Un repos bien mérité...[Sei Sakuraoka ~ Green Lantern's Girly]

C’était un dimanche et on pourrait croire qu’un simple mortel s’amusait à faire la grasse matinée en cette belle journée d’automne. Mais Lucie venait de se lever, quand les premières lueurs du jour avaient pointé leur nez, illuminant la crinière de feu de la jeune femme encore à moitié endormie. Dans sa petite nuisette en satin blanc, elle prit attention à ne pas bousculer les deux chats qui dormaient sur son lit en se levant. Quelques étirements et voilà Lucie qui déambule, chantonnant le long de sa course vers la cuisine. Petit déjeuner en vue : une tartine grillé avec un peu de beurre, du chocolat chaud et une cuillère de miel. Rien de mieux selon elle pour démarrer une journée. Car oui, aujourd’hui, malgré que ce soit un jour de repos pour tout le monde, allait être une journée chargée pour la jeune rondouillette.

Une fois son petit déjeuner fini, elle se redirigea vers sa chambre, retirant doucement sa nuisette, la déposant sous son oreiller. Elle était ainsi nue à la vue de tout le monde, ou plutôt de personne. Sa maisonnette était assez retirée de la ville de Seikusu, proche des bois même. Dans son armoire, elle prit petite culotte, soutien-gorge, tee-shirt et salopette. Rien de bien glamour outre les sous-vêtements. Mais elle n’avait pas à l’être car aujourd’hui, elle s’occuperait de son jardin, sa maison et ses bêtes. Se retroussant les manches, elle s’asseye sur le bord de son lit, enfilant une paire de chaussettes et sa paire de bottes en caoutchouc. Ainsi vêtue, prête à l’action, elle se dirigea dehors, pour aller dans la grange.

La grange n’était pas de grande taille, mais assez pour y abriter la petite ménagerie de Lucie. Une vache, un cheval, un âne, des poules, un coq, deux chiens et quatre chats peuplaient cette adorable maison à la structure basique. S’armant de sa fourche, Lucie Moreau ramena quelques bottes de fois pour les herbivores, des graines pour les poules et des croquettes pour les carnivores. Tout le monde était logé à la même enseigne et s’entendait avec tout le monde. Ceci fait, elle déposa la fourche et prit sa binette et son couteau, pour se diriger dehors, dans son potager. Il ne restait pas grand-chose des légumes d’été, à peine quelques poivrons et tomates. Le reste restait à stade de plantule comme les poireaux, choux et betteraves. Seules les courges sortaient pour arborer leur couleur orangée.

Enfin midi. Lucie ramassa quelques légumes, rangea ses outils et se dirigea vers sa petite maison. Retirant ses bottes à l’entrée, elle nettoya les légumes fraîchement cueillis pour les cuisiner. Un bon petit repas, avec un petit son du vent dans les feuilles de dehors. Rien de tel pour mettre du baume au cœur de la jeune rondouillette.

L’après-midi pointait son nez et il était tant pour Lucie de nettoyer l’intérieur de sa maison. Aspirateur, balai espagnol, chiffon pour les poussières, chiffon pour les fenêtres. Il commençait déjà à faire noir dehors quand la demoiselle avait fini de récurer, d’astiquer de fond en comble son chez-soi. Elle prit place sur une des chaises de son salon, soupirant d’aise longuement, bien fatiguée par sa journée. Hop hop hop ! Direction la salle de bains désormais, une bonne douche attendait la jeune rousse. L’eau chaude, l’odeur du shampoing, la douceur du gel douche. Trop fatiguée et l’heure déjà bien avancée, elle ne prit pas de dîner, se dirigeant toute nue, une serviette dans les cheveux, dans sa chambre, récupérant sa nuisette et l’enfilant. Elle s’enfourna dans son lit, s’enroulant dans sa couette bien fraîche. Ses yeux se faisaient lourds et tous ses membres également. Elle avait bien travailler et pouvait maintenant dormir en paix, accompagnés des ronronnements des chats dormant sur son lit.

A plusieurs dizaines de milliers de kilomètres du sol terrestre, Sei Sakuraoka ne se reposait pas du tout en ce beau dimanche ensoleillé.

Cela faisait maintenant un mois qu'elle faisait partie du Corps des Green Lantern, mais pour la jeune femme, elle avait l'impression que c'était à la fois hier et un an... Pour commencer, elle avait amenée sur Oa par son Anneau, lui disant - car oui, sa Bague parlait ! - qu'elle devait subir un entraînement. Après ce fut la découverte de la planète Oa elle-même qui différait par bien des aspects de la Terre. Elle y avait été accueillie par un certain Tomar-Re, de la planète Xudar, un type plutôt sympathique au faciès d'oiseau ; il lui avait appris qu'elle était la première Terrienne à porter la Bague des Green Lantern puis lui avait fait visiter - en volant ! - le berceau des Sentinelles Vertes, tout en lui expliquant la fonction du Corps. Sei avait compris que grosso modo les Green Lantern étaient une sorte de policiers de l'espace et qu'au lieu d'un flingue, ils avaient une Bague.

Puis il y avait eu l'entraînement lui-même...

Une espèce de mastodonte, répondant au doux nom de Kilowog - un nom pareil, ça ne s'invente pas ! - était chargé de former les jeunes recrues : durant une semaine, Sei, en compagnie de "bleus" qui venaient des quatre coins de l'univers, avait passé toute une batterie d'épreuves physiques et morales chargées de fortifier la résistance physique et mentale des nouveaux. Le soir, elle était tellement crevée qu'elle s'abattait sur sa couche pour plonger dans un profond sommeil réparateur. Le matin, le cirque recommençait...

Fort heureusement, cela n'avait duré qu'une semaine. Durant tout ce temps, elle avait appris les fonctions de base de l'Anneau, comment créer des constructions par l'action combinée de la force de sa volonté et de son imagination, le serment que devait réciter tout Green Lantern au moment où il rechargeait sa Bague, le point faible de l'énergie verte, à savoir le jaune, et ainsi de suite.

Le soir du 7ème jour, à l'issue d'une cérémonie, la bleusaille était devenue des membres intégraux du Corps des Green Lantern. Sei avait donc pu regagner son secteur spatial, rentrant chez elle, sur Terre.

A vrai dire, il ne s'était pas passé grand chose durant les trois semaines qui ont suivi son retour mais elle avait profité de ce temps libre pour essayer d'exploiter au maximum les possibilités offertes par son "arme", améliorant au passage son quotidien (mais ceci sera raconté une autre fois).

Pourtant, ce dimanche-ci, sa Bague l'avait alerté qu'un vaisseau spatial s'approchait de la Terre. Pestant, la jeune femme revêtit en un clin d’œil son uniforme et s'envola vers les hauteurs à toute vitesse.
Elle s'était attendue à un petit véhicule mais certainement pas à un engin de dimensions imposantes et dont les intentions des occupants n'avaient rien d'amicales : à peine était-elle en vue du vaisseau, qu'elle avait essuyé un tir nourri de rayons lasers !

Fort heureusement, elle avait eu le temps de déployer un bouclier d'énergie qui la protégea de la plupart des tirs. Puis elle passa ensuite à l'action. La lutte dura plusieurs heures mais au final, Sei réussit à endommager sérieusement la carlingue et plusieurs systèmes internes : dégoutés, les envahisseurs en herbe rebroussèrent chemin.

Néanmoins la jeune femme avait été blessé durant la bataille et les réserves de son Anneau commençaient à s'épuiser. Elle rentra sur Terre, essayant de lutter contre la fatigue qui engourdissait ses sens. Ce n'est qu'à quelques dizaines de mètres du sol qu'elle perdit conscience, la dernière chose qu'elle vit avant de fermer les yeux fut une sorte de jardin-potager où elle alla s'écraser lourdement.

Fort heureusement, l'aura protectrice générée par son Anneau avait plus ou moins amorti la chute.

Nombreux rêves berçaient le sommeil de la rondouillette rousse. Elle rêvait de ne plus être malade, de pouvoir vivre comme les autres ? Non pas vraiment, elle ne rêvait pas du tout à cela. Elle avait bien appris à vivre avec, et cette différence la mettait à part du reste de la gente féminine. Mais qu’importe, elle se plaisait ainsi. Non, la seule chose dont elle pouvait rêver, c’est les multitudes d’occasions, d’autres songes, d’autres réalités pouvaient lui amener. Un amour, une amitié, qui pourrait peut-être rythmer sa vie future, qu’elle soit courte ou non…

Elle qui nageait dans ses bonheurs abstraits fut réveiller par un bruit venant du dehors, comme un choc, un accident de voiture venant de se produire. Pourtant, sa maisonnette était trop éloignée des voies de circulation pour qu’un accident ait lieu. Ou alors, cela venait du ciel ? Ses yeux s’ouvrirent avec difficulté, se les frottant, ceux-ci se mirent à rougir un peu. Les chats qui dormaient avec elle crachaient en direction de la fenêtre, de l’extérieur, le poil tout hérissé. Ô jamais, elle n’avait vu ses chats ainsi. Elle aurait pu dire sa ménagerie…Même fenêtre fermée, elle pouvait entendre les cris des bêtes dans la grange, comme apeurées.

- Ce n’est pas bon…

Il y avait sûrement quelque chose dehors, assez proche de la grange pour faire peur aux animaux. Elle descendit de son lit, balançant sa couette sur ses chats sans le faire exprès. Elle n’allait pas sortir comme cela avec sa simple nuisette. C’est pourquoi elle enfila son épais peignoir bordeaux, et commença à courir dans la cuisine. Il lui fallait quelque chose pour se défendre au cas où il y avait un intrus. Elle ne possédait aucune arme à feu, elle s’était refusée à pointer ce genre de choses sur quelqu’un et de faire l’erreur de tirer sur une personne. Elle n’avait que de simples couteaux de cuisine, mais connaissant sa maladresse, elle se serait blessée avec. Elle préféra donc prendre sa grosse poêle. Elle fouilla dans un de ses multiples tiroirs sa lampe-torche et s’avança devant la porte d’entrée, enfilant sans chaussette les bottes en caoutchouc qu’elle avait utilisée la journée.

Elle ouvrit doucement sa porte, se penchant un peu la tête dehors pour voir les premiers alentours. Rien…Elle descendit doucement les marches de son entrée, sa torche pointée devant elle pour y voir plus clair, et sa poêle dans sa main droite pour riposter. Pas après pas, elle avançait prudemment en direction de son potager et de sa grange, regardant toujours devant, sur les côtés et derrière elle. Non, ce n’est pas une trouillarde. Elle est juste…prudente. Au fur et à mesure qu’elle avançait vers son lopin de terre cultivé, elle voyait des plantes déchiquetées, des cucurbitacées littéralement explosés, et une partie de sa barrière en charpie.

- Qu’est-ce qui a bien pu causer autant de dégâts ? …

Avec sa torche, elle scrutait le moindre aspect suspect autour d’elle. Elle aperçut d’ailleurs une sorte de cratère, peu profond, en plein milieu de son beau potager. Elle en était désolée de voir dans l’état il était d’ailleurs. Doucement, sa poêle tendu dans sa main prête à assommer si besoin, elle rivait la lumière vers ce fameux trou dans le sol. Ce qu’elle découvrit l’effraya. Non pas de peur comme devant un film d’horreur, mais un peur inquiétante pour…la personne qui gisait au fond de ce trou.

- Nom d’une pipe…

Elle lâcha sa poêle et se rua vers cette personne. Elle la retourna et découvrit alors que c’était une jeune femme, très grande, aux cheveux noirs de jais. Elle la plaça sur le dos, posant deux doigts sur sa nuque pour sentir son pouls. Son cœur battait encore, mais son pouls restait faible. Elle approcha son oreille près de la bouche entrouverte de la demoiselle. Elle respirait aussi, mais faiblement. Aidée de sa lampe-torche, Lucie éclaira rapidement le corps de la jeune brune pour voir si elle n’était pas grièvement blessée. Rien, pas de grosse trace de sang. Pas de sang, mais autre chose vint garder l’attention de Lucie sur le corps inerte de la jeune femme. Elle était revêtue d’une sorte de combinaison verte et noire. Jusque là, rien de « trop » spécial dirons-nous. Mais il y avait autre chose, chose perturbante sur cette combinaison : une faible lueur verte émanait au niveau de la poitrine de la demoiselle. La rondouillette était comme captivée et approcha doucement sa main vers cette petit lumière. Brusquement, elle ramena sa main vers elle, secouant sa tête pour se remettre les idées en place. Elle en oubliait presque l’état de la jeune femme. Il fallait qu’elle la sorte de ce trou. Ni une, ni deux, la rousse enrobée passa un des bras de l’inconnue par-dessus son épaule, et finit par prendre la demoiselle dans ses bras à la manière d’un marié portant sa nouvelle épouse. Elle n’était pas légère de par sa taille, mais qu’importe, Lucie n’était pas faible. Lucie n’était pas du genre à laisser quelqu’un blessé dans un endroit pareil.

Elle se redirigea vers sa maisonnette où la porte était restée grande ouverte. Elle monta doucement les marches de son entrée, tournant légèrement sur elle-même pour passer la porte avec le corps de l’inconnue dans ses bras sans encombre. Elle prit direction de sa chambre où les chats miaulaient encore de peur. La jeune femme rousse déposa délicatement cette demoiselle au nom encore inconnu. Lucie fit signe à ses chats de descendre du lit et referma la couette chaude sur la brune. Elle partit dans la salle de bain, récupérant une petite bassine et la remplissant d’eau tiède, peut-être tendant vers le frais, en plus d’un gant de toilette. Elle revint dans la chambre avec la dites bassine, frottant très doucement le visage de la demoiselle. Une fois la toilette du visage faite, elle prit une chaise, l’approchant du lit et s’asseye dessus. Elle regardait cette jeune femme, guettant le moment où elle se réveillerait. Mais la fatigue de la journée l’emportait sur la bonne volonté de la rondouillette, et celle-ci s’endormit sur la chaise, dans son gros peignoir et les bottes aux pieds…