Un invité, vous dites ?

Le manque de motivation était constant en cette période. Surtout du côté des domestiques. L'été approchait, et chacun savait qu'il passerait sa soirée à servir le patron, plutôt qu'à s'amuser ensemble. Ils recevraient une connerie comme cadeau, et l'ingratitude planerait. Avec un peu de malchance, Kina serait appelée pour "l'aider à dormir". Enfin, point positif, au moins, elle ne passait plus ses nuits dans la rue, avec un rude hiver sur les bras. Elle n'était pas de nature à tenir face au froid, que ce soit celui de Janvier comme celui de Septembre. Elle savait que trouver un emploi était dur, et restait persuadée qu'elle avait eu de la chance que cet homme accepte une sans-abri dans son manoir.

Enfin, persuadée était un grand mot. Elle comptait les jours qui la séparait du printemps, pressée de pouvoir enfin sortir d'ici, de dormir dehors, dans le parc, sur une branche, comme avant. Elle fit aller ses pieds de droite à gauche, assise sur la table de la cuisine. Djinn, la cuisinière étrangère, laissait mijoter un repas qui sentait les épices à plein nez. Elle se tournait vers Kina, qui triturait nerveusement son vêtement, elle avait échangée sa tenue de maid contre une robe qui était à la fois large et moulante, et mit les mains sur ses hanches.

- Tu ne veux pas prendre l'air, petite ?
- Nooon, répliqua Kina en soupirant, le visage entre les mains. Tu es folle ! Il pleut des cordes !
- Si tu fais un pareil visage, l'invité de Monsieur te fera aussi vilain visage !

Elle poussa un nouveau soupir, et s'affala sur la table. Une sonnette tinta, et aussitôt, Kina se dirigea vers le salon. Son patron était affalé sur un fauteuil en cuir. Il lui demanda de préparer quelque boissons et amuses-gueules. Au moment de partir, il fronça les sourcils.

- Et ta tenue ?
- Habituellement, j'ai terminé à cette heure, assura t'elle.
- Soit, soit ... Garde cette robe, mais tu nous feras le service cette soirée.
- Mais ...
- Las, las, je suis las. Ne discute pas. Mon invité ne va pas tarder, tâche d'être présentable.

Kina murmura quelques insultes en retournant dans la cuisine pour executer son travail, guettant par la fenêtre. Il pleuvait ... Une voiture venait d'entrer dans le parc.

L'ennui. Oui, Destin s'ennuyait. Il avait eu une dure semaine. Des mauvaises nouvelles tombaient par dizaine sur le jeune homme. Tout d'abord, sa mère d'adoption venait de passer l'arme à gauche. Pas vraiment que cela ne le rend triste, mais surtout qu'elle avait écrie dans son testament qu'elle donnait son "empire" à Destin. Chose qui la à première vue légèrement étonné, lui qui avait quand même violer sa gouvernante. Cela voulait dire qu'il allait devoir s'occuper de la boite qu'avait sa mère. En vérité, bien qu'étant née sur Terra, la mère de Destin avait quand même battit un empire commercial sur terre. C'était surtout sa la première source de Revenu des Shuku.

Et vu que la folle n'avait pas d'enfant, c'était sur Destin que reposait les espoirs de la boite. Quand il se présenta aux employés, ils étaient quasiment tous surpris et pensaient que c'était une blague, dût à son physique d'adolescent de 17 ans. Mais leurs doutes disparurent rapidement, quand les revenus doublèrent. Destin avait un certain don pour le commerce, surtout qu'il avait réussi à faire quelques fusions avec d'autre boites dont leurs patron était une personne de la gente féminine. On se demande pourquoi; non ?

Trois jours avant, le jeune homme était toujours sur Terra. Assis à une table dans son salon. Le silence régnait, et on entendait seulement le crépitement du feu venant de la cheminée. Destin avait la tête dans les nuages, fixant sa fenêtre, plus précisément l'extérieur. Tenant un crayon dans la main, beaucoup de papiers étaient sur la table. Le silence quasi-parfait fut alors plus parfait du tout quand la servante de Destin, habillé en tenue de Soubrette comme d'habitude entra, tenant un plateau où était disposé un verre et une carafe d'eau.

Destin tourna la tête, voyant la soubrette déposer le plateau sur la table, à coté des différents papier. Elle pris alors la parole

 « Maitre Destin, voilà pour vous. C'est une lettre. » Dit-elle, tout en tenant une enveloppe à Destin
 « Merci, Noah. »

Le jeune homme pris alors l'enveloppe pour en sortir la fameuse lettre. Les yeux rivés sur la lettre, il commença à la lire. Une fois ceci fait, il poussa un léger soupir d'exaspération, jetant le bout de papier au sol. Noah, légèrement étonnée, demanda alors

 « Quelque chose vous offense dans cette lettre, si je puis me permettre, Maitre ? »
« Un cinglé m'invite chez lui. C'est le troisième ce mois-ci ! Il veut que je vienne dans sa demeure, sur terre, dans trois jours ! Mince... »
 « Vous savez très bien qu'il faut y aller. Il ne faut pas briser votre image de marque, Maitre. »
« Oui, je sais... Si la vieille avait pas sauter dans la tombe à pieds-joints.. !! »

*** Trois petits jours plus tard ***

La pluie. Destin n'aimait pas particulièrement la pluie. Il était toujours trempé jusqu'au os quand il sortait sous la pluie. Et puis, il ne pouvait pas vraiment sortir. Et donc, il ne pouvait pas "s'amuser" avec des jeunes gens. Lui qui aime tant cela. Bref, il étais tranquillement assis à l'arrière d'une voiture noire. Il était déjà en route pour la demeure de cet homme qui l'avait invité. Il ne se souvenait déjà plus de son nom, il n'était pas si important que cela. Il ne resterait que le temps du repas que cette personne lui offrait. Il partira dès qu'il le pourra.

Après une vingtaine de minute, ils arrivèrent devant un grand manoir. Il était vraiment magnifique. C'était sa servante qui conduisait la voiture. Destin n'a pas d'autre majordomes ou d'autre maid, il n'a juste que Noah. Et c'était tant mieux, il n'aimait pas être entouré de beaucoup de monde chez lui. Bref, pour l'occasion, la grille qui menait au manoir était déjà ouverte. La voiture se gara prêt de cette même grille avant que Noah ne sorte avec un grand parapluie. Elle ouvra tour à tour ce parapluie puis la porte de la voiture. Destin sortit alors, allant directement se mettre sous son bouclier. Arrivé trempée jusqu'aux os était quand même mal vue.

Noah et Destin se dirigèrent alors vers la porte d'entrée du Manoir. Arrivé devant l'immense porte, La maid dit au jeune homme

 « Je vous attendrais ici, comme convenue. Vu que vous n'avez pas vraiment d'heure pour rentré. »

Oui oui, Noah allait rester ici durant tout le repas ou plus. C'était vraiment quelqu'un de fidèle. Bref, Destin sourit à sa servante tout en montrant une affirmation d'un signe de tête. La soubrette partit alors pour s'installer dans la voiture. Destin regarda alors la porte, toquant grâce au machin qui sont sur les portes de manoirs avec le qu'elle on toc. ( me souviens plus du nom, osef. ). Heureusement, il n'était pas mouillé. Il était simplement habillé d'un costard-cravate noir comme le jais, son haut-de-forme apparemment d'une rose rouge et le pommeau de sa canne représentant un crâne. Il attendit simplement qu'on vienne lui ouvrir, se demandant ce qui allait arrivé durant cette soirée.

Aussitôt, la porte lui fut ouverte par une jeune femme blonde, un peu tremblante, l’invitant d’un geste de la main à entrer. Le temps était bien capricieux, ces temps-ci, ainsi, elle claqua aussitôt la porte dés qu’il fut rentré. Le vent se levait, ce n’était pas recommandé pour la santé de traîner dans les courants d’air.
Elle conduisit Destin jusqu’à une pièce richement meublée – on se serait cru dans un manoir d’un Lord anglais – et l’y abandonna, face à un homme élégamment vêtu, aux cheveux noirs longs, qui le salua d’une petit révérence.

-   Veuillez excusez Nicole, dit il en désignant la jeune domestique qui lui avait ouvert la porte. Elle est née muette.

Il eut un petit sourire, et invita aussitôt Destin à s’asseoir sur un des fauteuils en cuir de ce salon. Il y avait une belle cheminée, où crépitait un feu accueillant, et de nombreux tableaux néo-classiques et romantiques, dans le genre Ingres ou Courbet. Cet homme était cultivé, semblait avoir de bons goûts artistiques, il n’y avait pas de doutes là-dessus, et possédait suffisamment pour se payer des tableaux d’auteurs.

***

De l’autre côté, Kina préparait patiemment les amuse-gueules. Ils causeraient affaires, et elle partirait vite, elle le pressentait. Elle ne détestait pas son patron, non, mais préférait de loin gambader dans le parc sous le soleil que cuisiner sous la pluie. Elle maudit intérieurement cet invité, grognant, faisant des gestes brusques et maladroits, réprimandée par la cuisinière.

Dés que tout cela fut fini, elle appela Nicole, lui demandant de ramener les boissons aux deux hommes, tandis qu’elle se chargerait des petits plats. Elle enfila sous les yeux ébahis et étonnés de la cuisinière sa tenue de maid – pour plaire, pour paraître bien, après tout elle n’était qu’une domestique, pas la peine de se faire passer pour une dame – et sortit de la cuisine.

***
 
De l’autre côté, l’homme s’arrangeait pour mettre son invité à l’aise. Il visait sa société, et ce garçon ne semblait pas difficile – selon lui – à manipuler. Il possédait quelques arguments de poids …
Il accueillit avec un sourire les deux femmes qui apportaient l’apéritif.

-Ah ! Ne sont-elles pas délicieuses ! s’exclama t’il joyeusement.

Nicole eut un rougissement, Kina eut une grimace agacée. Elle ne se sentait pas d’humeur à faire des courbettes et des révérences. Elle trouvait qu’elle en faisait déjà suffisamment. Alors, tandis que Nicole disparaissait, elle attrapa un des amuse-gueules et l’enfourna dans sa bouche aussitôt, tandis que son maître tournait le regard autre part, avant d’essayer de s’enfuir.

Destin n'eut pas à attendre longtemps avant qu'une jeune femme blonde n'ouvre la porte. L'invitant à entrer, le jeune homme pénétra alors dans la demeure, entendant la porte se refermer derrière lui. Il suivit alors la jeune femme jusque dans une grande pièce, très bien meublée, avant de repartir. Destin observa alors chaque tableaux qui étaient tous aussi magnifique, et chers, les un que les autres. C'est à ce moment qu'il vit la personne qui l'avait invité ici, un homme bien habillée aux cheveux noirs. Il lui fit une légère révérence, Destin faisant alors de même. Il expliqua ensuite que la servante qui avait ouvert la porte, Nicole, était née muette. Destin tourna alors son regard vers la jeune femme, c'était triste de ne pas pouvoir parler.

Il l'invita ensuite à s'assoir sur un des magnifiques fauteuils en cuir. Il y pris alors place, regardant le feu de la cheminée durant quelques secondes. Destin savait bien qu'il n'avait pas été invité juste pour faire connaissance. Il avait gagner en réputation depuis quelques temps, et souvent il est là pour parler affaire. Son air de petit garçon bien élevé n'était maintenant plus un piège seulement pour les femmes, mais aussi pour les patrons de grande société. De toute façon, il le verra bien.

L'homme tourna alors la tête. Destin suivit son regard, voyant Nicole et une autre jeune femme apporter l'apéritif. L'une était Nicole, mais son regard était surtout attiré vers la seconde jeune femme. L'homme s'exclama alors, disant qu'elles étaient délicieuses. Il avait raison, mais ce qui fit sourire le jeune homme était la réaction de l'autre servante : Une grimace agacée. L'homme tourna la tête et alors que Nicole venait de partir, cette jeune femme enfourna un amuse-gueule dans sa bouche, profitant de ce détournement d'yeux.

Cette soirée promettait d'être intéressante, Destin dit alors :

« Mais dites-moi, vous ne m'avez pas présenter cette servante... Aurais-je l'honneur de connaitre votre nom, mademoiselle ? »

Il sourit alors à la jeune femme. On voyait qu'elle essayait de s'enfuir, mais en disant cela, il allait surement attirer l'attention de l'homme pour qu'elle reste à leurs cotés. Pourquoi ? Simplement car cela allait surement l'agacer, c'était juste pour rire un peu. Et puis, cela lui donnait envi de rester un peu plus de temps qu'il croyait rester. Mais il fallait quand même entrer dans le vif du sujet, l'amusement particulier qu'aimait Destin passera après.

« Ah, oui. Je ne pense pas que vous m'avez invité seulement pour diner, non ?... »

Il était direct, au moins.

L'homme posa les yeux sur Kina Mara, qui engloutissait avec difficulté son amuse-gueule. Elle toussa légérement, puis eut un sourire et un regard envers son patron, un regard suppliant, l'implorant de ne pas la laisser participer à cette conversation. Elle n'aimait pas parler, elle préférait sa cuisine chaude et silencieuse à toute cette agitation où l'économie était le maître-mot, et où elle ne comprenait aucun autre mot d'ailleurs.
Elle sursauta quand un orage violent fit trembler les murs de pierre du manoir, et s'en voulut ensuite de se montrer si émotive.

- Elle se nomme Kina Mara, une vagabonde que j'ai accueillie ... commença l'homme.

Elle faillit grogner et serra les dents. Une vagabonde ? Quel salaud ! Elle serra aussitôt les poings, s'efforçant d'afficher une figure heureuse et apaisée, du genre " Ce que tu dit ne me touche pas ", tandis qu'il lui lançait un regard amusé.

- Elle est adorable, quand elle veut, continua t'il. Mais pour le moment, il semble qu'elle ne veuille pas parler ... Cela lui viendra, ne vous inquiétez pas.

Il but une nouvelle gorgée, ordonnant à Kina du regard de ne pas bouger et de rester sagement assise sur un siège non loin d'eux. L'homme savais trés bien que, si Kina plaisait à cet homme, la partie serait presque gagnée. Il n'avait pas de honte à l'exhiber ainsi pour s'attirer des complaisances et des compliments.

- Mais oui, effectivement, je me dois de vous parler affaires ... ( Kina leva les yeux au ciel et s'affala sur le siège d'une manière peu convenable, blasée ) ... Car j'ai été un des précieux collaborateurs de votre mère. Etant donné que vous êtes à la tête de cette société aujourd'hui, je vous demande donc si vous acceptez encore ma collaboration et, pourquoi pas, d'autres affaires...

Il but à nouveau, lui souriant d'un air aimable.

Destin avait reporté son regard sur la jeune femme tout en entendant les dires de l'homme. Il expliqua que c'était une vagabonde et qu'il l'avait accueillie chez lui. Destin voyait très bien au visage de la jeune femme que ses paroles étaient légèrement déformées. Fermant légèrement les yeux, il reporta son regard à l'homme qui continua à parler, disant alors qu'elle était adorable quand elle le voulait et qu'elle parlera surement plus tard

« Oh. Vous êtes un homme vraiment bon pour avoir recueillis une.. vagabonde en votre sein. »

La flatterie. C'était vraiment quelque chose de magnifique. Les 3/4 des hommes étaient sensibles à la flatterie. Et c'était vraiment bénéfique pour Destin. C'était le meilleur moyen pour faire croire à l'homme qu'il est parfait, magnifique, pour après mieux le piéger à son propre jeu. Il dit ensuite qu'ils devaient parler affaires. Ainsi, il expliqua qu'il était un des précieux collaborateurs de sa mère, demandant si ils pouvaient continuer leurs collaboration, et pourquoi pas d'autres affaires.

Destin fit mine de réfléchir pendant quelques secondes, ré-ouvrant les yeux avant de dire

« Bien-sûr que j'aimerais continuer notre collaboration. Mais... d'autres affaires ? Cela m'intéresse... Dîtes m'en plus... »

[court, désolé ^^']

Quand l’homme entendit la question  de Destin, un sourire se dessina sur son visage. Il leva les yeux vers Kina, des yeux brillants, et toussa légèrement. La jeune femme comprit qu’elle aurait affaire à lui dans peu de temps.
Elle détestait cela, avoir l’impression d’être traitée comme une vulgaire marchandise, que l’on peut balader comme on le désire. Mais elle se savait sous son emprise, et ne pouvait répliquer. Obéissante, elle se leva, tandis que son patron lui indiquait d’un mouvement de tête la cuisine.

-   Va nous chercher à boire, ordonna t’il d’une voix douce.

Elle s’inclina, et partit vers la cuisine. Voilà. On allait parler d’elle. Elle tapa du poing contre la porte, et la cuisinière la réprimanda aussitôt d’une voix dure. Elle lui informa qu’elle allait bientôt partir, qu’il fallait qu’elle rentre chez elle, mais que Kina trouverait sans soucis les boissons adéquates dans la cuisine. Et là, ça y est, elle se sentait seule au monde. Elle ouvrit le frigo, la tête emplie de questions.
De l’autre côté, l’homme se penchait vers Destin, avec toujours cet air si sérieux et si mondain.

-   Quand je parles d’affaires, je pourrais aussi parler d’arrangements, dit-il à voix basse. Dites-moi tout ce que vous voulez, et je vous l’offrirais.

Il sourit à nouveau. Dans la cuisine, Kina n’osait pas bouger, la bouteille dans la main, de peur de voir, d’entendre des choses qui la mettrait mal à l’aise.

Tout ce passait très bien pour l'instant. Destin savait que l'homme espérait le "corrompre" à l'aide de la jeune femme, et de toute façon, n'importe quelle idiot aurait deviné ça. Destin l'avait aussi tenté de faire ce genre de chose avec ces paroles, et c'était un peu le but. Il peut toujours avoir les deux, la jeune femme et la collaboration de l'homme, mais qu'elle était vraiment l'enjeu ? La jeune femme ce leva, avant que l'homme ne lui demande d'aller chercher à boire. S'inclinant, elle partit quelques secondes plus tard.

Le voyant ce pencher vers lui, Destin savait que cet être aller maintenant lui parler de tout cela. Il lui expliqua quand parlant d'affaires, il peut parler aussi d'arrangements. Et que tout ce que Destin voudrait, cet homme lui offrirais.

C'était vraiment un choix difficile. Destin fit un léger sourire à l'homme, avant de dire

« Ce que je veut ...? Je pense que vous l'avez déjà deviné... non ? Cette ravissante jeune femme... »

Il ferma les yeux, avant de continuer

« Mais... ce n'est pas gratuit... N'es-pas ? »

Au moins, il était une nouvelle fois direct. Il dit ce qu'il veut, et l'homme lui dira ce qu'il veut en échange. Histoire de ne pas être pris au dépourvu...

L’homme se renversa dans son fauteuil, affichant un sourire arrogant. Il comprenait vite, ce gamin ! Mais il savait très bien ce qu’il voulait, envers et contre tout, et était prêt à sacrifier sa chère et tendre maid, envers laquelle il était si protecteur, si jaloux, en échange d’une chose capitale à ses yeux. Il entendit les pas feutrés de Kina, qui ne tarderait pas à revenir, avec un nouvel alcool coulant à flot, qui rendrait l’atmosphère plus propice à certains divertissements, et passa sa main dans ses cheveux.

-   Votre futur contrat … Je ne souhaite que 50% des parts. Et seulement ce contrat là.

Un chiffre énorme, mais il avait besoin d’argent, et connaissait bien la société que venait de récupérer Destin ; une société florissante, riche, que tout le monde aimait et respectait. A cet instant, la jeune femme entra, le plateau dans les bras, tandis que l’homme se retournait vers Destin. Kina sentit la piège se refermer sur elle.

-   Qu’en dites-vous ?

Il avait une lueur malsaine, affreusement amusée dans les yeux. Il avait besoin de cet argent, tout de suite. Et il avait son argument de choix.

Destin était pensif : Comment avoir la société de l'homme en plus de sa maid ? La était toute la subtilité de cet entretien. Fermant lentement les yeux, c'était tout de même un gros coup, même si ce qu'il possédait était pauvre, c'était mieux que rien. Ouvrant lentement un oeil, il écouta attentivement les paroles de l'homme. 50% des recettes. 50 ?! Non mais c'est énorme ! C'était vraiment... Destin ne réagit pas tout de suite, son visage restant de marbre face à la somme qu'il lui demandait. Il vit alors la jeune femme revenir, un plateau dans ses bras, avant que l'homme ne parle à nouveau. Il venait de lui demander ce qu'il en pensait. Il croisa les bras, avant de rire, tout simplement.

Un rire ironique, fort. Le rire faisait vraiment froid dans le dos, c'était presque un rire de fou. Il reprit lentement ses esprits, quelques mèches de ses cheveux tombant sur son visage. Il poussa un long soupir avant de répondre

« 50%... Vous vous moquez de qui ...? Juste pour cela ? Et puis... Je ne suis pas convaincu de la valeur de la marchandise, si vous voyez ce que je veut dire... »

Une parole pleine de sous-entendu. Il l'avait fait exprès, voulant tout d'abord voir d'autre arguments de la part de l'homme, mais surtout pour voir la réaction de la jeune femme. Comment allaient-ils réagir ...? C'était la question que ce posait maintenant le noble.

Pour lui qui pensait les hommes d'affaires plus naïfs ... Habituellement, il parvenait à les entourlouper avec ses quelques femmes, et l'affaire était dans le sac. Il ne vivait que sur cela, le commerce de ses maids contre de l'argent. Dis comme cela, d'ailleurs, on croirait une affaire de proxénétisme sordide. Mais il savait bien que ses maids ne le vendraient jamais, et qu'il ne risquait rien. La parole et le chéquier d'un homme riche et puissant contre la parole de quelques maids un peu ignorantes ... Il s'en sortait toujours.
Il poussa alors un long soupir. Et croisa les mains, semblant réfléchir.

De l'autre côté, la jeune femme avait pris sa moue éhabie, puis outrée. Ses petits sourcils étaient froncés, ses poings serrés. Comment osait-il la traiter de marchandise et, pire encore, oser dire qu'elle n'étais pas de bonne qualité ? Elle le fusillait du regard, ne cachant pas sa rage.

- Comment osez-vous ... commença t'elle.

Son maître la fit taire d'un geste de la main. Elle voulut répliquer, et il lui adressa un regard qui en disait long sur ses intentions. Elle se tut finalement.

- Je peux vous assurer que je ne tente pas de vous avoir, lança t'il. Si vous voulez, je peux baisser à 30%. Si cela vous arrange. Je suis un homme d'affaire, je vois toujours trop gros, veuillez m'excuser.

Il s'alluma une cigarette, et fit signe à la jeune femme de rester ici et de ne pas bouger.

Ahhh ! Pourquoi cet homme n'avait pas de la grenadine ? C'est vrai, Destin est bien plus gentil quand il en boit ! Mais là y en a pas ! Il était même dans un état de manque ...!! Bon... Oui, c'est exagéré, mais quand même ! Un homme de goût a TOUJOURS une dizaine de bouteilles de grenadine à portée de main ! Non mais, ils se prennent pour qui ces pseudos hommes d'affaires ?! Euh, bref, revenons à nos moutons car là, je rentre dans mon propre délire, et c'est mauvais pour ma santé.

Destin tourna légèrement la tête, voyant le regard que lui lancée la jeune femme. Oh, que cela l'amusait. Il esquissa un sourire en la voyant le fusiller du regard comme ça. Elle avait surement devinée de quoi ils parlaient, ce qu'était la véritable nature de la "marchandise". Cela semblait être intéressant, très intéressant et la suite promettait. L'homme la fit taire alors d'un simple geste ce qui fit rire le noble.

Ce même homme prit alors la parole, abaissant cette fois les parts, à 30%. Non, 30, c'était encore trop. Il pourrait bien-sûr l'avoir par la suite, mais 30... Il savait très bien combien l'entreprise de Destin rapportait, et 30% c'était énorme, quand on convertissait la somme. Destin poussa un soupir avant de dire

« 10%. C'est ma dernière offre. »

Destin attendait maintenant la réaction de l'homme face à une nouvelle baisse des parts...

L'homme fronça les sourcils, et la jeune femme haussa un sourcil, les bras croisés sous sa poitrine. Elle n'était point une bécasse ! Elle devinait trés bien que - comme toujours - son maître usait de ses charmes pour atteindre un adversaires. Sauf que, généralement, elle avait pour mission de verser une boisson qui avait pour but de tuer la personne, pendant un éventuel apéritif.
Là, il n'en serait pas de même. S'il la "vendait", elle ne s'en sortirait pas avec du cyanure ou du venin. Elle était juste fichue. " Misère ... " elle ne souhaitait que s'enfuir en courant, mais ne pouvait se le permettre. Cependant, son caractére de cochon laisserait entendre qu'elle ne se laisserait pas faire. Elle grogna intérieurement, stagnant sans oser parler. La situation pouvait basculer d'un seul coup. Un coup de poignard, comme on le fait si bien dans le domaine de l'économie ... Mais cette fois, son maître ne semblait pas vouloir l'assassiner.

Elle jeta un coup d'oeil vers lui. Il hocha la tête.

- 10%, j'accepte.

Il avait une pointe de déception dans la voix. Mais il devait, au moins, se plier à ce genre de choses, histoire de renflouer ses caisses pour à nouveau nager dans l'argent. Il fixa Destin, à nouveau.

- Avez-vous d'autres désirs ... ?

Kina frissonna. Là, elle était censée entrer en jeu. Elle serait un pion important, mais avec quel rôle ... Elle jetait des regards perdus autour d'elle. Et elle inspira longuement, tandis que son maître lui faisait un sourire en coin.