Défi d'immortelles, ou comment occuper une déesse.

Le monde est comme à son habitude. Cruel, injuste, avec son lot de heurs et de malheurs, de morts et de naissances. Et nous autres dieux, ne savons que faire pour tromper notre ennui profond venu du passage inlassable des ans, qui, à contrario d'un humain, ne nous rends pas fous mais dépressifs. Intemporalité presque incarnée, nous avons déjà eu l'occasion de tout voir, de tout connaître, ou presque. Éternels jouets des nos passions lascives, nous guerroyons entre nous pour de vains prétextes, le temps de s'assurer que la vie coule encore et toujours au fond de notre être, avant de retourner à notre catatonie habituelle, vieux compagnon dont la présence est coutumière, que les prières de fidèles ne font que lui tourner le dos. Nous faisons jouer les humains dans notre paume, se battant en notre auguste personne pour la suprématie d'un souhait que le vainqueur exerce au vaincu.

C'est l'un de ces défis, compétition de deux champions à l'apogée de leur vigueur, qui va vous être conté.

Tout commença après une énième défaite d'Arès aux échecs contre moi, alimentant ma sempiternelle série de victoire à laquelle je ne puis jusqu'alors, échapper.
M'asseyant, une fois de plus, sur mon trône, prête à jeter mon corps et mon esprit en pâture à la lassitude, que j'eus une visite pour le moins inhabituelle.


-Aphrodite? Que me vaut le plaisir de te voir venir personnellement jusqu'à mon temple?

La strategie d'Arès aux echecs était toujours la même : Planifier tout sur la reine, la même que dans la réalité : Tout miser sur la piece la plus puissante pour faire trembler l'échequier adverse, c'eut été drôle sur les pions sur ce genre de jeux d'échecs n'étaient pas de vrais soldats de pierre animés. Malheureusement pour Arès, Athena passait son temps a le ridiculiser en utilisant les pions, les pieces les plus inutiles selon le dieu de la guerre, pour retourner la situation, parfois atteignant le fond de l'échiquier pour transformer ces pieces inutiles en puissantes Reines. Jouer Avec Arès c'était jouer avec un homme qui se souciait peu de son armée et qui était près a tout sacrifier pour tuer le général ennemi, même mettre son Roi a portée de coup. Arès était plus a l'aise quand il s'agissait de champions, que ça soit dans la vraie vie ou dans l'autre...Et bien sur, au lit, mais ça Athena ne pouvait pas comprendre. C'était ce qu'elle aimait chez Arès, il s'embarassait peu de détails quand il en venait a ça, c'était ce qu'on attendait d'un homme après tout, il n'était pas fait pour utiliser sa tête.

Elle lança un sourire en coin a Arès tandis que celui ci se retirait du temple. Ce n'était pas aujourd'hui qu'il battrait la déesse de la strategie a son propre jeu. Aphrodite s'approcha d'Athena et se mit en face d'elle devant l'échiquier.

"Oh rien de bien personnel, étant une déesse je peux venir personnellement dans le temple de mon choix, et je peux même être dans plusieurs des temples de mon choix. Néanmoins je suis venu te tirer de ta lassitude en te proposant un petit jeu."

Aphrodite lui lança un sourire Sybillin. S'asseyant a la table elle toucha délicatement l'échiquier du bout des doigt, l'efleurant comme si c'était la surface d'une coupe, et celui ci se changea en une large coupe remplie d'eau pure.

"La dernière fois que nous avons été face a face pour un défi, les troyens et les grecs sont entrés en guerre. Néanmoins nous allons commencer par quelque chose d'un peu plus discret, vois tu, si je t'ai informé toi, la déesse de la sagesse de la véritable condition de ce monde, c'est que tu me seconde, et pour me seconder il va falloir que tu me prouve que l'Athena de mes souvenirs n'a pas rouillé."

Elle modela entre ses mains une figurine d'argile grossière représentant un homme avec une surcharge pondérale visiblement qu'elle plaça dans la bassine d'eau, celle ci se mit en place comme une piece sur un echiquier.

"Je te propose un affrontement, ton champion contre mon champion, dans une lutte ou tous les coups seront permis, nous n'avons pas le droit d'intervenir bien sur. Ainsi je m'assurerais que tes talents sont toujours intacts. Mais les jeux des dieux ne seraient pas ce qu'ils sont, si il ne devait y avoir de perte."

Aphrodite eut un sourire doucereux.

"Faisons un pari, pour que la perdante n'aie vraiment...Pas envie de perdre."

Et bien! Voilà qui promettait du spectacle. Quand Aphrodite est de la partie, les choses sont rarement ce qu'elles semblent être. Pour un défi de champion, il me fallait un humain. Quelqu'un qu'elle ne pourrait pas contrôler comme ceux qu'elle a créés. Si je savais qu'il y aurait des coups en douce? Disons que je l'escomptai.
Je savais qui choisir, un homme extraordinaire en bien des points. Un guerrier dont la volonté et la force de caractère ont réussi à m'empêcher de l'inspirer en plein milieu d'un combat. Et je dû bien admettre qu'il n'en avait finalement pas eu besoin.
Là était justement mon problème: le faire participer à ce petit jeu. Il faudrait que j'aille le voir en personne pour parler avec lui. A moins que...


"-Ta proposition est très intéressante. C'est vrai que le dernier a finit assez tragiquement. J'ai le champion qu'il me faut."


Je déposais une statuette en bois d'olivier, avec elle aussi une surcharge pondérale légère, dans le bassin, mais celle-ci ne se plaça pas comme l'autre, flottant comme un simple bout de bois.

"-Comme tu le vois, mon champion n'écoute pas vraiment. Il faudra que le tiens aille le chercher. Mais pour l'instant parlons du défi en lui-même.
Qu'as-tu en tête? Un simple duel serait bien peu amusant.
Tu as parlé de pari, ça me va. Mais y a-t-il vraiment quoi que se soit qui pourrait te faire regretter de perdre?"