Visiblement, leur attaque-suicide au fort de Galganash ne semblait pas si suicidaire que ça. Les Technoprêtres étaient plutôt bien renseignés, et Gorton apprit rapidement que Midas s’était chargée de les avertir à distance.
« Je ne comprends pas... Je croyais que notre quête était de guider Minerva jusquà Galganash, alors... Pourquoi les Technoprêtres interviennent ?
- Peut-être que Koos vous a un peu menti... Il y a bien longtemps que les Technoprêtres prévoient d’en finir avec Cyanide et les Failles. Tu es bien placée pour le savoir, Gorton, tu as participé à leur dernière tentative.
- Et j’ai failli mourir. »
C’était suite à ça que Gorton avait changé de vie, qu’il avait fui ailleurs. Il s’était retrouvé là, sur le champ-de-bataille, face aux pires horreurs de Cyanide, pendant que les Technoprêtres utilisaient des canons censés résorber les Failles... Mais les canons avaient échoué, car l’énergie demandée était bien trop importante. Ils avaient explosé, et les monstres avaient déferlé sur l’armée des Technoprêtres. Gorton y avait perdu tous ses proches, tous ses amis, des camarades de guerre, et avait été égorgé sur place. Il s’était écroulé sur le sol, le visage défiguré, vomissant du sang.
« J’aurais dû mourir ce soir-là... J’ai reçu trop de blessures... »
Gorton y repensait souvent. Il se souvenait encore très bien de cette bataille infernale, face à des monstres colossaux. Là, face aux brèches, il avait vu des créatures encore plus grandes, immenses, si vastes que même les planètes semblaient infimes devant elles. Il avait regardé l’abîme, il avait vu ces créatures, tandis que les membres de son unité tombaient tout autour de lui, et une terrible onde de choc l’avait frappé. Il avait volé sur plusieurs mètres, s’écrasant au sol, et, alors qu’il tentait misérablement de se relever, des créatures volantes avaient attaqué son visage, et l’avaient fait tomber dans un charnier.
« Je ne sais pas, Gorton... Mais... Toute cette quête... Hmmm... Elle n’avait que pour but de permettre à Minerva de te rencontrer.
- Tout ça n’a aucun sens ! s’emporta-t-il. Qu’est-ce que je peux bien pouvoir apprendre à cette gamine, moi ?!
- Tu es vraiment devenu une sacrée tête de mule, Gorton... Tu te réfugies derrière ton cynisme et ton égoïsme, mais je sais qu’au fond de toi, tu n’as jamais totalement perdu la foi. Tu continues même encore à prier ces Dieux stupides... »
De tels propos ne manquèrent évidemment pas d’agacer Gorton.
« Depuis quand est-ce que toi, la mercenaire, tu te mets à parler de foi ? Le monde serait-il devenu fou ? »
Mais Midas peinait déjà à rester éveillée. Elle se contenta de légèrement rire.
« Parce que... Ce monde a déjà été sain ? »
C’est sur cette pirouette que Midas s’endormit. Gorton poussa un léger grommellement, puis, pensif, sortit de la cabine. Dehors, il faisait nuit, et les étoiles, comme toujours, éclairaient Cyanide. En s’avançant, Gorton ne tarda pas à voir Minerva. Appuyée contre le bastingage, elle observait silencieusement le ciel. Gorton s’approcha lentement, ressassant encore ses pensées.
« Une fois, on m’a dit que les étoiles sont les esprits de nos ancêtres, qui, depuis les hauteurs, continuent à veiller sur nous. »
Il enchaîna ensuite :
« Comment tu te sens, petite ? »