Pour la première fois depuis des mois, Kohana se retrouvait devant un homme sans savoir quoi faire. Logiquement, elle devrait prendre soin de lui, y aller doucement, le mettre à l'aise, lui prodiguer des caresses attentionnées, l'étreindre doucement, l'emmener peut-être dans un coin plus à l'écart pour éviter les regards indiscrets, lui laisser tranquillement découvrir son corps, lui donner l'occasion de pouvoir libérer la puissance qui se trouvait en lui, le choyer, voire même l'aimer. Mais la pauvre esclave ne s'en sentait pas capable. Les sentiments s'étaient depuis longtemps envolés de son coeur, pour ne plus jamais atteindre l'esprit de la fillette. Bien évidemment, ils n'étaient pas si loin qu'elle le pensait, ils étaient juste enfouis au plus profond d'elle même et ils leur arrivaient même de refaire surface lorsqu'il s'agissait de Belial.
Mais Kohana ne soupçonnait rien de tout cela. Tout ce qu'elle savait c'est qu'elle était là debout devant ce lycéen, incapable de bouger, de penser et d'agir, métamorphosée en statue, en automate détraqué qu'on aurait oublié de programmer. Elle se sentait désarmée. Quand elle n'avait pas besoin d'être plus qu'une esclave, tout était plus simple. Elle n'avait pas besoin de décider. Les seules initiatives qu'elle prenait étaient entièrement sexuelles. Tout ce qu'elle faisait, c'était ce que Don lui avait enseigné !
Aya et Hazel avaient été de magnifiques partenaires. Avec elle, l'adolescente avait découvert des terrains inexplorés, des sentiments qu'elle avait refoulé depuis longtemps, des envies totalement différentes, des besoins qu'elle ne se connaissait pas ! Mais avec celui qui se trouvait face à elle, elle ne savait que faire.
Ses mains pianotaient contre ses cuisses. Son pied droite frappait le sol à intervalles proches et réguliers. Sa poitrine se soulevait et s'abaissait, épiée par le jeune homme. Cela ne dérangeait en aucun cas la jeune fille. Au contraire, cela la rassurait même de pouvoir percevoir ce côté pervers du jeune homme, qui, selon ses expériences, était commun à tous les hommes. Mais il n'y avait que ça, rien de plus, pour la rassurer. Tout le reste la terrorisait : sa maladresse, sa tendresse, son amour...
Il était vraiment temps de tout recommencer. De repartir dès le départ, et de se comporter en Japonais civilisés. Des jeunes gens qui ne s'approchaient pas avant plusieurs rendez-vous, des prénoms non prononcés, ainsi que des regards timides qui n'osaient se croiser. D'ailleurs, Kohana ne put s'empêcher de baisser les yeux. Sa bouche s'ouvrait et se refermait, mais aucun son n'en sortait. Puis finalement, après de nombreuses hésitations, elle put se lancer.
"Je m'appelle Onô. J'ai quitté ce lycée quelque temps avant le début de l'année scolaire. Je n'ai donc effectivement rien à faire ici, comme vous me l'aviez fait remarqué dès le départ. Je m'excuse de mon intrusion et vous prie de m'excuser. Peut-être aurons-nous l'occasion de nous rencontrer de nouveau à une occasion moins illégale. J'espère ne pas vous avoir donner une mauvaise impression de ma personne."
Comme pour souligner sa bonne volonté et son remord, elle tendit la main au garçon en signe d'amitié. Elle l'aiderait à se relever du banc par la même occasion. Evidemment, elle avait bien évoqué le fait qu'ils pourraient se revoir. Elle se doutait qu'elle serait ammenée à revenir sur Terre et elle pourrait sans doute le revoir. Peut-être que dans d'autres conditions, dans un autre contexte, dans un autre état d'esprit, en partant sur de bonnes bases, elle pourrait enfin le combler et lui faire découvrir le plaisir à deux. Car ce sont bien sûr les femmes qui sont aux ordres des hommes, mais sans elles ils ne pourraient pas atteindre la jouissance par excellence. Et Kohana gardait bien plus d'un tour dans son sac pour déployer ses charmes et ses mystères au moment venu.