Grayle n'avait jamais compris celles et ceux critiquant la beauté des villes. La nature, les montagnes, les forêts, c'était très bien, mais... une métropole la nuit, même après des siècles d'exploration, continuait de titiller la sensibilité du jeune homme. Dans la nuit, les lumières allumées brillaient comme autant de lucioles nocturnes, tandis que les formes des bâtiments, tantôt claires, tantôt à indistinctes, s'étendaient à des kilomètres à la ronde, jusqu'à l'horizon, au-delà de Seikuzu, s'étendant jusqu'à sa proche et sa lointaine banlieue, et les autres villes de la mégalopole japonaise. Qu'il s'agisse de coupe-gorges, de boulevards illuminés, de ruelles tortueuses, de parcs grands ouverts, la ville était superbe.
Il était 23h30.
Assis sur la banquette du métro aérien, l'immortel était légèrement habillé, avec un simple pantalon, un t-shirt et un pull en laine avec un col en V. Un blouson de cuir marron, et une belle écharpe orange autour du cou. A chaque expiration, un peu de vapeur s'échappait de ses lèvres. Le nouveau métro aérien de Seikusu, joyeux de technologie de la ville, était peu fréquenté. L'arrivée des vacances de Noël faisait que beaucoup de gens étaient partis à la campagne, et des travaux avaient foutus un bordel monstre sur la ligne. Mais dans leur habituelle professionnalisé, les japonais avaient réussis à maintenir le fonctionnement de la ligne, plutôt que l'arrêter totalement.
Le prix à payer ? Une lenteur frustrante. Pour cette nuit, le métro, qui traversait les deux banlieues de Seikusu, puis son centre ville, faisait le trajet en plus de 7 heures au lieu de 2.
Il n'y avait personne dans la rame de Grayle, qui avançait à peine plus vite qu'une voiture en ville. C'était pour cette solitude qu'il avait élu domicile ici, pour la nuit. Pour voir la ville, au chaud...
... et fumer un peu. De son sac sans fond, il avait sorti sa pipe médiévale, qu'il avait bourré d'un tabac de Terra, d'un rose brillant. Le genre qui réchauffe le corps, excite les sens, et déforme légèrement la vision. Un vrai good trip, sans défonce trop grave. De quoi passer la meilleure des nuits.
Il allongea ses jambes, posant ses pieds sur le siège en face de lui, et commença doucement à fumer, expulsant des vapeurs violettes.
Après quelques minutes, le métro s'arrêta à la station suivante. Vide...
A par une personne. Une jeune femme, jeune fille même, qui entra avec précipitation dans la rame.
Ils échangèrent un regard. Souriant, il la salua en levant sa pipe, avant d'expulser un peu de fumée, et ramena ses jambes sous lui, comme pour l'inviter à s'asseoir en face de lui.
- Salut.
Une autre voyageuse solitaire ?