- Profite bien de ta dernière minute de vie, mortelle…
Les yeux de ma proie s’agrandirent sous l’effet de la surprise. Elle avait peur. Elle haletait, même, et je pouvais sentir sa sueur aigre couler le long de sa peau, la rendant huileuse et brillante. Les humains me dégoûtaient, pour la plupart. Ils étaient tous si faibles, si faibles… Et cependant, ils se croyaient encore supérieurs, et se permettaient de réduire en esclavage des formes de vie bien plus passionnantes et plus honorables que les leurs. Les terranides, par exemple. Comme mon fils. Mon précieux Tarma, qui était menacé chaque jour de finir dans la cage d’un esclavagiste malveillant. Je poussai un cri de rage. Malgré toute la volonté que j’y mis, il demeurait mélodieux et agréable à écouter. Parfois, autant de perfection et de charme me tuait. J’avais envie d’être horrible, défigurée, effrayante même, dans ces moments là. Mais je n’y pouvais rien. Ma nature de vampiresse rendait les choses très compliquées, car je me devais, j’avais été créée, pour être en tout point attirante, afin de mieux chasser mes proies. J’étais dangereuse, mortelle, sadique, et pourtant chaque humain qui tombait entre mes griffes se laissait faire avec plaisir lorsque je buvais son sang. Créatures pitoyables… De colère, je plantait mon poing fermé dans le ventre de la jeune femme que j’avais attrapée sans aucun effort. Elle allait regretter d’être tombé sous le charme de la plus redoutable des créatures hantant ces nuits. Moi. Je ne suis pas une fausse modeste, ni une vantarde. Mais j’ai foi en mes capacités, bien plus élevées que celles d’un vampire normal, et je sais que je n’aurais aucun mal à me débarrasser d’un éventuel ennemi inopportun. Sous le choc, ma proie gémit, et commença à se tordre dans tous les sens, comme si elle se débattait. La bonne blague. Elle avait voulu se retrouver entre mes griffes. Je la regardai.
- Alors ? On ne désire plus la mort ? Pourtant, c’est ce que tu voulais, non ? Pour quelle autre raison te baladerais-tu en petite tenue, dans un des quartiers les plus mal famés de ma connaissance ? Et les dieux savent si j’en connais, des quartiers… Tu voulais juste attirer la mort, comme un cadavre attire un vautour. Ou plutôt comme un nageur à la peau sanglante attire le requin qui lui tourne autour depuis déjà des heures. Donc ne fais pas semblant, et laisse toi faire. Sois digne au moins dans la mort, je te prie.
Sa bouche s’ouvrit d’effroi, mais elle la referma, comprenant. Nous jouions chacune un rôle, cette nuit. Elle était la proie, j’étais la prédatrice. Elle était la condamnée, j’étais le bourreau. Rien n’y changerait grand-chose, et ses plaintes ne feraient que perturber le bon déroulement de la scène. Tout pourrait très bien se passer, alors pourquoi compliquer les choses ? Elle n’avait qu’à se laisser faire. Après tout, si c’était pour refuser le papier, autant ne pas postuler. Je souris, dévoilant deux canines luisantes sous l’éclat morbide de la lune. Cela aurait pu être pire. Au moins, elle mourrait dans un contexte agréable, et ne souffrirait pas trop. Me penchant sur son cou, je la sentis frémir, mais je savais qu’elle ne se débattrait plus. Elle avait accepté son sort, et s’était résignée. Elle allait mourir. Un petit rictus déforma ma bouche. Que les humains étaient faibles, à s’offrir ainsi à ce qu’ils appelaient le Destin, sans même tenter de le modifier, ou même d’écrire leur propre vie. Cette fille aurait pu vivre. Elle aurait pu avoir des enfants, un mari, un métier. Des relations. Au lieu de ça, elle avait crû bon de se jeter dans la gueule du loup, habillée en corset et bottines. La seule chose qui couvrait son entrejambe était une petite culotte blanche et innocente. J’étais dégoûtée. Gâcher un si bon plat, alors qu’elle aurait pu l’améliorer, encore. Mais c’était son choix, et je me devais de jouer mon rôle jusqu’au bout. Pour lui rendre le tout plus agréable, je passai ma main entre ses cuisses, et la touchai, lentement. Presque aussitôt, elle laissa échapper un léger soupir de plaisir, et je sentis son sexe s’humidifier. Dès lors, je plantai mes crocs dans sa tendre gorge blanche, et me mis à boire, sans cesser de la stimuler, qu’elle pense à autre chose. Mes doigts ayant l’habitude d’accomplir de tels travaux, elle vint rapidement, ce que j’avais escompté. J’avais calculé à temps. Elle mourut en atteignant l’orgasme, tandis que je me repaissais de son sang.
Alors que je relevai les yeux, enfin tranquille, apaisée parce que j’avais accompli mon devoir tout en me nourrissant jusqu’à plus soif, je sentis une présence. Bien entendu, j’aurais dû la repérer avant. Mais il faut avouer que je n’en avais cure, d’être observée. Rien ne pouvait me blesser, et ma célérité était plus qu’appréciable. Me redressant, abandonnant là le corps de la jeune femme qui m’avait servi de repas, je cherchai, et trouvai sans mal, celle qui avait assisté à mon repas. Souriante, j’écartai les bras en un signe de bienvenue, l’invitant ainsi à se rapprocher, car elle était perchée sur l’un des immeubles qui me surplombaient.
- Il semblerait que nous ayons une nouvelle actrice… Quel rôle joueras-tu, je me le demande…
[Comme dit via MP, j'avais envie de tester la première personne afin de voir ce que ça donnera...]