Dans quel bordel elle avait encore mis les pieds. Au lieu de la fermer et de voir comment se passeraient les choses, il avait fallu qu'elle déboule avec ses gros sabots et irrite le type qui tenait les rênes. Elle venait de perdre sa mise et les dernières économies qui lui restaient et elle se retrouvait dans une situation ... de merde. Dur dur de faire demi-tour après être entrée dans ce club. Si elle ressortait, c'était les poches vides. Les commentaires fusaient, surement portés sur le cul. De toute manière il ne fallait pas attendre grand chose d'autre de ces gars.
Un des types lui traduisit ce qui était plus ou moins évident. Pas marrants les gars, pas étonnant que l'ambiance soit plombée, ils auraient pas mal à apprendre question marketing ... et management! Elle? A poil? Devant tous ces gus, pas moyen! non pas qu'elle s'en offusque, il lui était déjà arrivé de faire quelques extras non prévus dans ses contrats mais maintenant qu'ils la regardaient, goguenards, en se foutant de sa gueule, autant qu'ils se préparent la main droite pour une branlette. Le seul qui valait le coup, c'était le boss, le reste, ça ne valait rien. Ce n'était pas les sbires qui recrutaient, c'était les patrons. Bien sûr elle aurait pu aller voir ailleurs mais sans visa spécifique, pas de boulot.
"Jusqu'à preuve du contraire, y'en a qu'une qui sait jouer au poker par ici. Si vous avez besoin de gruger pour vous faire une "gaijin", je trouve ça naze, et pas impressionnant. Et puisqu'on en est là, j'imagine que jamais un seul d'entre vous n'a eu les couilles d'essayer de gagner contre lui?"
Elle désigna le grand blond du doigt. Il était balèze, ok. Il en imposait, ok. Il avait pas l'air commode, ok. Mais elle espérait qu'au moins il reconnaisse qu'elle avait plus dans le futal que les mecs assis autour de cette table.
"Vous pouvez la ramener avec moi, c'est facile, mais je crois pas qu'y en ai un parmi vous qui ait déjà oser lui dire que cet établissement tourne pas comme il pourrait. Et toi là, t'avais aussi un full mais tu t'es couché, tu balisais?
Elle posait la question à un type pas discret dont elle avait vu le jeu.
"Moi je viens juste là pour un job, pas pour envahir ton royaume. Tes serveuses, elles sont molles, y'a pas d'ambiance et tu perds du fric. En deux mois, rien qu'avec mon petit cul ... et ma gueule de gaijin ... t'augmentes ton chiffre de 20 pour cent."
Elle y allait fort mais quitte à se faire péter la gueule, elle disait au moins ce qu'elle avait à dire. Les types autour de la table tiraient la gueule. C'est sûr qu'entre une nippone toute coincée et Lilly, il y avait un monde de différence.
"Et puis si y'en a un ici qui veut voir mes nibards, va falloir payer cher. Je suis barmaid pas une pute."