Parfois une image même de la chasteté et de la pudeur, tantôt une femme épanouie dans sa sexualité et dans son désir, Alecto ne cessait jamais de troubler le Roi. Elle semblait toujours naviguer dans les eaux troubles entre sa Foi, qui lui demandait de garder ses désirs et ses besoins sous contrôle, et sa nature même d’amante qui recherchait les bras et les attentions de son partenaire. Quelque part, Serenos était troublé non seulement parce qu’il n’était jamais sûr de comment il devrait réagir à ces changements, mais aussi parce que dans Alecto, il voyait un peu de la personne qu’il était alors qu’il vivait au Palais Impérial d’Aranie. Il était un Meisaen dans un pays d’étrangers, un magicien dans un monde qui abhorrait la magie, et pour peu qu’il tente de s’adapter, de s’intégrer, il y avait toujours cette part de lui qui lui rappelait que, non, il n’était pas comme les autres. Il n’était pas comme Malek. Il n’était pas comme Isnale.
Il secoua la tête pour empêcher ces souvenirs d’empoisonner ce moment. Il n’avait pas l’envie de réexplorer sa mémoire, surtout pas quand sa femme était là, avec lui. Il revint plutôt porter son attention sur cette femme qui venait de lui mordre la lèvre, réussissant de ce fait à chasser ces distractions néfastes de son esprit. Bien qu’elle se voit elle-même comme maladroite, il y avait un charme indéniable dans l’inexpérience de sa femme, dans son empressement presque jouvenceau, comme si elle était nerveuse, comme si elle avait peur de ce qu’il pourrait penser d’elle. Enfin, lui ou bien son Dieu. Et pourtant, il serait d’avis que tous deux partageaient le même désir que la jeune femme soit bienheureuse, peu importe ce que l’Ordre Immaculé continuait de promulguer.
La main du Roi se glissa lentement contre le ventre de la jeune femme, remontant jusqu’à son sein gauche pour le palper délicatement, ses lèvres se plaquant contre les siennes dans un baiser de plus en plus passionné. Le désir du Roi ne faisait que monter pour cette jeune femme, au rythme du battement synchronisé de leurs cœurs. Pendant un moment, il voulut lui arracher ses vêtements, venir dévorer ses seins de ses lèvres, mordiller ces arrogants tétons qu’il aurait pu jurer entendre le supplier de leur accorder ses attention. Le Roi dût lutter contre cette soudaine pulsion. Il craignait ce côté de lui-même, et pourtant, chaque jour qui passait, la douceur et la tendresse d’Alecto réveillait en lui un désir qu’il peinait de plus en plus à contrôler, comme si, plutôt que de le calmer, sa délicatesse lui donnait envie de tenter de tester les limites de cette fragilité, de découvrir jusqu’où il pourrait aller avant qu’elle ne se brise entre ses doigts. Était-ce son instinct de guerrier, ou celui de l’érudit ? Celui du fou ou du savant ? Il ne saurait dire. Il n’avait jamais ressenti cela pour Melisendre ou Laryë, peut-être parce qu’il savait que rien ne pourrait les briser.
Les boutons de sa tunique commencèrent à s’écarter, les uns après les autres, révélant la peau qui se cachait en dessous. La chemise du Roi, comme la plupart de ses vêtements, était doublé d’une cotte de maille, pour le protéger d’une éventuelle tentative d’assassinat. Même si le Roi aurait tenté de l’aider, elle ne l’aurait pas laissé faire ; telle était la prise qu’elle maintenait sur sa nuque. Parfois, il se demandait si elle tentait de les tuer par asphyxie dans un baiser éternel, avant que celui-ci ne se brise brièvement seulement pour être remplacé par un autre.
-Je veux ta peau, lui dit-elle entre deux baiser, pressant son corps contre le sien.
D’instinct, le Roi referma un bras contre la hanche de sa femme, la resserrant contre lui, un souffle rauque émanant de ses lèvres alors qu’il la sentait se presser contre lui, se donner à lui. Cette soudaine spontanéité semblait le vider peu à peu de sa raison, de son contrôle, et il la serra d’autant plus fort contre lui, comme si, à ce moment, il s’accrochait à elle pour conserver les dernières parts de sa raison.
L’autre main du Roi se leva et caressa la joue de sa femme, le bout de son pouce venant doucement décrire la forme de ses lèvres, avant qu’il ne revienne à la charge pour d’autres baisers. Elle lui prit les cheveux, et il se sentit gronder un peu, mais pas de déplaisir, au contraire ; cela ne faisait que l’attiser davantage. D’un geste d’épaule, il fit tomber la tunique, et sa femme l’en débarrassa. Il revint à elle, et la serra contre lui alors qu’elle se nichait contre son cou. Un moment, encore une fois, où le côté plus sauvage du Roi se résorba pour laisser place au mari attentionné et aimant. Il sentait le trouble en elle. Mais il l’aimait tout autant. Il ne pourrait pas faire autrement. Elle n’avait pas à s’efforcer d’être une femme qu’elle n’était pas pour lui plaire. Et il n’y avait qu’une seule série de mot qu’il aurait pu dire pour le lui démontrer.
Il se pencha doucement contre elle, et alors qu’elle se lovait contre son cou, il murmura les plus doux mots qu’il connaisse au creux de l’oreille de sa femme. Des mots qu’il n’aurait dit à personne d’autre, en ce moment, avec autant de sincérité. Des mots qu’il regrettait ne pas avoir prononcé plus librement par le passé. Des mots qui, une fois prononcés, agissaient comme un baume sur les cœurs brisés et qui pouvait calmer même les plus grandes tempêtes. C’étaient des mots si simples, mais si remplis de sens qu’ils avaient un pouvoir incroyable, pour peu qu’ils étaient prononcés sincèrement.
-Je t’aime, mon Alecto.
Il lui prit délicatement le visage, posant ses yeux dans les siens, pendant un long moment. Au-delà de son amour, il voulait qu’elle ressente, à travers ces mots, la passion et le désir qu’il lui vouait. Il voulait qu’elle sache le feu qui l’habitait, la peur également. Il voulait qu’elle sache qu’elle n’était peut-être pas parfaite, mais qu’il ne l’était pas non plus. Puissant ? Assurément. Dangereux ? Indubitablement. Potentiellement une menace pour tout ceux qui oserait poser un geste déplacé envers la jeune femme ? La question ne se pose même pas. Et donc, plutôt que d’être parfait, il était simplement parfaitement lui-même, et cela lui convenait. Du moins quand cela suffisait.
À sa grande surprise, elle se défit de lui, dans un geste qu’il voyait à la fois surprenant et aussi… un brin excitant. Il embrassa délicatement le doigt poser sur ses lèvres. Elle quitta le lit et il crut pendant un moment qu’elle venait de mettre fin à leur séance de câlin, de façon la plus aguichante qu’il n’ait jamais vu, mais alors qu’il se préparait à se lever à son tour, il remarqua qu’au contraire, elle se préparait à poursuivre. Aurait-elle appris l’art de le manipuler aisément, ou cela lui venait simplement ? En tout cas, elle savait captiver son attention. Ce n’était pas les gestes experts et mesurés d’une courtisane du quartier chaud de la ville, ou d’une maîtresse s’étant consacrée à l’art de plaire, mais il n’en restait pas moins que chaque mouvement de la jeune femme était surveillés par le Roi, le forçant aux aguets tant il peinait à se contenir. Oh, ce qu’il ne donnerait pas pour simplement lui sauter dessus.
Elle revint vers lui, et leur visage se frôlèrent, leurs lèvres se rejoignirent dans un baiser tendre et aimant. Puis, le Roi se laissa bécoter quelque peu. Après un moment, il leva le visage de la jeune femme d’une main et la souleva du lit, un bras passé sous ses fesses pour la tenir en position surélevée. Il la regarda dans les yeux, puis de son bras libre, il lui caressa le visage, le nez, les lèvres, avec un sourire. Il la fit doucement tomber sur le lit, à plat ventre, avant de se relever et de retirer, d’un geste de la main, le pantalon qui le restreignait toujours, ainsi que le ruban noir qui maintenait sa chevelure dans une queue de cheval.
Il grimpa dans le lit, et posa les mains de chaque côté de son épouse, avant de se pencher et de poser un baiser sur sa cuisse, ses fesses, remontant vers son dos. Les lèvres du Roi se posèrent sur les marques de fouet qui couvraient le dos de la jeune femme, alors que ses doigts se glissaient lentement sur sa peau et griffaient délicieusement celle-ci le long des flancs. Le message était clair ; elle voulait sa peau, mais le désir qu’il nourrissait pour la sienne était d’autant plus sauvage et bestial.
La main droite du roi, plus habile, se glissa lentement sous elle, suivant sa hanche jusqu’à tomber dans la région de son bas-ventre. Ses doigts se faufillèrent aisément entre ses cuisses, et bientôt, Alecto put les sentir se presser contre sa féminité, puis caresser délicatement sa petite perle d’amour. D’abord, les mouvements furent doux, délicat, mais au rythme de ce mouvement, le bassin du Roi se pressait contre ses fesses, son membre érigé se pressant légèrement contre les monts de chair.
Ne la laissant pas en reste, la main gauche du Roi se perdit dans la chevelure dense de sa femme, et massa délicatement son crâne, puis sa nuque. La respiration du Roi se fit de plus en plus rauque dans l’oreille de sa femme, et il se pencha sur son cou, ouvrit la bouche et planta légèrement ses dents dans la nuque de sa femme, mordillant sa peau, la suçant bruyamment, causant la peau à passer de son rose naturelle à une marque plus sombre et violacée.
Soudainement, les doigts du Roi abandonnèrent son clitoris et du majeur et de l’annulaire, il vint explorer l’intimité de sa femme. Loin d’être rustre ou agressif, ou envahissant, il se révéla doux, délicat avec cette partie d’elle, sinon un brin expert. Les doigts du Roi en elle commencèrent à remuer très délicatement, leur passage devenant graduellement de plus en plus aisé par la présence de lubrifiant.
Le traitement se poursuivit pendant un moment, mais le Roi ne tenait pas à la faire languir plus longtemps que nécessaire. Lentement, il retira ses doigts de l’intimité de sa femme et, saisissant sa verge, il orienta son membre puis s’enfonça lentement en elle. Comme d’habitude, le sexe de sa femme ne se laissait pas pénétrer aisément. Peut-être était-ce un réflexe physique pour elle, mais elle se crispait toujours dès le moment que cette étape approchait. Après, s’il avait vécu ce qu’elle avait vécu, il serait probablement réfractaire à la chose lui-même, mais le Roi n’était pas impatient. Il attendait qu’elle se détente. Ca pouvait prendre une minute, parfois deux, mais le corps de sa femme finissait par se relaxer, et le laisser entrer. Lentement, et doucement, son membre remua en elle, s’enfonçant de plus en plus, à petit coups, jusqu’à ce qu’elle le sente au plus profond d’elle-même.
Les mains du Roi, alors qu’il commençait à bouger, quittèrent ses cheveux et ses hanches pour remonter le long de son dos, puis de ses épaules, ses bras et ses mains, qu’il saisit des siennes, refermant ses doigts entre les siens. Le Roi se redressa un peu, histoire de pouvoir mieux contrôler ses mouvements, et commença un lent rythme de va-et-vient, résistant tant bien que mal à son désir d’en faire tout autrement. Les mouvements du Roi se faisaient graduellement plus passionnés, mais toujours restreint, comme s’il avait peur de la briser, ou de lui faire peur, tout simplement.