Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Jaded Future (PV)

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Jaded Future (PV)

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Eyia

Créature

Re : Jaded Future (PV)

Réponse 60 samedi 22 juin 2013, 20:11:07



Beaucoup s'évertuaient à penser qu'une ombre ne pouvait ressentir. Qu'elle était faite de fumée, d'une sorte de vide opaque, et qu'elle n'était bonne qu'à servir. Chose qui se réfuta très vite. Elle se lova contre lui, en sentant sa prise s'affirmer sur ses hanches, son dos, son cou. Soupir fin, comme du verre. Et sa peau brumeuse, qui commençait à se réchauffer, petit à petit, à son contact. L'ombre se laissa plaquer contre le mur, sans même un cri de douleur. Non, non, le plaisir qu'elle ressentit quand il s'engouffra en elle prit vite le dessus sur une éventuellement douleur. Ses mains griffèrent le mur, avant de se nouer autour de son cou, sur ses épaules, y affirmant une prise non négligeable. Pas question de elle de glisser. Ignorant royalement le pauvre Dai - qui finirait bien, un jour, par sortir de cet état comateux - la créature poussa un lent soupir de plaisir, bouche ouverte et fendue d'un sourire. Son bassin remua contre le sien, ses doigts se nouant dans sa chevelure.

Jolie petite ombre, qui se trémousse de plaisir, toute à son amant. Ses yeux, la seule chose qui ne soit pas vaporeuse chez elle, cherchèrent les siens. Dieu comme ils brillaient.

- Mmh ... Est-ce l'homme ou la bête, qui est en moi, qui me prends contre ce mur ?

Une question qui n'en était pas une. Juste une manière de s'amuser un peu avec la double personnalité de ce policier. Si les ombres du manoir avaient été plus ou moins sceptiques en voyant le choix fait par Eyia, voilà que tous les doutes tombaient. Quelque chose de puissant était en lui. Quelque chose que la jolie souveraine saurait bien utiliser.

Ses jolis ongles griffèrent le haut du dos de Nathan, doucement, remontant jusque sa nuque.

- Plus fort ...

Un souffle, comme en écho aux mots qu'il avait énoncés plus tôt. Et un nouveau petit sourire, amusé, joueur, tandis que son bassin remuait tout contre le sien, ses jambes se nouant autour de sa taille.





"Un cri s'écarquille dans la nuit. Et le voilà. Le fantôme de la Reine des pierres, au corps lisse comme une roche polie par les flots battants et salés. La lumière vomissante de cette nuit striée d'éclats devient crémeuse sur sa peau laiteuse. Son nom sonne comme une prière : Eyia."


Nathan Joyce

E.S.P.er

Re : Jaded Future (PV)

Réponse 61 lundi 24 juin 2013, 07:15:20

Son voyage dans un autre monde se poursuivait. Mais il ne délirait pas. Oh ça non ! Aucun délire ne pouvait être aussi réaliste que ça, que cette sensation ardente qui pulsait entre ses cuisses. L’ombre jouait avec lui, le griffait, enfonçant ses ongles dans sa peau. Jamais il n’avait autant eu le sentiment de coucher avec une véritable femme... Alors qu’il était convaincu que, sous cette peau noirâtre, il n’y aurait ni os ni tendons, rien d’autre que du vent, une espèce de gaz atteignant la consistance d’un élément solide. Une chance que Nathan soit un féru de comics, et vive dans une ville où des portails dimensionnels peuvent conduire dans un autre monde où des dragons vous volent au-dessus de la tête et que des fanatiques religieux brûlent encore des femmes sur les bûchers ; à côté de ça, se taper une femme faite d’ombres avec un corps de Déesse grecque apparaissait presque comme quelque chose de normal. Et puis, Nathan était mal placé pour parler de normalité, quand on avait dans le corps un petit monstre anthropophage aux superpouvoirs.

« Est-ce qu’il y a... Une différence ? » répliqua-t-il, en réponse à la question de cette femme.

Plaquée contre le mur, l’ombre semblait... Heureuse ? Difficile à dire. Dans cette situation, se préoccuper de ce que l’autre ressentait était déjà, en soi, un exploit, mais quand, en plus, ladite personne était faite d’ombres, c’était encore plus dur. La seule chose qu’il retenait de son corps, c’était ses deux yeux. Deux orbites noirâtres qui luisaient comme deux boules de billard. Deux « 8 » qui le fixaient ardemment... Et ses griffes dans son dos. Il en gémissait silencieusement, sentant la douleur perler. Elle avait de véritables griffes de sorcière ! Et il entendit sa demande, sa supplique. « Plus fort ». Il n’allait pas se faire exaucer pour accélérer le rythme. L’intimité de cette femme était semblable à celle d’Eyia : chaude, tendre, glissante. Il n’en demandait pas plus.

Le corps de l’ombre rebondissant contre le mur, et il soupirait, s’écrasant parfois sur elle, en profitant pour lui voler un baiser. Il avait ses mains posées sur les hanches de la femme, à hauteur de son bassin, et faisait rebondir son corps contre son mur. Nathan était un homme plutôt corpulent, et il sentait une forte énergie s’emparer d’elle, une puissance grisante. La Bête, ce monstre, se réveillait, et était aussi excité que lui. Son membre s’enfonçait en elle, et il retourna l’embrasser, fiévreusement, retournant se frotter contre son corps magnifique.

Des plaques rouges commençaient à grossir le long du corps de Nathan. Le sexe, c’était une activité physique particulièrement intense, après tout. Et Dieu, ce qu’il pouvait aimer ça ! Le corps noirâtre de cette femme, sa silhouette efféminée... Plus que jamais, il n’avait pas l’impression de coucher avec une femme, mais avec la femme, avec une sorte d’avatar du sexe féminin, dans tout ce que le sexe féminin avait de beau, de lisse, de courbe, et de tendre. Il ignorait toujours concrètement d’où était venue cette ombre, mais il avait sa petite théorie là-dessus : elle était une image, une image du fantasme féminin, de ce que tout homme normalement constitué aimerait avoir dans son lit. Grande, forte, élancée, elle n’avait pas de visage clairement défini, simplement des traits, des impressions, titillant l’imagination, et confirmant cette impression. Après avoir couché avec Eyia, une beauté fatale à vous en retourner des puritains, il s’offrait maintenant un fantasme. En contrepartie, il lui incombait simplement d’apporter à Eyia des criminels.

Il aurait presque pu se croire dans un rêve.
DC d’Alice Korvander.

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Eyia

Créature

Re : Jaded Future (PV)

Réponse 62 mercredi 26 juin 2013, 20:10:23





C'était tout de même un beau cadeau, qu'elle lui faisait, Eyia. Même si la réaction qu'aurait la petite reine ne pouvait pas être devinée aussi facilement, ce policier pouvait se vanter de fréquenter désormais une femme dont la cour est constituées d'ombres délicieuses. Dont une se trouvait entre lui et le mur, gémissante, le corps brûlant. Parfois, ses paupières se refermaient sur ses orbites, faisant taire ce regard lumineux. Qui s'ouvrait à nouveau peu après. Et ses lèvres, ses lèvres ... Elles étaient si douces que c'en était inhumain. Quand l'ombre s'approchait de lui, pour embrasser son cou, c'était une véritable caresse. Chaude, douce. Elle sentait une puissante qui dormait sous cette épiderme, et semblait presque s'en nourrir. La magie appelle la magie, n'est ce pas ? Si la reine des pierres était admirative devant ce symbiote, au moins autant que toutes ses ombres, c'était parce qu'il était anormal. Oui, anormal, et surtout magique. Puissamment magique.

Ses ongles se plantèrent plus fort dans son corps, s'y agrippant avec ferveur. Il y avait de la passion, pour sûr, dans ce corps délicatement sculpté. Était-ce Eyia, qui avait modelé ses ombres ? Avait-elle fait le choix de les faire aussi séduisantes ? C't'un secret.

- Mmh ... Han ! Les deux me plaisent, en vérité.

Répondit-elle avec un sourire mutin. Son corps remuaient allègrement tout contre le sien, répondant à ses coups de reins. Elle dansait littéralement, tout contre lui, sa peau heurtant la sienne pour mieux la caresser ensuite. Cette ombre sans nom n'était finalement que grâce. Grâce et beauté. Il émanait d'elle quelque chose de puissant, qui interdisait quiconque de détourner le regard. Accordons-nous sur le fait qu'Eyia avait le privilège d'être plus concrète, plus palpable, mais reconnaissons le pouvoir de ses ombres.

Sa jolie petite bouche, dont on devinait le dessin, s'approcha de son oreille, un instant. Pour embrasser sa peau, d'abord. Pour mordiller son lobe, ensuite. Pour lui chuchoter de tendres mots, avec une voix suave, enfin.

- Viens ... Viens en moi.

Douce supplique, doux sourire. L'ombre pouvait sentir son plaisir. Elle était reliée à lui. Et ne pourrais jouir que lorsqu'il en ferait de même. Certes, elle ressentait du plaisir. Puissant, incisif. Mais elle était surtout là pour lui. Pour qu'il ressente un maximum de sensation délicieuses, et enivrantes.


"Un cri s'écarquille dans la nuit. Et le voilà. Le fantôme de la Reine des pierres, au corps lisse comme une roche polie par les flots battants et salés. La lumière vomissante de cette nuit striée d'éclats devient crémeuse sur sa peau laiteuse. Son nom sonne comme une prière : Eyia."


Nathan Joyce

E.S.P.er

Re : Jaded Future (PV)

Réponse 63 dimanche 30 juin 2013, 11:28:34

Il retenait les tremblements de son corps en donnant des coups de reins de plus en plus forts. C’était quelque chose qu’il n’avait encore jamais fait. Cette ombre ne pouvait appartenir qu’à Eyia, pour pouvoir perturber à ce point Nathan. Il avait clairement le sentiment qu’il ne se débarrasserait pas facilement de l’influence de cette femme comme ça. Ce n’était pas lié qu’à sa beauté renversante, c’était tout un ensemble. Elle était une femme puissante, empreinte d’une espèce d’aura menaçante et mystérieuse qui la rendait étrangement attractive, au lieu de le repousser. Même ses ombres, mortelles, l’attiraient. Tout lui semblait glamour et sexy dans ce qu’elle faisait, même la manière dont ses ombres entouraient voluptueusement des corps pour les étrangler. Il sentit la bouche de l’ombre se rapprocher de son oreille, la mordillant, l’incitant à continuer.

Pour être honnête, à cet instant, Nathan avait du mal à se demander si l’ombre ressentait du plaisir.  La logique voudrait que ce ne soit pas le cas, puisqu’elle avait l’air d’avoir un corps essentiellement magique, soit ne disposant pas de tous ces organes et de toutes ces fonctions qui rendaient, chez l’humain, l’acte sexuel si attrayant. Mais, d’un autre côté, la logique connaissait de fortes limites, surtout à Seikusu, et, dans le fond, elle n’avait émis aucune objection à l’idée de coucher avec lui. Que ce soit pour elle-même, pour faire plaisir à Nathan, ou pour satisfaire aux ordres de sa Reine, ça n’avait aucune importance, car le résultat était là : son membre glissé en elle.

« Oui, oui... » souffla-t-il après son invitation.

Il posa une main sur la nuque de la femme, sentant ses longs cheveux soyeux glisser entre ses doigts, et glissa l’autre le long de ses hanches, s’en servant comme appui, et accentua la puissance de ses coups, envoyant le dos de l’ombre heurter le mur, manquant écraser ses doigts. Il s’écrasait contre elle, pour son plus grand bonheur. Il sentait son poids s’effondrer sur celui de la femme, il sentait l’odeur enivrante de cette dernière, ses soupirs, les frottements de son corps contre lui. Son sexe en elle, c’était quelque chose de délicieusement divin. Il aimait l’entendre soupirer, et, si elle feintait son plaisir, elle le feintait avec excellence. Mais elle ne feintait pas. Non. Voilà une chose dont il ne pouvait qu’être sûr.

Nathan continuait donc à la pénétrer, toujours plus agressif, toujours plus entreprenant, cette situation lui rappelant, à bien des égards, la nuit longue et à la fois courte, trop courte, qu’il avait passé avec Eyia. Ce fut dans ces circonstances qu’il s’abandonna en elle, sentant l’orgasme à la vitesse d’un train enragé. Il sentit son sexe se tendre, il sentit sa passion entrer dans l’œil du cyclone, les vents cessant brusquement avant de libérer la grosse dépression. Il ferma les yeux, se crispa, hoqueta, serra les dents, sentant le fluide dans la seringue, avant qu’une pression de son bassin ne l’expulse par à-coups, le faisant lentement gémir. Des gémissements inaudibles, presque silencieux, alors qu’il ressentait cette sensation merveilleuse qu’était celle de l’orgasme, quand tout semblait fondre et se diluer.

« Haaa... » laissa-t-il s’échapper.

Il n’y en eut que pour quelques secondes, mais, pour lui, ce bref moment opéra comme une rupture franche et nette. Après ça, il rouvrit les yeux, toujours blotti contre le corps de la femme, se sentant mieux. L’orgasme s’effaçant, ses pensées revenaient à des préoccupations plus terre-à-terre... Comme ce brave Dai, qui était toujours assoupi, et les informations qu’il détenait. Toutefois, il n’aurait pas été très galant de lâcher cette ombre, aussi alla-t-il l’embrasser tendrement sur la joue, sincère.

« Merci... » lui glissa-t-il.
DC d’Alice Korvander.

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Eyia

Créature

Re : Jaded Future (PV)

Réponse 64 mardi 02 juillet 2013, 23:55:48




L'orgasme. Dés qu'il fut avalé par cette vague de plaisir, puissante, qui ne rend plus que le plaisir vivace, elle fondit entre ses doigts. Pas littéralement, non. Disons qu'ils étaient tous deux reliés. Elle connut le même plaisir fulgurant, au même moment. Ses jambes se intéressent autour de sa taille, ses muscles brumeux se tendirent, ses ongles se refermèrent sur son épiderme. Et, dans un souffle, elle savoura une complète jouissance. Délicieuse. Fabuleuse. Le "Merci", l'ombre l'accueillit avec un sourire rayonnant.

- Merci à toi.

Glissa t'elle en réponse, sa main caressant sa joue un moment. Eyia avait bien de la chance, songeait-elle. Avoir un amant de cette carrure sous sa coupe, c'était bien plus qu'elle n'aurait pu l’espérer.

Dans un roulement des hanches, l'ombre reposa ses charmantes jambes sur le sol. Son souffle était encore un peu haletant, et elle dut s'appuyer sur le mur pour reprendre ses esprits. Dieu que le sexe était épuisant. Elle l'avait presque oublié. Car, précisons-le, les ombres sont les amantes régulières d'Eyia. Forcément. Et, étant donné que leurs plaisirs sont reliés par une mécanique magique, ni les ombres ni leur souveraine ne connaissaient d'insatisfaction. Chose très utile. Eyia ne supportait d'ailleurs aucunement d'être déçue. Une monarque se devait, à ses yeux, d'être toujours comblée et satisfaite. D'où cette rage sourde d'avoir été pillée. Un regard vers Nathan, tandis que l'ombre pressait ses mains contre le haut de son torse.

- Il m'est difficile de mettre fin à un moment si délicieux, mais ...

Petite grimace.

- ... Ma reine nous a sollicité pour une mission bien précise.

Avant même d'oser se séparer de lui, la créature posa son visage contre le cou de Nathan, l'embrassant furtivement.

- Dai, nous forceras-tu à te réveiller brutalement, ou nous feras-tu l'honneur d'en prendre l'initiative ?

Le ton charmant avec lequel elle avait parlé à Nathan n'était plus. L'ombre se faisait agressive, autoritaire. Le genre qu'on a pas vraiment envie d'envoyer paître. Surtout quand ladite ombre a manqué de vous tuer avec une facilité déconcertante.






"Un cri s'écarquille dans la nuit. Et le voilà. Le fantôme de la Reine des pierres, au corps lisse comme une roche polie par les flots battants et salés. La lumière vomissante de cette nuit striée d'éclats devient crémeuse sur sa peau laiteuse. Son nom sonne comme une prière : Eyia."


Nathan Joyce

E.S.P.er

Re : Jaded Future (PV)

Réponse 65 mercredi 03 juillet 2013, 22:55:51

L’orgasme lui fit du bien. C’était un petit plaisir, une joie rapide, qui n’avait duré que quelques minutes (même s’il avait l’impression que ça faisait des heures qu’il la prenait). L’ombre lui rappela ses devoirs envers Eyia, et il sourit brièvement. Il n’avait pas envisagé de prolonger ce moment, aussi délicieux soit-il. Non pas que coucher avec l’ombre le repoussait, mais Nathan avait aussi une mission à accomplir. Envers une autorité qui lui semblait en ce moment aussi légitime que son badge : la souveraine Eyia. Tactile, l’ombre restait contre lui, semblant également se remettre de cette situation. Nathan peinait à y croire. Il avait couché avec une femme-ombre, avec une créature qui ne ressemblait à aucune femme en particulier, qui évoquait plutôt le genre féminin, qu’une femme bien déterminée. C’était, au moins, le signe certain et non équivoque qu’il était bien attiré par les femmes. Elle lui demanda s’il comptait réveiller Dai, ou laisser l’ombre s’en charger.

Nathan se permit de le regarder. Dai était toujours ligoté, yeux clos, et semblait commencer à émerger. Il posa ses mains sur les épaules chaudes et tendres de l’ombre, les caressant, en remontant vers son cou. Les contes disaient que la Mort était froide et repoussante, mais, au contact de cette ombre, il avait plutôt l’impression qu’elle savait aussi se faire désirable et tentatrice.

« Ne va pas croire que je n’apprécie nullement ton doigté, ma chère, mais je sais comment traiter avec des gens comme Dai. Il niera en bloc, menacera, et je n’ai pas envie que tu l’étrangles un peu trop fort. »

Une envie d’autant plus légitime que Dai était leur seule piste vers les voleurs. Nathan embrassa l’ombre brièvement, savourant le contact de sa bouche, et lui expliqua sa stratégie. C’était celle des films d’action hollywoodiens : le bon et le mauvais flic. Un truc qu’on ne pouvait voir qu’au cinéma. En réalité, il y avait, d’un côté, les flics, et, de l’autre, le suspect et son avocat. Et le second n’hésitait pas à taper du poing sur la table quand le ton montait, afin de partir avec son client. Mais, ici, Dai n’aurait pas d’avocat. Il n’y aurait pas de procédure à respecter, pas de droits à notifier impérativement au suspect dès son incarcération, sous peine de nullité de toute la procédure. Nathan fit donc signe à l’ombre de se glisser dans le dos de Dai, et de se tenir prêt à l’étrangler un peu quand il le demanderait.

Se rhabillant rapidement, il se rapprocha de Dai. Il était éclairé par une lampe au-dessus de sa tête, qui formait un cône lumineux dans une pièce sombre. Un véritable décor de film conspirationniste américain, mais c’était efficace.

« On se réveille, Dai. »

Aucune réaction, si ce n’est un léger soubresaut. Nathan soupira, puis opta pour un remède universel : une claque à la joue. Il en eut mal aux doigts, mais Dai sursauta, avant de regarder à droite et à gauche, paniqué.

« Hein, qu’est-ce que c’est ?! »

Nathan attendit quelques secondes, le temps que Dai se concentre, puis se présenta. Il lui expliqua rechercher des informations sur des voleurs particulièrement doués, et savoir que Dai était lié à ces derniers. L’homme commença naturellement par nier, et Nathan fit signe à l’ombre. Ses liens ombreux agirent en conséquence, serrant le corps de l’homme, jusqu’à ce qu’il fasse signe d’arrêter.

« Dai, je comprends que tu ne veuilles pas qu’on te prenne pour une balance, aussi serais-je clair... Nous ne sommes pas dans un commissariat ici, et je ne m’amuse pas à taper tout ce que tu écris. Ce n’est pas une enquête policière, Dai, ce qui implique qu’il n’y aura pas de traces de notre entretien... Ce qui implique aussi de pouvoir faire des méthodes qu’un policier ne pourrait pas faire dans le cadre d’une enquête officielle. Tu saisis ? »

Il saisissait. Dai était un lutteur clandestin, ce qui impliquait qu’il réfléchissait rapidement.

« Je recherche des individus qui s’aventurent dans des maisons riches, afin de voler des objets précieux.
 -  Z’êtes un genre de privé ?
 -  Tu peux voir ça comme ça. »

Il s’humecta les lèvres, puis finit par parler.

« Je... J’ai rien à voir avec tout ça, okay ? J’ai pas touché à ces diamants, à ces gemmes, ou à je sais pas quoi... Tout ce que je sais, c’est que plusieurs types sont venus me voir il y a quelques jours. Ils ont sonné à ma porte, et m’ont dit qu’ils savaient que je supervisais un chantier de Zozuishi dans une allée assez friquée de Seikusu, devant des grands manoirs avec des richards qui se font chier chez eux, vous voyez le genre ? »

Nathan le voyait très bien, et l’encouragea à continuer.

« C’était pas des Yakuzas... J’ai reconnu l’un d’entre eux. Une barbe, des lunettes de soleil, des cheveux bruns bouclés en cascade... C’est Sergeï Petrovski. »

Le nom n’était pas inconnu des services de police.

« Ils... Ils voulaient que je leur laisse les clefs des vestiaires, et m’ont donné de l’argent, en retour. »

Un léger silence s’installa suite à ces déclarations. Nathan avait les bras croisés, et attendit un peu. Dai n’avait pas encore tout dit.

« Tu n’as rien d’autre à me dire ? »

Il secoua la tête.

« Non, c’est tout. »

L’ombre serra à nouveau. Un peu plus fort, cette fois. Dai se tortillait sur la chaise en grognant et en soufflant, jusqu’à ce que Nathan demande à l’ombre de se retirer.

« Sergeï Petrovski est pas vraiment le genre de gars qui vient sous ton nez avec une carte d’identité. Comment t’as su que c’était lui ? »

Dai n’hésita guère longtemps.

« Parce que je travaillais pour les Russes ! Mes combats clandestins, c’était avec eux ! Et y a pas foule de Ruskofs à Seikusu. »

Les Petrovski formaient l’une des rares mafias russes en activité à Seikusu. Elle avait profité de l’expansion du communisme pour s’implanter. Il fallait remonter au début du 19ème siècle, et à la fin de la Première Guerre Mondiale. Les soviets se répandaient dans la Russie tsariste, mortifiée par la guerre, écrasée par les crises économiques et par l’inégalité criante. Petrovski, un aristocrate fortuné, avait senti le vent tourner, et avait préféré rejoindre le Japon. Il s’était installé à Seikusu, et, depuis les Petrovski y étaient restés, tout en entretenant des liens avec la mère-Russie.

« Ces types, ces voleurs, ce sont les Spetz’. »

C’était un surnom, expliqua-t-il. Des criminels professionnels qu’on appelait « Spetsnaz », en référence aux groupes d’intervention spéciaux russes. Les Spetsnaz étaient dirigés par un homme en particulier : Arctos (un surnom), qu’on surnommait aussi « le Russe ». La théorie voulait en effet qu’Arctos soit directement venu de Russie, sur invitation des Petrovski. Le parrain officiel de la famille était Boris Petrovski, mais, dans les faits, Arctos avait une forte influence.

« Un peu comme un genre de légende urbaine », expliquait Dai.

Il était nerveux et agité. Nathan n’avait jamais entendu parler du « Russe », et était en bon droit de se demander si Dai mentait pour sauver sa peau, ou s’il était vraiment honnête. Il décida de lui accorder le bénéfice du doute. Il avait beau être un lutteur, Dai n’était pas un surhomme.

« Comment on le contacte ? s’enquit Nathan.
 -  Le Russe ? Personne le contacte, vieux, c’est lui qui vient à toi. Et lui et ses Spetz’ font du cambriolage de haute volée. »

Ce n’est pas la réponse qu’il voulait entendre, aussi Dai s’empressa-t-il d’émettre quelques précisions indispensables :

« Le seul homme qui sait comment le joindre, c’est Sergeï. Il traîne tous les soirs au Perestroika. »

Nathan connaissait l’établissement. C’était un bar-restaurant tenu par des Russes, et qui était dans le collimateur de la Brigade antigang, parce qu’on le soupçonnait d’être une plaque tournante des trafics mafieux russes, notamment de prostituées. Le Japon était une terre fertile pour la prostitution, au vu de la législation ambiguë.

Nathan ne pouvait pas lui foncer dessus et le neutraliser. Sergeï Petrovski n’était pas Dai Shyzou. Si Nathan débarquait, il ne pourrait pas le cacher.

« Tu n’as aucun moyen de le contacter » conclut Dai.

Nathan allait à nouveau à demander à l’ombre de s’amuser. Mine de rien, il trouvait un charme particulièrement exquis à ses liens ombreux qui se serraient d’un coup sur le corps. Dai le priva toutefois de son petit plaisir, en poursuivant :

« Y a qu’un seul moyen de voir le Russe… Mais t’as pas les arguments pour ça. »

Il avait annoncé ça avec un léger sourire goguenard, et précisa rapidement le fond de sa pensée :

« Arctos aime les femmes… Celles qui lui rappellent le pays, celles à la peau claire, aux cheveux clairs… Celles qui ont suffisamment de graisse pour ne pas ressembler à des cadavres sur pattes… C’est Sergeï le rabatteur… On les voit au restaurant, elles viennent toutes seules, et attendent que Sergeï vienne les voir. »

Ceci l’amena à conclure :

« C’est la seule chance que t’as de voir le Russe, alors, vu ta corpulence, et ta voix, je dirais que t’es plutôt mal barré… »

Nathan écouta silencieusement, et en tira rapidement les conséquences.

Lui était mal barré.

Mais il connaissait une femme qui ne le serait pas du tout.
« Modifié: mercredi 03 juillet 2013, 23:11:36 par Nathan Joyce »
DC d’Alice Korvander.

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Eyia

Créature

Re : Jaded Future (PV)

Réponse 66 mercredi 03 juillet 2013, 23:52:04



(Petit thème, pour ce passage)



La souveraine était même la personne la mieux indiquée pour cette mission. Il voulait une peau diaphane, un corps fin sans être d'une maigreur affolante, des cheveux clairs et un charme glacé ? Il aurait Eyia. Eyia, dont le regard noir détaillait à l'heure actuelle le bar, se préparant à y entrer. Ses ombres étaient terrées dans chaque recoin ombragé - comme de par hasar - prêtes à fondre sur n'importe quel assaillant. L'avantage avec cette jolie petite armée, c'est qu'il suffisait que la monarque éteigne la moindre lumière pour que surgissent ses créatures. Mais elle ne se sentait aucunement en danger, à l'heure actuelle. Elle referma son manteau noir, traversant la rue d'un pas léger.

Sans ciller, Eyia avait accepté la mission. Pour ses gemmes, elle ferait tout, et même plus encore. Nathan lui avait bien expliqué l'enjeu. Les engrenages de la société moderne, elle les comprenait rarement. Sauf cette fois. Et puis, le rôle qu'elle devait jouer semblait taillé pour elle. La souveraine se renseigna sur les pays glacés de l'Europe de l'Est, elle qui connaissait si peu ces terres. C'était dans ses cordes. Elle le lui dit, d'ailleurs. C'est dans mes cordes, je réussirais. Il y avait tant de détermination et d'assurance dans son ton qu'il était impossible de douter d'elle. Ce petit bout de femme aux lèvres rougeoyantes, aux yeux sombres, aux cheveux blancs et à la gestuelle délicate était une reine. Une vraie. Qui se bat, qui sort les griffes, les crocs.

Du bout de ses doigt gantés de cuir noir, elle poussa la porte du bar.

- Kwas .

Commanda t'elle d'un trait, se posant au bar. Elle retira soigneusement ses gants, son manteau, qu'elle posa sur un tabouret à côté d'elle. Au milieu de tous ces gens, elle faisait un peu tache. Elle, toute petite, vêtue d'une délicate robe noire qui prenait fin à la moitié de ses cuisses, dont le dos était décolleté au point de donner un avant-goût du creux de ses reins avec un soupçon de pudeur, chaussée de ballerines noires, avec ses lèvres incroyablement rouges, ses yeux incroyablement noirs, et son aura d'un froid intense. Quelques femmes, grandes, aux seins bombés et à la vue de tous, dans des tenues plus que courtes, la dévisagèrent. Et quelques hommes aussi, tiens.

- On ne t'a jamais vu ici, toi, lança le barman. C'est la première fois que tu viens, non ?

- Vrai.

Sourire léger. Ses doigts tapotèrent le verre.

- Donne moi donc l'envie de revenir.

Une gorgée d'alcool. Et même pas une grimace. Les alcools qu'elle faisait elle-même étaient bien plus raides. N'empêche qu'elle sentit sa gorge s'échauffer légèrement, ce qui lui arracha un franc sourire. Auquel le barman répondit.

- Et d'où viens-tu ?

- Irkoutsk. J'en reviens, d'ailleurs. Et je regrette que cette escapade ait été si courte. Le Japon n'a aucun charme, comparée à ma ville natale.

Sourire entendu.

- Je ne te contredirais pas sur ce point-là !

Un homme passa près d'elle, lui souriant. Elle ne lui rendit pas de sourire, l'ignorant avec un dédain mesuré. Oui, Eyia avait toujours su se faire désirer. Non pas que notre jolie souveraine calculait le moindre de ses mouvements, mais toute cette pantomime semblait inscrite en elle. Une sorte de grâce innée. Elle se retourna doucement, son regard parcourant les lieux. Pour le coup, elle voulait que chacun inscrive son charmant minois dans sa mémoire. Qu'on la remarque. Chose qui ne serait pas dure. Il n'y avait pas énormément de personnes, et elle était la seule à avoir une allure aussi ... singulière. Puis elle se réinstalla, regard dans le vide. Elle avait bu sa boisson par petites gorgées, si bien qu'il ne lui en restait presque plus.

- Il n'y a qu'ici que tu bois du kwas aussi bon, tu sais ?

- Mh, oui, il est délicieux.

Un soupir. Il mettait du temps à venir, l'autre, là. Ce Sergeï. Eyia n'avait pas fait l'erreur de prononcer son nom, risquant soit de passer pour une fille facile, soit pour une petite fouineuse. Rien qui ne lui plaise vraiment. Autant être subtile, discrète. On finirait par venir à elle, elle le sentait.

- Sers m'en un deuxième.






"Un cri s'écarquille dans la nuit. Et le voilà. Le fantôme de la Reine des pierres, au corps lisse comme une roche polie par les flots battants et salés. La lumière vomissante de cette nuit striée d'éclats devient crémeuse sur sa peau laiteuse. Son nom sonne comme une prière : Eyia."


Nathan Joyce

E.S.P.er

Re : Jaded Future (PV)

Réponse 67 jeudi 04 juillet 2013, 01:00:37

Le « Perestroika » était l’un des bars les plus cools de la ville, indéniablement. Un bar où on vous donnait le mal du pays, ça ne pouvait être qu’un bon bar, non ? Surtout dans un pays rempli de bridés, de pubs psychédéliques aux couleurs flashys qui vous pétaient à la face comme une gueule de bois le Samedi matin. Sergeï Petrovski avait fait son trou à Seikusu, il n’avait pas à se plaindre. Il y avait une bonne clientèle parmi les niakoués, mais le fait était là : il ne pouvait pas sacquer cette ville. Ni ce pays. Il aimait la Mère Russie, même s’il ne pouvait pas trop dire ce qui lui faisait envie dans ce pays. Comme l’Oncle Boris aimait à le dire, « la Russie était un tas de neige et de cailloux aussi grand que le ventre de Staline... Dommage que ce ne soit pas grand comme autre chose ». En réalité, peut-être bien que Sergeï n’aimait aucun pays. C’était un Russe, après tout.

Il était né au Japon, et avait effectué ses études en Russie, après la chute de l’URSS, et l’effondrement du communisme. Il avait aidé les Petrovski à s’implanter sur le territoire natal, profitant de la débâcle du gouvernement, du chaos généralisé, de l’ère Eltsine, pour faire sa petite affaire. Les Petrovski étaient une grande famille, respectable, qui avaient su s’imposer dans cette ville, sous la coupe réglée des Yakuzas. La bataille n’était toujours pas terminée, mais les Yakuzas avaient compris qu’on ne se débarrasserait pas des Petrovski comme ça. Et pourtant... Le succès, on ne le devait pas à Boris, qui se contentait de caresser le cul des minettes dans son manoir, et de compter tout le pognon qu’il s’amassait en étant vautré sur son gros cul. Non, tout le monde, le vrai meneur de la famille, c’était le « Russe ».

Sergeï était le seul à l’avoir vu. C’était même lui qui lui avait permis de venir ici. Sergeï n’avait pas toujours été qu’un mafieux. Quand il était revenu au pays, il avait fait partie des résistants à l’encontre de Gorbatchev. C’est pendant cette époque qu’il avait su se constituer son petit réseau. Pendant un demi-siècle, l’URSS avait dépensé quasiment toute sa fortune à faire des armes, en prévision de la grande guerre ultime contre le rapace américain. Une guerre qui n’était jamais venue, et, quand l’URSS s’était écroulée, des millions d’armes s’étaient retrouvées abandonnées dans les profondeurs des bases militaires. C’est là que Sergeï avait trouvé le Russe. On le surnommait déjà Arctos à l’époque, le « Grizzly ». C’était un officier de l’armée impitoyable, avec la particularité qu’il était aussi un lutteur. Même Sergeï ne savait pas vraiment qui était Arctos, mais quand il lui avait proposé de quitter la Sibérie pour un poste d’envergure, pour une nouvelle vie, le Grizzly n’avait que peu hésité. Il n’était pas patriote pour un sou, et savait depuis longtemps, comme n’importe quel Russe un tant soit peu intelligent, que ce pays était condamné. Si ce n’était pas les bolchéviques et leurs mensonges, ce serait les oligarques et les subterfuges.

Arctos avait repris l’affaire en main, à partir du Perestroika. C’était le bar-restaurant familial. Il avait été bâti il y a plus d’un siècle, quand les premiers Petrovski s’étaient installés à Seikusu. On avait changé le nom après la grande réforme de Gorbatchev, qui avait provoqué la destruction de l’URSS. La Perestroika était leur fief historique, et les Yakuzas avaient envisagé de la racheter. Arctos avait débarqué, et avait fait le ménage. Aussi bien contre l’ennemi extérieur qu’interne. Lui et ses gars, des commandos spéciaux se prenant pour des militaires, et qui étaient probablement des mercenaires, avaient su imposer la discipline et la hiérarchie.

Sergeï buvait tranquillement dans un coin du restaurant. Plus aucun bridé ne reviendrait essayer de leur piquer leur restaurant, et ça, ça faisait du bien. Il mangeait une délicieuse entrecôte. Rien de particulier ce soir. Il gérait tranquillement son affaire, et irait ensuite faire un tour dans leur secteur. Histoire de s’assurer que tout se passait bien avec les filles. Mais ce serait plus une visite de routine qu’autre chose.

« Sergeï ! »

L’homme tourna la tête, voyant un homme s’approcher. Yuri, l’un de ses lieutenants, avec une gueule cassée, et très peu de cheveux. Sergeï lui sourit.

« Un problème ? s’enquit Sergeï.
 -  Y a une fille, au bar... Un canon... »

Sergeï fronça les sourcils.

« Et qu’est-ce que tu veux que ça me foute, Yuri ? T’as jamais vu de belles filles ?
 -  Non, Sergeï, mais... Je pense qu’elle plairait à Arctos... »

Sergeï se tut, réfléchissant. Arctos était légèrement parano’ sur les bords, mais il avait passé une bonne partie de sa vie en Sibérie. Autant dire que, quand il avait des permissions à Moscou, il finissait toujours avec une ou deux filles dans son lit. Cependant, il n’était pas un homme qui aimait se contenter du bas de gamme. Et il avait bien besoin de se détendre. Ce soir, il « interrogeait » un ennemi, une petite frappe. Il compensait comme il pouvait. Sergeï n’hésita pas longtemps.

« Okay, Yuri. »

La rumeur était connue dans le coin. Quand on était une belle fille, et qu’on avait besoin de protection, il fallait aller au Perestroika, et attendre que Sergeï arrive. Arctos était peut-être un putain de taré, mais il prenait soin de ses conquêtes. Il y a trois semaines, une étudiante était venu les voir. Une belle blonde, une beauté glaciale de Russie, qui était étudiante. Elle avait été agressée par un mec, et craignait que son camarade ne cherche à la violer. Sergeï l’avait conduite au Russe, et le Russe avait réglé le problème. Le pauvre con était toujours à l’hôpital, en ce moment.

Sergeï rejoignit donc le bar, et n’eut pas besoin que Yuri lui dise où était la nana. Elle brillait comme une Jaguar perdue dans un cimetière de Twingos et de Clios. Une délicieuse femme, avec une belle robe sexy, ouverte dans le dos, des lèvres de sang, une chevelure argentée, une petite taille. Sergeï tombait sous le charme.

« Tu... Tu crois qu’elle lui plaira ?
 -  Merde, Yuri, même un pédé aurait la trique ! »

Sergeï saisit son portable. Il était l’un des rares à avoir en mémoire le numéro personnel du Grizzly, et composa le numéro. Arctos répondit au bout de trois ou quatre sonneries.

« T’as un moment de libre pour ce soir ? Y a une nana au Perestroika... Merde, je dis que c’est une nana, mais j’ai l’impression d’avoir la Sainte Mère Russie sous le nez, là ! »

L’entretien fut bref. Sergeï raccrocha, et se rapprocha du comptoir, s’asseyant juste à côté de la dame. On ne l’avait jamais vu ici, mais ce n’était pas étonnant. Il y avait de plus en plus d’émigrés russes qui arrivaient. Ceux qui n’aimaient pas Poutine. Et, au sein des Russes, on connaissait les Petrovski. Et, quand on connaissait les Petrovski, on connaissait Arctos, celui qui venait en personne s’occuper des impayés. Le genre de mec qu’on avait pas envie de faire chier, et qui vous donnait envie de pisser dès que vous le voyiez s’approcher de vous.

« Bonsoir, Madame, lâcha-t-il. Ça doit bien faire un quart d’heure qu’on vous observe, et je crois pas que ce bar soit un endroit fait pour vous... »

Il rajouta rapidement, allant droit au but, n’aimant pas tourner autour du pot :

« Je connais un super endroit pour vous, Madame, un endroit qui vous siéra à la perfection. Avec un homme tout comme il faut pour une dame comme vous... »

Il rajouta alors, avec un léger sourire :

« Je m’appelle Sergeï. Et vous ? »
DC d’Alice Korvander.

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Eyia

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Re : Jaded Future (PV)

Réponse 68 jeudi 04 juillet 2013, 01:29:49




Elle n'eut finalement pas à attendre longtemps. Son kwas à demi-entamé, Eyia quitta promptement ses pensées quand elle sentit quelques regards pressants se poser sur elle. Toute pensive, elle s'était légèrement affaissée sur le bar, riant gentiment aux quelques blagues du barman. Ah, l'humour russe. Mais lorsque cet inconnu s'était approché d'elle, immédiatement, la souveraine s'était redressée, royale. Son regard sombre tomba dans celui de Sergei. Il avait dit se nommer ainsi. Douter de ses origines, elle ne se le serait pas permis. Il y avait, dans son ton, un accent russe qu'elle ne pouvait que trouver délicieux. Un jeu de sonorités, une manière de rouler, écraser, enrober certaines consonnes.

Eyia l'écouta parler sans mot dire, se contentant d'hocher lentement la tête, souriante, pour le saluer. Madame. Pourquoi les gens s'échinent t'ils à m’appeler 'Madame' ? Elle avait cru comprendre que, certes, c'était une marque de respect, mais réservée aux femmes plutôt âgées. Ou mariée. Et elle s'arrangeait pour ne correspondre à aucun de ces deux critères. Cependant, la souveraine ne releva pas. Le barman n'avait plus rien dit, quand Sergeï s'était approché. C'était donc lui. Celui dont Dai avait évoqué le nom. Elle approchait du but. Un frisson glacé traversa son échine.

- Enchantée, Sergeï. Je m'appelle Eyia.

Certes, ça ne sonnait pas très russe, mais elle avait une excuse toute faite.

- C'est un prénom un peu étrange, je vous l'accorde. Mais il est unique.

Et le petit mouvement de sourcils qui accompagna cette réplique signifiait très clairement "Comme moi". Sans la jouer petite allumeuse, la monarque montrait qu'elle n'était pas une tendre brebis égarée, et qu'elle aimait jouer. Ses doigts tapotèrent le verre, encore un peu rempli. Une gorgée, pour la forme. Une ivresse tiède lui mordillait l'esprit, mais elle n'en montra rien. Sans être ivre, elle devait avouer que l'alcool lui montait un peu à la tête. Lui offrant une insouciance propre aux adolescentes. Un petit plus.

- J'accepte de vous suivre. Non pas que ce bar me déplaise, mais ...

Les mots flottèrent dans l'air un peu moment, le temps qu'elle récupère ses petites affaires. Manteau, gants. L'été, sur Seikusu, ne méritait aucunement ce nom. Tout avait l'usure de l'automne et la pâleur de l'hiver, sans parler de ce vent froid qui ne quittait pas l'air.

- ... Disons que je suis curieuse.

Elle avait prononcé ces mots en baissant un peu le ton. Puis, un nouveau sourire, pendant qu'elle enfilait son manteau, puis ses gants.

La partie commençait. Maintenant.




"Un cri s'écarquille dans la nuit. Et le voilà. Le fantôme de la Reine des pierres, au corps lisse comme une roche polie par les flots battants et salés. La lumière vomissante de cette nuit striée d'éclats devient crémeuse sur sa peau laiteuse. Son nom sonne comme une prière : Eyia."


Nathan Joyce

E.S.P.er

Re : Jaded Future (PV)

Réponse 69 jeudi 04 juillet 2013, 08:31:16

Eyia ? Le nom, effectivement, ne sonnait pas très russe, mais, en toute honnêteté, Sergeï s’en foutait un peu. Au moins, le nom ne sonnait pas japonais. Il sourit assez rapidement, amusé face à sa réplique. Elle avait du cran. Elle savait parler aux hommes. Arctos l’apprécierait, indéniablement. Elle lui expliqua, avec un certain envoûtement, qu’elle était curieuse. Sergeï lui sourit, amusé. Pour autant, il ne devait pas se laisser prendre aux jeux. Il attrapa son portable.

« Tu permets ? demanda-t-il, sans vraiment attendre de réponse. Un aussi beau visage, j’ai envie de le conserver en mémoire... »

Il cadra l’objectif en plein milieu du visage d’Eyia, de ses lèvres sanglantes et pulpeuses. Chez n’importe quelle autre femme, il aurait trouvé ce rouge excessif, grotesque, laid, mais, chez elle, ce rouge pourpre évoquant du sang lui donnait un air bestial qui contrastait avec l’élégance et la douceur semblant se dégager de son corps. Une femme tout en courbe et en paradoxe. Une véritable beauté des neiges, froide et aussi glaciale que la banquise en apparence, mais aussi chaude et douce que le feu qui brûlait dans la cabane. Il prit la photo, et envoya un MMS à Arctos, comprenant, outre l’image, un simple mot, comme pour tout résumer : « Eyia ». C’était ainsi que ça fonctionnait avec le Grizzly. Il avait beau faire confiance aux goûts de Sergeï, il tenait tout de même à savoir à quoi ressemblerait la femme qui viendrait lui proposer un service.

« Okay... Allons-y. Le bar m’appartient, inutile de payer » jugea-t-il utile de préciser.

Le bar ne lui appartenait pas vraiment, mais il était un Petrovski, donc on pouvait dire que oui. Il sortit de l’établissement, retournant dans la rue, et rejoignit le parking du restaurant, où l’attendait sa voiture. Il possédait une voiture de sport russe aux faux airs de Chrysler. Pour l’heure, la balle était dans le camp d’Arctos. S’il refusait d’avoir Eyia, alors Sergeï était bon pour l’emmener ailleurs. Il démarra, quittant le restaurant, et se mit à rouler rapidement.

« On va au cœur de la ville, je vais te présenter à un pote. Il adore les filles comme toi... Et c’est un vrai gentleman. »

Sergeï n’y connaissait pas grand-chose en drague, mais il savait que les filles aimaient qu’on leur dise que leurs mecs étaient des romantiques, même si, pour lui, c’était un tas de conneries. Ses couilles, il les soulageait auprès de ses filles, mais il pouvait comprendre qu’Arctos ne tenait pas à s’afficher avec n’importe quelle prostituée... Même si, fondamentalement, ce que lui et Sergeï faisaient s’apparentaient à une forme de prostitution volontaire. Il devait admettre que cette femme, cette Eyia, changeait un peu des autres. À l’idée de tomber sur Arctos, elles flippaient toutes. Sa réputation de briseur d’os le précédait. C’était un peu le Toto Riina des Petrovski... Mais avec une belle gueule.

Il reçut un SMS, sommaire et clair : « Da ». Tout était dit. Il se permit un sourire. Les cheveux argentés, ça le faisait craquer. Est-ce qu’elle se teintait les cheveux ? Il l’ignorait, mais c’était, dans l’ensemble, convaincant. Foutrement bien réussi. Il jalouserait presque Arctos. Quoique... Le « presque » était sans doute en trop.

« Hésite pas à t’en griller une, si tu y tiens, précisa-t-il C’est pas parce que des cons de bridés interdisent le tabac partout qu’on va se priver. »

La législation antitabac au Japon était particulièrement forte, puisqu’il était même interdit de fumer dans certaines voies publiques. À croire que les Japonais faisaient tout pour décourager les autres. Ce n’est que quand on commençait à connaître un peu le pays qu’on réalisait qu’il était fait pour les gens comme lui. Rien que sa législation sur la prostitution était un appel au viol. Le Japon était quand même l’un des rares pays qui autorisaient sans aucune difficulté des cafés sexuels, où on pouvait se tailler une pipe. Une sorte d’équivalent barré et psychotrope du rêve américain.

Il finit par arrêter sa voiture devant un gratte-ciel.

« On y est, Eyia. »

Il sortit de la voiture, et entra dans l’immeuble, puis se glissa dans l’ascenseur, et monta vers les derniers étages. L’endroit était tranquille, calme, discret. En d’autres circonstances, on aurait pu se croire dans l’immeuble de Patrick Bateman. L’ascenseur s’arrêta au bout de quelques dizaines de secondes, les battants s’écartèrent, et Sergeï s’avança. Il avait une légère démarche de voyou, remuant des épaules en avançant, la tête basse. Un réflexe naturel depuis l’époque où il était en Russie. Les filles aimaient ça, paraissait-il. Il aurait pu avoir pire de conduire une ennemie chez Arctos, comme une flic infiltrée, ou une rivale appartenant à un groupe rival, mais le Grizzly avait comme un sixième sens pour ce genre de choses, et savait discerner les filles honnêtes des menteuses cherchant uniquement à le piéger.

Sergeï s’approcha d’une porte, similaire à toutes les autres porte, et sonna une fois, pour s’annoncer, puis enfonça dans la serrure une clef, la tourna, et posa sa main sur la poignée de la porte.

« À partir de là, Eyia, je te laisse. »

Il poussa la porte, attendant qu’Eyia rentre. Il y avait un vestibule, une antichambre avec un tapis, et une autre porte.

« Elle est ouverte. »

Quand elle entra, il referma la porte de l’appartement, à clef. Arctos avait ses petites manies, et il voulait les voir seul. Un choix que Sergeï pouvait comprendre.

L’intérieur comprenait un grand salon. C’était une sorte de grand studio avec une pièce principale, un coin cuisine, une mezzanine comprenant un grand lit, accessible par un escalier en colimaçon. Il n’y avait manifestement personne, mais on pouvait, outre la lumière, voir, sur la chaise d’une table, une veste avec de longues tâches rouges évoquant irrémédiablement des projections de sang. L’une des portes, celle de la salle de bains, ne tarda pas à s’ouvrir, et un homme entra.

Il était nu, ou presque. Une serviette blanche recouvrait son bassin, le haut de ses jambes, et une partie de son torse, mais c’était le seul vêtement qu’il portait. De près ou de loin, Arctos ressemblait vraiment à un ours. Il avait des pectoraux impressionnants, des muscles solides, et une corpulence qui vous faisait comprendre qu’il y avait intérêt à ne pas se trouver près de ses poings. Il avait de courts cheveux argentés, et des traces d’eau glissaient le long de son torse complètement glabre. Différents tatouages ornaient sa peau, ainsi qu’un pendentif avec une croix chrétienne autour du cou.

« Eyia, annonça-t-il. Je suis désolé de te recevoir en pareille circonstance, mais j’avais un petit problème avec un fouineur. »

Il avait des yeux bleus froids, qui auraient pu faire penser à une espèce de psychopathe. L’homme s’avança vers la veste trempée de sang, ce qui l’amena à se rapprocher de la femme.

« J’apprécie les femmes curieuses, mais je n’aime pas les fouineuses. Tu n’es pas une fouineuse, dis-moi ? »
DC d’Alice Korvander.

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Eyia

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Re : Jaded Future (PV)

Réponse 70 jeudi 04 juillet 2013, 12:28:42


Dans les quelques recherches qu'elle avait faite, Eyia était tombée sur beaucoup d'articles péjoratifs concernant les russes. On les présentait comme des dingues, la plupart du temps. Des gens qui se permettaient tout, et bien plus encore. Avec un goût pour le luxe clinquant, aussi. Moscou était présentée comme une des villes où les gens les plus riches côtoyaient les plus misérables. Un écart impressionnant, même si les chiffres ne lui venaient plus à l'esprit. Merci Eltsine, merci le libéralisme, clamaient les différents articles. Et, pour le moment, la jeune femme se rendait bien compte que les mots qu'elle avait lu ne mentaient pas. Sergeï, dans sa façon d'être, ne s’embarrassait d'aucune règle. Et si la plupart des autochtones trouvaient cela insultant, elle, elle approuvait. Les lois terrestres ne l'effleuraient guère. Sans doute parce qu'elle avait les moyens de faire régner sa propre loi, tout comme eux. La monarque s'alluma une cigarette, bien installée dans cette jolie caisse. Le luxe. Ah, le luxe.  Une forme de beauté bien installée dans la société contemporaine. Et même si elle jouait les marginales, Eyia devait bien avouer qu'elle trouvait ça très plaisant.

- Les filles comme moi ?

Glissa t'elle dans un sourire, rangeant son briquet dans la poche de son manteau. Elle ne faisait pas l'idiote. Rien que dans le ton de sa voix, on devinait que c'était une question qui ne souffrait d'aucune réponse. Les filles comme elle, glacées, belles, acérées. Qui n'ont pas froid aux yeux. Et qui ont ce quelque chose en plus dans la voix, le regard.

Se prêtant au jeu, la souveraine se laissa conduire, comme si cette  voiture de sport était son petit carrosse. Et même quand la porte se referma derrière elle, et qu'elle resta un moment entre les deux portes closes, Eyia n'eut pas peur. Non non. Ce frisson électrique, dans sa nuque, le long de ses doigts, n'avait comme seule source que l'adrénaline. Qui pulsait méchamment sous sa peau. Alors elle ouvrit la porte, restant un moment immobile. Les lieux étaient canons. Vraiment canons.  Ce n'était ni minuscule, ni démesuré. Comme si tout était à sa place et à la bonne taille. Elle nota même quelques idées pour son manoir. Ses yeux, fatalement, tombèrent sur la veste tachée de sang.  Copain. Ils avaient sensiblement les mêmes méthodes. Le combat n'en serait que plus intéressant.

C'est au moment où elle retirait soigneusement ses gants, le dos élégamment appuyé contre le mur, qu'il entra. Et elle resta muette quelques courtes secondes. Non, non, je vous le répète, elle n'a pas peur. Certes, il était massif, impressionnant, surtout pour elle. Un gifle, et il la décapiterait. Mais il en faut bien plus pour effrayer Eyia. Si elle demeura silencieuse un moment, c'est parce qu'elle était captivée. Bah oui. Les yeux, c'est fait pour voir. Et, pour un peu, elle se serait fait une fracture de l'oeil rien qu'en le fixant. La monarque rangea ses gants dans la poche de son manteau, entreprenant d'en faire sauter les boutons. Elle ne répondrait pas tout de suite. Se faire désirer, c'était son dada. Et elle était relativement patiente, dans certaines situations. Manteau ôté, posé sur un porte-manteau, qui était dos à elle. Histoire que ce Grizzly puisse avoir une jolie vue sur son dos découvert par sa robe. Mais pas trop longtemps, non. Juste une seconde, avant qu'elle ne se retourne.

- Dans tous les contes, ce sont les fouineurs qui se font le plus salement amocher.

Dit-elle enfin.

- La femme de Barbe-Bleue, Jamie Freel, le petit corbeau stupide et prétentieux de je-ne-sais-quel conte inuit … Personnellement, j'ai choisi mon camp depuis longtemps.

Sa bouche se fendant d'un petit sourire, elle s'approcha de lui à pas de louve. On entendait à peine ses pieds taper sur le sol. Eyia s'appuya finalement contre le dos d'une chaise, les mains posées dessus, face à lui.

- Je ne suis pas une fouineuse. Je préfère rester en vie. Et, au vu de vos … méthodes, je pense que j'ai fait un bon choix.

Si ses cheveux étaient au moins aussi clairs que les siens, il n'en était rien pour son regard. Sombres, noirs. Beaucoup baissaient les yeux, quand elle les fixait. Mais Eyia savait pertinemment que ce type ne serait pas de ce genre. Elle pourrait planter son regard dans le sien mille fois, il le soutiendrait toujours.

- Disons qu'en règle générale ... Je préfère être récompensée que punie. Puis-je m'allumer une cigarette ?


« Modifié: jeudi 04 juillet 2013, 14:20:47 par Eyia »


"Un cri s'écarquille dans la nuit. Et le voilà. Le fantôme de la Reine des pierres, au corps lisse comme une roche polie par les flots battants et salés. La lumière vomissante de cette nuit striée d'éclats devient crémeuse sur sa peau laiteuse. Son nom sonne comme une prière : Eyia."


Nathan Joyce

E.S.P.er

Re : Jaded Future (PV)

Réponse 71 jeudi 04 juillet 2013, 23:20:39

Arctos semblait impénétrable. Son regard d’acier détaillait soigneusement le corps d’Eyia. Sergeï le connaissait, et connaissait ses goûts en matière de femme. Le Russe était un professionnel. Croire le contraire, c’était se méprendre, et prendre le risque de le sous-estimer. Il y avait en lui une rigueur militaire ferme, une discipline particulièrement forte, qui s’exprimait constamment. Les femmes... Et bien, elles constituaient une légère entorse. Légère, car il se permettait d’avoir du plaisir avec elles, de passer du temps, de les aider, de les conseiller. Aucune ne venait le voir par amour, et lui ne voulait pas leur amour. Elles avaient besoin d’un service, et payaient en échange. Le Grizzly n’avait jamais été un communiste convaincu. Il croyait que rien n’était dû dans ce monde, et que la vie n’était qu’un perpétuel combat. Si la société était un monde de loups, alors lui était le prédateur suprême de la forêt : l’immortel ours qu’aucun n’osait défier.

Cette femme était belle. Il le nota rapidement, et remercia silencieusement Sergeï. Il connaissait ses goûts, et c’était une manière de le remercier pour les services accomplis. Elle se déshabilla lentement, très lentement, avec une sorte d’élégance raffinée qui lui plaisait. Il n’éprouvait aucune honte à exhiber devant elle la nudité de son corps, simplement recouverte d’une serviette blanche. Il n’avait pas eu le temps de se rhabiller. Il avait laissé sa veste imbibée de sang, afin qu’elle comprenne le message implicite qui dirigeait la relation avec Arctos : la confiance. Il n’avait aucune gêne à dire aux femmes ce qu’il faisait. Elles le savaient déjà, de toute manière. Il voulait qu’elles sachent qu’il n’aurait aucun scrupule à leur faire subir la même chose si elles cherchaient à le doubler. Il était franc et honnête. Un brave type, en gros. Il payait même ses impôts. Que demandait le peuple ?

Elle lui indiqua ne pas être une fouineuse, et se rapprocha de lui. Ce fut à son tour d’être silencieux. Elle avait du cran. Généralement, elles étaient toutes nerveuses. Il pouvait le comprendre. À leur place, ils le seraient aussi. Il n’était pas vraiment un type gentil, le petit ami romantique qui offrait des fleurs à sa copine, et lui racontait des poèmes. Elle l’observait silencieusement, et il eut la conviction, en voyant ce regard fier et déterminé, qu’elle n’était pas une simple étudiante venue lui demander un service, ou une aristocrate russe ayant des problèmes de succession. Ça ne la rendait que plus attirante encore. Elle demanda l’autorisation de fumer, et il sourit légèrement, brièvement, amusé par cette demande.

« Tu es entrée chez moi, Eyia. Le tutoiement me semble de rigueur. Quant à ta cigarette... »

Il s’écarta, maintenant sa phrase en suspens, et s’approcha d’une sorte de minibar dans un coin, et en sortit deux verres, ainsi qu’une bouteille de vodka.

« Les êtres civilisés boivent toujours de l’alcool en fumant. Nous ne sommes pas des cochons d’Américains. »

Il restait un Russe, malgré tout. Il s’assit en face d’elle, s’étalant sur une lourde chaise, et remplit les deux verres. Il y avait un paquet de cigarettes sur la table. Les siennes. Il en sortit une, l’alluma, puis la tendit à Eyia, et en sortit une autre, qu’il alluma pour lui.

« Aux plaisirs de la vie », indiqua-t-il pour trinquer.

Il but un peu de vodka, reposa le verre, et but sereinement, avant de tirer une bouffée.

« Alors, Eyia, dis-moi... Les filles qui viennent me voir ont toujours un service à me demander. Mais toi... Quelque chose me dit que tu n’es pas comme les autres. Non, tu n’as même rien à voir avec les autres. Je veux bien me trancher un bras s’il y a du sang russe, ou même slave, en toi. Mais tu me plais. Et tu sais ce qu’on dit sur la première impression, n’est-ce pas ? »

Ce n’était pas que l’accent de cette femme qui la trahissait... C’était... Son allure. Pendant un siècle, la Russie avait connu le communisme, et, même avant, les Russes avaient connu le tsarisme, une forme de gouvernement extrêmement autoritaire, bien plus que les monarchies absolues d’Europe occidentale avaient pu l’être. La Russie avait, pendant des siècles, connu l’autoritarisme, Staline n’ayant fait que porter cette situation à son paroxysme naturel. On le sentait dans le regard, comme quelque chose de légitime : la soumission instinctive et primaire face à la supériorité des autres. Il ne ressentait rien de tout ça chez Eyia.

Elle n’était pas Russe. Il ignorait ce qu’elle était, et sa curiosité était titillé.

Or, entre le fait de fouiner et d’être curieux, il existait une différence.
DC d’Alice Korvander.

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Eyia

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Re : Jaded Future (PV)

Réponse 72 jeudi 04 juillet 2013, 23:52:30





Grillée. La clope dansant au bout des doigts, Eyia grimaça légèrement. En voilà un qui était loin d'être con. Même si elle savait qu'il ne devinerait jamais sa véritable identité, la monarque retint la leçon. Il fallait la jouer fine. Son petit numéro de charme ne suffirait pas. A moins qu'elle mette les bouchées doubles, tout en finesse. Ça, elle savait faire. Et même très bien faire. Elle n'était pas reine pour rien.

Buvant une gorgée de vodka, elle reposa prestement le verre. Là encore, silencieusement. A croire qu'elle pouvait devenir aussi légère et discrète qu'un souffle.

- « La première impression est toujours la bonne. »

Récita t'elle dans un sourire. Elle aussi s'était assise, bien sagement. Pas le dos droit, non. Elle était légèrement penchée. Son coude droit était posé sur cette table,  et, dans sa continuité, se trouvait les doigts qui tenaient la cigarette. Son autre main triturait le verre encore rempli. Quand ses yeux ne fixaient pas le Grizzly, ils admiraient les remous du liquide. Allez, une gorgée, encore. Histoire que cette chaleur apaisante violente sa gorge. Et même pas une petite grimace. A croire qu'elle n'avait vraiment peur de rien.

- Je ne suis pas Russe, c'est vrai. Je n'ai rien à voir avec les autres, c'est tout aussi vrai.

Un aveu prononcé dans un sourire, avant qu'elle ne tire sur sa cigarette. Effluves de fumée. Sans doute s'attendait-il à ce qu'elle déballe tout : qui elle était, pourquoi elle était là, d'où elle venait. Ce genre de détails. Mais ce serait mal connaître Eyia. Et, à voir ce sourire qui grandissait, on se doutait qu'elle allait laisser planer le mystère. Sinon, ce n'est pas drôle.

- Qui penses-tu que je suis, alors ?

Son regard brillant, acéré comme une lame, se planta dans le sien. Elle plissa les yeux un court instant. Il y brillait une lueur vorace, presque dangereuse. Ses yeux à lui, oui, avaient le mérite de la faire réagir. Si clairs, si puissants. Comme s'il lisait à l'intérieur d'elle. Cependant, elle en tirait plus d'excitation que d'inquiétude. Eyia, quoi. Celle qui se vante de ne rien craindre.

Tout, dans son attitude, dénotait l'assurance. Que ce soit la façon dont ses doigts fins pianotaient sur la table, sur le verre, la manière qu'elle avait d'embrasser la cigarette de ses lèvres rouges éclatante pour mieux lui extirper sa fumée ... C'était impressionnant. Quand on savait face à qui elle se tenait, elle, si petite, si fine.

- Comment m'imagines-tu, mh ? Que voudrais-tu que je sois ? Je serais curieuse de le savoir.

Oui, elle avait bien insisté sur ce petit mot. Curieuse.

Eyia se mordit la lèvre inférieure, avant de sourire franchement, dévoilant sa parfaite petite dentition. Et hop, vodka. Même qu'elle boit ça comme du petit lait. Et même qu'elle a fini son verre, tiens, et que sa clope subira bientôt un sort similaire.



"Un cri s'écarquille dans la nuit. Et le voilà. Le fantôme de la Reine des pierres, au corps lisse comme une roche polie par les flots battants et salés. La lumière vomissante de cette nuit striée d'éclats devient crémeuse sur sa peau laiteuse. Son nom sonne comme une prière : Eyia."


Nathan Joyce

E.S.P.er

Re : Jaded Future (PV)

Réponse 73 vendredi 05 juillet 2013, 07:28:18

Il ne les envoyait jamais directement dans son lit. C’est ce qui les surprenait, souvent. Elles s’attendaient à devoir offrir leur corps immédiatement, le prenant pour un rustre, pour l’un de ces officiers militaires de seconde zone qui avaient été affectés à un poste dans les profondeurs de l’Oural. Ce n’est pas parce qu’il était mafieux qu’il n’avait aucune éducation. Les femmes se devaient d’être respectées, et elles se devaient de le respecter. C’était tout ce qui leur demandait, le minimum nécessaire pour bâtir une relation saine : la confiance. Il ignorait pourquoi Eyia venait le voir, et s’en foutait cordialement. Tout ce qu’il voulait, c’était s’assurer d’avoir sa confiance. Et il ne pouvait pas totalement exclure le fait qu’elle soit une flic infiltrée ayant réussi à séduire ce brave Sergeï. Il savait que Sergeï se livrerait à sa petite enquête, au moins afin de savoir si cette beauté n’était pas une policière, mais le Russe connaissait déjà la réponse.

Une flic aussi belle ne pouvait pas être une infiltrée. On la remarquerait aussi sûrement que le Père Staline. Sa vodka, elle la buvait sans la moindre hésitation, sans le moindre tremblement. Il était impressionné. Ce petit corps frêle et tendre, admirablement proportionné, avait l’air particulièrement endurant. Elle lui avoua ne pas être Russe, et choisit de répondre à sa question en allant sur un terrain glissant : le mystère. Le jeu. La paranoïa d’Arctos le titillait. Quand on avait servi dans l’Armée Rouge comme officier pendant plusieurs années, la paranoïa était un sentiment normal, et même bienvenu, dans une certaine mesure. Elle lui avait sauvé la vie à bien des occasions.

Elle se pencha vers lui, charmeuse. Que ce soit ses doigts jouant du piano sur la table (une habitude qui avait le don de l’irriter, en général, mais qu’il trouvait ici attirant), ses lèvres se pressant contre la cigarette, ou même, dans des considérations plus physiques, son décolleté et sa belle robe, elle avait des arguments convaincants.

Arctos répondit à ses questions en tirant sur sa cigarette, expirant des bouffées en levant brièvement la tête. Ses cheveux argentés étaient plaqués contre sa tête, et il recracha quelques cendres sur un cendrier, avant de lui lâcher, observateur :

« Ton verre est vide. »

Il l’attrapa en se penchant, puis se releva. Le nœud de la serviette tenait bon. Il prit tranquillement son temps, retournant au minibar, qui comprenait aussi la cuisine, et posa le verre dans son évier... Et s’empara d’un couteau tranchant. Un vulgaire couteau édenté, comme on pouvait en trouver dans n’importe quelle épicerie. Il revint vers elle, et se posta dans son dos. La cigarette dans le coin des lèvres, il avança sa main droite, et la posa sur son menton. C’était comme avoir le menton dans un étau de chair. Il glissa ses doigts sur sa peau, sans forcer.

« Et si je te voulais douce et soumise, Eyia, hum ? Prête à ouvrir les cuisses comme une fille de Sibérie qui ferait n’importe quoi pour un homme en uniforme, par peur de lui ? Et si je voulais lire la peur dans ton regard ? »

Il relâcha son menton, et abattit le couteau, pile entre les doigts qui jouaient au piano sur la table. Le couteau se planta dans la table, remuant brièvement de droite à gauche. Le Russe s’assit alors à côté d’Eyia, la main sur la garde de son couteau.

« Je ne demande qu’une chose aux femmes qui se décident à me faire voir : leur confiance. »

Lui faisait-elle confiance ? Voilà la question à laquelle il allait résoudre par ce petit test. Honnêtement, Arctos ne le faisait pas à chaque fois, mais, après tout, cette femme n’était pas comme les autres. Elle méritait bien un traitement de faveurs. Il la regardait en lui parlant, puis leva le couteau, et l’abattit entre les deux autres doigts d’Eyia, puis continua sur sa lancée, assez lentement, le couteau effleurant délicatement les doigts d’Eyia. Il verrait si elle lui faisait confiance dans la manière dont elle réagirait. Le couteau rebondissait sur la table, filant entre les doigts d’Eyia, de plus en plus rapidement, sans qu’Arctos ne le regarde.

Le jeu du couteau était quelque chose qu’il pratiquait énormément. C’était comme un passionné d’ordinateur qui connaissait tellement les touches de son clavier qu’il n’avait plus besoin de le regarder pour écrire. Arctos était dans cette logique : un spécialiste du couteau, qui connaissait tellement la position des doigts qu’il ne lui était pas nécessaire de regarder. Il voulait le voir dans les yeux d’Eyia.

Cette absence de peur.
DC d’Alice Korvander.

Consultez ce topic pour une présentation détaillée de mes personnages.

Pour une demande de RP, je vous encourage, soit à poster sur le topic susmentionné, soit à envoyer un MP sur mon compte principal.

Eyia

Créature

Re : Jaded Future (PV)

Réponse 74 vendredi 05 juillet 2013, 13:27:19






- Ton verre est vide.

Elle l'avait regardé se lever, avant de détourner brièvement le regard, inspectant les lieux. Malgré qu'il y ait des coins ombragés dans cette pièce, ses chères ombres étaient absentes. Non, non, pas de coups bas. Cette petite bataille se ferait à armes égales. Pas question de l'écraser sous un armada de créatures brumeuses. Ce ne serait pas du jeu. Cependant, avoir cessé de le regarder un moment fut une erreur. Oui, il parvint à la surprendre, en se glissant derrière elle. Pas de sursauts, pas de couinements. Elle ferma même les yeux un court instant, souriant en l'entendant parler. Elle, douce, soumise ? C'était un rôle qu'elle avait joué, à une époque. Mais Eyia n'était pas une proie, qu'on se le dise. Elle se rangeait aux côtés des prédateurs. Tout comme lui. Au fond, ce Russe, c'était presque son alter ego.

Cette idée lui arracha un bref sourire. Puis le couteau tomba, le faisant tomber de sa jolie bouche rouge. Entre ses doigts. Qui cessèrent de remuer. Elle n'était pas conne, non plus. Pas du genre à faire sa maligne. Ne faites pas l'erreur de la prendre pour ce genre de personnes. T-t-t. La lame entreprit une petite danse, alors. Elle caressait ses doigts, s'enfonçait dans le bois. Le rythme n'était pas particulièrement régulier, assez rapide, ce qui le rendait très inquiétant. L'erreur pouvait, à tout moment, tomber. De plus, il ne regardait aucunement ce qu'il faisait. Non, il la regardait. Alors son joli minois se tourna vers lui.

- Tu auras beau chercher, tu ne liras jamais aucune peur dans mon regard.

Elle battit des cils, esquissant un sourire. Ces petits mots avaient été prononcés avec un petit ton victorieux. Avant qu'une lueur passe dans son regard sombre. Elle jouait. Il pouvait le sentir, elle jouait. Non, elle ne se moquait pas de lui, loin de là. Mais on aurait presque pu croire qu'elle lui lançait un défi. Fais-moi peur. La souveraine possédait une assurance qui en aurait désarmé beaucoup. Elle ne craignait rien ni personne. Ou alors, cette vive crainte qui s'insinuait sous son épiderme, elle apprenait à l'apprécier. L'adrénaline, le souffle qui se tait, le cœur qui s'emballe … Et, pendant qu'Arctos était tout occupé à la dévisager, Eyia fit avancer la partie. Sa main libre se referma sur la sienne, faisant cesser cette douce torture. Bon, elle, ça l'amusait plus qu'autre chose. Je vous l'ai dit, le danger la fait palpiter, cette petite reine.

- Tout comme je pense que je n'en trouverais aucune trace dans tes yeux. Je me trompe ?

Sa main griffa vivement le dos de la sienne, avant de se glisser contre le couteau. Cela se fit vite, sans même qu'il puisse comprendre. Ce jeu, oui, elle le sentait, il le pratiquait beaucoup. Aussi sa poigne autour de cette jolie petite arme tranchante n'était-elle pas puissante, mais détachée. Non sans cesser de le fixer, elle lui … arracha littéralement le couteau des mains, avec une dextérité étonnante, démontrant son habileté. Pour le planter en plein dans le dossier de la chaise, vivement, à un millimètre du cou du Russe.

- Bouh.

Murmura t'elle dans un petit sourire.



« Modifié: vendredi 05 juillet 2013, 15:25:21 par Eyia »


"Un cri s'écarquille dans la nuit. Et le voilà. Le fantôme de la Reine des pierres, au corps lisse comme une roche polie par les flots battants et salés. La lumière vomissante de cette nuit striée d'éclats devient crémeuse sur sa peau laiteuse. Son nom sonne comme une prière : Eyia."



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