Le fouet s’abattit sur le corps de la femme. En plein milieu du dos. Le coup résonna dans la petite pièce sombre, faiblement éclairée par quelques discrètes bougies dans les coins, donnant à cette pièce une atmosphère ésotérique, presque occulte. Il savoura le contact de sa peau symbiotique sur la peau parfaite et solide de la femme. Son coup de fouet avait été d’une puissance terrifiante, suffisamment pour briser des os, mais il savait qu’elle n’était pas une femme normale. Elle était très endurante, et son coup de fouet laissa donc une simple éraflure au milieu de son dos, entre ses omoplates. Nathan Joyce la contemplait silencieusement, soufflant, son sexe tendu lui faisant mal, envoyant à son propriétaire des ondes de douleur et d’impatience. Il voulait se soulager, mais l’homme, qui n’en était alors plus totalement un, prenait son temps.
Elle était retenue, bras écartés, par deux espèces de tentacules d’ombre très résistants, qui sortaient du plafond. Il aurait pu utiliser les chaînes que les policiers avaient laissé dans la cabane, mais quelque chose lui disait que de simples chaînes ne l’auraient pas retenu. Ses propres tentacules, en résistance, lui avaient permis d’affronter des chars d’assaut. Son symbiote dissimulait une puissante herculéenne, qui lui avait permis de la maîtriser quand elle avait débarqué. Nathan avait du mal à réfléchir, surtout quand il avait bu, et qu’il avait fait une crise.
Le policier ressortait d’une longue enquête, difficile, consistant à résoudre une série de kidnappings portant sur de jeunes étudiantes. L’enquête s’était initialement penchée sur une filiale de la Mafia russe, mais la piste avait été abandonnée, pour finalement être résolue à l’endroit précis où l’homme se tenait : une île isolée, petite, au large de Seikusu. Le Japon, après tout, était un archipel comprenant des centaines d’îles, dont certaines étaient infimes. C’était le cas de celle-ci. Depuis la petite plage, on pouvait voir, au loin, par temps clair, les lumières des hautes tours de Seikusu. C’est ici que l’homme amenait les étudiantes. Il les droguait, les emmenait avec son petit bateau, et les enfermait dans une cave souterraine, une ancienne cache de contrebandiers, remontant à une époque lointaine. Dans cette pièce sombre, il leur faisait subir les pires sévices, avant de, tel un individu regardant trop Dexter, les découper en rondelles pour les balancer au large. Un pêcheur avait un jour retrouvé l’un des cadavres, emballé dans une espèce de sac résistant à l’eau. On avait, à partir des empreintes, du sang, et des morceaux de corps, découvert l’identité de la victime. Dès lors, à ‘laide d’une carte maritime, la police avait fouillé les petites îles, jusqu’à trouver ce musée aux horreurs. Il y avait tellement d’empreintes génétiques qu’aucun avocat, même le plus corrompu du monde, n’aurait pu sauver le coupable. Cependant, ce dernier, plutôt que de se rendre, avait préféré se suicider. Un homme d’affaires. Un individu insoupçonnable, avec une femme, deux gosses. Il s’était fait sauter la cervelle dans son grand bureau quand sa secrétaire lui avait annoncé que la police était là. Il avait échappé au procès. L’enquête s’était terminée avec un goût acre dans la bouche.
Et Nathan se retrouvait là, dans l’antre de l’horreur. Il y avait tout pour se défouler sur une femme : un chevalet, des rangées de fouets, des pinces, un four permettant le marquage au fer rouge, et même une vierge de fer. La police avait mené ses recherches directement sur place, et les objets seraient pris plus tard. En l’état, ils servaient essentiellement de décoration. Son second fouet symbiotique, prolongement de son bras, s’abattit à nouveau sur le dos de la femme. Elle avait beau être forte, il l’était un peu plus, suffisamment pour la dresser.
Ce soir, il avait bu, mais l’alcool lui avait tourné à la tête. Il s’était rendu dans un bar, et on l’avait attaqué. Enfin... Plus ou moins. Il buvait, et avait vu des loubards harceler de jeunes femmes. Une histoire de cul, apparemment. L’un des mecs voulait vérifier son portable pour s’assurer qu’elle ne s’était pas « tapée Kenji », ou une connerie comme ça. Le ton s’était envenimé, la fille s’était reçue une gifle, et Nathan était intervenu. Tout était flou dans sa tête, mais il se rappelait clairement avoir envoyé l’un des types par la vitre du bar, cette dernière se brisant, alors qu’il s’écrasait sur une voiture. Sous le mélange de l’alcool et de la colère, il avait senti la Bête en lui, le Symbiote, se réveiller, lui ordonnant de les tuer. Il avait préféré fuir, et était parti sur cette île. Il pensait y être en paix, mais il fallait croire qu’on l’avait suivi, car cette femme lui était tombée dessus. Le combat avait été relativement court. Attaqué, Nathan avait réagi avec rage, et l’avait assommé.
Elle se réveillait maintenant, sous les coups de fouet qui heurtaient lourdement son dos. Il l’avait traîné dans la cave, louchant sur son corps magnifique. Le symbiote enveloppait son corps, formant des tâches noirâtres ici et là, mais l’intérêt du symbiote, pour l’heure, était surtout de constituer des excroissances de son propre corps, afin de lui permettre de frapper la femme sans difficulté.
« Réveille-toi, intima-t-il d’une voix assez forte. RÉVEILLE-TOI ! »
Elle portait toujours sa tenue courte. Elle lui allait si bien !