, s'il vous plait, et parisien de surcroît. Il se devait de perpétuer une sorte de french touch, même ici, à Seikusu, au Japon. Et puis, dans sa vie, il avait vu tellement de jeunes filles jolies qu'il n'avait plus ce regard affamé et plein d'envie. Nan, il était même plutôt lassé, au bout du compte. Aussi ne lui offrit-il qu'un léger sourire, la détaillant de haut en bas d'un rapide coup d'oeil. Une adolescente. C'était une adolescente. Une jolie adolescente, donc. Et elle semblait être l’archétype même de la petite lycéenne timide et douce. Inoffensive, donc.

Erwan écouta soigneusement son petit discours, sans rien ajouter, avant de lui faire signe d'entrer d'un hochement de tête.

- Je t'en prie. Entre.

La cafetière émit un petit cri, et il la fit taire immédiatement. On lui avait souvent parlé des problèmes encourus, quand on gardait chez soi une mineure. L'était-elle ? Peu importe. Le français lui fit signe de s'asseoir sur un des fauteuils du salon, lui montrant du doigt l'étalage d'assises qui trônait dans le salon. Canapé de cuir, amas de coussins dans un coin, 'fat boy' noir, fauteuils Voltaire ... On aurait presque dit une collection. Chaque meuble semblait venir d'une époque et d'un pays différents, mais tous s'assemblaient pour faire du salon un lieu chaleureux et mystérieux.

- Tu veux ... boire quelque chose ?

Lui était derrière le bar, qui donnait sur le salon.

- C'est la première fois qu'on ... me rend visite, par rapport à mon loyer. Ton père t'envoie t'il pour amadouer les locataires, quand il y a un problème ?

Le ton était amusé, sans qu'on sache pour autant s'il était sérieux ou non. Disons qu'il y avait, dans sa voix, une nonchalance mêlée à une froideur qui, franchement, laissait perplexe.
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Re : Fin de mois difficile. [Erwan]

Réponse 4 lundi 19 août 2013, 13:52:31

"Je prendrais volontiers un café sucré!"

Décidément, c'était un objectif bien trop simple à accomplir. J'avais moyen de taper beaucoup plus haut que ça. Et ce n'était pas le peu de méfiance qu'il avait qui me ferait changer d'avis. Bien sûr qu'il l'était, tous l'avaient été plus ou moins, ce matin.
Je m'asseyais sur l'un des Voltaire, jambes croisées, comme une reine, à parcourir la pièce des yeux. Le mobilier, en effet, laissait à penser qu'il recevait souvent, ou bien qu'il aimait commander dans les magazines tous les objets dernier cri, comme ce type dans Fight Club. Mon regard se posa à nouveau sur mon hôte lorsqu'il me demanda la raison pour laquelle "mon père m'envoyait". Bien que cette question ait dû titiller tout le monde, il était jusque là le seul à avoir eu l'audace de la poser. Ce qui relevait de mon intérêt, néanmoins, fut la façon dont il le demandait. C'était comme si il cherchait à être perçant, tout en conservant sa contenance et ses bonnes manières. Une main de fer dans un gant de velours. Il ne serait pas une proie aussi facile que les pigeons que j'avais eus jusque là. Quant à savoir si j'allais me désister, prendre le loyer et partir avec juste un café, la réponse était bête et méchante: Non. Le défi était bien trop excitant pour reculer.


"Le problème, il vient de moi... Ça fait une semaine que je suis privée de sortie, et j'en ai encore pour plus de deux mois. J'ai pas respecté le couvre-feu, et mon père a été me chercher le lendemain chez un type que je connaissais de la veille."

Oh, la vilaine Michiru était une fille facile qui profitait du semblant de liberté qu'elle avait pour se faire payer un café! Il me fallait jouer la vraie fausse carte de l'honnêteté pour le mettre en confiance, instaurer un climat chaleureux. Les hommes aiment les filles mignonnes et audacieuses, alors je pouvais jouer sur ça aussi. La pauvre demoiselle, embarrassée d'être là parce qu'elle a fait une grosse bêtise. Faisant mine de parler pour moi-même, j'ajoutais en soupirant un "Putain, on est au vingt-et-unième siècle!", comme si c'était une excuse pour aller baiser avec des inconnus. Comme s'il fallait une excuse. Reprenant un ton enjoué, je continuais mon manège:

"C'est drôlement joli chez vous, vous faîtes dans la décoration d'intérieur?"

Une façon détournée de connaître son job. Je n'espérais pas qu'il me le dise cash non plus, mais sa réaction m'intéressait. Allait-il en rire de façon gênée, indiquant qu'il avait un job modeste mais qu'il était flatté? Une petite lueur d'arrogance dans le regard, qui me dirait qu'il avait un boulot bien placé, et bien payé? Un air las de celui qui est là, tout frais payé, et dont la seule idée de travailler est harassante? L'avantage, vous voyez, d'être un fieffé menteur, c'est bien celui de pouvoir reconnaître la vérité. Alors je repartirais avec ça. En quittant son appartement, je voulais son loyer, et je voulais tout savoir de lui.

Erwan Mc Laan

Humain(e)

Re : Fin de mois difficile. [Erwan]

Réponse 5 lundi 19 août 2013, 16:54:00




Va pour un café. Silencieusement, tout en l'écoutant, Erwan se chargea de le préparer. Lui boirait ... La même chose, tiens. Encore un. Il avait quelques péchés mignons, propres aux français selon certains : le vin, la cigarette, le café. En soi, peu de choses étaient capables de le rendre heureux. Et la présence d'une jolie fille dans son salon aidait pas mal à cela. Tout en sortant deux tasses, il remarqua un papier, sur le bar. Le numéro de la midinette qui ne l'avait pas vraiment aidé à dormir, la nuit dernière. Il le jeta. Avant de relever les yeux vers Michiru, à peine étonné par ses propos. Punie pour s'encanailler une fois la nuit tombée. Dieu merci, le père d'Erwan ne lui avait pas fait subir ça. Ça aurait été un comble.

Une bouffée de tabac, dont la fumée dessina de jolies formes dans l'air. Rien que pour ça, il aurait continué à fumer.

- J'aimerais te dire que, si j'avais une fille, j'aurais agi de la même manière. Mais ... Je ne suis pas exemplaire.

Aussi m'abstiendrais-je d'avoir des enfants, songea t'il, silencieux. Un petit plateau , deux cuillères blanches, du sucre, deux tasses. Et il amena le tout dans son salon, déposant précieusement ce qui ferait office de petit-déjeuner sur une table basse noire toute simple, mais tellement propre qu'elle avait l'air toute neuve. La femme de ménage qu'il employait faisait décidément du bon boulot.

Erwan lui fit signe de la main d'attendre quelques secondes, le temps qu'il aille chercher portable et cendrier dans sa chambre. Et, laissant la porte ouverte, il lui parla posément.

- Décorateur ? Oh, non, dieu merci ...

Quelques sms attendaient d'être lus. Il les parcourut rapidement du regard tout en entrant dans le salon, le visage fermé. Un vigile avait le bras fracturé, deux strip-teaseuses réclamaient des congés et une autre le suppliait d'embaucher sa sœur jumelle. Pas con, cette idée.

- Je gère une boîte de strip-tease, plus bas, dans la rue. "Pigalle", tu connais ?

Relevant les yeux vers elle, sa bouche se fendit d'un léger sourire.

- Mh, il ne vaudrait mieux pas que tu connaisses. Tu as l'air ... assez jeune. Si un de mes vigiles t'avait laissée entrer, j'aurais du souci à me faire.
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Re : Fin de mois difficile. [Erwan]

Réponse 6 vendredi 18 octobre 2013, 16:58:33

"Je m'en vais voir les petites femmes de Pigalle, toutes les nuits, j'effeuille les fleurs du mal..."

L'une des rares chansons françaises que j'avais dans mon répertoire. Je ne parlais pas un mot de français, et j'avais appris les paroles en phonétique. Malgré cela, mon fort accent japonais devait avoir un rendu assez moche, les petits problèmes d'avoir une langue basée sur un syllabaire et non un alphabet. De ce que j'avais cru comprendre en me renseignant, l'histoire parlait d'un homme trompé qui s'en allait voir des filles de joie. Si cet homme dirigeait un bar de strip-tease, le nom était judicieux: exotique, mythique, et parlant. J'avais affaire à quelqu'un qui savait s'occuper de son business. Je pris ma tasse de café et y mettais un sucre. En touillant, je le regardais en souriant:

"... Et vous me donnez quel âge, monsieur Pigalle?"

Je suggérais avec un air malicieux qu'en effet, Michiru n'était sans doute pas majeure, mais qu'elle était exactement dans la période où mentir sur son âge pour entrer dans les bars était une chose aisée. De façon subtile, je lui rappelais aussi que j'étais le seul à avoir fait les présentations jusque-là. Ça devait être un truc de français, de donner sa profession avant son nom. Je n'aurais pas pu aller loin si je jouais la gêne tout le long, autant faire mine de reprendre confiance en moi.
A cet instant précis, j'avais l'impression que lui aussi me jaugeait. Avait-il cherché ma réaction lorsqu'il m'avait annoncé de but en blanc qu'il était patron de Pigalle, ou était-ce simplement de l'arrogance, d'être le boss alors qu'il semblait si jeune? Encore une question à laquelle je voulais répondre, tiens. Une gorgée de café, et putain, il était costaud. Je me suis surpris à grimacer, bien plus que je ne l'aurais voulu. Mon réflexe fut de relever les yeux vers lui, pour voir s'il l'avait relevé. Je reposais ma tasse, en me disant que si je la finissait, ce serait surtout par courtoisie.


"De toute façon, vous n'avez pas l'air beaucoup plus vieux que moi, sans vouloir vous offenser de quelque façon."

Je me félicitai intérieurement pour mon talent à poser des questions détournées. Pour un peu, j'en aurais oublié l'excuse que j'avais donnée pour m'inviter chez lui. Remarquez, si lui pouvait l'oublier, ça me faciliterait la vie.


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