Le jeu mène à la décadence | Damien, Yumeko, Mary, Kirari

Le jeu mène à la décadence
Damien Thorn | Yumeko | Mary | Kirari

Damien avait entendu parler de cet établissement qui avait ouvert juste en face de l'immeuble où il possédait cet appartement pour ses petits plaisirs. Interdits au Japon, les jeux d'argent classiques étaient quasiment introuvables. C'était le pachinko ou les arrière-salles louches où on perdait vite une phalange. Mais cet endroit-là se voulait rappeler les casinos du reste du monde, et Damien, en bon mécène des vices, avait été piqué au vif.
Le plus surprenant était sans doute que l'établissement appartenait à trois mineures. En effet, aucune n'avait les 20 ans révolus, et elles ne seraient donc considérées majeures que l'an prochain, quand la loi ferait passer la majorité à 18 ans. Et encore ! L'accès aux salles de jeu, à l'alcool et au tabac leur serait encore interdit jusqu'à 20 ans. Seul un amour irraisonné du jeu avait pu pousser ces trois filles, Yumeko Jabami, Mary Saotome et Kirari Momobami, à réaliser ce projet.
Et tout ce qui touchait à la folie et au vice était un aimant pour Damien Thorn.

Alors, il avait fini par traverser la rue, un soir, en smoking, pour entrer dans la tour en face, retrouvant la même ambiance chic et responsable. Petits malins hypocrites ! Il pressa le bouton du cinquième étage, comme cela lui avait été indiqué, et il déboucha sur un sas dans lequel un gorille contrôla ses papiers. Damien venait d'avoir 20 ans et il put donc passer. Petites malines hypocrites ! Il adorait cet endroit !
Comme il était arrivé à pieds et en traversant la rue, il n'avait rien à laisser en consigne et il put immédiatement pénétrer dans le casino clandestin chic et cosy où quelques joueurs s'adonnaient à leur vice. Il n'y avait pas foule ce soir-là mais il y en avait assez pour occuper chaque jeu et fournir quelques spectateurs, et Damien prit le temps d'aller se chercher un verre de bourbon pour observer les tables et décider de son premier coup.
Il remarqua qu'une des filles jouait au poker. C'était Yumeko Jabami, il la reconnaissait du dossier que les Disciples Gardiens avaient monté pour lui. Il sourit en voyant qu'un des joueurs se levait.
— Et pourquoi pas ?
Comme le perdant se levait, Damien arriva ainsi et prit sa place, regardant chacun des autres joueurs en prenant ses aises.
— Bonsoir. Vous prenez encore des participants ?

Damien rendit le sourire radieux de la jeune Japonaise lorsqu'elle l'invita à table. Visiblement, elle jouait la carte de l'attrait du public pour l'écolière japonaise à fond puisqu'elle gardait son uniforme même pour jouer. Ou bien les rumeurs étaient-elles vraies et étaient-elles si accro au jeu, avec ses amies, qu'elle ne trouvait pas le temps de se changer en sortant de cours, ou en les séchant d'ailleurs ? Plus la rumeur serait vraie et plus les intentions de Damien auraient des chances de se réaliser, ce qui le confortait dans sa démarche.
Prenant place à la table, il fouilla dans sa poche intérieure et sortit une liasse de billets, comptant 200.000 yens pour les faire changer en jetons sur place. Il en restait encore beaucoup dans la liasse, et l'exposer était totalement volontaire et calculé. L'appât du gain, c'étaient avarice et gourmandise combinés, un cocktail de vices puissant qui conduisait ses fidèles à en vouloir toujours plus et à toujours relever les défis qu'ils jugeaient prometteurs. Il était encore tôt et Damien venait de se pointer avec une somme mirobolante : Yumeko n'allait pas le laisser filer, ni ne le feraient les autres.
— Enchanté, Jabami-san. Je suis Damien Thorn. J'habite en face et je viens d'entendre parler de votre établissement. Je l'avoue : le poker m'avait manqué depuis que j'ai emménagé au Japon. C'est un jeu tellement... excitant !
Il sourit encore à Yumeko. Les autres joueurs, leurs tas de jetons déjà bien réduits par le talent de le Japonaise, les regardaient parler avec l'air de condamnés, se demandant si cet Américain pouvait être assez con pour flatter cette tueuse sur son jeu préféré. Il passait vraiment pour un pigeon plein aux as, avec ses mimiques et ses sourires !
— Quant à la chance, laissons-lui le loisir de choisir son champion.
Il fit un clin d'œil à la belle qui recevait sa boisson à sa droite. Le croupier annonça les règles pour Damien après avoir mélangé les cartes. Il procéda à la distribution.

Le jeu avait commencé, et Damien, qui ne connaissait pas encore les joueurs à table, agit avec prudence et circonspection, analysant ses adversaires, et Yumeko en particulier, pendant les premières mains. Doucement, il commençait à comprendre son style de jeu et ses inévitables tics à peine perceptibles. Il brouillait les pistes de son côté.
D'abord, il perdit une belle somme, presque 50.000 yens, sur des manches particulièrement agressives. Il soupçonnait un des joueurs de vouloir sciemment perdre le reste de ses jetons pour se trouver une excuse à partir, mais il lui en restait encore beaucoup. De ses pouvoirs psychiques, Damien alla le titiller et réfréner un peu ses envies d'abandon et le jeu redevint plus mesuré et intéressant.
Dès lors, il commença à mettre en pratique ce qu'il avait appris de ses adversaires et il gagna sa première main, raflant une très belle mise au passage et conduisant toute la tablée à l'observer soudain avec beaucoup plus d'intérêt. Damien, lui, fixa Yumeko à travers la table.
— On dirait que la chance est capricieuse, ce soir. On la retente encore ?
Comme il la fixait, il mettait en œuvre ses pouvoirs sur elle, cette fois. Il vint gratter avarice et gourmandise en elle pour la mettre à fleur de peau et la motiver à poursuivre pour le plumer. Mais, s'il la stressait assez, il allait commencer à pouvoir la déstabiliser et à gagner très nettement. Il y irait doucement, progressivement. Il voulait qu'elle s'écroule petit à petit et qu'elle pense être responsable.