Le soleil... Création des Cieux originelle, qui engendrait beauté et charme sur cette terre à moitié civilisée. Création aussi belle que les Dieux et les Déesses, aussi belle que l'Olympe elle-même... Hestia n'exagérait en rien le rôle de l'astre de Lumière. La Lumière était égale au Feu : parfaite, envahissante, aussi dangereuse que protectrice. Et admirer un coucher de soleil, c'était se sentir revivre, avoir de l'espoir en se disant que la prochaine journée serait meilleure que la dernière.
Voilà ce que Cyanne pouvait se dire, en laissant la beauté du crépuscule envahir ses sens...
Alors, comment se faisait-il que Hestia se sente si mélancolique, en observant ce spectacle naturel et habituel ? Elle, Déesse protectrice des foyers, mais avant tout Déesse du Feu, des Flammes et des Brasiers... elle se sentait si mélancolique, c'était bien le mot. Car pour la première fois depuis qu'elle vivait, depuis qu'elle avait faite cette promesse au vénéré Zeus... elle sentait un besoin venir en elle, besoin qui se rapprochait du désir charnel, mais qui s'en éloignait tout autant...
Hestia souhaitait avoir un enfant.
Ce désir étrange, qu'elle croyait pouvoir chasser en même temps que celui de laisser un autre Être parcourir son corps de neige, avait éclot en elle, et s'était répandu comme du lierre, sur son cœur encore intact de toute trace d'Amour. Peut-être était-ce un mauvais tour de la part de cette chère Aphrodite, Dieu savait depuis quand elle voulait que Hestia se construise une Passion quelconque... mais toujours est-il qu'il était là, ce Désir, et il prenait le cœur de la belle Déesse depuis quelques mois, maintenant...
Frustrée, Hestia pensait pourtant avoir trouvé la solution à ce petit problème, qui était assez volumineux en fin de compte...
Les Prêtresses... jeunes femmes pures et dévouées à leur Divinité... d'habitude, un dieu ne rendait pas vraiment l'Amour que leur donnait leur prêtresses : elles ne servaient qu'à renforcer leurs pouvoirs et à leur donner un peu plus de puissance, tous les jours.
Celle qui serait désigné par Hestia devrait pourtant s'attendre à beaucoup mieux : un Amour Maternel, comme celui qu'une mère portait à sa fille... elle devrait être prête à ça.
Comme Hestia avait-elle pu s'intéresser au cas de Cyanne, à partir de là ? Eh bien...
Une sirène, prêtresse des Flammes... une créature de la Mer, l'unique être, après Hestia, capable de pouvoir allumer un feu dans l'eau... capable de pouvoir faire mouvoir des Flammes sous une cascade... La belle Déesse du Feu s'était senti attirée par tant d'originalité. Elle aurait une Prêtresse, non seulement rien qu'à elle, mais aussi plus unique qu'aucune autre Prêtresse ne pourrait l'être.
Hestia avait chassé sa mélancolie de cette façon, avec ce projet qui serait très certainement rapidement abouti, de manière heureuse et concluante.
C'est ainsi qu'elle apparut. Devant Cyanne, en personne, sans aucun complexe. La jeune sirène fut d'abord témoin d'un phénomène étrange : une traînée de flammes bleues, qui se répandait sur la surface polie et plate de l'eau salée, qui semblait venir de loin, de très loin... elle se rapprochait, aussi pu faire fuir Cyanne, mais c'était un premier défi : si la Prêtresse avait peur de sa Déesse, alors rien ne pourrait arriver.
Les flammes azuréennes grandirent, et ralentirent lorsqu'elles furent proche de la terre ou reposait la sirène. Alors, commença un autre phénomène, non moins étrange.
S'élevant dans les airs, les flammes formèrent une sorte de mur, brillant et puissant, sous le soleil qui diminuait en intensité. Lorsque le mur eut atteint une hauteur semblable à celle de deux mètres, Cyanne, sûrement déjà surprise, n'était pas au bout de ses peines...
Deux mains blanches, longues, parfaites, vinrent écarter la traînée de flammes du mur, comme l'on écarte le tissu d'un rideau. Les mains séparèrent entièrement ce rideau de feu bleu, et alors apparut Hestia.
Magnifique femme aux longs cheveux noirs, à la peau spectrale et au corps divin. Son regard bleu aussi profond que les fonds marins... sa tenue pourpre, princière. Ses jambes qui tenaient sur l'eau, comme n'importe quel Dieu en aurait eu la capacité.
Elle lâcha les deux pans du rideau de flammes qu'elle tenait, et celui-ci s'effaça, tombant en pluie de perles enflammées dans l'eau, sans dégager de fumée.
Cyanne voulait une surprise, dans sa vie qui semblait être un peu trop ennuyeuse, même si elle semblait ne jamais se lasser de contempler cette infinité d'eau salée. En même temps, elle aimait contempler le ciel, élément opposé... Hestia jeta un regard calme au soleil qui terminait de se glisser dans les drap du ciel, sans l'aide de Morphée pour s'endormir paisiblement.
« Tu ne pourrais vivre sans la lumière du Soleil : elle t'est bénéfique et protectrice. Mais pourtant, tu es une création des flots : tu ne pourrais vivre non plus sans l'océan... »
Hestia posa son regard bienveillant sur Cyanne, toujours présente. Elle n'avait pas fui, n'avait pas cherché à se cacher. C'était un bon point pour le commencement...
« Je suis Hestia, Déesse Première du Feu et Protectrice des Foyers. »
Elle s'inclina légèrement, dans un salut respectueux. Car même si elle était une Déesse, elle gardait à l'esprit que les humains étaient eux aussi issu des Cieux... en d'autres termes, elle les respectait, et ne voulait pas qu'ils la craignent. Malgré le fait que la puissance de son élément pouvait amener à la Mort n'importe qui, et n'importe quoi.
« J'ai quelque chose à t'offrir, si tu souhaite l'acquérir. Crois bien que je ne suis pas venue ici pour rien. »
Son dernier propos pouvait sembler agressif, mais il n'en était absolument rien. Son sourire plein de bonté, alors qu'elle demeurait sur la surface de la Mer sans tomber, confirmait ses intentions, loin d'être mauvaises.