Je m'étais arrêté dans ce parc après avoir mangé dans un petit pub du coin. Le soleil couchant caressait les toits de la ville de ses rayons orangés.*C'est plutôt mort, dans le coin...* pensai-je en étouffant difficilement un bâillement. Ouais, la vie d'humain avait parfois des bons côtés, mais elle pouvait aussi se révéler terriblement chiante. Bordel ! Qui c'est qui a idée de rentrer dormir quand le soleil se couche ? Les boîtes de nuit, les petites minettes encore plus imbibées que des éponges, les bastons de bar... Tout ça, c'était où ? J'avais regardé pas mal de films et de séries, et j'avais vu tout ces trucs. Moi qui croyais que c'était comme ça dans la vraie vie... V'là qu'j'étais beau, tiens. Première désillusion de la vie sur terre.
Alors que je me relevai avec lassitude, mon regard fut attiré par quelque chose. Une petite touche de douceur après avoir tant déchanté ? Une grosse touche, même. Une fille à moitié nue. En plein milieu d'un parc. Comme quoi, tout vient à point à qui sait attendre. Par pur acquis de conscience, je me pinçai quand même légèrement la main. Non, ce n'était pas un rêve. Une nénette bien réelle en tenue plus que frivole se tenait bel et bien devant moi. Tout chez elle respirait la grâce et le charme. Que ce fut son long manteau rouge - quelle belle couleur, le rouge ! - ou sa jolie petite culotte, qui laissait tout entrevoir de ses jambes graciles. Et en plus, elle était dans le cosplay, avec sa queue et ses oreilles de chat ! J'allais la faire miauler, pour sûr !
Une lueur perverse s'alluma dans mon regard. Un homme "normal" doté d'un minimum de morale aurait raccompagné cette fille chez elle. Pas de bol, j'étais un démon, bercé par les rumeurs de la vie humaine. J'avais besoin de ma dose d'action. Déterminé à ne pas simplement me taper cette frêle petite chose, mais bien à la taquiner un peu, je me dirigeai vers elle.
Un éclat d'argent retint mon œil. *Un katana ? Elle a trouvé ça où ?* L'arme était forcément à quelqu'un d'autre. Comment le stéréotype même de la petite fille sans défense pouvait porter ce genre d'objet à son flanc ? Elle devait à peine pouvoir le manier. Par précaution, je décidai de m'entailler légèrement le bras. Un mince filet de sang glissa sur ma peau. Au moins, si je devais engager le combat - et c'était ce que je voulais, qu'elle se débatte un peu - j'avais de quoi garnir les hostilités.
- Dis-donc, ma mignonne, t'es au courant que traîner toute seule dans les parages alors qu'il va bientôt faire nuit, ça peut être dangereux ? Remarque, moi, ça m'arrange. T'as deux solutions : soit tu cours vite, je te laisse cinq secondes d'avance, soit tu essaies de te défendre avec ton joujou en plastique. lui lançai-je d'un ton sec.
J'attendis sa réponse, un sourire assuré au visage.