Combien d’heures s’étaient-ils passées depuis que Sylvanas était entrée là-dedans ? Et pourquoi est-ce que le sort de cette dernière le préoccupait tant ? Après tout, il ne la connaissait quasiment pas, et, vu ce que l’administration pénitentiaire lui avait réservé, il y avait fort à parier que, d’ici quelques jours, il n’entendrait plus jamais parler d’elle. Pour autant, les pensées de Marius restaient obsédées par elle, se concentrant sur cette personne, qui, outre sa sombre beauté, lui avait semblé à la fois forte, endurante, puissante… Et déterminée. Sans doute avait-il dû lire en ses yeux quelque chose qu’il ne voyait plus dans les siens, ce qui lui faisait horreur. L’être humain avait une capacité d’adaptation à l’horreur que personne ne pouvait imaginer. Aussi atroce que puisse être la situation d’un humain, il arrivait toujours à s’en habituer, et à tenter de tirer le meilleur de sa situation. Eternum répondait parfaitement à cette logique. Ici, les prisonniers n’avaient aucune valeur, plus aucune raison de vivre… Et, pourtant, ils continuaient à vivre, à faire ce qu’on leur disait, car ils espéraient des lendemains meilleurs, et s’habituaient au traitement qu’on leur infligeait.
*Mon rôle n’était pas de moisir ici, dans cette prison… J’étais destiné à diriger des hommes, une grande maison, administrer et gérer des terres. J’ai été éduqué pour ça, entraîné et formé dans ce sens. Au lieu de ça, je suis devenu un phénomène de foire, un gladiateur dans des arènes meurtrières destinées à amuser des gamines en culotte courte.*
Aurait-il oublié sa raison d’existence ? Pourtant, il lui suffisait de fermer les yeux pour se rappeler le passé, son éducation, son enfance privilégiée, auprès de formateurs spécialisés. Ses entraînements à l’arène familiale auprès des gladiateurs et d’un maître d’armes. Marius avait toujours été un très bon élève, que ce soit pour l’entraînement au combat, la stratégie militaire, et même aux enseignements d’algèbre et de culture. Assis sur son lit, il réfléchissait donc, méditait sur la suite. S’évader ? Oui… Mais il restait convaincu que les mines étaient un piège, une erreur.
*J’en sais plus sur cette prison que bien d’autres détenus, puisque je voyage régulièrement dans les arènes…*
Des arènes avec un public purement virtuel, bien entendu. Eternum était une structure très labyrinthique, s’étalant dans les profondeurs. Mais, aux arènes, il savait qu’il existait malgré tout un public bien physique : le gratin. Ils venaient depuis des couloirs dont il n’avait pas accès, mais tout ça l’avait fait réfléchir à des possibilités d’évasion. Aux arènes, il affrontait des robots, des mechas, des créatures industrielles qui n’étaient clairement pas fabriquées ici. Il y avait donc, quelque part, des tunnels et des voies d’approvisionnement. Était-il possible de fuir par là ? C’est cette idée qui ne cessait de le tarauder, bien plus qu’une évasion impossible par les mines. Mais, dans tous les cas, la situation était la même : une évasion était impossible sans une intervention extérieure, ne serait-ce que parce qu’il ignorait totalement où Eternum se trouvait.
Quand il était encore au sein de l’Empire, on lui avait parlé de la Prison Eternum, bien sûr, mais même son emplacement était secret. « Quelque part dans le désert », lui avait-on dit. Tout ceci tendait à confirmer qu’il devait y avoir de multiples entrées à Eternum, que le personnel de la prison utilisait, de sorte qu’il était impossible de déterminer avec précision l’emplacement de la prison.
*À quoi donc pourront bien servir les troupes de Sylvanas, si elle-même ne sait pas où les déployer ?*
Trouver l’une de ces entrées, c’était ce que Marius cherchait depuis quelques semaines. Il y songeait encore quand le lit se mit à grésiller, ainsi que le sol.
« Qu’est-ce que… ?! »
Une vive douleur se répandit alors dans son corps, et le hurlement de Marius mourut dans sa gorge, tandis qu’il tombait à terre. Toute sa cellule venait de s’électrifier, et une douleur terrible se répandit en lui, dans ses entrailles. Finissant à terre, recroquevillé sur lui-même, il se tortilla sur place.
« HNNNNNNNNNNNNNNNN… !!! »
La douleur était terrible, inhumaine, sauvage et violente.
*Que se passe-t-il, bordel ?!*
Marius serra les dents, incapable de comprendre ce qui lui arrivait… Jusqu’à ce que, enfin, la douleur ne cesse. Il resta inerte sur le sol pendant quelques secondes, avant d’entendre la porte de sa cellule s’ouvrir. Deux bras solides l’extirpèrent, et lui ordonnèrent de se mettre debout en le balançant contre le mur. Marius manqua chanceler, et se reçut un coup de matraque dans le dos.
« Debout, on t’a dit ! »
Une furieuse envie de vomir le traversa suite à cette décharge électrique, et, alors qu’il se maintenait avec une main contre le mur, la bile remonta. Il cracha cette dernière sur le sol, amenant les gardes à ricaner, et à le frapper encore.
« Allons, allons, Messieurs, inutile de se montrer si disciplinés envers notre ami. »
Marius reconnut clairement cette voix, celle du Docteur, et se retourna vers lui.
« Que… Que me voulez-vous ? Qu’avez-vous fait à… À Sylvanas ? »
Docteur Strange sourit encore, avant de joindre les mains dans son dos.
« Je la soigne… Et vous avez un rôle à jouer là-dedans, Monsieur Titus. »
Marius serra les dents, en comprenant que ce pervers aux lunettes épaisses avait probablement une idée sinistre en tête. Les gardes s’écartèrent alors, et Marius entendit des bruits de roulement. Tournant la tête, il vit les infirmières approcher une table chirurgicale… Avec une silhouette rose posée dessus.
« Qu’est-ce que… ? »
Un nouveau coup de matraque le frappa à la nuque, et l’envoya à terre, genou au sol. Il se redressa lentement, pendant que les infirmières détachaient la silhouette. Impossible de ne pas reconnaître la silhouette de Sylvanas. Serrant les dents, Marius cracha du sang au sol, et vit ensuite à quoi ressemblait Sylvanas, pendant qu’on l’installait dans sa cellule.
« Misérable, qu’est-ce que vous… »
Mais, encore une fois, le Suicider ne put achever ce qu’il avait en tête, car un coup de matraque le frappa encore dans le dos, lui coupant la respiration. Strange lui expliqua alors ce qu’il attendait de lui. Horrifié, Marius le regardait, lui, puis Sylvanas.
« Vous êtes cinglé ! »
Le garde s’apprêta encore à frapper… Mais Marius s’interposa, et sa main rencontra le poignet du garde, puis son autre main fusa. Un uppercut en pleine tête repoussa le garde contre le mur. Les autres s’activèrent alors, brandissant une matraque vers sa tête. Marius se retourna devant l’un d’eux, et envoya son pied dans le ventre du garde devant lui, lui coupant la respiration… Mais un autre sortit un pistolet incapacitant, et lui tira dessus. Des ondes électriques le traversèrent alors, et, dans un grognement, Marius tomba à terre.
« Impressionnant… On ne m’avait pas menti sur la vitalité des Ashnardiens. Mais, aussi amusant soit-il, cet excès de testostérone ne sert à rien. Si vous ne voulez pas participer à son traitement, d’autres le feront, et seront moins gentils que vous. »
Marius grogna encore, et releva la tête, en voyant Sylvanas, transformée en poupée de latex, avec la clef devant lui.
« Vous… Je vous tuerai, enculé…
- Tant d’agressivité en vous… Je crois que vous avez besoin, vous aussi, de mon aide. »
Le Suicider se redressa lentement, et cracha sur le sol, avant de rentrer dans sa cellule. Strange la referma alors, et donna un rapide ordre. Un gaz se répandit alors dans la cellule, un puissant aphrodisiaque que l’homme inhala, avant d’éternuer. Sa vision se brouilla, et il observa Sylvanas. Deux gardes étaient restés avec lui, portant des masques à gaz, et le poussèrent vers elle, pendant que son érection grossissait sous son pantalon.
« Sy… Sylvanas, non…
- Pourquoi lutter contre vos instincts primaires, Monsieur Titus ? poursuivit la voix de Strange depuis un haut-parleur. Vous désirez cette femme. »
Marius Titus grogna encore, et s’approcha lentement. La clef se glissa dans la combinaison, et libéra l’accès à l’intimité de Sylvanas, qu’il coucha sur le sol, comme si une force supérieure le commandait, fruit d’années de frustration sexuelle, d’un désir terrible, des phéromones, et de la menace que d’autres couchent avec elle. Strange sourit alors, caressant sa barbe, en voyant l’épaisse trique de Marius, un solide gourdin qui s’enfonça dans l’intimité de la femme.
« Pa… Pardonnez-moi, Sylvanas, haaa… »
Et il remua en elle, mains posées sur ses épaules, essayant d’y aller… Avec toute la douceur possible.