La chasse avait été maigre : un lapin et un rat. Coyote put se débarrasser de ses gargouillements au ventre mais il n'était pas rassasié, ô quelle sensation désagréable... Corbeau becta ce que Coyote avait vidé du lapin et Serpent se contenta du rat. Cette maigre végétation dans ces plaines hostiles et désertiques n'étaient pas un Eden... Tant pis, peut-être que le sommeil aura raison de sa faim, si elle ne les empêche pas de dormir. Vint donc le matin et sa brume qui dissimule le soleil et empêche la terre de se réchauffer. Bien qu'il n'est pas sujet au froid, Coyote s’emmitoufla dans sa cape de fourrure : ce paysage brumeux lui donnait la chair de poule, ce qui est en soit un comble pour lui. Corbeau sur son épaule, Serpent sous sa cape, notre homme cornu continua sa route dans la mince végétation qu'il avait découvert la veille. Son avancée fut difficile : il s'était pour ça fabriqué un bâton de marche en bois, creusé de quelques symboles indiens et ornés de plumes à son sommet. La marche est difficile et Coyote ne put dire combien de temps il marcha à tâtons dans ces fourrées.
Pourtant, quelque chose le marqua. Lors de sa marche, il sentit quelque chose, il ne sut dire quoi, changer. L'air, l'atmosphère, l'odeur... Le corbeau sur l'épaule de Coyote s'envola à la recherche d'un quelconque indice. Quant au Dieu, il continua sa route jusqu'à ce qu'il compris qu'il n'était pas là où il était censé être. Corbeau se reposa sur l'épaule de son ami et prononça ces quelques paroles :
- Il y a une cité humaine non loin d'ici. J'ai peur que nous soyons dans un endroit encore plus hostile qu'avant...
La modernité et ces trois lurons n'étaient pas très amis. Coyote avait un mauvais souvenir des villes sédentarisées. Il continua néanmoins sa marche et il put distinguer certains bâtiments à travers le feuillage orangé des arbres. Bigre, qu'ils avaient l'air si... évolués ? Combien de temps avaient-ils sombré dans l'inconscience pour que l'humanité ait atteint une telle expansion ? Coyote fronça les sourcils, intrigué par cette boule se formant dans son estomac. Du stress ? Plutôt de la peur, de l'appréhension. Serpent, avant de se dissimuler un peu plus sous le manteau de fourrure, lui siffla :
- Fait attention à toi...
Ainsi Coyote se concentra quelques instants pour effacer les cornes de son crâne. Il était toujours aussi maquillé, mais il n'allait pas enlever ces traces de rituel. En revanche, il regrettait de ne pas avoir d'habit un peu plus civilisé que sa cape de fourrure et de plumes et que son pantalon en lin accompagné d'énormes bottes de voyage. Tant pis, au pire il passerait pour un excentrique dans ce pays de... Mais, où était-il au juste ? Les écritures sur les panneaux publicitaires ne lui disaient absolument rien. Il devait sans-doute se trouver sur le Vieux Continent.
Son voyage le fit sortir des bois, débouchant ainsi sur une grande plaine de verdure où des arbres et buissons étaient parsemés çà et là. Décidé à se méfier des environs, Coyote fit de son possible pour ne pas s'exposer même si a priori il n'y avait personne dans les environs. Il furète, observant – de près et de loin – ce qui l’entoure. Finalement, notre protagoniste aperçoit une silhouette sur un banc, manifestement une jeune femme. Curieux, il s'approcha tandis que Corbeau pris son envol pour se poser sur la branche d'un arbre non loin d'ici. Coyote ne cherche pas à se cacher, après tout selon son peuple, ce serait lui qui aurait créé les humains, un peu de respect tout de même.
Il s'échappa du buisson dans lequel il était caché pour se poster à quelques mètres derrière le banc. Il remarqua que la jeune femme était blonde... Une Européenne ? Il se pourrait, même si l'Europe et l'Afrique étaient les seuls endroits de l'Ancien Monde qu'il connaissait. Coyote sourit. Même s'il était en terre hostile, l'envie de jouer était plus forte. Ainsi il s'assit en tailleur derrière le banc tout en sifflotant un air, sans se soucier de sa cape trainant sur les feuilles mortes. Autant laisser la surprise de la découverte à sa convive (même si c'était plus lui le convive à cet instant) !