Faire confiance. Oui, je faisais confiance. Et je ri doucement à sa plaisanterie qui faisait écho à la mienne nous riions un peu ensemble, même si, je n’étais pas stupide, il y avait surtout du rire à ses dépens. En même temps, elle semblait un peu aux fraises, n’est-ce pas ? je lui fis un air joueur, et j’attendais presque de voir la complicité dans le fond de l’œil. Nous nous connaissions un peu, pour avoir partagé un rêve. Je n’écoutais ni ne jetais un œil à sa patronne, nous étions, pour moi, dans une bulle qui n’englobais que la jeune femme et moi. parce que je me doutais que personne ne pourrait comprendre comme nous nous comprenions. Je ne parlais d’amour ou de connerie, non, juste parce qu’elle comme moi, nous savions. Et rien que pour ça, nous partagions beaucoup… même si je pariais que des anciens amants qui venaient ici dans l’espoir d’un deuxième round…
« Je sais bien que tu fais tout, mais je voulais juste m’assurer que ça comprenait la barbe. »
Je lui souris, et je la laissais alors gérer, me détendais un peu dans le fauteuil, et je souhaitais la laisser faire comme elle devait, d’abord. Un coup de ciseau ou un coup de coupe chou est si vite arrivé…
Je m’attendais presque qu’elle me coupe par accident, enfin, « accident », peut-être, juste pour m’avertir de ne pas aller trop loin… je lui fis un sourire et je la laissais mettre la serviette sur le visage, puis renoncer. Je ricanais.
« Chacun sa malédiction, et un soin du visage et des yeux n’y changera rien, Claire, tu t’en doutes… »
J’avais un peu baissé la voix, pour qu’elle puisse profiter de la conversation, et qu’elle soit bien la seule. Puis je me tus, la laissant gérer le travail comme elle devait, et je ne pouvais pas m’empêcher de trouver cela agréable. La mousse, la lame qui raclait la peau doucement, faisant partir la fine couche pileuse. L’odeur général de l’instant, et, de part sa proximité, la sienne. Même si à plusieurs reprises, je crus qu’elle m’avait coupé, frémissant alors, mais non. A croire qu’on frôlait le souci sans l’atteindre.
Par contre, le coup de ses patchs à la texture un peu dégueu sur les yeux, je ne trouvais pas ça top.
« Oui, oui, tout va bien. Mais j’espère juste que tu me feras cadeau du soin des yeux, parce que je n’avais rien demandé. Et ce n’est pas super agréable sur les yeux… et puis sincèrement, j’aime bien voir ce qu’on me fait, dans le miroir. Et puis tu es trop mignonne pour jouer à cache-cache, non ? »
Mais je ne les retirais pas, elle le ferait. Mais au lieu de ça, elle appliquait une cire tiède sur les joues. Un aftershave local, peut-être. Moi je m’attendais juste à une finition au coupe chou.
Par contre quand elle mentionna que je pouvais couiner, je sentis que j’avais été eu d’une manière ou d’une autre. Alors quand elle retira la cire d’un geste sec. Je couinais comme une fio… fillette.
« Mais ça fait mal ! C’est quoi cette connerie, j’ai parlé de rasage, pas d’épilation ! »
J’avais sursauté, ça avait décalé un des patchs d’œil, donc je pouvais voir un peu maintenant, et puisqu’elle jouait à faire mal, je me vengeais. Voyant qu’elle était à côté de moi, pour retirer la cire, le bras se détendit et je sentis qu’en effet, en envoyant un coup de bras, une tape, j’avais heurté un truc. Elle, c’était sûr. Où je ne savais pas. Mais c’était juste une vengeance légitime.
Je soupirai et je lançais alors.
« Je te jure que si j’ai encore mal plus tard, je te ferai venir pour me dorloter après un coup pareil ! Et j’exige mon bonbon si je ne pleure pas quand tu retireras l’autre ! »
Ben quoi ? même si je n’étais plus un enfant, j’aurai été courageux, ça méritait bien un bonbon.
Ou une pipe.
Mais je me contenterai du bonbon.
« C’est ton côté tortue qui ressort, attention ! »