Beuverie Héroïque [Pv: Travis]

A entendre le soupir que la jeune femme poussa en enlevant ses chaussures, Travis pouvait en déduire que la marche n'avait pas été une partie de plaisir pour elle. Enfin c'était compréhensible aussi beaux ses habits soient-ils, ils n'étaient pas pour autant très pratiques pour la promenade. D'ailleurs le fait qu'elle retire également ses jambières lui confirmait ses pensées. Il ne put s'empêcher de poser son regard un instant sur ses jambes qui étaient d'une pâleur extrême mais parfaitement proportionnées. Elle s'assit donc à ses côté et se laissa gentiment glisser au sol afin d'être dans la même position que le jeune homme. On pouvait la sentir se détendre entièrement, relâchant toute la pression accumulée dans la journée et dans la semaine. Il n'y avait vraiment rien de mieux qu'une soirée tranquille à ne pas se prendre la tête et se coucher dans l'herbe constitue  une réelle détente.
Travis observait le soleil descendre lentement, il atteignait enfin les collines au loin. La nuit n'allait donc pas tarder et surtout, c'était le plus beau moment d'une journée quand on peut y assister aux premières loges secteur VIP avec un cadre comme cela. Ces moments étaient tellement beaux, Travis regrettait toujours de ne pas avoir appris à peindre, il en aurait volontiers fait des tableaux mais à la place, ces images étaient gravées dans sa mémoire pour tout le reste de ses jours. Il était en train de partir dans son monde, dans ses rêveries. Bientôt, il ne serait plus là pour personne, mais il en oubliait sa voisine qui n'apprécierait certainement pas d'avoir à faire à une pierre. Il avait toujours sa main serrée sur son instrument de musique et c'est alors qu'une douce voix l'empêcha de sombrer. « Je t'attends ». Elle attends quoi? Sur le coup, Travis ne savait que répondre. Vous savez quand on est tiré de nos rêves brusquement et qu'on ne comprend plus rien à l'endroit où on est et ce qu'on est sensé faire. Cette même voix s'excusa par la suite, lui disant de prendre son temps. C'est là qu'il émergea complètement.

- Oh je suis confus, oui pardon tu attends que je joue. Pardonne moi j'ai tendance à être un peu dans la lune par moments.

Travis prit son harmonica entre ses doigts et le regarda un instant, le présentant à la verticale devant lui, il réfléchissait un peu. Puis il prit l'objet entre ses deux mains, l'approchant gentiment de son visage. Il posa ensuite ses lèvres dessus, le contact était froid et il eu un petit frisson qui le parcouru, il souffla légèrement dedans pour en tirer sa première note. La première d'un instant d'improvisation pour reprendre un peu le contact avec cet instrument. Après avoir laissé ses notes virevolter au gré de ses émotions, il marqua une petite pause.

- Bon je vais faire le morceau dont je t'ai parlé précédemment.

Il s'élança donc dans cette course contre la musique. Course où il n'y a ni gagnant, ni perdant. Juste un humain et une mélodie qui courent côte à côte afin d'arriver à un but précis qu'est la fin du morceau. Et le but est justement de rester aux côtés de cette mélodie qui file sans s'arrêter avec le temps.
Sans prendre le temps de s'arrêter il enchaîna directement avec un classique qu'il aimait beaucoup. Une de ces musiques qu'il fait bon jouer quand on est seul à sa fenêtre et qu'on regarde les étoiles, en essayant de penser aux gens qu'on connait qui sont loin.
Une fois les morceaux terminés, il déposa l'harmonica sur son torse et regarda en l'air, comme s'il cherchait quelqu'un dans le ciel. Le soleil avait bien avancé dans sa course puisqu'il était maintenant presque couché, un mince filet de lumière écarlate filtrait encore au dessus de la montagne. Travis tourna ensuite son regard vers Frig.

- Voilà, excuse moi de t'avoir fait patienter.

   L'impatience est un défaut et Frig le savait bien. Mais c'était plus fort qu'elle. C'était encore quelque chose auquel elle n'avait jamais assisté, alors c'est bien normal d'être un peu... « impatiente »... Elle tira donc Travis de ses rêves pour l'entendre jouer et ainsi il s'exécuta. Pour être plus attentive à ce qui l'entoure, la jeune fille se mit sur le ventre, les bras croisées devant elle, et le visage tourné vers le jeune homme. Enfin la mélodie atteint ses oreilles. Pour la première fois elle entendait le son que produit un harmonica. Un son inconnu, assez particulier aux premiers abords, mais qui transmet beaucoup de nostalgie. Le sourire aux lèvres elle l'écouta, très attentivement, et cette fois-ci avec une patience sans limite. Elle pouvait l'écouter jusqu'à l'aube, si elle voulait, enfin... Si Travis avait assez de souffle pour pouvoir jouer tout ce temps...
   La nuit arrivait petit à petit, apportant sa fraicheur et son obscurité. Bercée par la mélodie, Frig coucha sa tête dans l'herbe, les yeux fermés. Mais ce fut vite (trop vite) qu'elle fut ramenée à la réalité par le silence. « Déjà fini...? »

- C'est pas grave... C'était... beau, magnifique, tout ce que tu veux... j'ai pas assez de vocabulaire pour exprimer ce genre d'émotions... Et désolée de t'avoir brusqué... Mais merci encore, de m'avoir accordé un peu de ton temps...

   Elle observa avec attention le paysage, profitant pleinement des derniers rayons du soleil d'aujourd'hui. Et lentement, il s'en allait, vers l'ouest, pour apporter le jour. Frig se releva sur ses genoux et attrapa son sac par la lanière pour le trainer jusque devant elle. Enfin, elle finit par sortir son contenu: deux bouteilles d'environ 50 cL contenant un alcool incolore, deux bouteilles d'eau, un sachet contenant plusieurs morceaux de sucre, et deux dernières bouteilles contenant un liquide vert. Et dire qu'elle comptait boire ça toute seule... elle allait frôlé le coma éthylique en buvant ça à elle toute seule, c'était sûr. Elle sortit aussi de son sac un verre et une cuillère à absinthe.

- J'espère que tu ne crois pas que je suis une alcoolique notoire...

   Elle laissa échapper un rire gêné. Sincèrement, il était difficile de croire le contraire. Mais bon... personne ne peut être contre un peu d'alcool de temps en temps... Cela faisait un peu de bien, de s'évader d'une autre façon, parfois. La jeune fille se rassis dans l'herbe les jambes ramenées verre elle, et attrapa la bouteille verte et son verre. Elle versa du spiritueux au fond de son verre avant mettre en équilibre la cuillère dessus, puis enfin le sucre. À son tour, l'eau vint rejoindre tout doucement le mélange, emportant avec elle le sucre. Une fois le verre plein, elle laissa tomber le sucre dans le verre et mélangea le tout avec la cuillère. C'était son rituel habituel à chaque fin de semaine. Elle porta le verre à ses lèvres et bu une gorgée, ou deux, et tendit le verre à son compagnon, avant d'ajouter avec un autre sourire:

- Tu en veux? Eumh... Si tu as soif, sert toi...

   Frig sentait encore dans sa bouche le goût amer de l'anis, qui descendait le long de sa gorge, accompagnée d'une sensation de bien être et de sérénité. Une sensation qu'elle trouvait agréable, après une semaine de cours assez ennuyeuse, comme toutes les autres... Elle sentait bien que la bouteille allait y passer assez vite...

[Je n'ai aucune excuse pour ma réponse tardive, pardonne moi, je ne sais pas comment ça se passera depuis Berlin mais là j'ai du temps alors je vais le prendre pour ici ]

Alors que le jeune homme était en train de laisse s'exprimer tous ses sentiments au travers son intrument de musique, la nuit tombait inlassablement, les étoiles pointaient le bout de leur nez et l'obscurité se faisait de plus en plus présente. C'était le moment que Travis préférait dans un coucher de soleil, lorsqu'il vient de disparaître et qu'il laisse place aux petits points de lumière qui lui rappelaient ses parents au fond.
Il s'arrêtait après avoir excecuté deux morceaux, peut être reprendrait-il plus tard. D'ailleurs il avait eu l'occasion de jeter quelques coups d'oeil à son auditrice, elle semblait avoir apprécié, même bercée et embarquée dans son propre monde. Il adorait cela, pouvoir transporter les gens. Au fond quand on joue un instrument de musique, on transmet son propre monde et on le laisse se confronter à celui des autres. C'était un véritable échange et il aurait pu ne vivre que par ça.
Une fois son petit moment terminé, la jeune Frig émergea et elle ne tarit pas d'éloges pour ce qu'il avait joué. Il était contant car au fond, sa mission avait été réussie. Il lui avait fait découvrire des nouvelles sonorités et probablement son monde.

- Merci beaucoup tu ne m'as pas brusqué ne t'inquiète pas, c'est très bien. Je suis content de voir quelqu'un d'impatient d'écouter de la musique et de découvrire des nouveaux univers. C'et plutôt une bonne chose je trouve.

Alors qu'il achevait sa réponse, il pouvait voir la jeune Frig ouvrire son sac et en sortir son petit matériel. Le fameux qui avait eu un curieux bruit peu de temps auparavant lorsqu'il lui avait ramassé son sac. Elle en soortit donc deux bouteilles. Et quelles bouteilles! L'une des deux contenait simplement de l'absynthe. Une des rares boissons alcoolisée à côté de la bière que le jeune homme pouvait boire comme du sirop. Il semblait que la soirée allait continuer sous les meilleurs auspices. Lorsqu'elle lui parla de sa consomation d'alcool, le jeune homme éclata de rire.

- Au vu de tout de ce que tu comptais ingurgiter, je peux déduire que tu as une bonne descente et donc que tu es plutôt habituée. Donc oui tu es une alcoolique notoire.

Il marqua une pause avant de reprendre.

- Mais au fond, tu es d'une agréable compagnie, tu écoute de la musique plus que bien et en plus, tu es certainemrnt l'une des plus jolies filles rencontrée dans ce fichu bahut donc comment pourrais-je t'en vouloir?

Il la regarda faire son petit manège. Le jeune homme se rdressa pour regarder un instant le lac qui était maintenant noir à cause de la nuit qui avait complètement pris la place de la lumière du jour, ils étaient maintenant éclairé par celle de la lune et des étoiles. La jeune Frig prépara son absynthe comme une pro. Il en savait quelque chose puisqu'il avait passé dans la région qui avait vu la naissance de ce fabuleux breuvage. Raison de plus pour croire qu'elle avait l'habitude d'en consommer. Après s'être servit elle tendi le verre à Travis, lui proposant de lui en voler un peu.

- Alors là, si tu me prends par les sentiments. J'ai encore moins de raison de t'en vouloir. Merci beaucoup.

Il prit le verre que la jeune Frig lui tendait et trempa juste le bout de sa lèvre supérieur dans le breuvage pour prendre une premiuère impréssion. Puis il en bu un peu avant de retendre son verre à sa propriétaire.

- Décidemment, tu es une fille qui a du goût, tant au niveau vestimentaire que musical ou encore au niveau boisson, bonne bouteille. Je te tire mon chapeau et merci encore.

- Tu es tout excusé si tu me pardonnes aussi pour mon retard (: -

   Elle savait que ça ne se faisait pas de se bourrer la gueule avec quelqu'un qu'on venait juste de rencontrer il y a moins d'une heure, mais bon, tant qu'à faire... tout cela partait d'un bon sentiment, après tout. Frig se sentait flattée par le fait que son compagnon apprécie l'alcool qu'elle partageait avec lui. Les fans de la délicieuse boisson verte se faisait rare, surtout dans ce coin du globe, où ce n'est pas coutume de boire ce genre d'alcool.

- Si j'ai autant d'alcool avec moi, c'est pour ce genre d'occasion qui peuvent survenir n'importe quand. Qu'est-ce que ça serait malpoli de ne rien pouvoir offrir à un invité... Donc, je ne comptais pas avaler tout ça par moi-même! Enfin... j'allais en boire une bonne partie, je dois avouer...

   Frig poussa un soupir amusé. Ce n'était pas la peine d'essayer de cacher la vérité, elle était démasquée, de toute façon. Puis ce n'est qu'un détail, après tout... Qui s'oubliera plus ou moins vite selon la vitesse à laquelle le niveau de liquide dans la bouteille diminuerait.

- Donc tu aurais une raison de m'en vouloir si nous devions restés ici, sans boisson!

   Elle répliquait comme pour se justifier d'une injustice, mais toujours sur un ton amusé. Après avoir repris son verre, Adelheid sourit au jeune homme.

- Merci.

   Puis elle finit le verre déjà grandement entamé. Ce remerciement, il était destiné à toutes les précédentes paroles de Travis, et aussi à sa présence. Ce n'est pas tout les jours que l'on rencontre quelqu'un avec qui on partage des centres d'intérêts.

   Le ciel était maintenant tacheté de minuscules points blancs lumineux qui étaient leur seule lumière. Le vent soufflait dans les branches mortes des arbres campant ici trois-cent soixante-cinq jours par an. Ce son était berçant, rappelant à Adelheid les premières et dernières journées d'automne. Elle éprouvait de la nostalgie en pensant à ces feuilles rouges orangées descendre de leur perchoir de bois... C'est son moment préféré de l'année, incontestablement. Il ne manquait plus que la pluie.

   Frig répéta le même geste pour son second verre d'absinthe, duquel elle but une autre gorgée avant de le tendre de nouveau à Travis. Elle profita d'avoir les mains libres pour tourner ses paumes face au ciel. D'infimes particules tombaient dans le creux de ses mains, à très petite quantité. La jeune fille leva les yeux vers le ciel, comme pour le sonder.

- Il va pleuvoir.

   Ceci dit, elle attrapa une des bouteilles de vodka et l'ouvrit avant d'en boire une petite goulée, le regard toujours rivé sur les nuages presque invisibles dans la nuit.